Le Sénégal a finalement signé l’accord de financement d’un montant d’environ 270 milliards de FCfa, avec le gouvernement américain dans le cadre du programme du Millenium Challenge Account (Compte du défi du millénaire). Ce programme est géré par l’agence fédérale Millenium Challenge Corporation (Mcc).
Dakar s’est dit très honoré à être le premier pays à signer un Compact depuis l’élection du Président Obama. Un point de vue qui est loin d’être partagé par tous. Pour d’aucuns en effet, c’est plutôt le « cas du premier au départ, dernier à l’arrivée ».
On se rappelle qu’en 2004, le gouvernement Wade déclarait urbi et orbi qu’il avait l’honneur de faire partie des premiers récipiendaires de ce nouveau programme d’aide. Le président Wade avait même déclaré « avoir informé Jacques Chirac de l’intention de George W. Bush de lui donner des milliards de francs Cfa ».
Le retard accusé par le Sénégal, et par conséquent, le manque à gagner de plusieurs milliards, s’explique par de multiples facteurs. Le Palais de l’Avenue Léopold Sédar Senghor a pris du temps à comprendre la substance du programme. Pour Dakar, le nouveau système n’était rien d’autre que de l’aide budgétaire, comme on en l’habitude d’en recevoir de la France ou des pays arabes. Le chef de l’Etat sénégalais est allé jusqu’à demander à l’ancien Pdg du MCC de lui accorder une avance sur la promesse d’argent en attendant que son gouvernement puisse finaliser le projet. Raison avancée à l’époque : l’hivernage s’approchait et le pays avait besoin d’argent pour acheter des semences destinées aux paysans.
Un cadre sénégalais basé à Washington raconte une discussion qu’il a eue en son temps avec un haut responsable du temps où Macky Sall était Premier ministre. Ce responsable a soutenu qu’il s’agissait bien d’une aide budgétaire. Face à l’étonnement de son interlocuteur qui tentait de lui expliquer les objectifs du financement du Mcc, le haut fonctionnaire insistait lui, pour appeler le ministère des Finances dans le dessein d’informer que l’argent mis à la disposition du Sénégal pourrait être utilisé selon les urgences du moment.
Une autre cause du retard : les changements intempestifs des cadres sénégalais qui pilotaient le projet. Les difficultés initiales sont apparues quand Aïcha Agne Pouye a été remplacée par Habib Mbaye. Ce changement a été mal perçu au Mcc à Washington. Madame Pouye avait non seulement de solides appuis au sein de la boîte, mais les Américains commençaient déjà à soupçonner une volonté de l’entourage de Wade d’avoir le contrôle sur les milliards considérés comme acquis.
Puis arriva Jafza, une plateforme ressemblant à s’y méprendre à celle de Diamniadio. La mise en place de ce projet, que nombre d’observateurs à Washington qualifiait de tentative (maladroite) de Karim Wade, de mettre à la disposition de ses amis arabes ce financement. Pour rappel, la raison officielle du retrait du MCC Amérique de la Plateforme de Diamniadio était de « ne pas vouloir concurrencer des privés qui avaient un projet similaire. »
Tout semble indiquer que le Sénégal a subi plutôt dans cette affaire à l’arrivée un énorme manque à gagner. Les responsables du MCC Sénégal de l’époque avaient estimé le coût la plateforme de Diamniadio adoubé à « 750 millions de dollars au minimum », voir un plus d’un milliard de dollars américains. Si l’on se fie à ces estimations, le pouvoir dit de l’Alternance a fait perdre au Sénégal, au moins 105 milliards de francs Cfa. Voire, 230 milliards de F Cfa, dans la deuxième hypothèse.
Abdoulaye Diop et Darius Mans signent
La cérémonie de signature a eu lieu le mercredi 16 septembre 2009, dans la salle Benjamin Franklin du Département d’Etat, siège du ministère des Affaires étrangères des Etats-Unis. Le document de l’accord a été signé par Darius Mans, directeur général intérimaire du MCC et Abdoulaye Diop ministre sénégalais de l’Economie et des Finances, en présence d’Hillary Clinton, le secrétaire d’Etat, Cheikh Tidiane Gadio ministre des Affaires étrangères du Sénégal et du Président Abdoulaye Wade.
L’accord permet au Sénégal de disposer de moyens pour la réhabilitation et l’extension de deux routes nationales pour un montant de F Cfa 162 milliards et la création et/ou la réhabilitation de systèmes d’irrigation dans la région Nord du pays. La Nationale 2 sera complètement refaite et élargie entre Richard Toll et Ndioum (120 Km). La réfection de ponts sur ce tronçon est également inclue dans le programme. La Nationale 6 que les officiels du MCC qualifient de stratégique sera réparée et élargie, de Ziguinchor au croisement de Kounkané (250 km).
