"En fait quand j'ai parlé avec les enfants, ils me disaient que j'étais là pour lutter contre l'excision. Mais moi, je leur disais que je ne lutte pas, que je suis venu apporter un message, que je suis venu pour promouvoir l'abandon de l'excision. Pour ne pas heurter les uns et les autres, ce qui est de nature à susciter des résistances par rapport au message. Nous avons même banni le mot mutilation et lutter contre l'excision de notre vocabulaire. Toujours est-il que nous avons commencé nos travaux avec beaucoup d’intérêts de la part des élèves. Mais au bout d'une quinzaine de minutes, nous avons reçu la visite d'une trentaine d'individus qui n'ont toutefois pas pu accéder à la salle parce que les professeurs s'étaient érigés en boucliers pour les bloquer. Quand j'ai demandé ce qui se passait, ils m'ont dit qu'ils voulait assister et je leur ai demandé de venir. Mais lorsque j'ai commencé à évoqué la loi qu'Abdou Diouf avait promulgué sur l'excision, ils m'ont interrompue pour me dire que le Khalife leur a demandé si je suis là pour lutter contre l'excision. Et si c'était le cas, je ferais mieux de quitter les lieux avant que quelque chose ne m'arrive. Je leur ai dit que je suis là pour apporter un message et non pour lutter contre. Ensuite, ils ont commencé à insulter et ils ont même blessé un enfant même moi ils ont failli me blesser. Ce qui est extraordinaire, c'est que ce sont les jeunes enfants qui étaient dans la salle qui se sont érigés en boucliers contre leurs propres frères pour leur dire qu'ils étaient intéressés par ce que je disais (...) Je ne suis pas étrangère à ces maux causés par ces pratiques anciennes. Je viens de Thionk Essyl, donc d'un milieu ou la pratique est vraiment ancrée. Et en tant qu'artiste et porteuse de voix, je me suis dit que ce serait d'impliquer des jeunes pour leur faire comprendre que c'est une violation flagrante de leurs droits. Avec l'excision, on peut devenir infertile, avoir des fistules, avoir le sida, avoir pleins de problèmes. Et ce sont des choses qui ne se réfutent pas parce qu'il y a des preuves à l'appui. Et cette pratique n'a rien à voir avec la religion musulmane".