Walf Grand-Place : Vous avez été récemment au-devant de la scène pour avoir tenté, dit-on, d'assassiner la danseuse Ndèye Guèye. Après 15 jours de prison, regrettez-vous votre acte?
Serigne Cheikh Fall : Je ne veux même pas parler de cette fille. Je sais qu'elle demeure une talibé mouride. Seulement, je tiens à préciser que je l'ai aidée.
En tentant de l'exécuter avec un coupe-coupe?
Je jure que ce que je vous dis relève du mystique. C'est Dieu qui m'a envoyé barrer la route à Ndèye Guèye. S'il avait dansé à Mbacké, ce jour-là, elle aurait attirée la foudre sur Mbacké. J'étais juste un émissaire de Dieu.
Aviez-vous pensé au fait qu'elle pouvait y laisser sa vie?
Honnêtement, je n'avais pas envie de la tuer. J'avais juste pris la décision de venir lui parler. C'est une amie à mes talibés. Si les gardes ne s'y étaient pas opposés, je n'aurais pas forcé. Pourtant, je leur ai demandé de me laisser lui indiquer de manière courtoise ma mission. J'ai même essayé de les berner en leur disant que j'étais venu chercher mon adiya.
Si on vous avait laissé passer, qu'alliez-vous lui dire ?
Qu'elle est jeune et qu'elle ne devait pas défier les lois de la cité religieuse. Et comme ils ont refusé, j'ai brandi mon coupe-coupe pour l'intimider.
Etes-vous conscient que c'est dangereux de se promener avec un coupe-coupe?
Comme je vis avec les fauves, je m'arme pour me protéger, mais aussi les sauver en cas de besoin.
Comment avez-vous connu Ndèye Guèye ?
J'entendais les gens parler d'elle surtout avec l'affaire Guddi Town. Je n'avais pas l'intention de la tuer. J'étais dans ma voiture et je l'ai aperçue traverser, accompagnée de batteurs. Suivant la foule enthousiaste, j'ai eu mal de la voir dandiner, danser de manière obscène et retourner cher elle. Non sans influencer des innocentes. Ndèye Guèye n'est pas un bon exemple pour la jeunesse de Mbacké. Si je voulais la tuer, personne n'aurait pu me retenir. On a confisqué l'arme que je leur ai laissée. Mais je précise que personne ne m'a battu.
Vos voisins vous ont décrit comme quelqu'un de belliqueux. Est-ce le cas?
Jamais. Ceux qui vous ont informé ne disent pas la vérité. Lorsque le commissaire a demandé à ce qu'on vienne me cueillir, je me suis rendu. Dans un premier temps, les policiers ont pris ma voiture. Au commissariat, j'ai reconnu les faits. C'est par la suite qu'on m'a expliqué que c'était un meeting. Et j'étais prêt à en assumer les conséquences, quelle qu'en soit l'issue.
Pourtant, on a dit que le khalife des Baye Fall, Serigne Cheikh Dieumbe Fall, a soutenu ne pas vous couvrir ?
C'est faux. Lorsque mon épouse l'a informé de mon arrestation, le khalife a envoyé quelqu'un pour prendre de mes nouvelles en prison. Et comme je me portais à merveille durant mon séjour de 15 jours, l'émissaire est retourné lui rendre compte. C'est ma famille qui se faisait des soucis. Et je vous dis que Serigne Dieumbe Fall a demandé même une intervention pour qu'on me libère. Cela n'a pas abouti parce que l'affaire était déjà entre les mains de la justice.
D'aucuns ont même avancé que vous étiez ivre-mort an moment des faits...
Effectivement, j'étais ivre. Mais, je vous dis que cela n'était pas dû à l'alcool, je ne me saoule pas. Loin de là. A la place de l'alcool, j'utilise des xassaides. Si je veux me doper, je lis les écrits du Cheikh. Duma jël nool.
Vous étiez donc en transe ?
Ce sont les noms de Dieu que je prononce qui me font voyager.
Avez-vous regretté cet acte?