Le financement couvre également un volet « systèmes d’irrigation » dans la vallée du Fleuve, pour un montant de 170 millions de dollars. L’objectif est de créer une capacité d’irrigation pour couvrir 10 500 hectares en augmentant de manière substantielle les quantités d’eau disponible. Selon les données fournies par le MCC, ce programme va également éviter l’abandon de 26 000 hectares de terres irrigables en réhabilitant les canaux de drainage existants dans ce secteur.
Le reste des fonds (46 millions de dollars) prendra en charge les frais de fonctionnement et d’évaluation, dont 42 millions pour le fonctionnement et 4 millions pour la supervision et l’évaluation. Tout cela pour une période de cinq ans.
Les Compacts MCA
Le MCA est un nouveau programme de coopération mis en place en 2004 par l’administration Bush, en accord avec le Congrès fédéral. La philosophie du programme consiste à ne plus baser l’aide américaine sur les besoins des pays bénéficiaires uniquement. Ce que beaucoup d’observateurs qualifiaient à l’époque de nouvelles conditionnalités est présenté par les Etats-Unis comme des défis à ceux qui cherchent l’argent du contribuable américain. D’où le nom Millenium Challenge Account.
Selon cette nouvelle orientation, tout pays intéressé par cette aide devra répondre à trois critères majeurs : pratiquer la bonne gouvernance, créer un environnement de liberté économique et investir sur son propre peuple. En fonction du système d’évaluation basé sur ces critères, un pays est soit éligible pour un compact soit considéré comme un threshold.
Les compacts donnent droit à des financements qui se chiffrent à des centaines de millions, comme celui du Sénégal. Alors que pour les trhesholds on parle de dizaines de millions, juste pour accompagner le pays candidat dans ses efforts pour réaliser les conditions d’obtention d’un Compact.
Depuis le démarrage du programme, 19 pays dont 12 africains ont atteint le niveau de compact et ont signé la convention qui les intéresse. A ce niveau, les officiels sénégalais ont pris quelque liberté avec la vérité en annonçant que notre pays se classe en deuxième position après les Maroc en termes de montant reçu. La vérité est que non seulement le Maroc n’est pas le premier en termes du montant de financement reçu ou à recevoir, mais le Sénégal n’occupe que la quatrième place, après la Tanzanie (698 millions de dollars), le Maroc (697,5 millions de dollars), et le Ghana (547 millions de dollars). Pour rappel le Sénégal a reçu 540 millions de dollars.
Le Sénégal surveillé comme du lait sur le feu par Washington
La signature d’un compact n’est pas l’acte final avant le déblocage de l’argent du MCA. Des pays qui ont déjà eu en poche le contrat signé ont vu cette signature retirée par Washington. C’est le cas entre autres de Madagascar dont le projet a été annulé après le coup de force de Andry Rajoelina, devenu chef de l’Etat.
Le gouvernement Wade est particulièrement attendu sur les questions de bonne gouvernance, de démocratie, de transparence et de liberté de presse et d’opinion. La première phrase du discours d’Hillary Clinton lors de la cérémonie de signature en dit long sur cette surveillance stricte. Reprenant les remarques de Darius Mans, le PDG intérimaire du MCC, Mme Clinton à sa suite, déclare : « [leur] notre intention de travailler avec le gouvernement et le peuple sénégalais pour promouvoir un développement durable, renforcer les fondements de la démocratie et solidifier la transparence et un système ou les dirigeants sont tenus responsables pour les actes qu’ils posent ». Se voulant plus précise sur la responsabilité du gouvernement et du peule sénégalais, la secrétaire d’Etat affirme « Président Wade, je vais demander à tous ceux qui ont effectué ce long voyage depuis le Sénégal de prendre part à cette œuvre pour ensemble assurer son succès. »
De ce point de vue, et contrairement à ce qui a été mentionné dans le communiqué du Conseil des ministres de jeudi dernier, madame Clinton n’a à aucun instant déclaré « que le Sénégal était le meilleur pays ». Elle a plutôt lancé un défi pour qu’à la fin du processus de cinq ans, quand le programme aura fini d’être exécuté, qu’elle soit « en mesure de dire au monde entier qu’à cause du leadership de ce président et de ses très distingués deux prédécesseurs : « si vous voulez voir un pays qui est en route vers le progrès et la prospérité, allez au Sénégal. »
Nous reproduisons ici, en anglais les termes de cette partie de son discours : I want to be able to tell people around the world that because of this president’s leadership and that of his two esteemed predecessors, if you want to see a country that is on the road to progress and prosperity, go to Senegal.
En privé, les responsables du MCC ont été plus clairs et directs avec le président Wade. Ils lui ont fait comprendre que les pays bénéficiaires peuvent faire l’objet d’annulation de promesses. Les sujets qui préoccupent le plus sont la corruption, la bonne gouvernance, la démocratie, les libertés de presse et d’opinion… sur lesquels le pouvoir de l’Alternance avait réalisé des progrès significatifs avant d’opérer des reculs graves et qui deviennent inquiétants.
