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«Si nous voulions lancer un mauvais message au peuple sénégalais, ce serait d’ouvrir les vannes et d’accueillir des transhumants»

Rédigé par leral.net le Jeudi 29 Mars 2012 à 17:58 | | 0 commentaire(s)|

Candidat malheureux à l’élection présidentielle, Cheikh Bamba Dièye, leader du Front pour le socialisme et la démocratie/Benno jubël (Fsd/Bj), brise le silence. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, hier, le député-maire de Saint-Louis donne son sentiment sur l’accession de Macky Sall à la magistrature suprême et conseille à ce dernier de «ne pas régler des comptes». À l’en croire, ce qui est important, c’est que l’on n’oublie pas «ce par quoi les Sénégalais sont passés pour arriver là».


«Si nous voulions lancer un mauvais message au peuple sénégalais, ce serait d’ouvrir les vannes et d’accueillir des transhumants»
Quel est votre sentiment après l’accession au pouvoir de Macky Sall ?
Nous rendons grâce à Dieu d’abord, remercions et félicitons le peuple sénégalais pour sa maturité, même si cela ne nous étonne pas, puisque nous étions pour le changement, le renouveau. Ensuite, nous félicitons le président Macky Sall et prions pour que Dieu l’assiste et l’aide par rapport à l’immensité de la tâche qui l’attend, et lui donne les moyens de sa politique. Les priorités au Sénégal sont innombrables, elles sont à tous les niveaux. Ce qu’il y a d’urgent pour nous, c’est surtout le ton et la manière de débuter. Je crois qu’il s’est déjà inscrit dans cette dynamique en parlant de beaucoup d’humilité, de beaucoup de travail et d’engagement auprès des Sénégalais. Il doit faire en sorte que les citoyens sentent véritablement que l’État, le gouvernement, tous les décideurs sont au chevet du Sénégal et des Sénégalais, pour leur apporter les solutions à leurs problèmes.

On est en face d’une alternance générationnelle. Qu’est-ce qui pourrait faire la différence dans la gestion de l’État ?
Dès qu’on a un nouveau président de la République, on est en droit de nous attendre à beaucoup de changements. C’est quelqu’un de notre génération qui arrive à la tête de l’État, et ce que nous espérons, et je suis sûr que nous aurons certainement des changements dans la méthode, la mentalité, et surtout beaucoup de garanties par rapport à la crédibilité des hommes et des femmes qui seront à ses côtés pour pouvoir aider le Sénégal. Je pense qu’il est hors de question d’effacer une génération pour la remplacer par une autre. Il s’agit de faire un amalgame judicieux, en laissant beaucoup de respiration à tous ces hommes et femmes de notre génération qui ont été formés et bien formés, et qui peuvent apporter énormément de choses. Un alliage avec tous ceux-là qui sont nos aînés et qui ont des capacités réelles et une expérience avérée, et que, de cette symbiose-là puisse sortir quelque chose qui sera très utile et très intéressant.

Cheikh Bamba Dièye est-il intéressé par un poste ministériel dans le futur gouvernement de Macky Sall ?
Le soutien que j’ai apporté à Macky Sall est un soutien sincère et désintéressé. C’est un soutien certainement pour lui, mais beaucoup plus pour le Sénégal. J’ai une claire conscience qu’aujourd’hui, les gens doivent avoir beaucoup plus de tolérance et surtout de compréhension par rapport à l‘immensité des tâches qui l’attendent, et il est important qu’on lui laisse de la place, qu’on lui laisse le soin de prendre de l’emprise. Ce que l’on attend de bien et d’extraordinaire de notre pays peut venir d’abord de lui, les choses doivent être très claires, il faudrait que l’on sache que les gens sont-là, sont à sa disposition. En tout état de cause, nous ne faisons pas de confusion. Je voulais vraiment que le Sénégal change d’image, de posture. Nous avons un nouveau président de la République, tout ce que nous pouvons faire pour lui, c’est prier, l’aider, quand nous avons les possibilités de le faire, et ne pas l’encombrer. Mais, il faut surtout lui donner le temps, parce qu’il a énormément d’urgences à régler dans l’immédiat. Et pour cela, je fais totalement confiance à Macky Sall sur ses capacités à gérer ce pays, et je ne me fais pas de soucis. Je n’ai pas besoin de rôder, ni même de me faire voir, parce que, ce que j’avais à faire, je le faisais pour le Sénégal. Et les Sénégalais ont réagi positivement, ‘Alhamdoulilah’. Je suis totalement satisfait. Je suis récompensé. Mon combat était pour que Wade parte, et aujourd’hui, c’est le cas. Mais, je reste quand même à la disposition de mon pays, pour aider.

Et si Macky Sall venait à vous solliciter pour entrer dans son gouvernement ?
On parlera de cela le moment venu, mais, croyez— moi, je suis dans la dynamique de servir le Sénégal à tous les niveaux. Je pense que je serais toujours dans des positions de travailler pour le Sénégal. Je suis très positif dans mon attitude, je donne sans rien attendre en retour. Et je continuerais à donner, tant que j’en aurais la possibilité, pour le Sénégal. Je pense que j’ai beaucoup de sentiments positifs vis-à-vis de Macky Sall, et tout ce qui sera en mon pouvoir pour l’appuyer, je le ferais.

