Wal fadjri : Le dialogue politique a connu un nouveau tournant avec l’implication des autorités religieuses, notamment le Khalife général des Tidianes. Etes-vous optimiste quant à l’issue de ce dialogue ?
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : Je me félicite de cette démarche du Khalife général des Tidianes qui montre encore une fois que les autorités religieuses de ce pays oeuvrent tous les jours pour la paix et l’unité. C’est une bonne chose et tout le monde s’en félicite. Le rôle des chefs religieux, c’est aussi de s’occuper de la paix sociale dans le pays. Cependant, je dis souvent que nous, chefs religieux du Sénégal, nous devons commencer par balayer devant nos propres portes. Je veux dire par là que le plus important à mon humble avis, ce n’est certainement pas le dialogue entre le pouvoir et l’opposition. Nos chefs religieux doivent plutôt chercher à créer les conditions d’un dialogue entre les confréries pour aplanir les différends et petits malentendus qui surgissent tous les jours. Les exemples sont là à foison. On veut donner l’impression que tout marche bien entre les confréries, mais tout le monde sait que ce n’est pas vrai. Il y a trop de rivalités. C’est pourquoi, j’invite plutôt nos autorités religieuses à s’investir davantage dans ce domaine pour que l’entente et la cordialité règnent entre les confréries. Il faut que cessent ces divisions qui nous fragilisent. Je crois que c’est le plus important. Cela me ferait grand plaisir de voir par exemple le khalife général des Mourides aller à Tivaouane en visite d’amitié et le Khalife des Tidjanes en faire de même en se rendant à Touba, Kaolack, Ndiassane ou ailleurs. C’est comme ça que les Talibés pourront comprendre que nous formons une même famille et que nous aspirons au même but.
Wal fadjri : Vous voulez dire que le dialogue politique n’est pas une priorité et que les divergences ne sont pas que l’œuvre des hommes politiques ?
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : C’est sûr. Les divergences ne sont pas l’apanage des hommes politiques de notre pays. Tout le monde sait que entre les confréries au Sénégal, c’est une entente de façade. La preuve est qu’il y a juste quelques semaines, les propos d’un ministre de la République ont soulevé moult interprétations. Et cela a failli mal tourner. La raison est toute simple : c’est parce qu’on ne s’entend pas. Ces propos n’auraient jamais dû créer tout ce bruit si les musulmans de ce pays étaient unis. C’est parce qu’on est divisé que le moindre propos anodin peut créer un scandale. Donc dans ces conditions, je ne peux pas cautionner qu’on priorise le dialogue politique alors que le dialogue inter confrérique est en souffrance. Cela n’enlève en rien le mérite du Khalife général des Tidianes dont le geste doit être salué par tous.
‘Tout le monde sait que entre les confréries au Sénégal, c’est une entente de façade. La preuve est qu’il y a juste quelques semaines, les propos d’un ministre de la République ont soulevé moult interprétations’.
Wal fadjri : Pour en revenir au dialogue politique, n’est-il pas quand même temps que le pouvoir se mette autour d’une table avec son opposition ?
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : Il est impératif que le pouvoir et l’opposition se parlent. Il y va de l’intérêt de tous les Sénégalais. C’est pourquoi, je suis déçu quand j’entends l’opposition, notamment Bennoo Siggil Senegaal, qui pose des conditions pour aller à ce dialogue. Depuis qu’il est au pouvoir, le chef de l’Etat ne cesse d’appeler l’opposition au dialogue. J’ai même entendu Iba Der Thiam dire qu’il en était à son 19e appel. On ne peut vraiment pas faire mieux. Si cette opposition était animée par une bonne volonté et le souci de préserver la paix et la stabilité, elle ne devrait pas attendre qu’on l’appelle au dialogue. Cela devrait être spontané. Si les hommes politiques mettent en avant leurs intérêts crypto-personnels, il est évident que ce dialogue politique n’aura jamais lieu.
