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Sidy Lamine Niass, Pdg du groupe Walf : ‘Tous les jours, nous célébrons la venue de nouveaux agents’

Rédigé par leral.net le Vendredi 20 Janvier 2012 à 11:13 | | 0 commentaire(s)|

Le Président directeur général (Pdg) du groupe Wal Fadjri, Sidy Lamine Niass, était de passage, hier, à l’émission Sélébé Yoon de Walf Tv. Les récents départs massifs de journalistes et de techniciens faisaient que cette sortie du Pdg de Wal Fadjri était très attendue. Naturellement, il est revenu de long en large sur ces départs dont il a formellement minimisé l’impact sur le fonctionnement de la télévision avec l’arrivée de jeunes journalistes talentueux.Lors de ces échanges avec Walf Tv, Sidy Lamine Niasse n’a pas manqué de se prononcer sur les questions brûlantes de l’heure, la politique intérieure en cette veille d’élection présidentielle, avant de terminer par l’actualité internationale.


Sidy Lamine Niass, Pdg du groupe Walf : ‘Tous les jours, nous célébrons la venue de nouveaux agents’
e président de la République a décidé de faire de ce vendredi 20 janvier, une journée sans femme en prison… Quelle lecture de cette décision ?
Sidy Lamine NIASS : La journée prison sans femme est sans doute une offrande mystique qu’un marabout a ordonnée au président Wade, de faire sortir toutes les femmes de prison une journée et de les y retourner. Cela n’a aucune importance pour une prisonnière qui n’a pas encore purgé la totalité de sa peine. J’ai fait la prison et je parle en connaissance de cause. Tout prisonnier aimerait être libre une bonne fois pour toutes, au lieu de sortir pour un moment et de retourner en prison. C’est pourquoi, je suis fondé à croire que c’est une aumône.

L’on va vers une semaine décisive, mais lourde de dangers à cause du rassemblement du M23 et de la décision tant attendue du Conseil constitutionnel. Cela vous inquiète-t-il ?

C’est vrai, il y a de lourds dangers qui menacent la paix du pays. La situation est d’autant plus explosive que le Pds n’a qu’un seul candidat Abdoulaye Wade. Donc, la candidature de Wade passe où ça casse. Mais, dans les deux cas, cela ne peut que déboucher sur des violences incalculables. L’invalidation de la candidature de Wade par le Conseil constitutionnel va faire l’effet d’un tremblement de terre pour la majorité. Cela d’autant plus que tous les partisans de Wade n’auront plus le temps matériel pour rallier Idy ou Macky, car ils devront se préparer pour cette opération de ralliement. Cela va être source de violences.

Maintenant, si la candidature de Wade est validée, c’est une violation de la Constitution. Là aussi, le danger guette le pays. Car, l’opposition est déterminée à obtenir gain de cause. Si j’avais à donner un conseil au Pds, c’est d’avoir un plan B. D’ores et déjà, le Pds doit chercher un (autre) candidat autre que Wade. Cela peut être Karim ou Pape Diop ou même un autre, au cas où la candidature de Wade serait rejetée. Dans le cas contraire, le Pds aura deux candidats. D’ailleurs, cela va faciliter le travail du Conseil constitutionnel. Cependant, je suis optimiste que le Sénégal va traverser tranquillement cette période.

Quel est votre avis sur la candidature de Youssou Ndour ?

Je vais reprendre les propos de Wade à ce sujet en lui souhaitant bonne chance. Tout ce que je sais, c’est qu’il est déjà roi du Mbalax. Or, le titre de roi est supérieur à celui de président, et de président du Mbalax.

Le Groupe Wal Fadjri est aussi depuis quelque temps sur la sellette avec une dizaine de départs notés... Quelles en sont les raisons ?