Croyez-vous que le nouveau président pourrait développer rapidement le pays?
Il faut rappeler aux Sénégalais qu’en 2000, Wade avait été élu parce que nous avions des attentes. 12 ans après, les mêmes attentes ne sont pas résolues. Ce qui veut dire que nombre de nos préoccupations n’ont pas été prises en charge. Un nouveau pouvoir est actuellement en place, mais, si nous, les Sénégalais, pensons que nous avons élu à la tête de l’État un magicien, commençons à penser qu’immédiatement les problèmes vont être réglés, mais nous sommes tous d’accord pour dire que l’ère de messie est terminée. Le Sénégal de nos rêves est à conquérir, et ce sera la conjugaison de l’effort de Macky Sall, de son gouvernement, mais aussi de tous les Sénégalais. Il faut que tout le monde se mette au travail, que l’étincelle magique, la génération spontanée, ces phénomènes-là doivent être terminées. Autant on sera exigeants avec le nouveau régime en place, autant les Sénégalais devront aussi être à la mesure de leurs attentes. Après que les études sortiront, les gens se rendront compte de l’état réel de l’économie nationale. En ce moment, nous serons tous avertis, et il n’y aura aucune autre forme de possibilité, que de nous mettre au travail. Aucun homme n’a, à lui seul, développé un pays. Tout le monde le dit.

Que vous inspire les félicitations adressées au président sortant ?
Il faudrait qu’après les félicitations adressées à Me Abdoulaye Wade, pour avoir reconnu sa défaite, ce qui est tout à fait à son honneur, que nous restions lucides, dans le sens que, pendant tout le combat, tout ce qu’il a pu faire pour rester au pouvoir, il l’a fait. Chaque fois qu’il a posé quelque chose, la détermination du peuple sénégalais s’est dressée devant lui pour endiguer ce phénomène-là. Aujourd’hui, il ne faudrait surtout pas que l’on s’enflamme, on doit certainement lui rendre hommage, pour tout ce qu’il a fait, le remercier pour la hauteur d’esprit, mais aussi rester froids, ne pas aller dans un esprit de vengeance, ni même à aller régler des comptes. Ce n’est pas le but essentiel, cela n’a aucun intérêt. Ce qui est important, c’est que l’on n’oublie pas ce par quoi nous sommes passés pour arriver là. C’était un combat dur, parce qu’Abdoulaye Wade n’a jamais rien lâché. Il n’a pas eu d’autre choix que d’accepter le verdict sans appel que les Sénégalais lui ont infligé. Quand les gens disent que notre système électoral est juste, je m’inscris en faux contre cela. Je dis que c’est la volonté des populations qui a amené le pouvoir en place à comprendre qu’il n’a pas d’autre choix que de laisser les élections se passer normalement. Nous avons compris avec ces élections, l’importance de la mobilisation citoyenne, qui est le garant de la stabilité, de la paix. Il ne faut jamais qu’on perde de vue cela.

Ne pensez-vous pas qu’il faudrait, quand même, que la lanterne des Sénégalais doit être éclairée par rapport à la gestion nébuleuse de certains dossiers par le défunt régime?
Un régime de droit et d’inventaires est une obligation, mais il ne faut pas non plus anticiper sur les événements. Il faut laisser les gens circuler librement dans ce pays, ne pas les inquiéter. Des éléments probants auront à justifier la culpabilité de tel ou de tel, et là, la loi fera ce qu’il faudra. Par contre, si nous voulions lancer un mauvais message au peuple sénégalais, ce serait d’ouvrir les vannes et d’accueillir des transhumants, pour les requalifier et leur donner d’autres possibilités, alors que, lorsqu’ils étaient à ces postes, ils n’accomplissaient pas bien leur travail. Par contre, des politiciens peuvent quitter des partis pour aller dans tel ou tel parti. Mais, je sais que le nouveau président Macky Sall est suffisamment averti de ce côté-là, et il saura mener à bien cette mission.

Le Fsd/Bj ira-t-il seul aux Législatives ou dans le cadre d’une Coalition ?
Pour la présidentielle, nous avons réalisé une très belle Coalition avec «Benno bokk yakaar». L’idéal serait que cette même dynamique qui nous a amené à appuyer et apporter notre contribution à l’élection de Macky Sall soit en droite ligne de ce que nous faisons, si nous continuons à lui apporter ce soutien, en lui offrant aussi une majorité confortable, pour qu’il puisse gouverner. Gouverner, comme il a lui-même eu à le dire, gouverner pour ceux-là qui l’ont aidé et appuyé. Et je pense que l’Assemblée nationale est essentielle dans le dispositif de gestion d’un pays. Et avoir des possibilités et des moyens d’être majoritaires là-bas me semble une alternative à ne pas négliger. Nous serons dans les meilleures dispositions pour discuter avec toute personne qui pourrait aller dans le sens de consolider ces acquis-là. Evidemment, le Fsd/bj est une formation politique majeure dans le pays, nous ne manquons pas de ressources pour faire tout ce qui est dans les possibilités d’un parti politique. Note option première sera de participer à cette Coalition «Benno bokk yakaar» qui manifeste déjà la volonté de vouloir aller ensemble aux Législatives.



SOURCE:Le populaire