Un officiel du Département d’Etat déclarait en privé à l’un des participants à la cérémonie qu’il n’est plus tout à fait sûr que si c’était à refaire, le Sénégal serait éligible pour un Compact. Les dépenses hors budget, le rôle du fils du chef de l’Etat dans la conduite des affaires publiques, les relations tendues avec la presse, le dialogue politique entre autres, préoccupent au plus haut niveau l’administration Obama et on n’a pas manqué de le signifier à qui de droit.
Dans le cadre du suivi et du contrôle continu, les dirigeants du Mcc, ainsi que les cadres sénégalais impliqués dans ce dossier, ont expliqué qu’il ne pouvait pas manquer des erreurs –minimes- et qu’ils éviteront absolument celles qui pourraient être fatales. Parmi celles-ci les violations graves de la liberté de la presse et d’opinion, les sérieux problèmes de mal gouvernance ou de corruption, les attaques contre le processus démocratique... Les dernières violations citées sont considérées comme des erreurs fatales ou « fetal flaws ».
Et les mêmes officiels de rappeler que tout était prêt techniquement pour signer le contrat. Mais la décision a été prise d’attendre de voir comment les élections locales du 22 mars 2009 se dérouleraient.
Ce n’est donc pas un hasard que l’entourage de Wade a fait des pieds et des mains pour donner entretiens et interviews dans les médias américains et insister sur la déclaration de candidature de Abdoulaye Wade à la prochaine élection présidentielle de 2012, « réglant » en même temps la question de sa succession par son fils. C’est ainsi qu’il faut comprendre cette déclaration de candidature depuis Washington.
C’est dans le même ordre que le Président de la République a donné dès son retour des Etats-Unis, lors du Conseil des ministres, des instructions à son Premier ministre afin de faire avancer le dossier sur la dépénalisation des délits de presse.
Malgré les Procédures de contrôle…
Les diplomates expliquent ce langage vigoureux, par un besoin de faire comprendre que les questions évoquées ne concernent pas seulement le Compact, mais la gestion du pays dans son ensemble. Parce que de toutes façons, l’argent prévu pour le financement du Compact est encadré par des procédures difficiles à contourner.
Si, a titre d’exemple, prenons la procédure de préparation et d’attribution des marchés MCC au niveau local. C’est un cabinet germano britannique (Gfa-Charles Kandel) qui a gagné le marché après soumission à un appel d’offres international ou des concurrents américains étaient également en compétition.
C’est ce cabinet qui prépare tous les dossiers de ce qu’on appelle les Rfp (request for proposal). Les organismes d’attribution des marchés de l’Etat du Sénégal n’y auront pas de poids prépondérant pour influencer le choix des entreprises qui exécuteront les travaux. Si ces procédures sont respectées, rien ne pourrait par exemple, empêcher une entreprise de gagner un marché et de se faire payer sans qu’il y ait de pressions venues du Palais, ni d’ailleurs.
Gfa qui est allemande s’occupe de la préparation des candidatures pour les appels d’offres. Et Kandel la Britannique est l’agent fiduciaire.
C’est le même procédé qui est appliqué quant aux choix des banques qui vont gérer l’argent du projet. D’ailleurs, selon des sources bien informées, ces banques sont déjà retenues
La mission de recrutement du personnel chargé de la mise en œuvre du programme sera confiée à une structure indépendante pour organiser la compétition entre les prétendants. Cela signifie que les membres de l’équipe qui a mené la conception du projet ayant abouti à la signature du compact, doivent eux aussi concourir pour faire partie du groupe qui gérera la mise en œuvre.
En réalité, ce fait ne manque pas de susciter un certain malaise décelé par les observateurs. Interpellée à ce propos, Madolyn Phillips, la représentante américaine qui a piloté le dossier Sénégal depuis le début, réaffirme ce principe qui consiste à remettre tout en compétition pour le recrutement du personnel de mise en œuvre de l’initiative. Cependant, devant les Congressmen de la commission de pilotage du MCA, Mme Phillips a affirmé que son équipe aurait bien voulu revoir les cadres sénégalais avec qui cette équipe a travaillé jusqu’ici.
L’administration Obama de son côté a déjà désigné la personne qui va veiller à l’exécution du projet. Elle s’appelle Tanya Southerland, une ancienne étudiante de l’Université Cheikh Anta Diop, qui parle le wolof et le français. Elle emménagera à Dakar dans les tous prochains jours.
Le Forcing du cabinet de Karim Wade qui a failli tout faire capoter à la dernière minute. Après le départ, dans des conditions spectaculaires, des Américains de la Plateforme de Diamniadio, très peu d’observateurs misaient encore sur la chance au Sénégal d’être rééligible. A l’issue d’un travail soutenu durant de long mois, les Mcc Sénégal et Mcc Etats-Unis, ont abouti à des convergences sur des points essentiels. Il ne restait donc que quelques petits derniers détails à régler pour la cérémonie de signature. Une délégation dirigée par Ibrahima Dia devait donc effectuer le voyage à Washington.
