Côté Sénégal, une petite cité de bric et de broc, tumultueuse. Des portefaix qui se bousculent à l’entrée de l’embarcadère en bois rongé par les eaux boueuses. Une multitude de sacs bigarrés qui passent de mains en mains à la vitesse de l’éclair dans de grands éclats de voix. Les candidats au voyage embarquent sur les pirogues avec leurs valises.
Sur l’autre rive, l’ambiance est bien différente. Plus austère. Il faut apprendre à attendre. Sur des dalles en ciment. Attendre que les douaniers reviennent. Ils sont partis prendre le thé. Des Français se couchent à l’ombre de leur camion. Comme tant d’autres, ils font Paris-Dakar, Rennes-Dakar ou Bordeaux-Dakar.
Ils ont acheté un camion en France et comptent le revendre arrivés à destination. Ils espèrent ainsi financer leur périple. Des voyages à l’économie. Beaucoup d’improvisation. De belles aventures à partager.
L’officier de douane est absent depuis plusieurs heures. L’un de mes amis mauritaniens part en ville. Cherche son domicile. Et lui fait signer les papiers qui vont nous permettre d’entrer dans le pays. Dès que l’on s’éloigne du fleuve, la végétation change du tout au tout. En quelques centaines de mètres. Les eucalyptus et les herbes hautes cèdent le pas au désert.
Plus d’ânes, ni de chevaux. Des dromadaires qui vagabondent au bord d’un long ruban de bitume qui file entre Rosso, Nouakchott et Nouadhibou. Un filet noir et luisant, perdu entre le bleu de l’océan atlantique et le doré du désert.
La marche dans le sable est délicieuse. Elle se savoure. Isselmouh, un Mauritanien habitant à Nouakchott, ne résiste pas la tentation : se pencher sur les grains dorés et en ramasser de pleines poignées. Il m’offre son sable. Il veut le partager. Il en est si fier. « Tu vois comme il est pur, comme il est propre, comme il est fin. Rien à voir avec le sable de Dakar ».
Et c’est vrai que le sable de Dakar était souvent grisâtre, gorgé d’hydrocarbures. Là, les dunes à perte de vue, les côtes désertes et le vent chaud venu du Sahara semblent gages de pureté de l’air. Ils offrent la paix à Isselmouh « La nuit je viens dormir dans le désert, au creux d’une dune » explique-t-il en inspirant de pleines bouffées d’air.
Sur cette route, l’on ne croise presque personne. Il peut s’écouler une demi-heure avant qu’une voiture ne passe. Quelques maisons perdues en bord de route. Des troupeaux de dromadaires qui attendent le bon vouloir des citadins : les habitants de Nouakchott, qui le soir venu, à la fraîche, viendront acheter du lait de « chamelle ». Tout semble si calme. Seul le vent fait entendre sa chaude respiration.
« Ici personne n’a envie de s’enfermer dans les villes. J’ai besoin du désert, des oasis et du contact avec mes troupeaux » lâche un citadin. Tout semble si paisible. Et pourtant sur cette même route, malgré la multitude de barrages militaires, l’improbable est arrivé : des humanitaires espagnols ont été enlevés par Al Qaïda Maghreb.
blog le monde
Sur l’autre rive, l’ambiance est bien différente. Plus austère. Il faut apprendre à attendre. Sur des dalles en ciment. Attendre que les douaniers reviennent. Ils sont partis prendre le thé. Des Français se couchent à l’ombre de leur camion. Comme tant d’autres, ils font Paris-Dakar, Rennes-Dakar ou Bordeaux-Dakar.
Ils ont acheté un camion en France et comptent le revendre arrivés à destination. Ils espèrent ainsi financer leur périple. Des voyages à l’économie. Beaucoup d’improvisation. De belles aventures à partager.
L’officier de douane est absent depuis plusieurs heures. L’un de mes amis mauritaniens part en ville. Cherche son domicile. Et lui fait signer les papiers qui vont nous permettre d’entrer dans le pays. Dès que l’on s’éloigne du fleuve, la végétation change du tout au tout. En quelques centaines de mètres. Les eucalyptus et les herbes hautes cèdent le pas au désert.
Plus d’ânes, ni de chevaux. Des dromadaires qui vagabondent au bord d’un long ruban de bitume qui file entre Rosso, Nouakchott et Nouadhibou. Un filet noir et luisant, perdu entre le bleu de l’océan atlantique et le doré du désert.
La marche dans le sable est délicieuse. Elle se savoure. Isselmouh, un Mauritanien habitant à Nouakchott, ne résiste pas la tentation : se pencher sur les grains dorés et en ramasser de pleines poignées. Il m’offre son sable. Il veut le partager. Il en est si fier. « Tu vois comme il est pur, comme il est propre, comme il est fin. Rien à voir avec le sable de Dakar ».
Et c’est vrai que le sable de Dakar était souvent grisâtre, gorgé d’hydrocarbures. Là, les dunes à perte de vue, les côtes désertes et le vent chaud venu du Sahara semblent gages de pureté de l’air. Ils offrent la paix à Isselmouh « La nuit je viens dormir dans le désert, au creux d’une dune » explique-t-il en inspirant de pleines bouffées d’air.
Sur cette route, l’on ne croise presque personne. Il peut s’écouler une demi-heure avant qu’une voiture ne passe. Quelques maisons perdues en bord de route. Des troupeaux de dromadaires qui attendent le bon vouloir des citadins : les habitants de Nouakchott, qui le soir venu, à la fraîche, viendront acheter du lait de « chamelle ». Tout semble si calme. Seul le vent fait entendre sa chaude respiration.
« Ici personne n’a envie de s’enfermer dans les villes. J’ai besoin du désert, des oasis et du contact avec mes troupeaux » lâche un citadin. Tout semble si paisible. Et pourtant sur cette même route, malgré la multitude de barrages militaires, l’improbable est arrivé : des humanitaires espagnols ont été enlevés par Al Qaïda Maghreb.
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