Ces départs entrent dans l’ordre normal des choses. Ces neuf départs concernent des journalistes. Or, il y a une règle bien connue du journalisme qui veut que : les journalistes ne sont intéressés que par les trains qui n’arrivent pas à l’heure. La même règle veut aussi que les journalistes s’intéressent plus à un décès qu’à une naissance. En suivant ce parallélisme, on peut dire qu’à Wal Fadjri, tous les jours nous célébrons la venue de nouveaux agents. A ce jour, on ne peut pas compter le nombre de nouveaux agents qui rejoignent notre groupe de presse. Et, ce sont des professionnels bien formés et aguerris que nous accueillons. Mais, les gens ne s’attardent que sur les départs.

C’est pour dire que, lorsqu’on gère une entreprise de presse, vieille de vingt-neuf ans et qui a tous les supports (journaux, radios, imprimerie et une télévision) ces départs ne représentent pas grand chose. C’est la raison pour laquelle, on ne s’attarde pas sur cela. Car, notre groupe a d’autres ambitions. Le siège actuel de Wal Fadjri est bâti sur 500 m2. Or, nous disposons de cinq hectares à côté de l’aéroport de Ndiass pour y édifier le nouveau siège du groupe. Le futur siège de Wal Fadjri, avec l’Autoroute à péage, sera à quinze minutes de voiture d’ici. Donc, nous avons déjà réfléchi au futur du groupe. C’est vous dire que ce ne sont pas les départs de quelques agents qui vont empêcher la bonne marche du groupe.

Mieux, Wal Fadjri est le seul groupe de presse qui ne doit rien à l’Etat, en terme de fiscalité ou de cotisations sociales. Au moment où je vous parle, on est à jour sur tous nos engagements vis-à-vis des institutions de l’Etat. Donc, lorsque le président de la République annonce dans son discours à la nation une amnistie fiscale, ce n’est pas pour des entreprises de presse comme Wal Fadjri, mais c’est pour la Rts. Car sur les 10 milliards d’arriérés d’impôts que les organes de presse doivent à l’Etat, la Rts a la part du lion parce qu’elle doit huit milliards.

Le personnel du Groupe Wal Fadjri est aussi pris en compte dans son évolution. Ainsi, il y a un plan de carrière pour chaque agent. Toutes les fonctions sont ouvertes aux agents méritants. Parce qu’à la vérité, ni mes talibés, encore moins mes enfants ne travaillent au sein du Groupe Wal Fadjri. Cela peut se vérifier à tous les niveaux. Donc, pour tout agent, qui ambitionne de faire un plan de carrière dans le groupe jusqu’à la retraite, toutes les possibilités de promotion lui sont ouvertes. Par contre, il y a des agents dont l’ambition est de se servir de Wal Fadjri pour se faire un nom qu’ils vont monnayer au plus offrant, ailleurs. Or, on ne doit pas perdre de vue que la célébrité d’un présentateur d’émission de télé ou de radio est éphémère. Car, une émission, par essence, a une durée de vie limitée.

‘J’avoue que ce n’est pas de gaieté de cœur que je me sépare des uns et des autres. Cela m’a fait trop mal. Mais, dans la vie, il faut savoir tourner la page, et pour ce cas précis accepter qu’on est dans la gestion d’entreprise. Et à ce niveau, les sentiments n’ont pas leur place.’

En Tant que Pdg du groupe, est-ce que vous avez tenté de retenir ceux qui sont partis ?

Toute séparation est difficile. En tant ancien disciple et aujourd’hui guide religieux, personne ne peut me dénier cette qualité de pouvoir faire dans la générosité envers mes semblables humains. C’est pourquoi, j’avoue que ce n’est pas de gaieté de cœur que je me sépare des uns et des autres. Cela m’a fait trop mal. Mais, dans la vie, il faut savoir tourner la page et pour ce cas précis accepter qu’on est dans la gestion d’entreprise. Et à ce niveau, les sentiments n’ont pas leur place. Et me vient à l’esprit ce proverbe Wolof qui dit en substance : ‘Celui qui introduit un pied dans une tombe pour mettre fin à sa vie et celui qui veut décamper, on ne peut tenter aucune action pour leur faire changer d’avis’. Et, je suis de ceux qui pensent que les Wolof ont élaboré cet adage pour la gestion des hommes. Tout ce que j’ai pu, c’est de dire à ceux qui sont partis : ‘Au revoir’. J’ai comme philosophie de ne retenir personne. Parce que, je suis d’avis qu’on ne fait que ce que l’on aime. Par contre, si on force quelqu’un à faire ce qu’il n’aime pas avec de l’argent ou quelque chose d’autre, c’est de la peine perdue. Parce que le travail ne sera pas bien fait.

