Depuis quelques temps, il règne une étrange atmosphère, une chape de plomb au pays de KOCC BARMA. Les pouvoirs démesurés, hors limite attribués au Président de la République par certains relèvent d’une stratégie de sacralisation et de mystification de la fonction présidentielle qui défient le bon sens.
Il est donc important de replacer, précisément, les choses dans leur contexte. Bien entendu, tout citoyen sénégalais doit témoigner de la déférence à l’’égard de Macky Sall, en sa qualité de Chef de l’Etat, Chef suprême des armées, et garant de l’unité de la Nation.
Mais, dans un Etat de droit, nul ne peut se prévaloir de de tous les droits, fut-il Chef de l’Etat. Disons le clairement et sans détour, le Chef de l’Etat n’est ni le roi du vent, ni celui du ciel. Le maître du ciel, du vent, et de la terre, en un claquement de doigts crée 500 000 emplois, fait du Sénégal un pays développé et parvient en une heure « chrono » à remplacer la pièce défectueuse du tuyau de Keur Momar Sarr. Le maître du ciel et du vent, détenteur d’un pouvoir absolu, ne participe guère à des élections et n’a point besoin de briguer le suffrage de ses concitoyens.
Le Sénégal n’est ni un royaume, ni une monarchie, mais une République dans laquelle les citoyens, par le droit de vote, décident librement du choix de leurs représentants. Si le Chef de l’Etat en tant que tel, est une institution, ce qui, du reste a toujours été le cas depuis Senghor (cf Constitution du 07 mars 1963); il n’est pas au dessus des institutions.
Le Chef de l’Etat n’est pas un Citoyen d’Exception, mais bénéficie, durant son mandat, à durée déterminée, d’un statut juridictionnel, qui lui accorde une « irresponsabilité ou immunité temporaire » pour les actes commis dans l’exercice de ses fonctions. Cette « immunité partielle » cesse dès la fin de son mandat, faisant du Président un citoyen ordinaire et un justiciable comme tous les autres. Même s’il bénéfice par la suite de privilèges conférés par son statut d’ancien Président. Dans une République, Il n’existe pas 2 catégories de citoyens. Ce point étant clarifié, aucune disposition juridique n’interdit au citoyen sénégalais de porter un regard critique sur la manière dont son pays est gouverné. En tant que citoyen, je m’interroge au même titre que des millions de sénégalais sur la fortune du Président de la République et souhaite être édifié sur son origine. Pour mémoire, le patrimoine dont il est question résulte d’une déclaration sur l’honneur (obligation légale) effectuée par le Président himself, consignée au Conseil Constitutionnel, et publiée au Journal Officiel. Un Journal Officiel accessible, en principe, à tout citoyen sénégalais qui en fait la demande.
De telles interrogations, au demeurant légitimes, ne tombent pas sous le coup d’un quelconque délit d’offense au Chef de l’Etat. Nous avons tous le souvenir que le chroniqueur web, Souleymane Jules Diop, dans un mémorable article intitulé « Que Macky Sall nous dise ! », a été l’un des premiers à prendre à témoin l’opinion sur le sujet ainsi que sur l’affaire supposée des 7 milliards de Taïwan. A ce que je sache, il est bien au chaud, actuellement à la Présidence de la République. Ne doutant pas une seule seconde de la bonne foi et des convictions de Mr Diop, nous ignorons s’il a obtenu des réponses depuis. Sans doute que les journalistes, pourront, à l’occasion, recueillir son avis. Dans une République qui se respecte, les élus doivent justifier leur patrimoine. Une exigence de transparence qui fortifie la démocratie. De même, l’idée selon laquelle « le Président peut du jour au lendemain faire emprisonner n’importe quel citoyen sur la base d’une volonté propre et d’un simple coup de fil au Procureur de la République » relève d’une vue de l’esprit et traduit une méconnaissance de la législation en vigueur.
