Des centaines de milliers de jeunes Haïtiens, étudiants, salariés ou chômeurs, sont prêts à venir tenter leur chance au Sénégal. Anne Pierre Jules, 23 ans, étudiante en relations internationales, en fait partie. Après avoir “galéré” trois ans avant d’intégrer le Centre d’études diplomatiques et internationales (CEDI), elle espère reprendre sa vie estudiantine de l’autre côté de l’Atlantique. Elle souhaite aussi tourner une page de sa vie après l’effondrement de ce centre universitaire privé de Port-au-Prince. “Je suis vraiment tentée par l’aventure sénégalaise, affirme-t-elle. N’importe quel pays au monde est le bienvenu pour moi ! L’essentiel, c’est de trouver un toit, une vie normale pour étudier et m’assurer un meilleur avenir. Ce sera difficile de reprendre mes cours ici, en Haïti. Ma famille a disparu sous les décombres de notre maison… J’ai peur de me rendre sur les lieux du drame pour voir la réalité en face.” Anne Pierre Jules, comme tant d’autres jeunes, attend impatiemment la concrétisation de l’appel du président Wade, qui encourage le retour des Haïtiens à l’alma mater. “Si je reste ici, j’aurai du mal à me refaire une santé mentale”, explique Caleb, un étudiant de l’université d’Etat d’Haïti. Jean-Sony Dupont, élève de philo, partage le même avis. Depuis qu’il sait que le gouvernement sénégalais souhaite accueillir des milliers d’Haïtiens, il cherche à partir.
“Les Haïtiens n’ont pas choisi d’aller dans cette île et ce ne serait pas la première fois que d’anciens esclaves ou leurs descendants seraient ramenés en Afrique”, avait affirmé le président Abdoulaye Wade après le séisme du 12 janvier. “C’est le cas du Liberia, où ils ont dû s’intégrer à la population locale, pour former aujourd’hui la nation libérienne.” Dans les colonnes du quotidien sénégalais Le Soleil, Moustapha Guirassy, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a aussi déclaré que le président Abdoulaye Wade ne croyait pas à la “malédiction” qui frappe Haïti. Il a indiqué qu’aucune fatalité ne pouvait toucher ces “Africains de la diaspora” que sont les Haïtiens. “Le président Wade veut se démener comme un beau diable contre toutes ces misères qui semblent attachées comme une sangsue à l’Afrique et aux Africains. Il croit fermement en la capacité des fils du continent noir à se prendre en charge et à faire face aux vicissitudes de l’Histoire.” De l’autre côté de l’océan, le message a été entendu.
Reste à connaître le sentiment des Sénégalais eux-mêmes. Certains, même s’ils ont souligné le devoir de solidarité qui règne au pays de la teranga [hospitalité], n’ont pas caché leur inquiétude de voir débarquer des Haïtiens dans leur pays [le président Wade a promis de leur offrir un toit et une terre, voire, s’ils sont nombreux, une région]. Des étudiants se sont également dits stupéfaits par les propos tenus par leur président. Selon eux, les Haïtiens ne rêvent pas du Sénégal mais… de l’Occident ! “Le Sénégal compte 11 millions d’habitants, contre 9 millions pour Haïti, expliquent-ils. Dans les deux cas, les diasporas sénégalaise et haïtienne comptent des millions de personnes. Alors, à quoi bon leur proposer de s’installer chez nous ? On ne voit pas bien ce que les Haïtiens viendront faire au Sénégal…”
courrierinternational.com/
“Les Haïtiens n’ont pas choisi d’aller dans cette île et ce ne serait pas la première fois que d’anciens esclaves ou leurs descendants seraient ramenés en Afrique”, avait affirmé le président Abdoulaye Wade après le séisme du 12 janvier. “C’est le cas du Liberia, où ils ont dû s’intégrer à la population locale, pour former aujourd’hui la nation libérienne.” Dans les colonnes du quotidien sénégalais Le Soleil, Moustapha Guirassy, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, a aussi déclaré que le président Abdoulaye Wade ne croyait pas à la “malédiction” qui frappe Haïti. Il a indiqué qu’aucune fatalité ne pouvait toucher ces “Africains de la diaspora” que sont les Haïtiens. “Le président Wade veut se démener comme un beau diable contre toutes ces misères qui semblent attachées comme une sangsue à l’Afrique et aux Africains. Il croit fermement en la capacité des fils du continent noir à se prendre en charge et à faire face aux vicissitudes de l’Histoire.” De l’autre côté de l’océan, le message a été entendu.
Reste à connaître le sentiment des Sénégalais eux-mêmes. Certains, même s’ils ont souligné le devoir de solidarité qui règne au pays de la teranga [hospitalité], n’ont pas caché leur inquiétude de voir débarquer des Haïtiens dans leur pays [le président Wade a promis de leur offrir un toit et une terre, voire, s’ils sont nombreux, une région]. Des étudiants se sont également dits stupéfaits par les propos tenus par leur président. Selon eux, les Haïtiens ne rêvent pas du Sénégal mais… de l’Occident ! “Le Sénégal compte 11 millions d’habitants, contre 9 millions pour Haïti, expliquent-ils. Dans les deux cas, les diasporas sénégalaise et haïtienne comptent des millions de personnes. Alors, à quoi bon leur proposer de s’installer chez nous ? On ne voit pas bien ce que les Haïtiens viendront faire au Sénégal…”
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