Les producteurs de riz de la Vallée du fleuve Sénégal doivent avoir le sourire large. La Sénélec a décidé, enfin, de mettre en œuvre, à partir de ce mois d’avril, la directive présentielle de supprimer la prime fixe qui leur est appliquée.
C’est ce qu’a laissé entendre une responsable de la […]
Source : http://lesoleil.sn/sur-le-vif-prime-fixe-de-lelect...
Par Elhadji Ibrahima THIAM
Les producteurs de riz de la Vallée du fleuve Sénégal doivent avoir le sourire large. La Sénélec a décidé, enfin, de mettre en œuvre, à partir de ce mois d’avril, la directive présentielle de supprimer la prime fixe qui leur est appliquée.
C’est ce qu’a laissé entendre une responsable de la boîte sur les ondes d’une radio de la place, le weekend passé. La prime fixe, c’est ce montant inamovible que les producteurs utilisant des motopompes fonctionnant à l’électricité sont tenus de payer à la Société nationale d’électricité même durant la période d’inactivité. Autrement dit, que les machines soient en marche ou à l’arrêt, leurs propriétaires doivent, chaque mois, passer à la caisse. Ces producteurs rizicoles en avaient fait une de leur principale doléance, car ce coût de production leur était devenu insupportable. Finalement, au mois de septembre 2020, en Conseil des ministres, le Chef de l’Etat leur a donné gain de cause en demandant au Ministre de l’Énergie et au Ministre des Finances et du Budget de veiller à la suppression de ladite prime. Mais il aura fallu attendre six mois et après que les riziculteurs ont élevé la voix la semaine passée pour que la Sénélec daigne enfin matérialiser cette instruction du Président de la République. Mieux vaut tard que jamais.
Cependant, si les producteurs de la Vallée se voient enlever une épine du pied, d’autres Pme/Pmi dont l’électricité constitue l’essentiel des coûts de production devront encore traîner cette prime fixe comme un boulet. Eux aussi ne cessent de décrier, à tort ou à raison, cette facture que leur impose la Sénélec et qui, aux yeux de certains, est devenue financièrement insoutenable. Leur récrimination est d’autant plus grande qu’avec la crise sanitaire, beaucoup d’entre eux enregistrent des baisses d’activité. Ceux qui sont les plus touchés sont sans doute les entreprises industrielles du secteur de la pêche, notamment les producteurs de glace et les unités de congélation, de même que les boulangers. Dans un dossier que le Soleil avait consacré à cette question au mois de janvier dernier, des chefs d’entreprise dépeignaient une situation «intenable», parlant de «coup fatal» que cela risquait de porter à nombre de Pme qui vivaient un vrai «cauchemar». Dans le contexte actuel marqué par une chute de plus de 70% de leurs revenus, ils se disent asphyxiés et craignent d’aller vers la faillite si aucune action n’est prise par les autorités. Car, comme avec les producteurs de riz, avec ou sans consommation, ces Pme/Pmi ont toujours l’obligation de payer un montant minimal de 100.000 FCfa à plus de 5 millions de FCfa par mois, voire plus encore selon la taille de l’installation.
Quand la facture d’électricité va jusqu’à représenter 65 % du chiffre d’affaires de certaines petites entreprises, pas besoin d’un dessin pour comprendre que ceci n’est ni viable économiquement ni porteur d’emplois. On est dans un environnement mondial concurrentiel, de compétitivité où tout se fait à travers des standards internationaux. Or, selon de nombreux chefs d’entreprise, confortés par des institutions internationales partenaires du Sénégal, l’électricité coûte plus chère chez nous que dans beaucoup d’autres pays de la sous-région. Dans ces conditions, difficile d’être compétitif et d’attirer des investisseurs étrangers qui ne peuvent s’aventurer dans un pays où il risque de se poser un problème de rentabilité, donc de survie à cause de factures de courant salées. C’est peut-être là une des raisons qui expliquent le taux élevé de mortalité de nos Pme. Lors du dernier Conseil des ministres, le Président Macky Sall a demandé au Gouvernement de finaliser les mesures restantes de la feuille de route Doing Business 2021. On espère que la question de la réduction du coût de l’électricité y sera en bonne place. L’assainissement de l’environnement des affaires ne doit pas profiter aux seuls investisseurs étrangers, nos chefs d’entreprises au niveau local doivent y trouver leur compte. À défaut de la supprimer pour les Pme/Pmi, la suspension au moins temporaire de la prime fixe devrait être envisagée. Cela leur permettrait de souffler un peu dans un contexte de Covid-19 dont on n’a pas encore fini de ressentir les contrecoups socioéconomiques. Après tout, la volonté d’assurer l’équilibre financier de la Sénélec ne doit pas mettre sur la paille nos petites industries.
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