NOUVEL HORIZON - Ce sera le plus grand show du monde : Wade en grand boubou bleu Sopi avec derrière lui un jeune homme haut de ses 190 centimètres qui se fait tout petit et discret. Nous sommes en campagne électoral en …2009 ou en 2010. Wade est toujours président, mais il a décidé la tenue d’une élection présidentielle anticipée sans avoir à démissionner. Et pour introniser son fils, il joue le rôle de directeur de campagne électorale. Ou plutôt, il présente son héritier à ses sujets du pays profond et aux vassaux des cours islamo-féodales. Pour le vieil homme, il ne s’agit point d’une campagne électorale bien que dans les formes, le pays bruît de déclarations politiques de candidats partis en collecte de suffrages électoraux. Wade lui, n’est qu’en tournée pour présenter son héritier. Les urnes, c’est pour la forme : il ne doute point de voir le petit « emporter » l’élection présidentielle comme l’opposition l’avait déjà vilipendé, lui, après sa victoire en 2007.
Comme chez les professionnels du cinéma, voilà un pitch convenable. Mais, il ne s’agit point d’un synopsis d’une fiction politique très réaliste sur la vie politique sénégalaise. On le sait depuis la semaine dernière, Karim Wade a décidé d’accéder à la pression forte de ses ambitions et de la famille ( ?) pour se montrer un digne fils de son père en acceptant le legs paternel (Lire Nouvel Horizon N°632 du 1ier Août 2008).Le scénario n’est pas encore écrit. Il doit être bien gardé en secret dans la tête du réalisateur et père de l’idée originale, celui qui s’est donné le second rôle. Mais comme tout bon agent de com’ quand les informations commencent à filtrer, il faut en lâcher un peu plus pour rester maître de la situation. Depuis l’adoption par le Congrès du Parlement de l’article 27 modifié de la Constitution, Me Wade comprend bien qu’il ne peut plus arrêter les spéculations sur le but, encore inavoué, de faire profiter à son fils les avantages du mandat de sept ans. Donc il ne peut plus continuer à nier qu’il ne pense qu’à son fils pour le remplacer à la tête de la République. Mais Wade n’est pas homme à nier, il esquive et ouvre un autre front, il crée un autre point de fixation. C’est ce qu’il faut comprendre du profil de son héritier tel qu’il l’a décrit sur Voice Of America (La Voix de l’Amérique) et repris par le journal sénégalais Sud Quotidien dans son édition du 4 Août 2008. Même si ce n’est pas inédit, Wade donne un aperçu encore plus précis sur l’homme qu’il compte voir le remplacer. Au journaliste qui lui demande s’il a quelqu’un en tête pour sa succession, Wade répond : « Je suis un républicain ». Et c’est pour ajouter « je suis un républicain et un Africain ». Tout est dit dans ces mots. Etre africain nuance-t-il la qualité de démocrate ? Celui qui se proclame homme aux discours nuancés a sans doute sa petite idée derrière la tête. Me Wade a eu à déclarer, sans précaution de langage que si l’on a les forces de sécurité, il n’y a point de risque de perdre une élection. C’était le conseil enthousiaste et très froid prodigué à Faure Gnassingbé après le décès du père de ce dernier alors que le Togo traversait une crise institutionnelle. Sans l’avouer explicitement à Voice Of America, Wade défend la thèse d’une « démocratie à l’africaine » : des oripeaux de république, des règles démocratiques mais des pratiques peu démocratiques dans beaucoup de domaines de la vie politique.
Mais le point nodal de la réponse de Wade porte sur la question sur son choix pour sa succession. Sa réponse bien que ne donnant aucune précision suggère plus d’indications qu’il n’y paraît : « je n’exclus personne pour l’instant », souffle-t-il à ses interlocuteurs. Après avoir « tué » Idrissa Seck, banni Macky Sall, esquinté Niasse, renvoyé Dansokho, Bathily et bien d’autres actuellement au sein de l’opposition comme dans la majorité présidentielle, qui reste-t-il pour entrer dans le cercle de ce qu’il n’exclut pas dans son choix ? La réponse coule de source : Karim. Wade a déjà fait le tri. Mieux son critère fondé sur la qualité d’économiste qu’il ne reconnaît à aucun des ténors de l’opposition réduit son choix à … son fils qu’il considère sans doute comme un expert en la matière parce que comme il le souligne, « les nouvelles générations, elles, ont toutes des notions en économie, elles ont de très bonnes formations, mais [pas] les autres générations, moi, je suis l’exception » précise-t-il modestement et de conclure : « (…) tout le monde n’est pas comme ça ».
