Parmi les enjeux économiques du moment, l’emploi figure en bonne place. Samedi dernier, Moustapha Niasse, le président de l’Assemblée nationale déclarait : « L’affaire des diplômés chômeurs est un réel problème. Mieux, cette histoire est même devenue une problématique. »
Le candidat Macky Sall promettait dans son programme de créer durant son mandat 500 000 emplois. Après un an au pouvoir, c’est la création d’une agence de « sécurité de proximité » qui est annoncée avec 10 000 emplois escomptés.
En 2012, les statisticiens de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), dans un rapport sur la Situation économique et sociale (Ses), rendaient compte de « l’extrême jeunesse » de la population : la moitié des Sénégalais a moins de 17 ans, 64% d’entre eux n’ont pas 25 ans, l’âge moyen se situe à 22 ans. L’Ansd ajoutait dans le même document qu’au Sénégal, sur 10 personnes en âge de travailler, seules 4 ont effectivement un emploi. Les chômeurs sénégalais, ceux qui sont dépourvus d’emplois, qui en recherchent activement et sont disposés à en occuper durant les 15 prochains jours, sont estimés à 460 734 personnes en 2011, soit un taux de 10,2%. Devant cette situation, l’emploi, en concurrence évidente avec la formation et la santé, constitue sans doute un défi majeur à relever. Mais faut-il se limiter à le reconnaître ?
Les programmes de la Nouvelle politique nationale de l’emploi (Npne), validée en 2010 et couvrant la période 2011-2015, sont censés créer 675 mille emplois. A deux ans du terme, on ignore encore le nombre d’emplois déjà créés avec cette Npne. Le manque d’informations sur le marché de l’emploi est un constat unanimement partagé.
Dans le dispositif de création d’emploi, l’Agence nationale pour l’emploi des jeunes (Anej), installée depuis 2001, est l’une des structures phares, mais ne dispose d’aucune plateforme numérique pouvant donner des indications utiles et facilement accessibles aux demandeurs d’emplois. Or, « le marché de l’emploi tourne autour de l’information », reconnait Ibrahima Gueye, ancien directeur de l’Emploi.
L’Anej n’est certes pas une agence de placement. Sa mission essentielle s’articule autour du renforcement des capacités professionnelles des demandeurs d’emplois à travers la mise à disposition d’informations sur le marché de l’emploi, le conseil, l’orientation…
Dans cette optique, l’Anej et la direction de l’Emploi fusionnaient en septembre 2011 leurs bases de données sur l’emploi sous le nom commun d’ « Accueil emploi ». Seuls 682 jeunes demandeurs d’emplois ont été inscrits en 2011 tandis que l’année suivante 395 chômeurs ont été enregistrés pour « une soixantaine d’entreprises » du côté des employeurs, recueille-t-on dans les fichiers de l’agence. Nombre de ces acteurs ignorent encore l’existence d’un tel outil destiné pourtant à recueillir sur une même plateforme demandes et offres d’emplois.
A côté de l’Anej, le Fonds national de promotion de la jeunesse (Fnpj) cible les jeunes sénégalais âgés de 18 à 35 ans afin de les aider à accéder au crédit et financer leurs projets ''sans devoir faire face aux obstacles bancaires classiques''. Cependant, le plafond de financement de projet est fixé à 5 millions FCfa. Les conditions d’accès à ce « maigre » crédit rebutent déjà les porteurs de projets.
Benoît Sambou, ministre de l’Emploi émettait l’idée, en février dernier, de réunir ces deux structures pour réduire les charges de fonctionnement jugées exorbitantes. ''Nous nous sommes rendu compte que le Fnpj et les autres structures [s'occupant des jeunes] ont plus servi à caser du personnel politique qu’à financer des projets. Pour la plupart, les budgets de ces structures servent davantage (plus) à payer du personnel qu'à faire fonctionner des programmes'', relevait-il.
Dans l’entendement de nombreux Sénégalais, la Fonction publique, où les exigences sont plus douces, demeure le seul réceptacle de l’emploi.
Il a fallu que le chef de l’Etat annonce, le 31 décembre dernier, un programme de recrutement dans l’Administration pour qu’explose de façon exponentielle la demande. Pour 5 500 postes à pourvoir, 153 000 dossiers ont été déposés.
Avec un répertoire permettant de recueillir et de classifier les demandes d’emplois, l’effervescence notée au building administratif, au point de transférer le lieu de dépôt dans…un stade, aurait pu être évitée.
Il est trivial que dans un système libéral, idéologie dont se revendique Macky Sall, c’est le secteur privé qui crée les emplois. Le rôle du gouvernement consiste cependant à proposer des mesures incitant les employeurs à recruter. Il existe certes une « Convention Etat-employeurs » signée en 2000 avec 271 entreprises. Mais un responsable de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes) reconnaît le manque d’attractivités pour les entreprises de ces accords. En 12 ans, 1598 stagiaires auraient été engagés sur la base de cette convention. « Le bilan de cette convention n’est pas reluisant. L’Etat ne respecte pas son engagement de verser une quotepart aux entreprises », confiait-il.