Selon des sources généralement bien informées dans la capitale fédérale, c’est ce moment qu’a choisi un membre du cabinet du ministère de Karim Wade pour demander à Ibrahima Dia d’inclure un membre dudit dans la délégation, sous prétexte que l’exécution du programme entre dans les compétences du ministère de l’Aménagement du territoire, des Infrastructures et des Transports aériens. Devant le refus catégorique, ce fonctionnaire du ministère de Karim Wade met alors à contribution les responsables de la Primature, parmi lesquels, celui qui est désigné pour coordonner le travail avec les parties impliquées sous la direction du Cheikh Tidiane Gadio président de la commission de travail Mcc Sénégal.
Ce fonctionnaire de la Primature prend le parti de l’envoyé de Karim Wade en déclarant que « le ministre insiste pour l’incorporation d’un membre de son cabinet dans la délégation ». Sans succès. Ne baissant pas les bras, il revient à la charge durant le séjour de la délégation sénégalaise à Washington. Pendant toute une journée, il a appelé Madame Madolyn Phillips au moins une dizaine de fois. Mme Phillips qui avait déjà fait comprendre à la partie sénégalaise qu’elle ne pouvait avoir qu’un seul interlocuteur en l’occurrence Ibrahima Dia, qui a été choisi par une lettre officielle écrite par le Président Wade, finit par se demander ce qui se passait pour nécessiter une telle insistance de cet agent la Primature.
Elle consent finalement à prendre l’appel de ce fonctionnaire. Mais elle insiste à lui dire que c’est probablement à Ibrahima Dia qu’il devait parler. La réponse tombe nette : « non c’est à vous Madame que je veux parler ». Ibrahim Dia intervient pour savoir ce qui se passait. À ce moment encore c’est un « non, je ne veux pas vous parler ». Une phrase que l’assistance qui écoutait par speaker phone a entendue. Le fonctionnaire continue néanmoins « Madame, je vous parle au nom du gouvernement du Sénégal. Monsieur Ibrahima Dia ne parle plus au nom du gouvernement ». Madolyn Phillips coupe la conversation et entre immédiatement en contact avec l’ambassade du Sénégal à Washington. Puis elle fait savoir au nom de la direction du Mcc, pour ne pas dire du gouvernement américain, que si dans les heures qui suivaient, elle ne recevait pas une confirmation officielle de la République du Sénégal, que c’est bien monsieur Ibrahima Dia qui avait toujours l’autorité de négocier pour le Sénégal, le Sénégal aura, en toute connaissance de causes, choisi de renoncer à un financement de plus d’un demi milliard de dollars Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye entre dans la danse pour assurer aux autorités du Mcc que sur ce dossier, seul Ibrahima Dia pouvait parler au nom du Sénégal.
Selon des sources proches de la Primature, Souleymane Ndéné Ndiaye a joint l’acte à la parole en enlevant, par écrit, le fonctionnaire en question de la gestion de ce dossier. En tout état de cause, celui-ci n’a pu réaliser son rêve de faire partie des personnalités sénégalaises qui ont été conviées à la cérémonie de signature.
D’ailleurs l’épisode a tellement secoué en haut lieu que tout le discours et les actes ont été revus. Tout ceux qui font attention aux déclarations d’Abdoulaye Wade le savent très avare en remerciements et en mise en exergue des réussites des ses collaborateurs. Pour Wade, tout ce qui arrive de bon au pays c’est à cause de son rayonnement, son expertise si ce n’est ses relations personnelles.
Mais cette fois-ci, il a tenu à remercier et féliciter, et à plusieurs reprises, Cheikh Tidiane Gadio, ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, ministre de l’Economie et des Finances et surtout Ibrahima Dia, le directeur du Mcc Sénégal. Comme pour dire que cette fois-ci, il a bien compris l’irritation de ses donateurs américains. Face à cela, Dakar a rectifié drastiquement au point d’éliminer de la délégation restreinte venue avec le Président, le ministre qui en principe, verra son département largement impliqué dans l’exécution du compact.
Sinon comment expliquer qu’Oumar Sarr de l’Urbanisme, Fatou Gaye Sarr ministre de l’Agriculture et Abdoulaye Diop ministre l’Economie soient tous de la partie, alors que Karim Wade qui est le ministre chargé de la Construction des routes ne soit pas venu ? Il faut signaler que des 495 millions U$ du montant de fonctionnement de ce compact, 324 millions U$ sont consacrés à la construction de routes.
Le président sénégalais qui semble avoir bien reçu le message, voulait-il donner des gages à ses donateurs ? C’est dans ce cadre d’ailleurs qu’il faut classer le comportement peu habituel du chef d’Etat sénégalais face aux Congressmen ce jour-là. Wade dont l’humilité n’est la qualité première, était forcé de dire à ses hôtes que « je ne suis pas parfait. Si je commets des erreurs, n’hésitez pas à m’interpeller ». Et pour parler d’irritation, celle-ci a été bel et bien de la partie. Après l’incident de la tentative de récupération par l’équipe de Karim Wade, les Américains considèrent ce qui s’est passé comme un drapeau rouge ou « red flag » levé et qui impose une vigilance accrue de leur part.
