Notre envoyée spéciale à Dakar
Impossible de rater Moussa*. Ce Sénégalais est grand, svelte, bel homme. Mais depuis un an, ce n’est pas son allure de jeune éphèbe qui attire les regards. C’est sa réputation. Moussa fait partie des personnes qui apparaissent sur les prétendues photos d’un « mariage gay », publiées fin janvier 2008 dans le magazine people Icône.
« Regarde ! Ton fils est homosexuel ! »
« Lorsque le magazine est sorti, explique Moussa dans un français approximatif, mon travail m’a dit de dégager, mes amis m’ont laissé tomber, ma famille m’a dit de partir. Ma mère pleurait, elle me disait de rester. Mais mon frère est arrivé avec le magazine et lui a dit : "Regarde ! C’est ton fils qui est là ! Il est homosexuel !" Mais ma mère voulait quand même que je reste. »
Moussa doit tout de même plier bagages. Car, suite aux dénonciations d’Icône, une véritable chasse aux homosexuels est ouverte, avec l’appui de certains leaders religieux. Une chasse qui fait quelques morts suite à des lynchages. « J’ai fui en Mauritanie, où j’avais un ami gay. Là-bas, je n’avais pas peur qu’on me fasse du mal, je me sentais en sécurité », confie le jeune homme de 24 ans.
« Avant, tu pouvais draguer comme tu voulais »
Depuis son exil, il se souvient d’avoir appelé sa mère pour lui donner des nouvelles. « Elle m’a dit : "Toi et moi, c’est jusqu’à la mort". J’en ai pleuré tellement j’étais ému ». Le temps passe, et un ami informe Moussa que les violences homophobes se sont calmées. Il rentre alors au pays et s’installe avec « un copain gay dans une petite pièce dans la banlieue de Dakar ».
Nostalgique, Moussa rappelle la situation des homosexuels avant la publication d’Icône. « Tu pouvais draguer comme tu voulais. On se retrouvait dans des boîtes de nuit, sur les plages, dans des soirées gay discrètes… », raconte le secrétaire de l’association Espoir Hope, qui lutte contre le sida chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
Le corps d’un homosexuel « frappé » dans un cimetière
Aujourd’hui, le tableau est bien différent. « Depuis Icône, je ne suis plus à l’aise et je n’ose plus trop sortir, se désole Moussa. Tellement d’homos sont agressés... Il ne se passe pas un jour sans que l’on entende parler d’un problème. Par exemple, mon meilleur ami est décédé récemment. Lorsque sa famille a voulu l’enterrer, on l’a empêchée d’entrer dans le cimetière et les gens ont frappé le corps… Est-ce que ça se fait ça ?! Ce n’est pas bien ! »
Et l’ancien vendeur de vêtements au chômage de souligner un paradoxe. « On dit que le Sénégal est le pays de la Teranga (l’hospitalité) mais les homosexuels ne peuvent même pas sortir parce qu’ils ont peur ! » Il précise « qu’ici quand tu es gay ta famille ne t’aime pas. Mais quand tu as de l’argent, tout va bien… ». Du coup, lassé de la peur, de la violence et de l’hypocrisie, Moussa n’a qu’une seule envie : « Partir en Europe pour vivre mieux ».
*Le prénom a été changé
Impossible de rater Moussa*. Ce Sénégalais est grand, svelte, bel homme. Mais depuis un an, ce n’est pas son allure de jeune éphèbe qui attire les regards. C’est sa réputation. Moussa fait partie des personnes qui apparaissent sur les prétendues photos d’un « mariage gay », publiées fin janvier 2008 dans le magazine people Icône.
« Regarde ! Ton fils est homosexuel ! »
« Lorsque le magazine est sorti, explique Moussa dans un français approximatif, mon travail m’a dit de dégager, mes amis m’ont laissé tomber, ma famille m’a dit de partir. Ma mère pleurait, elle me disait de rester. Mais mon frère est arrivé avec le magazine et lui a dit : "Regarde ! C’est ton fils qui est là ! Il est homosexuel !" Mais ma mère voulait quand même que je reste. »
Moussa doit tout de même plier bagages. Car, suite aux dénonciations d’Icône, une véritable chasse aux homosexuels est ouverte, avec l’appui de certains leaders religieux. Une chasse qui fait quelques morts suite à des lynchages. « J’ai fui en Mauritanie, où j’avais un ami gay. Là-bas, je n’avais pas peur qu’on me fasse du mal, je me sentais en sécurité », confie le jeune homme de 24 ans.
« Avant, tu pouvais draguer comme tu voulais »
Depuis son exil, il se souvient d’avoir appelé sa mère pour lui donner des nouvelles. « Elle m’a dit : "Toi et moi, c’est jusqu’à la mort". J’en ai pleuré tellement j’étais ému ». Le temps passe, et un ami informe Moussa que les violences homophobes se sont calmées. Il rentre alors au pays et s’installe avec « un copain gay dans une petite pièce dans la banlieue de Dakar ».
Nostalgique, Moussa rappelle la situation des homosexuels avant la publication d’Icône. « Tu pouvais draguer comme tu voulais. On se retrouvait dans des boîtes de nuit, sur les plages, dans des soirées gay discrètes… », raconte le secrétaire de l’association Espoir Hope, qui lutte contre le sida chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes.
Le corps d’un homosexuel « frappé » dans un cimetière
Aujourd’hui, le tableau est bien différent. « Depuis Icône, je ne suis plus à l’aise et je n’ose plus trop sortir, se désole Moussa. Tellement d’homos sont agressés... Il ne se passe pas un jour sans que l’on entende parler d’un problème. Par exemple, mon meilleur ami est décédé récemment. Lorsque sa famille a voulu l’enterrer, on l’a empêchée d’entrer dans le cimetière et les gens ont frappé le corps… Est-ce que ça se fait ça ?! Ce n’est pas bien ! »
Et l’ancien vendeur de vêtements au chômage de souligner un paradoxe. « On dit que le Sénégal est le pays de la Teranga (l’hospitalité) mais les homosexuels ne peuvent même pas sortir parce qu’ils ont peur ! » Il précise « qu’ici quand tu es gay ta famille ne t’aime pas. Mais quand tu as de l’argent, tout va bien… ». Du coup, lassé de la peur, de la violence et de l’hypocrisie, Moussa n’a qu’une seule envie : « Partir en Europe pour vivre mieux ».
*Le prénom a été changé