Second critère qui a été jeté dans le tourbillon de cet entretien, la référence à la GOANA considérée come « le programme d’indépendance alimentaire » à laquelle tout le monde adhère. Si l’on sait que la GOANA a été confiée au fils, on voit le tremplin politique adroitement érigé pour le dauphin. Si Karim avoue à des diplomates son intention d’y aller et son père donner des indices taillés sur mesure pur lui, il ne reste que le scénario pour décrire comment tout cela finira. En fait, il y a plusieurs scénarios de fin du film. Autrement dit il y a un plan A et un plan B comportant plusieurs variantes car il ne faut surtout pas se ramasser quand on veut capturer un pouvoir. L’échec se paye cash. Me Wade appréhende le danger de rater son opération car le prix à payer est trop élevé. Mais il ne s’imagine pas échouer si prêt du but. Il a une opinion si méprisante de l’opposition qu’il ne voit pas celle-ci réussir à trouver une parade politique ou mieux empêcher par des moyens peu légalistes ce qu’il va tenter. Ils sont si républicains les opposants qu’ils seront réticents à se faire violence pour remiser aux vestiaires leur foi aux règles républicaines.
Cette donne est capitale. Car si le plan A échoue, il faudra tenter le plan B aux multiples variantes avec des risques a priori, incontrôlables. Le plan A n’est pour l’instant que suggéré : il s’agit de monter une audacieuse opération comme celle qu’a réussi le président Senghor qui a pu se choisir un dauphin constitutionnel et l’installer après avoir démissionné. L’idée séduit encore Wade qui se plait à raconter encore aujourd’hui que le premier président du Sénégal a pensé à lui pour sa succession. Aucun témoignage de contemporains de Senghor n’a confirmé ces affirmations de Wade. D’aucuns pensent que c’est pour enlever à Abdou Diouf toute son aura présidentielle qu’il a inventé toute cette histoire. Cette obsession serait-elle l’expression d’une frustration pas encore digérée chez Wade qui le pousse à vouloir rééditer le coup de Senghor ? « Je ne ferai pas plaisir à quelqu’un, comme ça pour lui remettre l’appareil d’Etat » promet-il dans l’entretien accordée à Voice Of America et reprise par Sud Quotidien. Aveu de frustration probablement d’avoir vu Diouf en bénéficier en 1980 et pas lui ? Son traumatisme de l’époque n’a donc sans doute jamais été pansé, même par son accession au pouvoir par la voie des urnes. La preuve, à chaque fois que des discussions ont été ouvertes entre l’opposition et le pouvoir de Diouf, l’idée d’une vice-présidence en faveur de Wade opposant a été soulevée par lui-même. Comme si le leader du PDS espérait arriver au pouvoir par la magie d’un article de la Constitution habilement rédigée exprès pour lui offrir un couloir d’accès au pouvoir. Aussi toutes les révisions constitutionnelles récentes laissent-elles penser que Wade cherche la fente par où faire passer son successeur sans épreuve électorale. L’idée d’une vice-présidence déjà proposée à Moustapha Niasse et même Robert Sagna qui l’a révélé dans la presse n’est donc pas à écartée. Karim Vice président de son père : voilà le plan A de Wade. Seul hic : comment faire cohabiter les deux pendant un temps décent avant le remplacement du père par le fils. C’est ce qui explique toutes les rumeurs sur la nomination de Karim Wade à la tête du Sénat avec l’avantage constitutionnel de ne plus assurer un intérim mais la poursuite d’un mandat écourté. La question n’a pas été réglée.