Wal fadjri : L’opposition s’est dit prête à dialoguer, mais elle veut surtout que ça tourne autour du processus électoral notamment le fichier qu’elle estime peu fiable.
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : Dire que ce fichier n’est pas fiable relève quand même de la mauvaise foi. Dire que Me Wade prépare des fraudes à partir du fichier électoral pour remporter les prochaines élections, c’est vouloir semer la confusion dans l’esprit des Sénégalais. Cette opposition n’a-t-elle pas remporté presque toutes les grandes villes du Sénégal, à commencer par Dakar, à l’issue des élections locales du 22 mars ? Et pourtant, c’est avec le même fichier. Celui qu’elle critique actuellement. Mais on n’a pas entendu un seul opposant, au sortir de ces élections, remettre en cause le fichier électoral. Que ces gens de l’opposition arrêtent donc de nous bassiner avec la question du fichier électoral. Cela n’a pas de sens. Ce fichier est piégé quand ils perdent les élections. Mais, quand ils gagnent, le fichier est irréprochable. On n’y comprend plus rien. Ces opposants devaient aujourd’hui se retrouver à l’Assemblée nationale pour défendre les intérêts du peuple. Malheureusement, ils ont préféré rester sur la touche et continuer à critiquer. C’est pourquoi on a du mal à croire que ces hommes politiques que j’entends et que je lis quotidiennement dans la presse sont mus par les intérêts des Sénégalais. En tout cas, je les supplie : qu’ils arrêtent de nous fatiguer avec le fichier. Ce disque est rayé. La vérité est que ces gens ne sont pas prêts à aller à des élections contre Me Wade. Et ils cherchent maintenant le raccourci en demandant sa démission sous prétexte qu’il est devenu trop vieux et sénile. Ce n’est pas sérieux tout ça ! On parle de publication de bulletin de santé par-ci, saisine du Conseil constitutionnel par-là. C’est à croire que cette opposition ne sait plus où donner de la tête. Moi, je demande à Me Wade de ne pas prêter attention à ces discours et autres invectives de l’opposition. Qu’il cherche plutôt à aider les populations. Au final, on verra qu’il sera réélu en 2012 sans problème. En vérité l’opposition est dépassée de loin par Me Wade. Les opposants sont toujours à la remorque de Me Wade.
Wal fadjri : La semaine dernière, un de vos condisciples, Serigne Modou Bousso Dieng, le président de l’association des guides jeunes marabouts a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2012. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : Cette candidature, j’en ai entendu parler comme tout le monde. Je dois dire que c’est son droit le plus absolu. La Constitution lui permet de se présenter à la présidentielle comme n’importe quel citoyen jouissant de ses droits civiques. Cependant, j’estime qu’avant de prendre une décision aussi importante que se présenter à une élection présidentielle, on doit quand même beaucoup réfléchir. Celui qui aspire à diriger ce pays, doit s’estimer capable de le faire. De sorte que quand il annoncera sa candidature, il ne sera pas la risée de tout le monde. Une chose est de vouloir diriger un pays, une autre est d’en avoir les capacités. Et je crois que si tout le monde réfléchissait comme cela, beaucoup de candidats se seraient désistés. La vérité est que certaines candidatures sont plus que de la diversion. C’est tout simplement du chantage. On sait comment ça se passe. Les gens annoncent leur candidature pour être reçus par Me Wade et bénéficier de ses largesses. C’est tout. Ce sont des maîtres-chanteurs. Et ce n’est la première fois qu’on voit des candidatures comme celle-là. On a tout vu à la présidentielle de 2007. Beaucoup de marabouts politiciens avaient annoncé leur candidature. Mais à l’arrivée, on a vu que c’était juste pour troquer cette candidature contre des mallettes d’argent. D’ailleurs, j’ai entendu que des ministres sont en train de faire des démarches pour faire renoncer Serigne Modou Bousso par rapport à son projet. Bien sûr qu’ils veulent le faire avec des mallettes d’argent. Mais je mets ici en garde Me Wade et tous ces démarcheurs : qu’ils arrêtent de distribuer de l’argent pour soi-disant chercher à bénéficier des soutiens de ces pseudo-candidats à la présidentielle. Ces gens n’ont personne derrière eux. Et j’estime que c’est quand même injuste de donner comme ça de l’argent à des maîtres-chanteurs alors que les militants qui triment nuit et jour pour la réélection de Me Wade sont laissés en rade. Il ne faut pas donner de l’importance à ces gens qui ne font chanter Me Wade. La chanson est maintenant connue : à l’approche des élections, des candidats aussi farfelus et impopulaires les uns que les autres apparaissent rien que pour que Me Wade prête attention à eux. Pourtant en âme et conscience, ces gens savent qu’ils ne peuvent pas aller loin. Il faut les laisser aller aux élections et se ridiculiser. On a vu ce qui s’est passé en 2007 avec certains candidats. Je le répète encore : il faut que les ministres et autres intermédiaires arrêtent de distribuer de l’argent aux maîtres-chanteurs. Sinon, nous allons tous faire comme eux parce que nous savons bien comment faire du chantage. Nul n’a le monopole du chantage.