Sud Quotidien
Dakar s’est dit très honoré à être le premier pays à signer un Compact depuis l’élection du Président Obama. Un point de vue qui est loin d’être partagé par tous. Pour d’aucuns en effet, c’est plutôt le « cas du premier au départ, dernier à l’arrivée ».
On se rappelle qu’en 2004, le gouvernement Wade déclarait urbi et orbi qu’il avait l’honneur de faire partie des premiers récipiendaires de ce nouveau programme d’aide. Le président Wade avait même déclaré « avoir informé Jacques Chirac de l’intention de George W. Bush de lui donner des milliards de francs Cfa ».
Le retard accusé par le Sénégal, et par conséquent, le manque à gagner de plusieurs milliards, s’explique par de multiples facteurs. Le Palais de l’Avenue Léopold Sédar Senghor a pris du temps à comprendre la substance du programme. Pour Dakar, le nouveau système n’était rien d’autre que de l’aide budgétaire, comme on en l’habitude d’en recevoir de la France ou des pays arabes. Le chef de l’Etat sénégalais est allé jusqu’à demander à l’ancien Pdg du MCC de lui accorder une avance sur la promesse d’argent en attendant que son gouvernement puisse finaliser le projet. Raison avancée à l’époque : l’hivernage s’approchait et le pays avait besoin d’argent pour acheter des semences destinées aux paysans.
Un cadre sénégalais basé à Washington raconte une discussion qu’il a eue en son temps avec un haut responsable du temps où Macky Sall était Premier ministre. Ce responsable a soutenu qu’il s’agissait bien d’une aide budgétaire. Face à l’étonnement de son interlocuteur qui tentait de lui expliquer les objectifs du financement du Mcc, le haut fonctionnaire insistait lui, pour appeler le ministère des Finances dans le dessein d’informer que l’argent mis à la disposition du Sénégal pourrait être utilisé selon les urgences du moment.
Une autre cause du retard : les changements intempestifs des cadres sénégalais qui pilotaient le projet. Les difficultés initiales sont apparues quand Aïcha Agne Pouye a été remplacée par Habib Mbaye. Ce changement a été mal perçu au Mcc à Washington. Madame Pouye avait non seulement de solides appuis au sein de la boîte, mais les Américains commençaient déjà à soupçonner une volonté de l’entourage de Wade d’avoir le contrôle sur les milliards considérés comme acquis.
Puis arriva Jafza, une plateforme ressemblant à s’y méprendre à celle de Diamniadio. La mise en place de ce projet, que nombre d’observateurs à Washington qualifiait de tentative (maladroite) de Karim Wade, de mettre à la disposition de ses amis arabes ce financement. Pour rappel, la raison officielle du retrait du MCC Amérique de la Plateforme de Diamniadio était de « ne pas vouloir concurrencer des privés qui avaient un projet similaire. »
Tout semble indiquer que le Sénégal a subi plutôt dans cette affaire à l’arrivée un énorme manque à gagner. Les responsables du MCC Sénégal de l’époque avaient estimé le coût la plateforme de Diamniadio adoubé à « 750 millions de dollars au minimum », voir un plus d’un milliard de dollars américains. Si l’on se fie à ces estimations, le pouvoir dit de l’Alternance a fait perdre au Sénégal, au moins 105 milliards de francs Cfa. Voire, 230 milliards de F Cfa, dans la deuxième hypothèse.
Abdoulaye Diop et Darius Mans signent
La cérémonie de signature a eu lieu le mercredi 16 septembre 2009, dans la salle Benjamin Franklin du Département d’Etat, siège du ministère des Affaires étrangères des Etats-Unis. Le document de l’accord a été signé par Darius Mans, directeur général intérimaire du MCC et Abdoulaye Diop ministre sénégalais de l’Economie et des Finances, en présence d’Hillary Clinton, le secrétaire d’Etat, Cheikh Tidiane Gadio ministre des Affaires étrangères du Sénégal et du Président Abdoulaye Wade.
L’accord permet au Sénégal de disposer de moyens pour la réhabilitation et l’extension de deux routes nationales pour un montant de F Cfa 162 milliards et la création et/ou la réhabilitation de systèmes d’irrigation dans la région Nord du pays. La Nationale 2 sera complètement refaite et élargie entre Richard Toll et Ndioum (120 Km). La réfection de ponts sur ce tronçon est également inclue dans le programme. La Nationale 6 que les officiels du MCC qualifient de stratégique sera réparée et élargie, de Ziguinchor au croisement de Kounkané (250 km).
Le financement couvre également un volet « systèmes d’irrigation » dans la vallée du Fleuve, pour un montant de 170 millions de dollars. L’objectif est de créer une capacité d’irrigation pour couvrir 10 500 hectares en augmentant de manière substantielle les quantités d’eau disponible. Selon les données fournies par le MCC, ce programme va également éviter l’abandon de 26 000 hectares de terres irrigables en réhabilitant les canaux de drainage existants dans ce secteur.