Plus grave, elle remet en cause l’idée d’indépendance de la justice et tente d’introduire un nouveau délit dans le code pénal : « le délit d’arbitraire lié au bon vouloir du Président » qui, en droit, relève de la notion de détournement de pouvoir. Tout de même, le Sénégal n’est plus à ce niveau ! Maître Assane Dioma N’Diaye, Président de la Ligue Sénégalaise des Droits de l’Homme et Seydi Gassama, Représentant d’Amnesty International peuvent dormir tranquilles, car un tel délit « imaginaire » ne sera jamais en vigueur au Sénégal ! Par ailleurs, il convient de dénoncer avec la plus grande vigueur les attaques répétées à l’égard de la presse.
Une pratique vieille comme le monde. Toute l’histoire de la presse sénégalaise est ponctuée de relations de défiance avec les régimes en place, mais aucun pouvoir, aussi puissant soit-il, n’est jamais parvenu à bâillonner la presse. Les journalistes sénégalais ont parfaitement le droit de traiter toutes les questions afférentes à l’intérêt général. Il ne s’agit pas là d’une faculté, mais d’une obligation d’informer les citoyens, surtout lorsque les deniers publics sont en jeu. Il ne saurait y avoir ni tabou, ni censure à ce niveau.
Les pourfendeurs actuels de la presse sont ceux, qui, hier, suppliaient, sollicitaient l’aide, l’assistance de la presse pour informer l’opinion nationale, internationale, et les représentations diplomatiques des brimades et vexations dont ils étaient victimes sous le régime de Wade. Mieux, ils magnifiaient avec aplomb le rôle admirable joué par la presse dans la construction de la démocratie sénégalaise. Désormais aux manettes, ils souhaitent contrôler, orienter, maîtriser, voire diaboliser la presse, accablée de tous les maux de la terre.
Pire, ils s’arrogent le pouvoir de dicter la conscience des sénégalais. Vérité hier, mensonge aujourd’hui ; telle est la ligne de conduite des nouveaux policiers de la pensée. Adulé hier, l’avocat Alioune Badara Cissé devient aujourd’hui « un fractionniste » ; porté au pinacle il y a 2 ans, Sidy Lamine Niasse est désormais qualifié « de maître chanteur » ; considérés comme des sentinelles de la démocratie en 2011, les jeunes de Y’en a marre ne sont plus qu’une « bande de désœuvrés …». Les éléments de langage (technique de communication) sont bien assimilés et permettent de coller une image fortement dégradée, un profil type à chaque « adversaire présumé». Apres avoir théorisé et conceptualisé la formation de 500 débatteurs à l’assaut des médias, le Premier Ministre Aminata Touré s’est vue appliquée la méthode en mode inversé. Ses « partisans » ont massivement investi les médias, mais contre elle. Un brutal retour d’ascenseur. En un laps de temps, la « dame de fer » parée de toutes les vertus est devenue « la dame trop ambitieuse » alignant tous les défauts. Les chevaliers de l’ordre de la pensée ne tolèrent aucun esprit critique, aucun écart, y compris dans leur propre rang. Ils annoncent votre « mise à mort médiatique », vous convoquent au tribunal de l’opinion populaire et décident de l’instant de votre réhabilitation. Ils manient avec habileté les arcanes du monde de la communication, disposent de canaux pour la diffusion de leurs pensées et sollicitent le concours d’intellectuels pour en assurer la légitimité auprès de l’opinion. Une stratégie de maillage censée formater les esprits. S’agissant de la presse, on loue son action quand elle met en exergue les bienfaits de l’Acte III de la décentralisation, salue les réformes courageuses définies sous le vocable « rupture ». En revanche, elle est vouée aux gémonies dès qu’elle évoque les sujets qui fâchent : la réduction du mandat, la vie chère, la demande sociale insatisfaite, les entorses au code des marchés publics, la mal gouvernance au niveau des actes de gestion. Contentez-vous d’aborder les thèmes que nous avons soigneusement sélectionnés pour vous, et de grâce, laissez-nous agir en silence ! Tel est semble-t-il, le message implicite des nouveaux recteurs des consciences. Dont acte. Tout va bien dans le meilleur des mondes, de Candide (Voltaire) ! Bientôt, Dakar sera comme Paris, et dans un futur proche, des TGV relieront Dakar à Cap Town en Afrique du Sud ! Sauf que toute technique de communication aussi élaborée soit-elle, est confrontée à une limite objective : le réel. Chaque sénégalais