D’où le plan B à facettes multiples. Ce plan B est encore officieux bien qu’elle est confirmée par des sources proches du principal concerné, c’est-à-dire Karim Wade. C’est la présidentielle anticipée. Le stratagème n’a rien d’inédit. Dès l’entame du premier mandat de Wade, il a été avancé par de nombreux analystes politiques que Wade allait respecter son engagement de s’appliquer le mandat de cinq ans pour organiser une présidentielle anticipée qui lui aurait assurée dix ans de règne s’il remportait le second mandat. La probabilité de se faire réélire était forte d’autant plus que son état de grâce demeurait élevé, en tout cas pas fortement entamé. Il n’en fit rien bien qu’il l’avait annoncé dans un entretien accordé à l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique quelques mois avant le scrutin de 2000. Il ne tint pas parole et boucla ses sept ans. Et en février 2007, Abdoulaye Wade gagne le droit de régner encore cinq ans. Toutefois, il mesure que cinq ans de mandat à 82 ans, c’est beaucoup. Malgré tout ce qu’il déclara sur la longévité de sa famille, il ne peut ignorer qu’il est un vieillard à l’automne de sa vie. Il lui faut prendre des mesures conservatoires pour que ses héritiers ne perdent tout quand il ne sera plus là. D’où la question de la succession. Fils spirituel ou fils légitime ? Wade a réglé la question depuis longtemps. Ce sera Karim. Comment ? C’est ce que révèle le plan B. Officieusement, Karim sera le candidat du PDS à une élection présidentielle anticipée. La constitution serait muette sur cet aspect. Elle parle de vacances du pouvoir (incapacité, mort ou démission), mais point de l’organisation d’une élection anticipée sans qu’aucun de ces occurrences soulevées n’advienne. Rien n’empêcherait dans l’entendement du Palais, la tenue d’un tel scrutin dans la constitution actuelle. Les constitutionnalistes vont devoir se pencher sur la question quand le président en décidera.
Le film d’une campagne présidentielle par procuration menée par Wade en faveur de son fils n’est donc pas pure fiction. D’autant plus que des sources proches de Karim l’avouent. Suggestion d’une idée pas encore mure que l’on voudrait faire passer comme message à destination du père ? Ou l’idée serait-elle validée et attend application au moment voulu ? Ce film d’anticipation peut comme c’est souvent le cas chez les Wade, un ballon sonde pour avoir un bon feed-back sur un projet controversé. Ou alors c’est comme toujours le cas : une entourloupe peut en cacher une autre. D’où la variante de l’élection aux suffrages indirects par un Parlement à trois chambres : Assemblée nationale, Sénat et Conseil Economique et Social. Et pourquoi ne pas élargir l’électorat à tous les élus. Wade n’a que l’embarras du choix des formules. Il s’agit aujourd’hui de découvrir l’entourloupe, la bonne. On verra alors si une fiction peut être plus réelle que la réalité politique. Issa Sall
Comme chez les professionnels du cinéma, voilà un pitch convenable. Mais, il ne s’agit point d’un synopsis d’une fiction politique très réaliste sur la vie politique sénégalaise. On le sait depuis la semaine dernière, Karim Wade a décidé d’accéder à la pression forte de ses ambitions et de la famille ( ?) pour se montrer un digne fils de son père en acceptant le legs paternel (Lire Nouvel Horizon N°632 du 1ier Août 2008).Le scénario n’est pas encore écrit. Il doit être bien gardé en secret dans la tête du réalisateur et père de l’idée originale, celui qui s’est donné le second rôle. Mais comme tout bon agent de com’ quand les informations commencent à filtrer, il faut en lâcher un peu plus pour rester maître de la situation. Depuis l’adoption par le Congrès du Parlement de l’article 27 modifié de la Constitution, Me Wade comprend bien qu’il ne peut plus arrêter les spéculations sur le but, encore inavoué, de faire profiter à son fils les avantages du mandat de sept ans. Donc il ne peut plus continuer à nier qu’il ne pense qu’à son fils pour le remplacer à la tête de la République. Mais Wade n’est pas homme à nier, il esquive et ouvre un autre front, il crée un autre point de fixation. C’est ce qu’il faut comprendre du profil de son héritier tel qu’il l’a décrit sur Voice Of America (La Voix de l’Amérique) et repris par le journal sénégalais Sud Quotidien dans son édition du 4 Août 2008. Même si ce n’est pas inédit, Wade donne un aperçu encore plus précis sur l’homme qu’il compte voir le remplacer. Au journaliste qui lui demande s’il a quelqu’un en tête pour sa succession, Wade répond : « Je suis un républicain ». Et c’est pour ajouter « je suis un républicain et un Africain ». Tout est dit dans ces mots. Etre africain nuance-t-il la qualité de démocrate ? Celui qui se proclame homme aux discours nuancés a sans doute sa petite idée derrière la tête. Me Wade a eu à déclarer, sans précaution de langage que si l’on a les forces de sécurité, il n’y a point de risque de perdre une élection. C’était le conseil enthousiaste et très froid prodigué à Faure Gnassingbé après le décès du père de ce dernier alors que le Togo traversait une crise institutionnelle. Sans l’avouer explicitement à Voice Of America, Wade défend la thèse d’une « démocratie à l’africaine » : des oripeaux de république, des règles démocratiques mais des pratiques peu démocratiques dans beaucoup de domaines de la vie politique.