Du tout ! Mais il faut que les voix autorisées se lèvent contre la dépravation des mœurs. Le problème des Sénégalais, c'est que nous sommes hypocrites. On refuse de voir la réalité des choses. Je suis sur la voix de la vérité et je ne suis pas prêt à en dévier. J'ai mon père qui demeure mon guide. Je vais vous faire une confidence : depuis cette histoire, j'ai gagné la sympathie de beaucoup de mourides. On m'interpelle dans la rue pour me remercier et soutenir mon combat. D'aucuns m'offrent même des billets de 5 ou 10 mille francs pour me témoigner de leur gratitude d'avoir barré la route à cette fille. J'en ai même vu qui ont pleuré de joie. Je suis devenu plus populaire. Et il m'arrive même de tenter de me cacher des foules.
N'est-ce pas ce que vous cherchiez en vous attaquant à une vedette de danse?
Du tout. Encore une fois, j'ai agi par conviction religieuse. Je n'étais que l'agneau du sacrifice afin de barrer la route au malheur qui aurait pu s'abattre sur Mbacké, si Ndèye Guèye avait exécuté une de ses danses obscènes, ce jour-là.
On vous présente aussi comme le fils banni de votre famille. Peut-on en savoir plus sur votre parcours?
Je suis petit-fils de Cheikh Ibra Fall. Mon père Serigne Abdourahime Fall m'a surnommé Bayou Goor. Je suis né en 1960 à Mbacké. Mon enfance, je l'ai passée entre les daa ras, avant de revenir au bercail en 1978. Un an après, j'ai perdu ma mère. Orphelin, j'ai commencé à prendre mon destin en main en évoluant avec les épouses de mon père.
Vous avez les larmes aux yeux. Est-ce à dire que cette cohabitation avec vos tantes n'a pas été facile?
J'avoue qu'on n'entretenait juste des rapports de disciple vis-à-vis de la Sokhna de son marabout. Et c'est cette même relation que j'avais avec mon père. Comme d'ailleurs tous les descendants de marabouts. Vous savez, une mère est unique. Quand on la perd, c'est toujours difficile. On n'a jamais quelqu'un pour vous protéger. Surtout quand on est talibé.
Après les études en arabe, qu'avez-vous fait?
Je me suis dit que la carte d'identité de chef religieux ne me suffit pas pour vivre. J'ai certes des disciples, mais il faut que je gagne ma vie à la sueur de mon front. C'est ainsi que j'ai acheté une voiture que j'utilisais pour les besoins du transport en commun.
Où avez-vous trouvé l'argent?
J'ai travaillé à l'Université de Dakar comme gardien. C'est le directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) d'alors, Iba Guèye -qui m'a vu grandir à Mbacké - qui m'a aidé. Comme il était proche de mon défunt grand frère Serigne Moustapha Fall, il m'a tendu la perche. J'avais changé mon nom pour me faire appeler Thiécko. Je parlais couramment anglais, afin de ne pas susciter des soupçons. Dieu a fait que si je veux comprendre une langue, j'y mets du mien. C'est pourquoi, je suis parvenu à m'exprimer dans la langue de Shakespeare. J'habitais chez mon grand frère aux Hlm, on me payait 110 mille francs par mois.
Pourquoi vous ne vouliez pas que l'on vous reconnaisse ?
Le travail que je faisais n'était pas compatible avec mon statut de marabout. Imaginez qu'un de mes talibés me reconnaisse, je serais gêné dans la mesure où il ne peut pas comprendre que je dois aussi travailler et gagner ma vie. Par la suite, j'ai gagné des marchés de peinture d'une valeur de 1 million 200 mille francs au sein du Coud.
Iba Guèye vous l'avait octroyé parce que vous étiez une connaissance?
Pas du tout. J'ai déposé mes papiers. Et comme je remplissais toutes les conditions, j'ai été recruté. Après, j'ai acheté un minicar Ford à 1 million de francs. Et j'en ai fait un taxi clando. Et comme je tombais sur des chauffeurs véreux, j'ai décidé de conduire pour moi-même. Ceci, depuis un an maintenant.
Est-ce que cela a été facile pour le marabout que vous êtes de conduire un clando?
Je conduis dans les quartiers périphériques de Touba. On me surnomme Baye Fall ou Mara. J'avoue que ce n'est pas facile. On me dit souvent que je suis avide parce que je refuse de laisser quelqu'un partir avec ma monnaie. Un jour, j'ai même eu des problèmes avec un client qui m'avait accusé d'avoir volé son pantalon qu'il aurait oublié dans la voiture. Le lendemain, il est venu me le réclamer avec des insultes. On s'est battu. J'ai piqué une crise d'hystérie. À mon réveil, j'ai porté plainte contre lui. Et il a été déféré.
