La chute de Kismaayo n'était plus, vendredi matin, qu'une question d'heures. Le grand port du sud de la Somalie, aux mains des islamistes d'al-Chebab depuis quatre ans, était l'objet d'une imposante opération menée par les forces du gouvernement somalien, appuyées par celles de l'Union africaine et l'armée kényane.
Peu avant minuit, les troupes de la coalition ont débarqué sur les plages et dans les alentours des installations portuaires depuis quatre bâtiments. Dans le même temps, les soldats kényans attaquaient au sol la cité tandis que trois hélicoptères de combats leur ouvraient la voie. Cette opération coordonnée, rare sur le continent, semble avoir surpris al-Chebab.
«Nous avons tenu nos promesses. Kismaayo est tombé et est sous contrôle», assurait même, vendredi matin, Emmanuel Chirchir, un officier des Kenyan Defense Forces sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, un porte-parole d'al-Chebab, Cheikh Abdiaziz Abu-Musab, affirmait au contraire que «les moudjahidins résistaient à l'attaque despérée de l'ennemi».
Revers sévère
Selon des habitants, d'importants combats se déroulaient effectivement en centre-ville dans la matinée. «Les combattants d'al-Chebab sont dans les rues et convergent en voitures vers la ligne de front», expliquaient-ils.
Les experts militaires doutaient cependant de la capacité des miliciens islamistes à repousser l'offensive. Pensée depuis des mois, cette opération a été organisée en plusieurs vagues. Lundi et mardi, des avions ont bombardé des sites stratégiques, notamment l'aéroport ainsi que des dépôts d'armes. Jeudi, des tracts avaient été parachutés pour enjoindre les populations à quitter la ville.
Bien entraînés et équipés notamment par les Américains, les troupes africaines disposent de toutes les cartes pour vaincre. Al-Chebab ne l'ignore pas. Au cours des trois dernières semaines, son matériel lourd avait été évacué et bien des hommes avaient quitté la ville, comme si les miliciens se préparaient déjà à la défaite.
Pour al-Chebab, lié à al-Qaida, la perte du grand port, le dernier gros bastion sous son contrôle, représente un revers sévère. C'est depuis les quais de Kismaayo que les miliciens ont longtemps importé armes et munitions. Ils servaient aussi au commerce du charbon de bois vers le Golfe, qui constitue l'un des principaux revenus du groupe. Or, selon le rapport d'un panel d'experts de l'ONU, les finances d'al-Chebab ont déjà été durement affectées par les défaites successives autour des postes-frontières, fournisseurs de plantureuses taxes et de points de contrôle.
La retraite de Mogadiscio, à l'été 2011, avait déjà eu, au-delà du symbole, un gros impact économique. La milice, qui dirigeait presque tout le pays il y a quatre ans, n'a plus pour refuge que les campagnes du Sud. Nul ne s'aventure pour autant à prédire la fin prochaine d'al-Chebab. Le groupe conserve une importante capacité de nuisance et pourrait se réfugier dans une stratégie de guérilla terroriste qu'il maîtrise parfaitement.
LIRE AUSSI:
» Au chevet de la Somalie pour sortir du terrorisme
Par Tanguy Berthemet
Peu avant minuit, les troupes de la coalition ont débarqué sur les plages et dans les alentours des installations portuaires depuis quatre bâtiments. Dans le même temps, les soldats kényans attaquaient au sol la cité tandis que trois hélicoptères de combats leur ouvraient la voie. Cette opération coordonnée, rare sur le continent, semble avoir surpris al-Chebab.
«Nous avons tenu nos promesses. Kismaayo est tombé et est sous contrôle», assurait même, vendredi matin, Emmanuel Chirchir, un officier des Kenyan Defense Forces sur les réseaux sociaux. Sur Twitter, un porte-parole d'al-Chebab, Cheikh Abdiaziz Abu-Musab, affirmait au contraire que «les moudjahidins résistaient à l'attaque despérée de l'ennemi».
Revers sévère
Selon des habitants, d'importants combats se déroulaient effectivement en centre-ville dans la matinée. «Les combattants d'al-Chebab sont dans les rues et convergent en voitures vers la ligne de front», expliquaient-ils.
Les experts militaires doutaient cependant de la capacité des miliciens islamistes à repousser l'offensive. Pensée depuis des mois, cette opération a été organisée en plusieurs vagues. Lundi et mardi, des avions ont bombardé des sites stratégiques, notamment l'aéroport ainsi que des dépôts d'armes. Jeudi, des tracts avaient été parachutés pour enjoindre les populations à quitter la ville.
Bien entraînés et équipés notamment par les Américains, les troupes africaines disposent de toutes les cartes pour vaincre. Al-Chebab ne l'ignore pas. Au cours des trois dernières semaines, son matériel lourd avait été évacué et bien des hommes avaient quitté la ville, comme si les miliciens se préparaient déjà à la défaite.
Pour al-Chebab, lié à al-Qaida, la perte du grand port, le dernier gros bastion sous son contrôle, représente un revers sévère. C'est depuis les quais de Kismaayo que les miliciens ont longtemps importé armes et munitions. Ils servaient aussi au commerce du charbon de bois vers le Golfe, qui constitue l'un des principaux revenus du groupe. Or, selon le rapport d'un panel d'experts de l'ONU, les finances d'al-Chebab ont déjà été durement affectées par les défaites successives autour des postes-frontières, fournisseurs de plantureuses taxes et de points de contrôle.
La retraite de Mogadiscio, à l'été 2011, avait déjà eu, au-delà du symbole, un gros impact économique. La milice, qui dirigeait presque tout le pays il y a quatre ans, n'a plus pour refuge que les campagnes du Sud. Nul ne s'aventure pour autant à prédire la fin prochaine d'al-Chebab. Le groupe conserve une importante capacité de nuisance et pourrait se réfugier dans une stratégie de guérilla terroriste qu'il maîtrise parfaitement.
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