Le premier acte de cette farce de mauvais gout a été posé par le président Nicolas Sarkozy en visite à Dakar. Ce jour-là, en face d’un public d’étudiants et d’universitaires sénégalais, il affirmait entre autres inepties que «le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas suffisamment entré dans l’histoire». Hegel n’aurait pas dit mieux !
Cependant, si nous pouvons concéder à Sarkozy son ignorance, nous ne pouvons comprendre qu’un tel discours puisse être prononcé dans un amphithéâtre, et à l’intention d’un public averti. Des milliers de pages ont été écrites pour apporter la réplique à M. Sarkozy sans pour autant que nous daignions nous demander pourquoi a-t-il eu droit à une ovation après son coup de pied à notre dignité. Nous avons applaudi l’homme, courbé l’échine pour lui souhaiter la bienvenue, et transporté nos mamans en cars pour qu’elles esquissent des pas de danse en l’honneur de notre hôte, héritier du trône de «nos ancêtres les Gaulois».
Le Pr Achille Mbembe avait noté à juste titre que la France ne peut perpétrer un tel «viol par le langage» que dans des villes telles que Dakar, Abidjan ou Yaoundé. En effet, il ne viendrait à aucune autorité française l’idée d’insulter l’Afrique aussi éhontément à Lagos, Jo’burg ou Dar-es Salam. Et comme si le démenti apporté à Sarko par les intellectuels africains et français ne suffisait pas, il a fallu que Ségolène Royal s’y mît elle-même.
On aura beau nous rappeler que Mme Royal est née a Ouakam, dans la banlieue dakaroise, cela ne fait point d’elle notre porte-parole ou souffre-douleur. Le deuxième «discours de Dakar» que Ségo a prononcé à la Maison du PS n’est autre qu’une réplique apportée à son adversaire. Le fait de transformer la place de Dakar en un espace de coups fourrés entre personnalités françaises qui se fichent royalement de nos états d’âme de néo-colonisés est une insulte à notre intelligence. Comme si le fait d’évoquer le nom de Cheikh Anta Diop ou de réciter quelques vers de Senghor suffisait à absoudre la France de ses péchés !
Dans un entretien paru dans Sud Quotidien du Jeudi 09 Avril, le Pr Makhily Gassama tresse des lauriers à Mme Royal en ces termes : «Oser parler de la grandeur du génie de Cheikh Anta Diop, de ce qu’il a apporté à son continent, du caractère hautement scientifique de son œuvre, de son vaste combat contre la falsification de l’histoire de l’Afrique, il faut une témérité non commune. Mme Ségolène Royale est téméraire». Toutes proportions gardées, qu’il nous soit permis de douter de la sincérité de Ségolène Royale, accoudée qu’elle est à des réseaux d’une certaine classe qui se veut gardienne de l’indépendance culturelle du Sénégal. Nous aurions été plus magnanimes à pardonner Mme Royal si elle n’avait pas voulu exploiter la sottise de son adversaire.
Le comble de cette comédie c’est quand Rama Yade, cette autre «sénégalaise» qui déclare que sa naissance à Dakar n’est point un fait du hasard, contrairement à Ségo, affirme qu’elle ne laissera à personne le loisir d’exploiter l’Afrique à des fins politiciennes. Elle s’est fait plaisir à clouer sa compatriote au pilori pour défendre l’UMP et ses serviteurs. La vérité est que Rama Yade n’est ni plus, ni moins sénégalaise que Sarkozy ou Royal. Elle est et demeure Française et sert les intérêts de son pays.
La scène politique française bruit de tous les insultes et mépris envers l’histoire et le présent de l’Afrique. Ils sont libres d’user de leurs moyens de communication pour exposer leurs propos et avancer leur agenda. Toutefois, nous devons refuser que nos amphis et salons soient le lit de leurs contorsions intellectuelles. Et pour ce faire, nous devons commencer par arrêter de singer et danser pour soi-disant souhaiter la bienvenue à nos hôtes, fussent-ils nés sur notre territoire.