Vous avez opté pour le travail parce que vous n'avez pas de talibés?
Bien sûr que je reçois des adiya comme tout marabout. Cc qui ne doit pas m'empêcher de gagner ma vie. Je ne veux pas dépendre des tali bés. Même si j'en ai beaucoup.
Et ceux qui errent dans les rues pour demander de l'aumône, ils ne devraient pas aller travailler?
On n'interdit pas à un Baye Fall de quémander pour retourner l'argent à son marabout. Seulement, force est de constater qu'il existe de ces gens qui se font passer pour des disciples de Cheikh Ibra Fall et qui ne le sont pas en réalité. Ceux-là sont (les Baye Ndiaye. La philosophie Baye Fall signifie la soumission à l'égard de son marabout. Les gens pensent que le Baye Fall ne prie pas et ne jeûne pas, qu'il est un déviant. C'est faux. D'ailleurs, le musulman a mille et une manières d'accéder à Dieu sans prier. Le Créateur n'est pas méchant.
Quelles sont ces voix pour accéder à Dieu?
Il faut d'abord être maître de son âme. Faire de sorte que son cœur soit purifié de l'hypocrisie, de la méchanceté. On en voit de ces musulmans qui prient et commettent des péchés.
Vous faisiez de la politique avec Iba Guèye. Qu'est-ce qui explique votre engagement
Tout citoyen doit œuvrer pour le développement de sa cité. Et tant que marabout, si j'ai un disciple qui s'investit et dont le programme me paraît bon, je le soutiens.
Lors de la visite de Macky Sall à Mbacké, le khalife des Baye Fall lui a confié que votre communauté était délaissée par l'Etat...
Je n'ai pas fait attention à ses propos. Mais, j'ai dit aux Baye Fall de soutenir Macky Sall parce que son geste nous a touchés. Il est venu nous voir dans notre environnement. Et je dois dire que Me Madické Niang a été le premier à nous rendre visite. Ce qui nous avait également émus.
Réalisé par Ndèye Awa LO & El Modou GUEYE
Source Walf Grand Place
Serigne Cheikh Fall : Je ne veux même pas parler de cette fille. Je sais qu'elle demeure une talibé mouride. Seulement, je tiens à préciser que je l'ai aidée.
En tentant de l'exécuter avec un coupe-coupe?
Je jure que ce que je vous dis relève du mystique. C'est Dieu qui m'a envoyé barrer la route à Ndèye Guèye. S'il avait dansé à Mbacké, ce jour-là, elle aurait attirée la foudre sur Mbacké. J'étais juste un émissaire de Dieu.
Aviez-vous pensé au fait qu'elle pouvait y laisser sa vie?
Honnêtement, je n'avais pas envie de la tuer. J'avais juste pris la décision de venir lui parler. C'est une amie à mes talibés. Si les gardes ne s'y étaient pas opposés, je n'aurais pas forcé. Pourtant, je leur ai demandé de me laisser lui indiquer de manière courtoise ma mission. J'ai même essayé de les berner en leur disant que j'étais venu chercher mon adiya.
Si on vous avait laissé passer, qu'alliez-vous lui dire ?
Qu'elle est jeune et qu'elle ne devait pas défier les lois de la cité religieuse. Et comme ils ont refusé, j'ai brandi mon coupe-coupe pour l'intimider.
Etes-vous conscient que c'est dangereux de se promener avec un coupe-coupe?
Comme je vis avec les fauves, je m'arme pour me protéger, mais aussi les sauver en cas de besoin.
Comment avez-vous connu Ndèye Guèye ?
J'entendais les gens parler d'elle surtout avec l'affaire Guddi Town. Je n'avais pas l'intention de la tuer. J'étais dans ma voiture et je l'ai aperçue traverser, accompagnée de batteurs. Suivant la foule enthousiaste, j'ai eu mal de la voir dandiner, danser de manière obscène et retourner cher elle. Non sans influencer des innocentes. Ndèye Guèye n'est pas un bon exemple pour la jeunesse de Mbacké. Si je voulais la tuer, personne n'aurait pu me retenir. On a confisqué l'arme que je leur ai laissée. Mais je précise que personne ne m'a battu.