Ce qui est regrettable c’est que dès que quelqu’un s’agite, des gens qui pensent faire plaisir à Me Wade accourent avec des mallettes d’argent. On lui donne 100 ou 200 millions et il se tait. Oubien, il déclare qu’il est maintenant un allié.
‘Il faut que ces marabouts politiciens arrêtent de faire chanter Me Wade. Je sais bien de quoi je parle parce qu’en 2007, je m’étais personnellement investi dans les démarches pour aller négocier le soutien d’un tel ou tel marabout-politicien qui a déclaré sa candidature’
Wal fadjri : Voulez-vous dire que c’est ce qui s’est passé en 2007 avec tous ces soutiens de Me Wade ?
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : Bien sûr ! Beaucoup de marabouts politiciens ont adopté cette stratégie. C’est grave. Il faut que ces marabouts politiciens arrêtent de faire chanter Me Wade. Je sais bien de quoi je parle parce qu’en 2007, je m’étais personnellement investi dans les démarches pour aller négocier le soutien d’un tel ou tel marabout-politicien qui a déclaré sa candidature. Cela doit cesser. Sinon il n’y aura que ces maîtres-chanteurs.
Wal fadjri : Ne pensez-vous pas que c’est Me Wade qui a favorisé tout cela en négociant certains soutiens avec des mallettes d’argent ?
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : Je suis parfaitement d’accord avec vous. Et c’est pourquoi ce que je dis là, c’est une mise en garde. Je suis contre cette manière de faire. Nous qui défendons le chef de l’Etat sans conditions ni chantage, nous sommes frustrés par ces choses-là. Il faut que ceux qui aspirent à diriger ce pays soient plus sérieux. Une élection présidentielle, ce n’est pas une petite affaire. L’avenir du pays en dépend. Il y a des candidats qui savent pertinemment qu’ils ne seront jamais président de la République du Sénégal. Tout ce qui les intéresse c’est que les gens parlent d’eux. C’est tout. Ce que je suis en train de dire là, tous ceux qui sont mus par les intérêts du Sénégal peuvent le dire.
Wal fadjri : Serigne Modou Bousso Dieng dit avoir reçu l’aval de Touba et de certains chefs religieux.
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : Cela ne veut rien dire. Je vais vous expliquer un peu. Les hommes politiques font le tour des familles maraboutiques et quand ils sortent de cette audience, ils annoncent qu’ils bénéficient du soutien de tel khalife ou tel autre. Rien de plus faux que ça. En réalité, les khalifes généraux reçoivent tout le monde. Et quand vous leur exposez votre problème, ils vont naturellement vous écouter et prier pour vous. Cela ne signifie nullement que ce khalife vous soutient. Ca se passe comme ça avec tous les hommes politiques. Malheureusement certains tentent de manipuler l’opinion en faisant croire qu’ils ont reçu l’onction de tel ou tel guide religieux.