ne croit qu’à ce qu’il voit (réel), ce qu’il vit dans son quotidien (coût de la vie) ainsi qu’au contenu de son portefeuille (pouvoir d’achat). Les nouveaux policiers de la pensée excellent dans les menaces, mais ignorent qu’en démocratie, il ne s’agit pas de vaincre, mais plutôt de convaincre. Il vaut mieux former 10 000 débatteurs, que tenter de refouler, selon une conception freudienne la « pensée » de millions de citoyens. Sous Abdou Diouf, le journal satirique « le cafard libéré » ne ratait aucune occasion de brocarder « NDIOL ». Quant à Wade, les qualificatifs sont tellement nombreux qu’il serait vain de les lister « NDIOMBAR, WAKH WAKHEET, etc… ». Si Diouf et Wade avaient actionné le délit d’offense au Chef de l’Etat pour la circonstance, des millions de sénégalais croupiraient dans les prisons. En 2011, j’ai été fasciné par une scène aux alentours du marché Sandaga : un jeune vendeur à la sauvette arborait un tee shirt avec l’effigie de Wade, portant l’inscription suivante : « MA WAKHOON WAKHEET ». Une scène d’une banalité extraordinaire, devant l’indifférence totale des passants. Une scène ordinaire dans une démocratie. La conviction que le Sénégal avait franchi un palier. Dans les années 80, le journaliste Mamadou Malaye Diop utilisait cette formule célèbre à la fin de chaque journal télévisé : « Ainsi va le monde ». On est tenté de dire : Ainsi va le Sénégal. Senghor, Diouf et Wade étaient des « Institutions ». Ils n’en étaient pas moins soumis au feu des critiques et n’ont jamais pu diriger le Sénégal d’une « main de fer ». Macky Sall qui n’est ni le roi du vent, ni celui du ciel, mais le Président d’une République qui s’appelle le Sénégal, n’échappera pas à la règle, car la démocratie sénégalaise, grâce à la maturité des citoyens et la force des institutions qui l’animent, a toujours réussi à imprimer sa marque à tous les régimes.
Seybani SOUGOU E-mail : sougouparis@yahoo.fr
Il est donc important de replacer, précisément, les choses dans leur contexte. Bien entendu, tout citoyen sénégalais doit témoigner de la déférence à l’’égard de Macky Sall, en sa qualité de Chef de l’Etat, Chef suprême des armées, et garant de l’unité de la Nation.
Mais, dans un Etat de droit, nul ne peut se prévaloir de de tous les droits, fut-il Chef de l’Etat. Disons le clairement et sans détour, le Chef de l’Etat n’est ni le roi du vent, ni celui du ciel. Le maître du ciel, du vent, et de la terre, en un claquement de doigts crée 500 000 emplois, fait du Sénégal un pays développé et parvient en une heure « chrono » à remplacer la pièce défectueuse du tuyau de Keur Momar Sarr. Le maître du ciel et du vent, détenteur d’un pouvoir absolu, ne participe guère à des élections et n’a point besoin de briguer le suffrage de ses concitoyens.
Le Sénégal n’est ni un royaume, ni une monarchie, mais une République dans laquelle les citoyens, par le droit de vote, décident librement du choix de leurs représentants. Si le Chef de l’Etat en tant que tel, est une institution, ce qui, du reste a toujours été le cas depuis Senghor (cf Constitution du 07 mars 1963); il n’est pas au dessus des institutions.
Le Chef de l’Etat n’est pas un Citoyen d’Exception, mais bénéficie, durant son mandat, à durée déterminée, d’un statut juridictionnel, qui lui accorde une « irresponsabilité ou immunité temporaire » pour les actes commis dans l’exercice de ses fonctions. Cette « immunité partielle » cesse dès la fin de son mandat, faisant du Président un citoyen ordinaire et un justiciable comme tous les autres. Même s’il bénéfice par la suite de privilèges conférés par son statut d’ancien Président. Dans une République, Il n’existe pas 2 catégories de citoyens. Ce point étant clarifié, aucune disposition juridique n’interdit au citoyen sénégalais de porter un regard critique sur la manière dont son pays est gouverné. En tant que citoyen, je m’interroge au même titre que des millions de sénégalais sur la fortune du Président de la République et souhaite être édifié sur son origine. Pour mémoire, le patrimoine dont il est question résulte d’une déclaration sur l’honneur (obligation légale) effectuée par le Président himself, consignée au Conseil Constitutionnel, et publiée au Journal Officiel. Un Journal Officiel accessible, en principe, à tout citoyen sénégalais qui en fait la demande.