Le reste des fonds (46 millions de dollars) prendra en charge les frais de fonctionnement et d’évaluation, dont 42 millions pour le fonctionnement et 4 millions pour la supervision et l’évaluation. Tout cela pour une période de cinq ans.
Les Compacts MCA
Le MCA est un nouveau programme de coopération mis en place en 2004 par l’administration Bush, en accord avec le Congrès fédéral. La philosophie du programme consiste à ne plus baser l’aide américaine sur les besoins des pays bénéficiaires uniquement. Ce que beaucoup d’observateurs qualifiaient à l’époque de nouvelles conditionnalités est présenté par les Etats-Unis comme des défis à ceux qui cherchent l’argent du contribuable américain. D’où le nom Millenium Challenge Account.
Selon cette nouvelle orientation, tout pays intéressé par cette aide devra répondre à trois critères majeurs : pratiquer la bonne gouvernance, créer un environnement de liberté économique et investir sur son propre peuple. En fonction du système d’évaluation basé sur ces critères, un pays est soit éligible pour un compact soit considéré comme un threshold.
Les compacts donnent droit à des financements qui se chiffrent à des centaines de millions, comme celui du Sénégal. Alors que pour les trhesholds on parle de dizaines de millions, juste pour accompagner le pays candidat dans ses efforts pour réaliser les conditions d’obtention d’un Compact.
Depuis le démarrage du programme, 19 pays dont 12 africains ont atteint le niveau de compact et ont signé la convention qui les intéresse. A ce niveau, les officiels sénégalais ont pris quelque liberté avec la vérité en annonçant que notre pays se classe en deuxième position après les Maroc en termes de montant reçu. La vérité est que non seulement le Maroc n’est pas le premier en termes du montant de financement reçu ou à recevoir, mais le Sénégal n’occupe que la quatrième place, après la Tanzanie (698 millions de dollars), le Maroc (697,5 millions de dollars), et le Ghana (547 millions de dollars). Pour rappel le Sénégal a reçu 540 millions de dollars.
Le Sénégal surveillé comme du lait sur le feu par Washington
La signature d’un compact n’est pas l’acte final avant le déblocage de l’argent du MCA. Des pays qui ont déjà eu en poche le contrat signé ont vu cette signature retirée par Washington. C’est le cas entre autres de Madagascar dont le projet a été annulé après le coup de force de Andry Rajoelina, devenu chef de l’Etat.
Le gouvernement Wade est particulièrement attendu sur les questions de bonne gouvernance, de démocratie, de transparence et de liberté de presse et d’opinion. La première phrase du discours d’Hillary Clinton lors de la cérémonie de signature en dit long sur cette surveillance stricte. Reprenant les remarques de Darius Mans, le PDG intérimaire du MCC, Mme Clinton à sa suite, déclare : « [leur] notre intention de travailler avec le gouvernement et le peuple sénégalais pour promouvoir un développement durable, renforcer les fondements de la démocratie et solidifier la transparence et un système ou les dirigeants sont tenus responsables pour les actes qu’ils posent ». Se voulant plus précise sur la responsabilité du gouvernement et du peule sénégalais, la secrétaire d’Etat affirme « Président Wade, je vais demander à tous ceux qui ont effectué ce long voyage depuis le Sénégal de prendre part à cette œuvre pour ensemble assurer son succès. »
De ce point de vue, et contrairement à ce qui a été mentionné dans le communiqué du Conseil des ministres de jeudi dernier, madame Clinton n’a à aucun instant déclaré « que le Sénégal était le meilleur pays ». Elle a plutôt lancé un défi pour qu’à la fin du processus de cinq ans, quand le programme aura fini d’être exécuté, qu’elle soit « en mesure de dire au monde entier qu’à cause du leadership de ce président et de ses très distingués deux prédécesseurs : « si vous voulez voir un pays qui est en route vers le progrès et la prospérité, allez au Sénégal. »
Nous reproduisons ici, en anglais les termes de cette partie de son discours : I want to be able to tell people around the world that because of this president’s leadership and that of his two esteemed predecessors, if you want to see a country that is on the road to progress and prosperity, go to Senegal.
En privé, les responsables du MCC ont été plus clairs et directs avec le président Wade. Ils lui ont fait comprendre que les pays bénéficiaires peuvent faire l’objet d’annulation de promesses. Les sujets qui préoccupent le plus sont la corruption, la bonne gouvernance, la démocratie, les libertés de presse et d’opinion… sur lesquels le pouvoir de l’Alternance avait réalisé des progrès significatifs avant d’opérer des reculs graves et qui deviennent inquiétants.
Un officiel du Département d’Etat déclarait en privé à l’un des participants à la cérémonie qu’il n’est plus tout à fait sûr que si c’était à refaire, le Sénégal serait éligible pour un Compact. Les dépenses hors budget, le rôle du fils du chef de l’Etat dans la conduite des affaires publiques, les relations tendues avec la presse, le dialogue politique entre autres, préoccupent au plus haut niveau l’administration Obama et on n’a pas manqué de le signifier à qui de droit.
