La société civile pourrait aider à rapprocher les positions de la classe politique dans le dossier du parrainage, en coupant la poire en deux : la demande du pouvoir est excessive et l'opposition doit comprendre que le parrainage est d'abord et avant tout, une consécration sociale plutôt qu'une punition ; par ce raccourci, sorte de primaire, tout candidat peut estimer ses chances et mesurer son poids et les moyens à déployer.
Certes, l'énoncé est discriminatoire au niveau du Sénégal quand tout candidat doit trouver 10.000 signatures au moins dans six régions à raison de 500 au moins par région. Sans plus de précision sur la nature et la qualité des signataires autre que la citoyenneté.
La France qui a inspiré le principe depuis le général de Gaulle, n'en demande pas autant et, même là, la simplicité n'est pas toujours récompensée : ainsi, récemment, la candidature de Rama Yade à la présidentielle française de 2017, a été rejetée par le Conseil constitutionnel parce qu'elle n'a pas eu les 500 signatures d'élus nécessaires. Appréciez la différence en nombre et qualité entre les deux pays.
D’où une certaine appréhension quand, même à terme, l’onction de la signature ne garantit pas l’aval, comme avec Youssou Ndour pour la présidentielle de 2012, quand notre vedette nationale a été écartée sans aucun recours possible, officiellement pour certaines signatures douteuses ou non conformes.
Enfin, nos ancêtres les Gaulois songeraient à réviser une dernière fois le dossier du parrainage, tant cela leur semble inutile : le record de 2002 avec 16 candidats confirmait que, malgré ce premier niveau de décantation, le nombre ne candidats ne cessait d’augmenter au fur des années, sans nécessairement être de qualité, comme pour la dernière présidentielle de 2017 (9 en 1988 et autant en 1995, après les 6 de 1965 , les 7 de 1969 , et les 12 de 1974 ).
La discrimination (positive ou négative) n'a donc jamais été absente dans l'esprit de la loi quand le général le propose en 1962, avec l'instauration de l'élection présidentielle au suffrage universel et ce n'est que justice si, transposée telle quelle au Sénégal, elle présente des difficultés morales et matérielles : il s'agissait d'une sorte de pré-sélection des candidats afin d'écarter l'absence de qualité et de quantité sous l'euphémisme de candidatures de fantaisie ; pour être candidat alors, il fallait obtenir 100 signatures d'élus.
Ainsi, au début comme à la fin, l'idée d'exclusion est là, en France de la Vème République et ailleurs, comme au Sénégal, où la copie est loin d'être conforme à l'original, avec ces 10.000 signatures au moins dans pas moins de six régions. Dans l'Hexagone, les différentes révisions du dispositif mèneront de 100 à 500 signatures en 1976 et seulement par des élus, c'est-à-dire les maires des quelque 36.000 communes, les députés, les sénateurs, les parlementaires européens, les conseillers régionaux et généraux ainsi que des membres de l'Assemblée corse et des Assemblées d'outre-mer, soit de 74.000 élus.
Un principe de consécration sociale est ainsi faussé avec les calculs politiciens qui l'ont sous-tendu : le parrainage est en effet, une bonne procédure de reconnaissance avant élection d'une candidature apte à remporter l'adhésion populaire : Jean, Paul ou Mademba aura assez marqué les esprits pour être retenu dans une confrontation avec d'autres, tant il aura retenu l'attention de ses compatriotes par le sérieux de son comportement physique et moral ; il pourrait ainsi apprécier le niveau de pénétration de son image dans la société pour se faire une religion définitive dans son immixtion dans le champ politique.
Ceci ne lui garantit pas pour autant les conditions matérielles édictées par le pouvoir : ainsi, le peuple sera privé d'un bon élément, éventuellement.
Par Pathé Mbodj
Journaliste-sociologue
Certes, l'énoncé est discriminatoire au niveau du Sénégal quand tout candidat doit trouver 10.000 signatures au moins dans six régions à raison de 500 au moins par région. Sans plus de précision sur la nature et la qualité des signataires autre que la citoyenneté.
La France qui a inspiré le principe depuis le général de Gaulle, n'en demande pas autant et, même là, la simplicité n'est pas toujours récompensée : ainsi, récemment, la candidature de Rama Yade à la présidentielle française de 2017, a été rejetée par le Conseil constitutionnel parce qu'elle n'a pas eu les 500 signatures d'élus nécessaires. Appréciez la différence en nombre et qualité entre les deux pays.
D’où une certaine appréhension quand, même à terme, l’onction de la signature ne garantit pas l’aval, comme avec Youssou Ndour pour la présidentielle de 2012, quand notre vedette nationale a été écartée sans aucun recours possible, officiellement pour certaines signatures douteuses ou non conformes.
Enfin, nos ancêtres les Gaulois songeraient à réviser une dernière fois le dossier du parrainage, tant cela leur semble inutile : le record de 2002 avec 16 candidats confirmait que, malgré ce premier niveau de décantation, le nombre ne candidats ne cessait d’augmenter au fur des années, sans nécessairement être de qualité, comme pour la dernière présidentielle de 2017 (9 en 1988 et autant en 1995, après les 6 de 1965 , les 7 de 1969 , et les 12 de 1974 ).
La discrimination (positive ou négative) n'a donc jamais été absente dans l'esprit de la loi quand le général le propose en 1962, avec l'instauration de l'élection présidentielle au suffrage universel et ce n'est que justice si, transposée telle quelle au Sénégal, elle présente des difficultés morales et matérielles : il s'agissait d'une sorte de pré-sélection des candidats afin d'écarter l'absence de qualité et de quantité sous l'euphémisme de candidatures de fantaisie ; pour être candidat alors, il fallait obtenir 100 signatures d'élus.
Ainsi, au début comme à la fin, l'idée d'exclusion est là, en France de la Vème République et ailleurs, comme au Sénégal, où la copie est loin d'être conforme à l'original, avec ces 10.000 signatures au moins dans pas moins de six régions. Dans l'Hexagone, les différentes révisions du dispositif mèneront de 100 à 500 signatures en 1976 et seulement par des élus, c'est-à-dire les maires des quelque 36.000 communes, les députés, les sénateurs, les parlementaires européens, les conseillers régionaux et généraux ainsi que des membres de l'Assemblée corse et des Assemblées d'outre-mer, soit de 74.000 élus.
Un principe de consécration sociale est ainsi faussé avec les calculs politiciens qui l'ont sous-tendu : le parrainage est en effet, une bonne procédure de reconnaissance avant élection d'une candidature apte à remporter l'adhésion populaire : Jean, Paul ou Mademba aura assez marqué les esprits pour être retenu dans une confrontation avec d'autres, tant il aura retenu l'attention de ses compatriotes par le sérieux de son comportement physique et moral ; il pourrait ainsi apprécier le niveau de pénétration de son image dans la société pour se faire une religion définitive dans son immixtion dans le champ politique.
Ceci ne lui garantit pas pour autant les conditions matérielles édictées par le pouvoir : ainsi, le peuple sera privé d'un bon élément, éventuellement.
Par Pathé Mbodj
Journaliste-sociologue