C’est pourquoi l’on ne peut qu’en sourire, ou rire jaune, lorsqu’à chaque fois que l’impensable se produit dans notre pays, des gouvernants ressassent, avec le plus grand sérieux, l’impérissable « force restera à la Loi ! ». De quelle « loi » parlent-ils ? Celle qui s’applique au citoyen lambda ? Celle qui, comme la fameuse loi dite Ezzan, les protège ? Ou encore cette autre loi au service d’une minuscule faction maraboutique intouchable, tantôt mystique, tantôt « politique » mais toujours mercenaire du régime en place contre des espèces sonnantes et trébuchantes (mais surtout trébuchantes) ?
De l’Etat sénégalais naguère encensé ou critiqué, mais tout de même toujours respecté, il ne reste qu’un fantôme. Lorsque ce dernier ne sert pas des intérêts claniques, lorsqu’il n’est pas accaparé par les petites combines politiciennes, le voilà qui se livre à son jeu favori : faire des « apparitions » dans les rédactions. Intimidation, détérioration, humiliation, persécution sont le quotidien des journalistes sénégalais depuis une dizaine d’années. Mis sur pied pour faire face, le Comité pour la Défense et la Protection des Journalistes (CDPJ) a du pain sur la planche. Sitôt l’émotion et les indignations légitimes des populations déplacées, sitôt les condamnations des organisations parées par des promesses d’enquête qui n’aboutissent jamais, le fantôme réapparait. Les convocations intempestives, les chantages aux insertions publicitaires, à la délivrance des licences et à l’aide à la presse se font de plus belles. La question de la dépénalisation des délits de presse est l’Arlésienne de la communication présidentielle : on n’en parle toujours et beaucoup mais elle se fait désirer, encore...
Ce qui s’est passé sous le ciel de Dakar, ce vendredi, n’est donc pas tombé…du Ciel ! C’est le résultat logique et conséquent d’un contexte qui l’autorise et l’excuse, pire, qui le favorise. En effet, lorsque dans un régime outrancièrement présidentialiste, le pouvoir donne le la de l’oppression et, qu’en tout éclat, ses soutiens embouchent leurs trompettes et entrent dans la danse endiablée, peu importe le prétexte, il n’est pas de responsabilité assez éloignée de celle première du Président. C’est en cela que l’accusation gravissime de Sidy Lamine Niasse ne saurait être disqualifiée par les conditions d’une énonciation gouvernée par l’émotion. Libre à qui veut toutefois de ne voir que le doigt lorsque celui-ci désigne la lune.
Il est des moments dans la vie d’une nation où même la plus habile des communications se heurte à une crise performative : le dire devient insignifiant, seul l’agir fait sens. Et nous y sommes ! Le sort réservé aux agressions de Campbell et de Kara, de l’AS et de 24H, du convoi de Rewmi, de Pape Cheikh Fall, de Talla Sylla… renvoie les promesses de réaction que nous entendons depuis vendredi à de vaines gesticulations.
Parce que tant que l’Etat sera faible, les milices seront fortes, parce que, hélas, le pire est devant nous, les démocrates de tous les partis, de toutes les confréries, de toutes les religions et de toutes les organisations, etc. n’ont d’autre choix que d’unir leurs efforts pour restaurer un Etat de droit sur les cendres du fantôme de l’Etat ou, si l’on préfère, de l’Etat fantomatique.
Dr. Mouhamed A. LY.
lymou@voila.fr
De l’Etat sénégalais naguère encensé ou critiqué, mais tout de même toujours respecté, il ne reste qu’un fantôme. Lorsque ce dernier ne sert pas des intérêts claniques, lorsqu’il n’est pas accaparé par les petites combines politiciennes, le voilà qui se livre à son jeu favori : faire des « apparitions » dans les rédactions. Intimidation, détérioration, humiliation, persécution sont le quotidien des journalistes sénégalais depuis une dizaine d’années. Mis sur pied pour faire face, le Comité pour la Défense et la Protection des Journalistes (CDPJ) a du pain sur la planche. Sitôt l’émotion et les indignations légitimes des populations déplacées, sitôt les condamnations des organisations parées par des promesses d’enquête qui n’aboutissent jamais, le fantôme réapparait. Les convocations intempestives, les chantages aux insertions publicitaires, à la délivrance des licences et à l’aide à la presse se font de plus belles. La question de la dépénalisation des délits de presse est l’Arlésienne de la communication présidentielle : on n’en parle toujours et beaucoup mais elle se fait désirer, encore...
Ce qui s’est passé sous le ciel de Dakar, ce vendredi, n’est donc pas tombé…du Ciel ! C’est le résultat logique et conséquent d’un contexte qui l’autorise et l’excuse, pire, qui le favorise. En effet, lorsque dans un régime outrancièrement présidentialiste, le pouvoir donne le la de l’oppression et, qu’en tout éclat, ses soutiens embouchent leurs trompettes et entrent dans la danse endiablée, peu importe le prétexte, il n’est pas de responsabilité assez éloignée de celle première du Président. C’est en cela que l’accusation gravissime de Sidy Lamine Niasse ne saurait être disqualifiée par les conditions d’une énonciation gouvernée par l’émotion. Libre à qui veut toutefois de ne voir que le doigt lorsque celui-ci désigne la lune.
Il est des moments dans la vie d’une nation où même la plus habile des communications se heurte à une crise performative : le dire devient insignifiant, seul l’agir fait sens. Et nous y sommes ! Le sort réservé aux agressions de Campbell et de Kara, de l’AS et de 24H, du convoi de Rewmi, de Pape Cheikh Fall, de Talla Sylla… renvoie les promesses de réaction que nous entendons depuis vendredi à de vaines gesticulations.
Parce que tant que l’Etat sera faible, les milices seront fortes, parce que, hélas, le pire est devant nous, les démocrates de tous les partis, de toutes les confréries, de toutes les religions et de toutes les organisations, etc. n’ont d’autre choix que d’unir leurs efforts pour restaurer un Etat de droit sur les cendres du fantôme de l’Etat ou, si l’on préfère, de l’Etat fantomatique.
Dr. Mouhamed A. LY.
lymou@voila.fr