Le candidat Macky Sall promettait dans son programme de créer durant son mandat 500 000 emplois. Après un an au pouvoir, c’est la création d’une agence de « sécurité de proximité » qui est annoncée avec 10 000 emplois escomptés.
En 2012, les statisticiens de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), dans un rapport sur la Situation économique et sociale (Ses), rendaient compte de « l’extrême jeunesse » de la population : la moitié des Sénégalais a moins de 17 ans, 64% d’entre eux n’ont pas 25 ans, l’âge moyen se situe à 22 ans. L’Ansd ajoutait dans le même document qu’au Sénégal, sur 10 personnes en âge de travailler, seules 4 ont effectivement un emploi. Les chômeurs sénégalais, ceux qui sont dépourvus d’emplois, qui en recherchent activement et sont disposés à en occuper durant les 15 prochains jours, sont estimés à 460 734 personnes en 2011, soit un taux de 10,2%. Devant cette situation, l’emploi, en concurrence évidente avec la formation et la santé, constitue sans doute un défi majeur à relever. Mais faut-il se limiter à le reconnaître ?
Les programmes de la Nouvelle politique nationale de l’emploi (Npne), validée en 2010 et couvrant la période 2011-2015, sont censés créer 675 mille emplois. A deux ans du terme, on ignore encore le nombre d’emplois déjà créés avec cette Npne. Le manque d’informations sur le marché de l’emploi est un constat unanimement partagé.
Dans le dispositif de création d’emploi, l’Agence nationale pour l’emploi des jeunes (Anej), installée depuis 2001, est l’une des structures phares, mais ne dispose d’aucune plateforme numérique pouvant donner des indications utiles et facilement accessibles aux demandeurs d’emplois. Or, « le marché de l’emploi tourne autour de l’information », reconnait Ibrahima Gueye, ancien directeur de l’Emploi.
L’Anej n’est certes pas une agence de placement. Sa mission essentielle s’articule autour du renforcement des capacités professionnelles des demandeurs d’emplois à travers la mise à disposition d’informations sur le marché de l’emploi, le conseil, l’orientation…
Dans cette optique, l’Anej et la direction de l’Emploi fusionnaient en septembre 2011 leurs bases de données sur l’emploi sous le nom commun d’ « Accueil emploi ». Seuls 682 jeunes demandeurs d’emplois ont été inscrits en 2011 tandis que l’année suivante 395 chômeurs ont été enregistrés pour « une soixantaine d’entreprises » du côté des employeurs, recueille-t-on dans les fichiers de l’agence. Nombre de ces acteurs ignorent encore l’existence d’un tel outil destiné pourtant à recueillir sur une même plateforme demandes et offres d’emplois.
A côté de l’Anej, le Fonds national de promotion de la jeunesse (Fnpj) cible les jeunes sénégalais âgés de 18 à 35 ans afin de les aider à accéder au crédit et financer leurs projets ''sans devoir faire face aux obstacles bancaires classiques''. Cependant, le plafond de financement de projet est fixé à 5 millions FCfa. Les conditions d’accès à ce « maigre » crédit rebutent déjà les porteurs de projets.
Benoît Sambou, ministre de l’Emploi émettait l’idée, en février dernier, de réunir ces deux structures pour réduire les charges de fonctionnement jugées exorbitantes. ''Nous nous sommes rendu compte que le Fnpj et les autres structures [s'occupant des jeunes] ont plus servi à caser du personnel politique qu’à financer des projets. Pour la plupart, les budgets de ces structures servent davantage (plus) à payer du personnel qu'à faire fonctionner des programmes'', relevait-il.
Dans l’entendement de nombreux Sénégalais, la Fonction publique, où les exigences sont plus douces, demeure le seul réceptacle de l’emploi.
Il a fallu que le chef de l’Etat annonce, le 31 décembre dernier, un programme de recrutement dans l’Administration pour qu’explose de façon exponentielle la demande. Pour 5 500 postes à pourvoir, 153 000 dossiers ont été déposés.
Avec un répertoire permettant de recueillir et de classifier les demandes d’emplois, l’effervescence notée au building administratif, au point de transférer le lieu de dépôt dans…un stade, aurait pu être évitée.
Il est trivial que dans un système libéral, idéologie dont se revendique Macky Sall, c’est le secteur privé qui crée les emplois. Le rôle du gouvernement consiste cependant à proposer des mesures incitant les employeurs à recruter. Il existe certes une « Convention Etat-employeurs » signée en 2000 avec 271 entreprises. Mais un responsable de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes) reconnaît le manque d’attractivités pour les entreprises de ces accords. En 12 ans, 1598 stagiaires auraient été engagés sur la base de cette convention. « Le bilan de cette convention n’est pas reluisant. L’Etat ne respecte pas son engagement de verser une quotepart aux entreprises », confiait-il.