Je voudrai, simplement, rappeler à tout le monde que les piliers qui sont à la base de la fondation de l’entreprise de presse Wal Fadjri - autrement dit de l’idée jusqu’à la mise en œuvre - sont toujours là. L’idée de la création du journal Wal Fadjri, je l’ai partagée en premier avec Tidiane Kassé qui m’a été présenté par feu Abdou Latif Guèye de Jamra. Je lui disais, mon souhait est de faire du journalisme autrement que la façon de faire actuelle. A l’époque, il y avait une presse pour l’élite. Et les ‘sans voix’ comme les paysans, les ouvriers n’avaient pas droit à la parole dans les journaux de l’époque pour étaler leurs préoccupations. Il a aussitôt épousé ma vision de la presse. A l’époque, il écrivait à Takussan, un journal d’opposition fondé par l’actuel chef de l’Etat, Abdoulaye Wade.

Dès que les Tidiane (Kassé) ont trouvé l’idée de mon journal pertinente, je leur ai dit qu’il est donc temps de quitter Takussan, pour commencer un nouveau jour avec Wal Fadjri l’Aurore. D’ailleurs, à l’inauguration du siège du Groupe Wal Fadjri, j’ai rappelé au président de la République que les journalistes qu’il avait formés à l’époque constituent aujourd’hui encore l’ossature de Wal Fadjri. Il s’agit de Tidiane Kassé, de Abdourahmane Camara et de Jean Meïssa Diop. En plaisantant, le président Wade m’a dit qu’il allait m’envoyer la facture devant rembourser les frais de la formation de ces journalistes… Donc, je ne me suis pas séparé de mes compagnons d’autrefois. Mais, il faut savoir que l’audiovisuel a sa particularité.

Est-ce que vous avez cherché à savoir les causes de ces départs ?

Non. Parce que, ce que les gens ignorent, c’est que les travailleurs du groupe ne sont pas sous mon autorité directe. Je comprends que je sois la partie visible de l’iceberg. C’est comme le chef de l’Etat, il a des ministres, des directeurs, cela n’empêche qu’on l’accuse d’être responsable de tout. Dans chaque organe, il y a des chefs de desk qui sont sous l’autorité du rédacteur en chef. Et, ce sont les chefs qui évaluent les agents. Et je me fie à leurs appréciations sur les agents. C’est la raison pour laquelle, je ne peux pas passer outre pour m’adresser directement à un agent. Je ne fais que valider des propositions pour faire évoluer les agents. Je préfère cela qu’à la politique de débauchage d’agents d’autres organes.

D’aucuns pensent que le moment est venu pour que le Groupe Wal Fadjri ait sa convention-maison, en ce qui concerne les salaires…

Il y a cent soixante-quinze agents permanents à Wal Fadjri. Le jour où on adoptera une convention-maison, ce sera le début des difficultés financières. Tous les organes, qui l’ont fait, ont présentement de sérieuses difficultés. Je considère que la presse est aujourd’hui contaminée par les deux maladies incurables de la politique, c’est-à-dire la transhumance et les mallettes d’argent. Ces deux maux menacent la survie de la presse. Pour moi, l’actuelle convention collective qui régit les journalistes et les techniciens de la communication sociale est satisfaisante. Cette convention accorde aux journalistes les meilleurs salaires de la fonction publique. Elle n’est pas caduque. Cependant, il y a une inflation non maîtrisée qui touche tous les consommateurs qu’ils soient journalistes ou non. Tous se plaignent de la cherté de la vie. Je demeure convaincu qu’une simple hausse des salaires ne peut pas résoudre ce problème de la cherté de la vie.