Mais le point nodal de la réponse de Wade porte sur la question sur son choix pour sa succession. Sa réponse bien que ne donnant aucune précision suggère plus d’indications qu’il n’y paraît : « je n’exclus personne pour l’instant », souffle-t-il à ses interlocuteurs. Après avoir « tué » Idrissa Seck, banni Macky Sall, esquinté Niasse, renvoyé Dansokho, Bathily et bien d’autres actuellement au sein de l’opposition comme dans la majorité présidentielle, qui reste-t-il pour entrer dans le cercle de ce qu’il n’exclut pas dans son choix ? La réponse coule de source : Karim. Wade a déjà fait le tri. Mieux son critère fondé sur la qualité d’économiste qu’il ne reconnaît à aucun des ténors de l’opposition réduit son choix à … son fils qu’il considère sans doute comme un expert en la matière parce que comme il le souligne, « les nouvelles générations, elles, ont toutes des notions en économie, elles ont de très bonnes formations, mais [pas] les autres générations, moi, je suis l’exception » précise-t-il modestement et de conclure : « (…) tout le monde n’est pas comme ça ».
Second critère qui a été jeté dans le tourbillon de cet entretien, la référence à la GOANA considérée come « le programme d’indépendance alimentaire » à laquelle tout le monde adhère. Si l’on sait que la GOANA a été confiée au fils, on voit le tremplin politique adroitement érigé pour le dauphin. Si Karim avoue à des diplomates son intention d’y aller et son père donner des indices taillés sur mesure pur lui, il ne reste que le scénario pour décrire comment tout cela finira. En fait, il y a plusieurs scénarios de fin du film. Autrement dit il y a un plan A et un plan B comportant plusieurs variantes car il ne faut surtout pas se ramasser quand on veut capturer un pouvoir. L’échec se paye cash. Me Wade appréhende le danger de rater son opération car le prix à payer est trop élevé. Mais il ne s’imagine pas échouer si prêt du but. Il a une opinion si méprisante de l’opposition qu’il ne voit pas celle-ci réussir à trouver une parade politique ou mieux empêcher par des moyens peu légalistes ce qu’il va tenter. Ils sont si républicains les opposants qu’ils seront réticents à se faire violence pour remiser aux vestiaires leur foi aux règles républicaines.