Oumar Ba
Email : ba.23@osu.edu
Blog : nomadfulani.blogspot.com
Cependant, si nous pouvons concéder à Sarkozy son ignorance, nous ne pouvons comprendre qu’un tel discours puisse être prononcé dans un amphithéâtre, et à l’intention d’un public averti. Des milliers de pages ont été écrites pour apporter la réplique à M. Sarkozy sans pour autant que nous daignions nous demander pourquoi a-t-il eu droit à une ovation après son coup de pied à notre dignité. Nous avons applaudi l’homme, courbé l’échine pour lui souhaiter la bienvenue, et transporté nos mamans en cars pour qu’elles esquissent des pas de danse en l’honneur de notre hôte, héritier du trône de «nos ancêtres les Gaulois».
Le Pr Achille Mbembe avait noté à juste titre que la France ne peut perpétrer un tel «viol par le langage» que dans des villes telles que Dakar, Abidjan ou Yaoundé. En effet, il ne viendrait à aucune autorité française l’idée d’insulter l’Afrique aussi éhontément à Lagos, Jo’burg ou Dar-es Salam. Et comme si le démenti apporté à Sarko par les intellectuels africains et français ne suffisait pas, il a fallu que Ségolène Royal s’y mît elle-même.
On aura beau nous rappeler que Mme Royal est née a Ouakam, dans la banlieue dakaroise, cela ne fait point d’elle notre porte-parole ou souffre-douleur. Le deuxième «discours de Dakar» que Ségo a prononcé à la Maison du PS n’est autre qu’une réplique apportée à son adversaire. Le fait de transformer la place de Dakar en un espace de coups fourrés entre personnalités françaises qui se fichent royalement de nos états d’âme de néo-colonisés est une insulte à notre intelligence. Comme si le fait d’évoquer le nom de Cheikh Anta Diop ou de réciter quelques vers de Senghor suffisait à absoudre la France de ses péchés !
Dans un entretien paru dans Sud Quotidien du Jeudi 09 Avril, le Pr Makhily Gassama tresse des lauriers à Mme Royal en ces termes : «Oser parler de la grandeur du génie de Cheikh Anta Diop, de ce qu’il a apporté à son continent, du caractère hautement scientifique de son œuvre, de son vaste combat contre la falsification de l’histoire de l’Afrique, il faut une témérité non commune. Mme Ségolène Royale est téméraire». Toutes proportions gardées, qu’il nous soit permis de douter de la sincérité de Ségolène Royale, accoudée qu’elle est à des réseaux d’une certaine classe qui se veut gardienne de l’indépendance culturelle du Sénégal. Nous aurions été plus magnanimes à pardonner Mme Royal si elle n’avait pas voulu exploiter la sottise de son adversaire.
Le comble de cette comédie c’est quand Rama Yade, cette autre «sénégalaise» qui déclare que sa naissance à Dakar n’est point un fait du hasard, contrairement à Ségo, affirme qu’elle ne laissera à personne le loisir d’exploiter l’Afrique à des fins politiciennes. Elle s’est fait plaisir à clouer sa compatriote au pilori pour défendre l’UMP et ses serviteurs. La vérité est que Rama Yade n’est ni plus, ni moins sénégalaise que Sarkozy ou Royal. Elle est et demeure Française et sert les intérêts de son pays.
La scène politique française bruit de tous les insultes et mépris envers l’histoire et le présent de l’Afrique. Ils sont libres d’user de leurs moyens de communication pour exposer leurs propos et avancer leur agenda. Toutefois, nous devons refuser que nos amphis et salons soient le lit de leurs contorsions intellectuelles. Et pour ce faire, nous devons commencer par arrêter de singer et danser pour soi-disant souhaiter la bienvenue à nos hôtes, fussent-ils nés sur notre territoire.
Oumar Ba
Email : ba.23@osu.edu
Blog : nomadfulani.blogspot.com