En plus, le problème est ailleurs. Les patrons de presse créent des emplois. Mais, il faut un environnement économique pour que ces entreprises de presse puissent vivre. Or, aujourd’hui, il y a un problème d’environnement juridique et économique. Si la question de l’environnement économique de presse est résolue de façon claire avec une clef de répartition équitable de la publicité, en ce moment on pourra envisager une révision de la convention collective des journalistes.

C’est du fait de cette rareté de la publicité que Walf Tv ne pourra pas diffuser la Can 2012. Parce que la Rts nous demande 150 millions pour pourvoir diffuser tous les matchs, à l’exception du match d’ouverture et celui de la finale. Or, nos prospections nous montrent qu’on ne peut tabler que sur 10 millions de recettes publicitaires. Si on accepte cette offre, ce sera à notre perte. Or, moi, je fais la politique de mes moyens.

Par ailleurs, moi, je ne suis pas venu dans la presse pour me faire élire, ni pour le partage du pouvoir. J’ai exclu cela depuis le début. C’est pourquoi, je ne compte que sur mes ressources propres. Et, je ne suis pas prêt à hypothéquer l’indépendance et l’avenir du groupe.

‘Je considère que la presse est aujourd’hui contaminée par les deux maladies incurables de la politique, c’est-à-dire la transhumance et les mallettes d’argent. Ces deux maux menacent la survie de la presse.’

Ne pensez-vous pas que la fréquence des contrats à durée déterminée fait que les agents de Wal Fadjri sont faciles à débaucher ?

Je ne le pense pas. A mon avis, le travailleur qui prend la décision de faire sa carrière à Wal Fadjri, rien ne pourra le faire changer d’avis. Il faut noter que les Cdd sont des outils juridiques que le législateur a mis à la disposition de l’employeur pour le protéger. Donc, les Cdd constituent une soupape de sécurité. Si un travailleur ne donne pas satisfaction, il est loisible à l’employeur de ne pas renouveler son contrat. C’est tout.

Les journalistes de la télévision réclament des primes d’habillement et des véhicules…

J’ai trouvé une façon de faire la presse que je n’ai pas aimé du tout. Il s’agissait d’une presse où le journaliste était un citoyen à part, qui se mettait au-dessus de tout le monde. Je considère que, ce n’est pas la bonne façon de faire. Le journaliste est une personne comme les autres. Il doit être humble. La preuve, en tant que Pdg de Wal Fadjri, je ne m’octroie aucun privilège que mes autres collègues ont. Je n’ai pas de garde du corps, ni de chauffeur. Rien ne me distingue des autres Sénégalais. Je rencontre les citoyens partout : dans les cérémonies, les marchés et même au bureau. Et j’écoute ce que les gens ont à me dire. Pourquoi donc, un journaliste, fusse-t-il, de la télévision, ne peut pas prendre un car rapide pour ses déplacements ?

Il ne faut pas aussi que les journalistes pensent qu’à leur personne seulement. Ils oublient qu’il y a plus de 150 personnes dans le groupe, dans les autres services avec leur niveau de maîtrise. Ils veulent de beaux habits et des voitures, parce qu’ils sont aussi méritants que les journalistes. C’est pourquoi, je considère que ce que j’ai fait sur le plan médiatique est une révolution, tant dans la manière d’être, de faire et de voir le monde.

Pourquoi, la radio et la télé n’ont toujours pas de directeur ?

On a fait mieux que de nommer des directeurs à la radio et à la télé. La nouvelle stratégie du groupe, c’est d’avoir nommé Abdourahmane Camara comme directeur de la stratégie et de la communication, Jean Meïssa Diop comme médiateur et Tidiane Kassé comme directeur des rédactions. Chacun de ces responsables est en train de dérouler sa feuille de route. Maintenant au niveau de chaque organe, il y a des responsables pour assurer l’exécution des feuilles de route qui sont définies.

Propos rassemblés par Mamadou SARR (avec Walf Tv)