Vous êtes à la tête de la direction générale des Impôts et Domaines depuis plus de deux ans. Quelles innovations y avez-vous apportées ?
En réalité, notre administration est à la fin d’un processus de modernisation qui, au début des années 2000, avait conduit un plan de développement stratégique. Lequel a permis de contractualiser avec l’autorité de tutelle, le ministère de l’économie et des finances, à travers un contrat de performance dont les grandes lignes sont une obligation de moyen de la part de la tutelle et une obligation de résultat de la part des Impôts et Domaines.
Et quels sont les objectifs ?
Satisfaire les usagers, les administrations souffrant de certaines lenteurs qui attisent les sentiments d’insatisfaction. Le deuxième axe, c’était l’élargissement de l’assiette fiscale et le troisième, la mobilisation des ressources publiques. La direction des services régionaux est l’une des directions opérationnelle des impôts. Elle a apporté, comme axe majeur, satisfaction aux services rendus aux usagers. De ce côté-là, nous nous mobilisons pour pouvoir atteindre les objectifs. L’autre grande réforme à Dgid, c’est l’adoption du nouveau code des impôts.
Que dit ce code ?
Il retrace la vision du président de la République, Macky Sall, notamment des charges au niveau des foyers et de certaines transactions, en mettant l’accent sur la politique de l’élargissement de l’assiette. Qui parviendra à créer une sorte de démocratie. Cette réforme nous a permis d’avoir plus d’ambition qu’avant. Pour cela, la direction a beaucoup communiqué sur l’objectif symbolique de l’atteinte ou dépassement du seuil de 1.000 milliards.
L’opposition déplore la fermeture en masse de sociétés. Est-ce qu’économiquement, le Sénégal se porte bien ?
Le débat qui voudrait qu’on pense qu’il y a eu fermeture d’entreprise, c’est qu’en réalité, dans le cadre du processus de réformes, il y a eu au niveau de l’environnement des affaires avec le Doing business, beaucoup de formalités facilitatrices de création d’entreprises. Beaucoup de personnes créent des entreprises, soit pour prétendre à un dépôt de visa à l’extérieur ou pouvoir mener d’autres types d’activités qui n’ont rien à voir avec l’activité économique. Ce sont ceux-là qui créent des soi-disant entreprises qui les ferment. Mais, vous n’avez pas vu les grands majors de l’économique sénégalaise fermer comme dans d’autres pays. Sans tenir compte des grands agrégats économiques qui ont donné les éléments identifiants de la performance économique d’un pays, c’est-à-dire le taux de croissance et la circulation de la monnaie. Tous ces indicateurs ont montré que l’économie Sénégalaise se porte bien. Pourtant, l’économie sénégalaise a pu survivre à deux grands chocs : la crise que le monde a connue avant 2012 et qui est en phase de se terminer et la prise du pouvoir de Macky Sall, dans un contexte de grand déséquilibre dans le cadrage macroéconomique du pays, au point que certains avaient craint que l’Etat soit dans l’impossibilité de faire face à certaines charges, notamment le payement des salaires.
L’Apr est minée par des querelles intestines. Donnez-vous onction à une structuration du parti avant les prochaines élections ?
La rivalité dans un parti politique, surtout celui qui exerce le pouvoir, nait de deux choses : ce que typologiquement nos pays ont connu après l’indépendance, les régimes des partis uniques, les chocs des ambitions à l’intérieur de ces grands partis. Ainsi, les querelles de tendances étaient-elles exacerbées sous l’Ups ou le Ps et plus tard, sous le régime du Pds. Le deuxième facteur, c’est que l’Apr est venue au pouvoir sans se structurer. Ainsi, est-elle en train de faire face au choc des ambitions de chaque leader au niveau local. Ce sont des comportements compréhensibles, mais qui peuvent être dépassés, quand il s’agit de processus de conquête ou de reconquête du pouvoir. Il est possible, un effort de structuration pouvant permettre d’identifier un ou deux responsables, qui peuvent être désignés comme les animateurs du parti, à travers lesquels, tous peuvent se retrouver. Mais, la structuration, telle qu’elle est conçue, à savoir une vente des cartes ou un renouvellement, peut être fatale à l’Apr. Ce combat peut être reporté et laisser place à la réélection du président de la République.
Votre parti est renforcé par l’adhésion de Bécaye Diop, entre autres farouches adversaires. Ces venues sont-elles une nécessité ?
La coalition Macky 2012, au premier tour de la présidentielle de 2012, a obtenu 25% et pour qu’on puisse avoir les 51%, le minimum voulu pour que le président soit réélu, il faudrait certes beaucoup d’actions. Il faudrait une massification autour du président de la République. Or, la massification d’un parti politique au pouvoir ne peut se faire qu’en puisant dans l’opposition. De ce côté, je me réjouis de toutes les entrées saines. Que je sache, Bécaye Diop, ancien maire de Kolda, n’est pas en maille avec la justice. J’apprécie positivement son adhésion. Tout élément qui vient s’ajouter au parti, intègre le cadre qui crée une symbiose dans la marche du parti au niveau local. Et nous nous battrons pour que les autres membres de l’opposition rejoignent l’Apr.
Entretien réalisé par Ibrahima Khalil DIEME lateranga.info