De telles interrogations, au demeurant légitimes, ne tombent pas sous le coup d’un quelconque délit d’offense au Chef de l’Etat. Nous avons tous le souvenir que le chroniqueur web, Souleymane Jules Diop, dans un mémorable article intitulé « Que Macky Sall nous dise ! », a été l’un des premiers à prendre à témoin l’opinion sur le sujet ainsi que sur l’affaire supposée des 7 milliards de Taïwan. A ce que je sache, il est bien au chaud, actuellement à la Présidence de la République. Ne doutant pas une seule seconde de la bonne foi et des convictions de Mr Diop, nous ignorons s’il a obtenu des réponses depuis. Sans doute que les journalistes, pourront, à l’occasion, recueillir son avis. Dans une République qui se respecte, les élus doivent justifier leur patrimoine. Une exigence de transparence qui fortifie la démocratie. De même, l’idée selon laquelle « le Président peut du jour au lendemain faire emprisonner n’importe quel citoyen sur la base d’une volonté propre et d’un simple coup de fil au Procureur de la République » relève d’une vue de l’esprit et traduit une méconnaissance de la législation en vigueur.
Plus grave, elle remet en cause l’idée d’indépendance de la justice et tente d’introduire un nouveau délit dans le code pénal : « le délit d’arbitraire lié au bon vouloir du Président » qui, en droit, relève de la notion de détournement de pouvoir. Tout de même, le Sénégal n’est plus à ce niveau ! Maître Assane Dioma N’Diaye, Président de la Ligue Sénégalaise des Droits de l’Homme et Seydi Gassama, Représentant d’Amnesty International peuvent dormir tranquilles, car un tel délit « imaginaire » ne sera jamais en vigueur au Sénégal ! Par ailleurs, il convient de dénoncer avec la plus grande vigueur les attaques répétées à l’égard de la presse.
Une pratique vieille comme le monde. Toute l’histoire de la presse sénégalaise est ponctuée de relations de défiance avec les régimes en place, mais aucun pouvoir, aussi puissant soit-il, n’est jamais parvenu à bâillonner la presse. Les journalistes sénégalais ont parfaitement le droit de traiter toutes les questions afférentes à l’intérêt général. Il ne s’agit pas là d’une faculté, mais d’une obligation d’informer les citoyens, surtout lorsque les deniers publics sont en jeu. Il ne saurait y avoir ni tabou, ni censure à ce niveau.
Les pourfendeurs actuels de la presse sont ceux, qui, hier, suppliaient, sollicitaient l’aide, l’assistance de la presse pour informer l’opinion nationale, internationale, et les représentations diplomatiques des brimades et vexations dont ils étaient victimes sous le régime de Wade. Mieux, ils magnifiaient avec aplomb le rôle admirable joué par la presse dans la construction de la démocratie sénégalaise. Désormais aux manettes, ils souhaitent contrôler, orienter, maîtriser, voire diaboliser la presse, accablée de tous les maux de la terre.