Dans le cadre du suivi et du contrôle continu, les dirigeants du Mcc, ainsi que les cadres sénégalais impliqués dans ce dossier, ont expliqué qu’il ne pouvait pas manquer des erreurs –minimes- et qu’ils éviteront absolument celles qui pourraient être fatales. Parmi celles-ci les violations graves de la liberté de la presse et d’opinion, les sérieux problèmes de mal gouvernance ou de corruption, les attaques contre le processus démocratique... Les dernières violations citées sont considérées comme des erreurs fatales ou « fetal flaws ».
Et les mêmes officiels de rappeler que tout était prêt techniquement pour signer le contrat. Mais la décision a été prise d’attendre de voir comment les élections locales du 22 mars 2009 se dérouleraient.
Ce n’est donc pas un hasard que l’entourage de Wade a fait des pieds et des mains pour donner entretiens et interviews dans les médias américains et insister sur la déclaration de candidature de Abdoulaye Wade à la prochaine élection présidentielle de 2012, « réglant » en même temps la question de sa succession par son fils. C’est ainsi qu’il faut comprendre cette déclaration de candidature depuis Washington.
C’est dans le même ordre que le Président de la République a donné dès son retour des Etats-Unis, lors du Conseil des ministres, des instructions à son Premier ministre afin de faire avancer le dossier sur la dépénalisation des délits de presse.
Malgré les Procédures de contrôle…
Les diplomates expliquent ce langage vigoureux, par un besoin de faire comprendre que les questions évoquées ne concernent pas seulement le Compact, mais la gestion du pays dans son ensemble. Parce que de toutes façons, l’argent prévu pour le financement du Compact est encadré par des procédures difficiles à contourner.
Si, a titre d’exemple, prenons la procédure de préparation et d’attribution des marchés MCC au niveau local. C’est un cabinet germano britannique (Gfa-Charles Kandel) qui a gagné le marché après soumission à un appel d’offres international ou des concurrents américains étaient également en compétition.
C’est ce cabinet qui prépare tous les dossiers de ce qu’on appelle les Rfp (request for proposal). Les organismes d’attribution des marchés de l’Etat du Sénégal n’y auront pas de poids prépondérant pour influencer le choix des entreprises qui exécuteront les travaux. Si ces procédures sont respectées, rien ne pourrait par exemple, empêcher une entreprise de gagner un marché et de se faire payer sans qu’il y ait de pressions venues du Palais, ni d’ailleurs.
Gfa qui est allemande s’occupe de la préparation des candidatures pour les appels d’offres. Et Kandel la Britannique est l’agent fiduciaire.
C’est le même procédé qui est appliqué quant aux choix des banques qui vont gérer l’argent du projet. D’ailleurs, selon des sources bien informées, ces banques sont déjà retenues
La mission de recrutement du personnel chargé de la mise en œuvre du programme sera confiée à une structure indépendante pour organiser la compétition entre les prétendants. Cela signifie que les membres de l’équipe qui a mené la conception du projet ayant abouti à la signature du compact, doivent eux aussi concourir pour faire partie du groupe qui gérera la mise en œuvre.
En réalité, ce fait ne manque pas de susciter un certain malaise décelé par les observateurs. Interpellée à ce propos, Madolyn Phillips, la représentante américaine qui a piloté le dossier Sénégal depuis le début, réaffirme ce principe qui consiste à remettre tout en compétition pour le recrutement du personnel de mise en œuvre de l’initiative. Cependant, devant les Congressmen de la commission de pilotage du MCA, Mme Phillips a affirmé que son équipe aurait bien voulu revoir les cadres sénégalais avec qui cette équipe a travaillé jusqu’ici.
L’administration Obama de son côté a déjà désigné la personne qui va veiller à l’exécution du projet. Elle s’appelle Tanya Southerland, une ancienne étudiante de l’Université Cheikh Anta Diop, qui parle le wolof et le français. Elle emménagera à Dakar dans les tous prochains jours.
Le Forcing du cabinet de Karim Wade qui a failli tout faire capoter à la dernière minute. Après le départ, dans des conditions spectaculaires, des Américains de la Plateforme de Diamniadio, très peu d’observateurs misaient encore sur la chance au Sénégal d’être rééligible. A l’issue d’un travail soutenu durant de long mois, les Mcc Sénégal et Mcc Etats-Unis, ont abouti à des convergences sur des points essentiels. Il ne restait donc que quelques petits derniers détails à régler pour la cérémonie de signature. Une délégation dirigée par Ibrahima Dia devait donc effectuer le voyage à Washington.