Vos voisins vous ont décrit comme quelqu'un de belliqueux. Est-ce le cas?
Jamais. Ceux qui vous ont informé ne disent pas la vérité. Lorsque le commissaire a demandé à ce qu'on vienne me cueillir, je me suis rendu. Dans un premier temps, les policiers ont pris ma voiture. Au commissariat, j'ai reconnu les faits. C'est par la suite qu'on m'a expliqué que c'était un meeting. Et j'étais prêt à en assumer les conséquences, quelle qu'en soit l'issue.
Pourtant, on a dit que le khalife des Baye Fall, Serigne Cheikh Dieumbe Fall, a soutenu ne pas vous couvrir ?
C'est faux. Lorsque mon épouse l'a informé de mon arrestation, le khalife a envoyé quelqu'un pour prendre de mes nouvelles en prison. Et comme je me portais à merveille durant mon séjour de 15 jours, l'émissaire est retourné lui rendre compte. C'est ma famille qui se faisait des soucis. Et je vous dis que Serigne Dieumbe Fall a demandé même une intervention pour qu'on me libère. Cela n'a pas abouti parce que l'affaire était déjà entre les mains de la justice.
D'aucuns ont même avancé que vous étiez ivre-mort an moment des faits...
Effectivement, j'étais ivre. Mais, je vous dis que cela n'était pas dû à l'alcool, je ne me saoule pas. Loin de là. A la place de l'alcool, j'utilise des xassaides. Si je veux me doper, je lis les écrits du Cheikh. Duma jël nool.
Vous étiez donc en transe ?
Ce sont les noms de Dieu que je prononce qui me font voyager.
Avez-vous regretté cet acte?
Du tout ! Mais il faut que les voix autorisées se lèvent contre la dépravation des mœurs. Le problème des Sénégalais, c'est que nous sommes hypocrites. On refuse de voir la réalité des choses. Je suis sur la voix de la vérité et je ne suis pas prêt à en dévier. J'ai mon père qui demeure mon guide. Je vais vous faire une confidence : depuis cette histoire, j'ai gagné la sympathie de beaucoup de mourides. On m'interpelle dans la rue pour me remercier et soutenir mon combat. D'aucuns m'offrent même des billets de 5 ou 10 mille francs pour me témoigner de leur gratitude d'avoir barré la route à cette fille. J'en ai même vu qui ont pleuré de joie. Je suis devenu plus populaire. Et il m'arrive même de tenter de me cacher des foules.
N'est-ce pas ce que vous cherchiez en vous attaquant à une vedette de danse?
Du tout. Encore une fois, j'ai agi par conviction religieuse. Je n'étais que l'agneau du sacrifice afin de barrer la route au malheur qui aurait pu s'abattre sur Mbacké, si Ndèye Guèye avait exécuté une de ses danses obscènes, ce jour-là.
On vous présente aussi comme le fils banni de votre famille. Peut-on en savoir plus sur votre parcours?
Je suis petit-fils de Cheikh Ibra Fall. Mon père Serigne Abdourahime Fall m'a surnommé Bayou Goor. Je suis né en 1960 à Mbacké. Mon enfance, je l'ai passée entre les daa ras, avant de revenir au bercail en 1978. Un an après, j'ai perdu ma mère. Orphelin, j'ai commencé à prendre mon destin en main en évoluant avec les épouses de mon père.
Vous avez les larmes aux yeux. Est-ce à dire que cette cohabitation avec vos tantes n'a pas été facile?
J'avoue qu'on n'entretenait juste des rapports de disciple vis-à-vis de la Sokhna de son marabout. Et c'est cette même relation que j'avais avec mon père. Comme d'ailleurs tous les descendants de marabouts. Vous savez, une mère est unique. Quand on la perd, c'est toujours difficile. On n'a jamais quelqu'un pour vous protéger. Surtout quand on est talibé.
Après les études en arabe, qu'avez-vous fait?
Je me suis dit que la carte d'identité de chef religieux ne me suffit pas pour vivre. J'ai certes des disciples, mais il faut que je gagne ma vie à la sueur de mon front. C'est ainsi que j'ai acheté une voiture que j'utilisais pour les besoins du transport en commun.
Où avez-vous trouvé l'argent?
