Mois de bénédiction, de rémission et de repentir, le ramadan est en passe de devenir un véritable casse-tête pour les Sénégalaises. Pourtant, ce n’est ni la faim encore moins la soif qui les angoisse. Elles font face à une réalité plus dure que les ventres creux : le «sukeru koor». Une coutume qui veut que la bru donne du sucre et prépare des mets pour sa belle-famille. Mais cette pratique a tellement subi l’évolution des échanges interpersonnels de la société sénégalaise, qu’elle devient un cauchemar pour les femmes mariées.
Rama, une jeune femme mariée il y a de cela 7 ans, le subit depuis son premier ramadan au domicile conjugal. Pourtant, elle est issue d’une famille intellectuelle et moderne, où ces pratiques ne sont pas obligatoires. Mais quand elle a rejoint la belle-famille, elle a été obligée de les suivre dans leurs pratiques. Et, elle s’est mise à l’œuvre en bonne épouse. Depuis, chaque année, elle dépense au moins 100 000 FCfa pour sacrifier à la tradition. «J’achète deux moutons en l’espace d’une semaine. Je prépare de bons plats avec, je mets dans de jolies assiettes que je donne à mes beaux-parents. Mes belles-sœurs, les tantes de mon quartier avec qui j’ai des affinités et les cousines de mon mari aussi reçoivent aussi leur part. En plus, j’achète du sucre et de la boisson.»
Cela devient de plus en plus pénible pour elle, d’autant plus qu’elle le faisait juste pour faire plaisir et raffermir les liens avec la belle-famille. «On se rend compte qu’eux ne le prennent pas ainsi, ils en font une exigence. Si on ne le fait pas, on subira toutes sortes de mépris de leur part.» Autant de facteurs qui ont fini par dégoûter Rama sur cette pratique. N’empêche, elle continuera à la perpétuer autant qu’elle le pourra pour ne pas prêter le flanc à d’éventuelles railleries de la part de ses belles-sœurs. «Même si c’est du gaspillage», reconnaît-elle. «C’est effectivement devenu du gâchis», reconnaît Adja Seynabou Ndoye, trouvée chez elle à la médina. Cette dame du troisième âge fait une petite comparaison entre le «sukeru koor» tel qu’il était en leur temps et ce qu’elle voit maintenant. Selon elle, cette pratique date d’il y a longtemps. De leur temps, c’était juste du «ngaalax» qu’on préparait pour les voisins et les proches, et des poulets pour les beaux-parents. Mais pour sa propre fille qui est mariée, son «sukeru koor» c’est autre chose, elle donne des boubous et de l’argent à ses beaux-parents et belles-sœurs, sans compter le sucre qui doit accompagner tout cela.
Elle aussi est belle-mère et a deux brus. Mais elle n’exige rien de personne. Toutefois, ses brus, qui sont «bien gentilles», lui donnent son «sukeru koor», mais de façon simple et symbolique. En effet, celle qui est là au pays lui donne du sucre à elle et à ses filles et l’autre qui est de nationalité américaine à coutume d’envoyer de l’argent au début du ramadan pour la soutenir dans les dépenses.
La révolte du mari
Cependant, la révolte risque de sonner du côté de Ndèye Fatou qui, avec le soutien de son mari, décide de ne rien donner cette année. Ces beaux-parents étant à Saint-Louis, elle aurait naturellement pu échapper à ce fardeau, mais rien à y faire. C’est la même angoisse tous les ans, «ce qui me fait le plus mal, c’est qu’ils croient que c’est leur enfant qui te donne l’argent, alors que ce dernier n’arrive parfois même pas à joindre les deux bouts. Je me débrouille pour trouver l’argent à leur envoyer via une personne qui va là-bas». Cette année quand même, l’attente sera longue pour la belle-famille qui, «d’ailleurs, commence à lancer des messages dans ce sens pour me rappeler mon devoir, mais ils ne verront rien, c’est mon mari lui-même qui m’a dit de ne plus le faire, puisque je n’ai plus les moyens avec la crise».
Pourtant c’est une tradition du Prophète (PSL) plein de baraka, mais…
«Dans son essence, le «sukeru koor» (sucre du ramadan) était recommandé par le Prophète (PSL) durant le mois béni pour venir en aide aux plus démunis, afin de leur permettre d’avoir de quoi couper le jeûne», selon Oustaz Taîb Socé. Et même entre gens riches, on pouvait se partager une datte et, rien que par cet acte, échapper à l’enfer. Voilà quelques bienfaits du «sukeru koor». Mais depuis qu’on l’a détourné de son objectif religieux pour en faire une coutume, bonjour les dégâts. Non seulement on en tire aucune bénédiction, car ce qu’on cherche dans ce cas de figure c’est la reconnaissance de ses pairs et non celle de Dieu. En plus, les résultats escomptés ne sont pas toujours atteints et l’on va perdre des deux côtés dans ce cas. Si on ramenait le «sukeru koor» dans son rôle premier, ça susciterait plus de solidarité entre les musulmans et l’on profitera de la largesse de Dieu. C’est là, le sermon de Oustaz sur le sujet !