Propos recueillis par Georges Nesta DIOP
Source Walfadjri
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : Je me félicite de cette démarche du Khalife général des Tidianes qui montre encore une fois que les autorités religieuses de ce pays oeuvrent tous les jours pour la paix et l’unité. C’est une bonne chose et tout le monde s’en félicite. Le rôle des chefs religieux, c’est aussi de s’occuper de la paix sociale dans le pays. Cependant, je dis souvent que nous, chefs religieux du Sénégal, nous devons commencer par balayer devant nos propres portes. Je veux dire par là que le plus important à mon humble avis, ce n’est certainement pas le dialogue entre le pouvoir et l’opposition. Nos chefs religieux doivent plutôt chercher à créer les conditions d’un dialogue entre les confréries pour aplanir les différends et petits malentendus qui surgissent tous les jours. Les exemples sont là à foison. On veut donner l’impression que tout marche bien entre les confréries, mais tout le monde sait que ce n’est pas vrai. Il y a trop de rivalités. C’est pourquoi, j’invite plutôt nos autorités religieuses à s’investir davantage dans ce domaine pour que l’entente et la cordialité règnent entre les confréries. Il faut que cessent ces divisions qui nous fragilisent. Je crois que c’est le plus important. Cela me ferait grand plaisir de voir par exemple le khalife général des Mourides aller à Tivaouane en visite d’amitié et le Khalife des Tidjanes en faire de même en se rendant à Touba, Kaolack, Ndiassane ou ailleurs. C’est comme ça que les Talibés pourront comprendre que nous formons une même famille et que nous aspirons au même but.
Wal fadjri : Vous voulez dire que le dialogue politique n’est pas une priorité et que les divergences ne sont pas que l’œuvre des hommes politiques ?
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : C’est sûr. Les divergences ne sont pas l’apanage des hommes politiques de notre pays. Tout le monde sait que entre les confréries au Sénégal, c’est une entente de façade. La preuve est qu’il y a juste quelques semaines, les propos d’un ministre de la République ont soulevé moult interprétations. Et cela a failli mal tourner. La raison est toute simple : c’est parce qu’on ne s’entend pas. Ces propos n’auraient jamais dû créer tout ce bruit si les musulmans de ce pays étaient unis. C’est parce qu’on est divisé que le moindre propos anodin peut créer un scandale. Donc dans ces conditions, je ne peux pas cautionner qu’on priorise le dialogue politique alors que le dialogue inter confrérique est en souffrance. Cela n’enlève en rien le mérite du Khalife général des Tidianes dont le geste doit être salué par tous.
‘Tout le monde sait que entre les confréries au Sénégal, c’est une entente de façade. La preuve est qu’il y a juste quelques semaines, les propos d’un ministre de la République ont soulevé moult interprétations’.
Wal fadjri : Pour en revenir au dialogue politique, n’est-il pas quand même temps que le pouvoir se mette autour d’une table avec son opposition ?
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : Il est impératif que le pouvoir et l’opposition se parlent. Il y va de l’intérêt de tous les Sénégalais. C’est pourquoi, je suis déçu quand j’entends l’opposition, notamment Bennoo Siggil Senegaal, qui pose des conditions pour aller à ce dialogue. Depuis qu’il est au pouvoir, le chef de l’Etat ne cesse d’appeler l’opposition au dialogue. J’ai même entendu Iba Der Thiam dire qu’il en était à son 19e appel. On ne peut vraiment pas faire mieux. Si cette opposition était animée par une bonne volonté et le souci de préserver la paix et la stabilité, elle ne devrait pas attendre qu’on l’appelle au dialogue. Cela devrait être spontané. Si les hommes politiques mettent en avant leurs intérêts crypto-personnels, il est évident que ce dialogue politique n’aura jamais lieu.
Wal fadjri : L’opposition s’est dit prête à dialoguer, mais elle veut surtout que ça tourne autour du processus électoral notamment le fichier qu’elle estime peu fiable.