J'ai travaillé à l'Université de Dakar comme gardien. C'est le directeur du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) d'alors, Iba Guèye -qui m'a vu grandir à Mbacké - qui m'a aidé. Comme il était proche de mon défunt grand frère Serigne Moustapha Fall, il m'a tendu la perche. J'avais changé mon nom pour me faire appeler Thiécko. Je parlais couramment anglais, afin de ne pas susciter des soupçons. Dieu a fait que si je veux comprendre une langue, j'y mets du mien. C'est pourquoi, je suis parvenu à m'exprimer dans la langue de Shakespeare. J'habitais chez mon grand frère aux Hlm, on me payait 110 mille francs par mois.
Pourquoi vous ne vouliez pas que l'on vous reconnaisse ?
Le travail que je faisais n'était pas compatible avec mon statut de marabout. Imaginez qu'un de mes talibés me reconnaisse, je serais gêné dans la mesure où il ne peut pas comprendre que je dois aussi travailler et gagner ma vie. Par la suite, j'ai gagné des marchés de peinture d'une valeur de 1 million 200 mille francs au sein du Coud.
Iba Guèye vous l'avait octroyé parce que vous étiez une connaissance?
Pas du tout. J'ai déposé mes papiers. Et comme je remplissais toutes les conditions, j'ai été recruté. Après, j'ai acheté un minicar Ford à 1 million de francs. Et j'en ai fait un taxi clando. Et comme je tombais sur des chauffeurs véreux, j'ai décidé de conduire pour moi-même. Ceci, depuis un an maintenant.
Est-ce que cela a été facile pour le marabout que vous êtes de conduire un clando?
Je conduis dans les quartiers périphériques de Touba. On me surnomme Baye Fall ou Mara. J'avoue que ce n'est pas facile. On me dit souvent que je suis avide parce que je refuse de laisser quelqu'un partir avec ma monnaie. Un jour, j'ai même eu des problèmes avec un client qui m'avait accusé d'avoir volé son pantalon qu'il aurait oublié dans la voiture. Le lendemain, il est venu me le réclamer avec des insultes. On s'est battu. J'ai piqué une crise d'hystérie. À mon réveil, j'ai porté plainte contre lui. Et il a été déféré.
Vous avez opté pour le travail parce que vous n'avez pas de talibés?
Bien sûr que je reçois des adiya comme tout marabout. Cc qui ne doit pas m'empêcher de gagner ma vie. Je ne veux pas dépendre des tali bés. Même si j'en ai beaucoup.
Et ceux qui errent dans les rues pour demander de l'aumône, ils ne devraient pas aller travailler?
On n'interdit pas à un Baye Fall de quémander pour retourner l'argent à son marabout. Seulement, force est de constater qu'il existe de ces gens qui se font passer pour des disciples de Cheikh Ibra Fall et qui ne le sont pas en réalité. Ceux-là sont (les Baye Ndiaye. La philosophie Baye Fall signifie la soumission à l'égard de son marabout. Les gens pensent que le Baye Fall ne prie pas et ne jeûne pas, qu'il est un déviant. C'est faux. D'ailleurs, le musulman a mille et une manières d'accéder à Dieu sans prier. Le Créateur n'est pas méchant.
Quelles sont ces voix pour accéder à Dieu?
Il faut d'abord être maître de son âme. Faire de sorte que son cœur soit purifié de l'hypocrisie, de la méchanceté. On en voit de ces musulmans qui prient et commettent des péchés.
Vous faisiez de la politique avec Iba Guèye. Qu'est-ce qui explique votre engagement
Tout citoyen doit œuvrer pour le développement de sa cité. Et tant que marabout, si j'ai un disciple qui s'investit et dont le programme me paraît bon, je le soutiens.
Lors de la visite de Macky Sall à Mbacké, le khalife des Baye Fall lui a confié que votre communauté était délaissée par l'Etat...
Je n'ai pas fait attention à ses propos. Mais, j'ai dit aux Baye Fall de soutenir Macky Sall parce que son geste nous a touchés. Il est venu nous voir dans notre environnement. Et je dois dire que Me Madické Niang a été le premier à nous rendre visite. Ce qui nous avait également émus.
Réalisé par Ndèye Awa LO & El Modou GUEYE
Source Walf Grand Place