Au moins 25 personnes ont été tuées et de nombreuses grièvement blessées vendredi à Mogadiscio dans une attaque revendiquée par les islamistes shebab, visant un hôtel dans lequel se trouvait des ministres, députés et responsables somaliens.
Ce attentat contre l'établissement haut-de-gamme du Central Hotel, est le plus meurtrier en Somalie depuis près de deux ans. Le 14 avril 2013, une attaque suicide spectaculaire à Mogadiscio contre le principal tribunal de la capitale, suivi de l'explosion d'une voiture piégée, avaient fait au moins 34 morts parmi les civils.
Vendredi, une source à la présidence somalienne ayant requis l'anonymat évoquait "au moins 25 morts", précisant à l'AFP que le bilan pourrait augmenter vu la gravité des blessures. Selon elle, l'attaque, survenue lors de la prière musulmane du vendredi, est terminée.
Un policier sur place, Abdulrahman Ali, a quant à lui indiqué à l'AFP avoir vu onze corps. Plus tôt, une source sécuritaire occidentale avait parlé d'"une soixantaine de victimes", tuées ou blessées. Plusieurs ministres, députés et autres responsables somaliens se trouvaient à l'intérieur de l'hôtel, avait-elle précisé.
Une double explosion a été suivie par une intense fusillade à l'intérieur du Central Hotel, situé près de l'enceinte ultra-sécurisée de la Villa Somalia, complexe fortifié abritant la présidence somalienne et les bureaux du Premier ministre.
Selon la source à la présidence somalienne, le maire-adjoint de Mogadiscio a été tué, tandis que le vice-Premier ministre et le ministre des Transports ont été blessés. Au moins un député a été tué selon Radio-Mogadiscio qui a confirmé la mort du maire-adjoint de la capitale.
"Le bâtiment a été salement touché, les explosions étaient très puissantes et j'ai vu les corps de 11 personnes", a déclaré Aburahman Ali, le policier. "Il y avait aussi de très nombreux blessés, dont beaucoup grièvement", a-t-il ajouté.
- "Non-islamiques" -
Les insurgés islamistes shebab ont revendiqué l'attaque. "Nos "moujahidine" sont à l'intérieur du Central Hotel et ont attaqué sans peur", a déclaré à l'AFP par téléphone Abdulaziz Abu Musab, porte-parole militaire des shebab, "l'objectif est de tuer les responsables (somaliens) apostats".
Les shebab ont par le passé assuré vouloir tuer "un à un" tous les députés. Au moins huit d'entre eux sont morts dans des attentats ou assassinats ciblés depuis l'élection en septembre 2012 du Parlement.
Le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud a estimé qu'"attaquer des députés et des citoyens juste après la prière du vendredi" montrait que "les shebab sont non-islamiques et anti-démocratie", selon le compte Twitter de la présidence somalienne.
Les shebab ont essuyé depuis août 2011 une série ininterrompue de revers militaires et multiplient les actions de guérilla et les attentats, notamment à Mogadiscio.
Le 22 janvier, au moins cinq Somaliens ont été tués dans la capitale à la veille d'une visite du président turc Recep Tayyip Erdogan, par un attentat-suicide contre l'hôtel SYL abritant des membres de la délégation turque, lui aussi situé près de la présidence somalienne.
En décembre, un double attentat à la bombe avait fait 15 morts dans la localité de Baïdoa, dans le centre de la Somalie.
Ces derniers mois, les shebab ont privilégié les cibles symboliques et sécurisées, visant notamment en 2014 la Villa Somalia et le Parlement par deux fois, mais aussi le siège des services somaliens de renseignements, des convois de l'ONU ou le QG de la Force de l'Union africaine en Somalie (Amisom) le jour de Noël.
Les islamistes somaliens, liés à Al-Qaïda, ont en outre mené des attaques dans des pays fournissant des troupes à l'Amisom, spécialement au Kenya voisin où une série de raids a fait plus de 160 morts depuis juin. Ils ont également perpétré le spectaculaire assaut contre le centre commercial Westgate de Nairobi en septembre 2013, y tuant au moins 67 personnes.
Les shebab restent la principale menace pour la paix en Somalie où les premières élections multipartites au suffrage universel depuis plus de 40 ans sont prévues en 2016.
Le pays est privé de réelle autorité centrale depuis la chute du régime autoritaire du président Siad Barre en 1991. Il est depuis en état permanent de guerre civile, livré aux milices de chefs de guerre, aux gangs criminels et aux groupes islamistes.