Rama, une jeune femme mariée il y a de cela 7 ans, le subit depuis son premier ramadan au domicile conjugal. Pourtant, elle est issue d’une famille intellectuelle et moderne, où ces pratiques ne sont pas obligatoires. Mais quand elle a rejoint la belle-famille, elle a été obligée de les suivre dans leurs pratiques. Et, elle s’est mise à l’œuvre en bonne épouse. Depuis, chaque année, elle dépense au moins 100 000 FCfa pour sacrifier à la tradition. «J’achète deux moutons en l’espace d’une semaine. Je prépare de bons plats avec, je mets dans de jolies assiettes que je donne à mes beaux-parents. Mes belles-sœurs, les tantes de mon quartier avec qui j’ai des affinités et les cousines de mon mari aussi reçoivent aussi leur part. En plus, j’achète du sucre et de la boisson.»
Cela devient de plus en plus pénible pour elle, d’autant plus qu’elle le faisait juste pour faire plaisir et raffermir les liens avec la belle-famille. «On se rend compte qu’eux ne le prennent pas ainsi, ils en font une exigence. Si on ne le fait pas, on subira toutes sortes de mépris de leur part.» Autant de facteurs qui ont fini par dégoûter Rama sur cette pratique. N’empêche, elle continuera à la perpétuer autant qu’elle le pourra pour ne pas prêter le flanc à d’éventuelles railleries de la part de ses belles-sœurs. «Même si c’est du gaspillage», reconnaît-elle. «C’est effectivement devenu du gâchis», reconnaît Adja Seynabou Ndoye, trouvée chez elle à la médina. Cette dame du troisième âge fait une petite comparaison entre le «sukeru koor» tel qu’il était en leur temps et ce qu’elle voit maintenant. Selon elle, cette pratique date d’il y a longtemps. De leur temps, c’était juste du «ngaalax» qu’on préparait pour les voisins et les proches, et des poulets pour les beaux-parents. Mais pour sa propre fille qui est mariée, son «sukeru koor» c’est autre chose, elle donne des boubous et de l’argent à ses beaux-parents et belles-sœurs, sans compter le sucre qui doit accompagner tout cela.
Elle aussi est belle-mère et a deux brus. Mais elle n’exige rien de personne. Toutefois, ses brus, qui sont «bien gentilles», lui donnent son «sukeru koor», mais de façon simple et symbolique. En effet, celle qui est là au pays lui donne du sucre à elle et à ses filles et l’autre qui est de nationalité américaine à coutume d’envoyer de l’argent au début du ramadan pour la soutenir dans les dépenses.
La révolte du mari
Cependant, la révolte risque de sonner du côté de Ndèye Fatou qui, avec le soutien de son mari, décide de ne rien donner cette année. Ces beaux-parents étant à Saint-Louis, elle aurait naturellement pu échapper à ce fardeau, mais rien à y faire. C’est la même angoisse tous les ans, «ce qui me fait le plus mal, c’est qu’ils croient que c’est leur enfant qui te donne l’argent, alors que ce dernier n’arrive parfois même pas à joindre les deux bouts. Je me débrouille pour trouver l’argent à leur envoyer via une personne qui va là-bas». Cette année quand même, l’attente sera longue pour la belle-famille qui, «d’ailleurs, commence à lancer des messages dans ce sens pour me rappeler mon devoir, mais ils ne verront rien, c’est mon mari lui-même qui m’a dit de ne plus le faire, puisque je n’ai plus les moyens avec la crise».
Pourtant c’est une tradition du Prophète (PSL) plein de baraka, mais…
«Dans son essence, le «sukeru koor» (sucre du ramadan) était recommandé par le Prophète (PSL) durant le mois béni pour venir en aide aux plus démunis, afin de leur permettre d’avoir de quoi couper le jeûne», selon Oustaz Taîb Socé. Et même entre gens riches, on pouvait se partager une datte et, rien que par cet acte, échapper à l’enfer. Voilà quelques bienfaits du «sukeru koor». Mais depuis qu’on l’a détourné de son objectif religieux pour en faire une coutume, bonjour les dégâts. Non seulement on en tire aucune bénédiction, car ce qu’on cherche dans ce cas de figure c’est la reconnaissance de ses pairs et non celle de Dieu. En plus, les résultats escomptés ne sont pas toujours atteints et l’on va perdre des deux côtés dans ce cas. Si on ramenait le «sukeru koor» dans son rôle premier, ça susciterait plus de solidarité entre les musulmans et l’on profitera de la largesse de Dieu. C’est là, le sermon de Oustaz sur le sujet !