Selon des sources généralement bien informées dans la capitale fédérale, c’est ce moment qu’a choisi un membre du cabinet du ministère de Karim Wade pour demander à Ibrahima Dia d’inclure un membre dudit dans la délégation, sous prétexte que l’exécution du programme entre dans les compétences du ministère de l’Aménagement du territoire, des Infrastructures et des Transports aériens. Devant le refus catégorique, ce fonctionnaire du ministère de Karim Wade met alors à contribution les responsables de la Primature, parmi lesquels, celui qui est désigné pour coordonner le travail avec les parties impliquées sous la direction du Cheikh Tidiane Gadio président de la commission de travail Mcc Sénégal.
Ce fonctionnaire de la Primature prend le parti de l’envoyé de Karim Wade en déclarant que « le ministre insiste pour l’incorporation d’un membre de son cabinet dans la délégation ». Sans succès. Ne baissant pas les bras, il revient à la charge durant le séjour de la délégation sénégalaise à Washington. Pendant toute une journée, il a appelé Madame Madolyn Phillips au moins une dizaine de fois. Mme Phillips qui avait déjà fait comprendre à la partie sénégalaise qu’elle ne pouvait avoir qu’un seul interlocuteur en l’occurrence Ibrahima Dia, qui a été choisi par une lettre officielle écrite par le Président Wade, finit par se demander ce qui se passait pour nécessiter une telle insistance de cet agent la Primature.
Elle consent finalement à prendre l’appel de ce fonctionnaire. Mais elle insiste à lui dire que c’est probablement à Ibrahima Dia qu’il devait parler. La réponse tombe nette : « non c’est à vous Madame que je veux parler ». Ibrahim Dia intervient pour savoir ce qui se passait. À ce moment encore c’est un « non, je ne veux pas vous parler ». Une phrase que l’assistance qui écoutait par speaker phone a entendue. Le fonctionnaire continue néanmoins « Madame, je vous parle au nom du gouvernement du Sénégal. Monsieur Ibrahima Dia ne parle plus au nom du gouvernement ». Madolyn Phillips coupe la conversation et entre immédiatement en contact avec l’ambassade du Sénégal à Washington. Puis elle fait savoir au nom de la direction du Mcc, pour ne pas dire du gouvernement américain, que si dans les heures qui suivaient, elle ne recevait pas une confirmation officielle de la République du Sénégal, que c’est bien monsieur Ibrahima Dia qui avait toujours l’autorité de négocier pour le Sénégal, le Sénégal aura, en toute connaissance de causes, choisi de renoncer à un financement de plus d’un demi milliard de dollars Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour que le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye entre dans la danse pour assurer aux autorités du Mcc que sur ce dossier, seul Ibrahima Dia pouvait parler au nom du Sénégal.
Selon des sources proches de la Primature, Souleymane Ndéné Ndiaye a joint l’acte à la parole en enlevant, par écrit, le fonctionnaire en question de la gestion de ce dossier. En tout état de cause, celui-ci n’a pu réaliser son rêve de faire partie des personnalités sénégalaises qui ont été conviées à la cérémonie de signature.
D’ailleurs l’épisode a tellement secoué en haut lieu que tout le discours et les actes ont été revus. Tout ceux qui font attention aux déclarations d’Abdoulaye Wade le savent très avare en remerciements et en mise en exergue des réussites des ses collaborateurs. Pour Wade, tout ce qui arrive de bon au pays c’est à cause de son rayonnement, son expertise si ce n’est ses relations personnelles.
Mais cette fois-ci, il a tenu à remercier et féliciter, et à plusieurs reprises, Cheikh Tidiane Gadio, ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, ministre de l’Economie et des Finances et surtout Ibrahima Dia, le directeur du Mcc Sénégal. Comme pour dire que cette fois-ci, il a bien compris l’irritation de ses donateurs américains. Face à cela, Dakar a rectifié drastiquement au point d’éliminer de la délégation restreinte venue avec le Président, le ministre qui en principe, verra son département largement impliqué dans l’exécution du compact.
Sinon comment expliquer qu’Oumar Sarr de l’Urbanisme, Fatou Gaye Sarr ministre de l’Agriculture et Abdoulaye Diop ministre l’Economie soient tous de la partie, alors que Karim Wade qui est le ministre chargé de la Construction des routes ne soit pas venu ? Il faut signaler que des 495 millions U$ du montant de fonctionnement de ce compact, 324 millions U$ sont consacrés à la construction de routes.
Le président sénégalais qui semble avoir bien reçu le message, voulait-il donner des gages à ses donateurs ? C’est dans ce cadre d’ailleurs qu’il faut classer le comportement peu habituel du chef d’Etat sénégalais face aux Congressmen ce jour-là. Wade dont l’humilité n’est la qualité première, était forcé de dire à ses hôtes que « je ne suis pas parfait. Si je commets des erreurs, n’hésitez pas à m’interpeller ». Et pour parler d’irritation, celle-ci a été bel et bien de la partie. Après l’incident de la tentative de récupération par l’équipe de Karim Wade, les Américains considèrent ce qui s’est passé comme un drapeau rouge ou « red flag » levé et qui impose une vigilance accrue de leur part.
Sud Quotidien