Pire, ils s’arrogent le pouvoir de dicter la conscience des sénégalais. Vérité hier, mensonge aujourd’hui ; telle est la ligne de conduite des nouveaux policiers de la pensée. Adulé hier, l’avocat Alioune Badara Cissé devient aujourd’hui « un fractionniste » ; porté au pinacle il y a 2 ans, Sidy Lamine Niasse est désormais qualifié « de maître chanteur » ; considérés comme des sentinelles de la démocratie en 2011, les jeunes de Y’en a marre ne sont plus qu’une « bande de désœuvrés …». Les éléments de langage (technique de communication) sont bien assimilés et permettent de coller une image fortement dégradée, un profil type à chaque « adversaire présumé». Apres avoir théorisé et conceptualisé la formation de 500 débatteurs à l’assaut des médias, le Premier Ministre Aminata Touré s’est vue appliquée la méthode en mode inversé. Ses « partisans » ont massivement investi les médias, mais contre elle. Un brutal retour d’ascenseur. En un laps de temps, la « dame de fer » parée de toutes les vertus est devenue « la dame trop ambitieuse » alignant tous les défauts. Les chevaliers de l’ordre de la pensée ne tolèrent aucun esprit critique, aucun écart, y compris dans leur propre rang. Ils annoncent votre « mise à mort médiatique », vous convoquent au tribunal de l’opinion populaire et décident de l’instant de votre réhabilitation. Ils manient avec habileté les arcanes du monde de la communication, disposent de canaux pour la diffusion de leurs pensées et sollicitent le concours d’intellectuels pour en assurer la légitimité auprès de l’opinion. Une stratégie de maillage censée formater les esprits. S’agissant de la presse, on loue son action quand elle met en exergue les bienfaits de l’Acte III de la décentralisation, salue les réformes courageuses définies sous le vocable « rupture ». En revanche, elle est vouée aux gémonies dès qu’elle évoque les sujets qui fâchent : la réduction du mandat, la vie chère, la demande sociale insatisfaite, les entorses au code des marchés publics, la mal gouvernance au niveau des actes de gestion. Contentez-vous d’aborder les thèmes que nous avons soigneusement sélectionnés pour vous, et de grâce, laissez-nous agir en silence ! Tel est semble-t-il, le message implicite des nouveaux recteurs des consciences. Dont acte. Tout va bien dans le meilleur des mondes, de Candide (Voltaire) ! Bientôt, Dakar sera comme Paris, et dans un futur proche, des TGV relieront Dakar à Cap Town en Afrique du Sud ! Sauf que toute technique de communication aussi élaborée soit-elle, est confrontée à une limite objective : le réel. Chaque sénégalais ne croit qu’à ce qu’il voit (réel), ce qu’il vit dans son quotidien (coût de la vie) ainsi qu’au contenu de son portefeuille (pouvoir d’achat). Les nouveaux policiers de la pensée excellent dans les menaces, mais ignorent qu’en démocratie, il ne s’agit pas de vaincre, mais plutôt de convaincre. Il vaut mieux former 10 000 débatteurs, que tenter de refouler, selon une conception freudienne la « pensée » de millions de citoyens. Sous Abdou Diouf, le journal satirique « le cafard libéré » ne ratait aucune occasion de brocarder « NDIOL ». Quant à Wade, les qualificatifs sont tellement nombreux qu’il serait vain de les lister « NDIOMBAR, WAKH WAKHEET, etc… ». Si Diouf et Wade avaient actionné le délit d’offense au Chef de l’Etat pour la circonstance, des millions de sénégalais croupiraient dans les prisons. En 2011, j’ai été fasciné par une scène aux alentours du marché Sandaga : un jeune vendeur à la sauvette arborait un tee shirt avec l’effigie de Wade, portant l’inscription suivante : « MA WAKHOON WAKHEET ». Une scène d’une banalité extraordinaire, devant l’indifférence totale des passants. Une scène ordinaire dans une démocratie. La conviction que le Sénégal avait franchi un palier. Dans les années 80, le journaliste Mamadou Malaye Diop utilisait cette formule célèbre à la fin de chaque journal télévisé : « Ainsi va le monde ». On est tenté de dire : Ainsi va le Sénégal. Senghor, Diouf et Wade étaient des « Institutions ». Ils n’en étaient pas moins soumis au feu des critiques et n’ont jamais pu diriger le Sénégal d’une « main de fer ». Macky Sall qui n’est ni le roi du vent, ni celui du ciel, mais le Président d’une République qui s’appelle le Sénégal, n’échappera pas à la règle, car la démocratie sénégalaise, grâce à la maturité des citoyens et la force des institutions qui l’animent, a toujours réussi à imprimer sa marque à tous les régimes.
Seybani SOUGOU E-mail : sougouparis@yahoo.fr