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : Dire que ce fichier n’est pas fiable relève quand même de la mauvaise foi. Dire que Me Wade prépare des fraudes à partir du fichier électoral pour remporter les prochaines élections, c’est vouloir semer la confusion dans l’esprit des Sénégalais. Cette opposition n’a-t-elle pas remporté presque toutes les grandes villes du Sénégal, à commencer par Dakar, à l’issue des élections locales du 22 mars ? Et pourtant, c’est avec le même fichier. Celui qu’elle critique actuellement. Mais on n’a pas entendu un seul opposant, au sortir de ces élections, remettre en cause le fichier électoral. Que ces gens de l’opposition arrêtent donc de nous bassiner avec la question du fichier électoral. Cela n’a pas de sens. Ce fichier est piégé quand ils perdent les élections. Mais, quand ils gagnent, le fichier est irréprochable. On n’y comprend plus rien. Ces opposants devaient aujourd’hui se retrouver à l’Assemblée nationale pour défendre les intérêts du peuple. Malheureusement, ils ont préféré rester sur la touche et continuer à critiquer. C’est pourquoi on a du mal à croire que ces hommes politiques que j’entends et que je lis quotidiennement dans la presse sont mus par les intérêts des Sénégalais. En tout cas, je les supplie : qu’ils arrêtent de nous fatiguer avec le fichier. Ce disque est rayé. La vérité est que ces gens ne sont pas prêts à aller à des élections contre Me Wade. Et ils cherchent maintenant le raccourci en demandant sa démission sous prétexte qu’il est devenu trop vieux et sénile. Ce n’est pas sérieux tout ça ! On parle de publication de bulletin de santé par-ci, saisine du Conseil constitutionnel par-là. C’est à croire que cette opposition ne sait plus où donner de la tête. Moi, je demande à Me Wade de ne pas prêter attention à ces discours et autres invectives de l’opposition. Qu’il cherche plutôt à aider les populations. Au final, on verra qu’il sera réélu en 2012 sans problème. En vérité l’opposition est dépassée de loin par Me Wade. Les opposants sont toujours à la remorque de Me Wade.
Wal fadjri : La semaine dernière, un de vos condisciples, Serigne Modou Bousso Dieng, le président de l’association des guides jeunes marabouts a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2012. Comment avez-vous accueilli cette nouvelle ?
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : Cette candidature, j’en ai entendu parler comme tout le monde. Je dois dire que c’est son droit le plus absolu. La Constitution lui permet de se présenter à la présidentielle comme n’importe quel citoyen jouissant de ses droits civiques. Cependant, j’estime qu’avant de prendre une décision aussi importante que se présenter à une élection présidentielle, on doit quand même beaucoup réfléchir. Celui qui aspire à diriger ce pays, doit s’estimer capable de le faire. De sorte que quand il annoncera sa candidature, il ne sera pas la risée de tout le monde. Une chose est de vouloir diriger un pays, une autre est d’en avoir les capacités. Et je crois que si tout le monde réfléchissait comme cela, beaucoup de candidats se seraient désistés. La vérité est que certaines candidatures sont plus que de la diversion. C’est tout simplement du chantage. On sait comment ça se passe. Les gens annoncent leur candidature pour être reçus par Me Wade et bénéficier de ses largesses. C’est tout. Ce sont des maîtres-chanteurs. Et ce n’est la première fois qu’on voit des candidatures comme celle-là. On a tout vu à la présidentielle de 2007. Beaucoup de marabouts politiciens avaient annoncé leur candidature. Mais à l’arrivée, on a vu que c’était juste pour troquer cette candidature contre des mallettes d’argent. D’ailleurs, j’ai entendu que des ministres sont en train de faire des démarches pour faire renoncer Serigne Modou Bousso par rapport à son projet. Bien sûr qu’ils veulent le faire avec des mallettes d’argent. Mais je mets ici en garde Me Wade et tous ces démarcheurs : qu’ils arrêtent de distribuer de l’argent pour soi-disant chercher à bénéficier des soutiens de ces pseudo-candidats à la présidentielle. Ces gens n’ont personne derrière eux. Et j’estime que c’est quand même injuste de donner comme ça de l’argent à des maîtres-chanteurs alors que les militants qui triment nuit et jour pour la réélection de Me Wade sont laissés en rade. Il ne faut pas donner de l’importance à ces gens qui ne font chanter Me Wade. La chanson est maintenant connue : à l’approche des élections, des candidats aussi farfelus et impopulaires les uns que les autres apparaissent rien que pour que Me Wade prête attention à eux. Pourtant en âme et conscience, ces gens savent qu’ils ne peuvent pas aller loin. Il faut les laisser aller aux élections et se ridiculiser. On a vu ce qui s’est passé en 2007 avec certains candidats. Je le répète encore : il faut que les ministres et autres intermédiaires arrêtent de distribuer de l’argent aux maîtres-chanteurs. Sinon, nous allons tous faire comme eux parce que nous savons bien comment faire du chantage. Nul n’a le monopole du chantage.