Cette donne est capitale. Car si le plan A échoue, il faudra tenter le plan B aux multiples variantes avec des risques a priori, incontrôlables. Le plan A n’est pour l’instant que suggéré : il s’agit de monter une audacieuse opération comme celle qu’a réussi le président Senghor qui a pu se choisir un dauphin constitutionnel et l’installer après avoir démissionné. L’idée séduit encore Wade qui se plait à raconter encore aujourd’hui que le premier président du Sénégal a pensé à lui pour sa succession. Aucun témoignage de contemporains de Senghor n’a confirmé ces affirmations de Wade. D’aucuns pensent que c’est pour enlever à Abdou Diouf toute son aura présidentielle qu’il a inventé toute cette histoire. Cette obsession serait-elle l’expression d’une frustration pas encore digérée chez Wade qui le pousse à vouloir rééditer le coup de Senghor ? « Je ne ferai pas plaisir à quelqu’un, comme ça pour lui remettre l’appareil d’Etat » promet-il dans l’entretien accordée à Voice Of America et reprise par Sud Quotidien. Aveu de frustration probablement d’avoir vu Diouf en bénéficier en 1980 et pas lui ? Son traumatisme de l’époque n’a donc sans doute jamais été pansé, même par son accession au pouvoir par la voie des urnes. La preuve, à chaque fois que des discussions ont été ouvertes entre l’opposition et le pouvoir de Diouf, l’idée d’une vice-présidence en faveur de Wade opposant a été soulevée par lui-même. Comme si le leader du PDS espérait arriver au pouvoir par la magie d’un article de la Constitution habilement rédigée exprès pour lui offrir un couloir d’accès au pouvoir. Aussi toutes les révisions constitutionnelles récentes laissent-elles penser que Wade cherche la fente par où faire passer son successeur sans épreuve électorale. L’idée d’une vice-présidence déjà proposée à Moustapha Niasse et même Robert Sagna qui l’a révélé dans la presse n’est donc pas à écartée. Karim Vice président de son père : voilà le plan A de Wade. Seul hic : comment faire cohabiter les deux pendant un temps décent avant le remplacement du père par le fils. C’est ce qui explique toutes les rumeurs sur la nomination de Karim Wade à la tête du Sénat avec l’avantage constitutionnel de ne plus assurer un intérim mais la poursuite d’un mandat écourté. La question n’a pas été réglée.
D’où le plan B à facettes multiples. Ce plan B est encore officieux bien qu’elle est confirmée par des sources proches du principal concerné, c’est-à-dire Karim Wade. C’est la présidentielle anticipée. Le stratagème n’a rien d’inédit. Dès l’entame du premier mandat de Wade, il a été avancé par de nombreux analystes politiques que Wade allait respecter son engagement de s’appliquer le mandat de cinq ans pour organiser une présidentielle anticipée qui lui aurait assurée dix ans de règne s’il remportait le second mandat. La probabilité de se faire réélire était forte d’autant plus que son état de grâce demeurait élevé, en tout cas pas fortement entamé. Il n’en fit rien bien qu’il l’avait annoncé dans un entretien accordé à l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique quelques mois avant le scrutin de 2000. Il ne tint pas parole et boucla ses sept ans. Et en février 2007, Abdoulaye Wade gagne le droit de régner encore cinq ans. Toutefois, il mesure que cinq ans de mandat à 82 ans, c’est beaucoup. Malgré tout ce qu’il déclara sur la longévité de sa famille, il ne peut ignorer qu’il est un vieillard à l’automne de sa vie. Il lui faut prendre des mesures conservatoires pour que ses héritiers ne perdent tout quand il ne sera plus là. D’où la question de la succession. Fils spirituel ou fils légitime ? Wade a réglé la question depuis longtemps. Ce sera Karim. Comment ? C’est ce que révèle le plan B. Officieusement, Karim sera le candidat du PDS à une élection présidentielle anticipée. La constitution serait muette sur cet aspect. Elle parle de vacances du pouvoir (incapacité, mort ou démission), mais point de l’organisation d’une élection anticipée sans qu’aucun de ces occurrences soulevées n’advienne. Rien n’empêcherait dans l’entendement du Palais, la tenue d’un tel scrutin dans la constitution actuelle. Les constitutionnalistes vont devoir se pencher sur la question quand le président en décidera.
Le film d’une campagne présidentielle par procuration menée par Wade en faveur de son fils n’est donc pas pure fiction. D’autant plus que des sources proches de Karim l’avouent. Suggestion d’une idée pas encore mure que l’on voudrait faire passer comme message à destination du père ? Ou l’idée serait-elle validée et attend application au moment voulu ? Ce film d’anticipation peut comme c’est souvent le cas chez les Wade, un ballon sonde pour avoir un bon feed-back sur un projet controversé. Ou alors c’est comme toujours le cas : une entourloupe peut en cacher une autre. D’où la variante de l’élection aux suffrages indirects par un Parlement à trois chambres : Assemblée nationale, Sénat et Conseil Economique et Social. Et pourquoi ne pas élargir l’électorat à tous les élus. Wade n’a que l’embarras du choix des formules. Il s’agit aujourd’hui de découvrir l’entourloupe, la bonne. On verra alors si une fiction peut être plus réelle que la réalité politique. Issa Sall