Ce qui est regrettable c’est que dès que quelqu’un s’agite, des gens qui pensent faire plaisir à Me Wade accourent avec des mallettes d’argent. On lui donne 100 ou 200 millions et il se tait. Oubien, il déclare qu’il est maintenant un allié.
‘Il faut que ces marabouts politiciens arrêtent de faire chanter Me Wade. Je sais bien de quoi je parle parce qu’en 2007, je m’étais personnellement investi dans les démarches pour aller négocier le soutien d’un tel ou tel marabout-politicien qui a déclaré sa candidature’
Wal fadjri : Voulez-vous dire que c’est ce qui s’est passé en 2007 avec tous ces soutiens de Me Wade ?
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : Bien sûr ! Beaucoup de marabouts politiciens ont adopté cette stratégie. C’est grave. Il faut que ces marabouts politiciens arrêtent de faire chanter Me Wade. Je sais bien de quoi je parle parce qu’en 2007, je m’étais personnellement investi dans les démarches pour aller négocier le soutien d’un tel ou tel marabout-politicien qui a déclaré sa candidature. Cela doit cesser. Sinon il n’y aura que ces maîtres-chanteurs.
Wal fadjri : Ne pensez-vous pas que c’est Me Wade qui a favorisé tout cela en négociant certains soutiens avec des mallettes d’argent ?
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : Je suis parfaitement d’accord avec vous. Et c’est pourquoi ce que je dis là, c’est une mise en garde. Je suis contre cette manière de faire. Nous qui défendons le chef de l’Etat sans conditions ni chantage, nous sommes frustrés par ces choses-là. Il faut que ceux qui aspirent à diriger ce pays soient plus sérieux. Une élection présidentielle, ce n’est pas une petite affaire. L’avenir du pays en dépend. Il y a des candidats qui savent pertinemment qu’ils ne seront jamais président de la République du Sénégal. Tout ce qui les intéresse c’est que les gens parlent d’eux. C’est tout. Ce que je suis en train de dire là, tous ceux qui sont mus par les intérêts du Sénégal peuvent le dire.
Wal fadjri : Serigne Modou Bousso Dieng dit avoir reçu l’aval de Touba et de certains chefs religieux.
Serigne Modou Bara Doly Mbacké : Cela ne veut rien dire. Je vais vous expliquer un peu. Les hommes politiques font le tour des familles maraboutiques et quand ils sortent de cette audience, ils annoncent qu’ils bénéficient du soutien de tel khalife ou tel autre. Rien de plus faux que ça. En réalité, les khalifes généraux reçoivent tout le monde. Et quand vous leur exposez votre problème, ils vont naturellement vous écouter et prier pour vous. Cela ne signifie nullement que ce khalife vous soutient. Ca se passe comme ça avec tous les hommes politiques. Malheureusement certains tentent de manipuler l’opinion en faisant croire qu’ils ont reçu l’onction de tel ou tel guide religieux.
Propos recueillis par Georges Nesta DIOP
Source Walfadjri