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Sonko, Pastef et l’Economie : Le pessimisme paradoxal des marchands de désespoir

Rédigé par leral.net le Vendredi 21 Février 2025 à 21:35 | | 1 commentaire(s)|

« Sénégalais, n’ayez pas peur, souriez, soyez optimistes et confiants en l’avenir de notre grand pays promis à un avenir éclatant malgré le virus du désespoir que veut nous inoculer Pastef après avoir insufflé le ressentiment dans le cœur de la jeunesse. C’est inéluctable, notre pays est appelé à devenir le pays le plus riche de la CEDEAO comme l’est la Suisse ou le Luxembourg. Nous serons bientôt le pays le plus riche de la CEDEAO grâce à un certain nombre de déterminismes qui sont à la fois politique, géographique, historique et géopolitique. C’est juste une question de temps. Et le temps ne chôme pas. Ce que Pastef qui a perdu un an, n’a pas encore compris. Donc la mission essentielle de l’opposition notamment celle du Shadow cabinet est de voir comment rattraper le temps que nous allons perdre avec l’intermède Pastef.

Le discours pessimiste et désespérant de Pastef est paradoxal. Comment on peut être à la tête d’un pays pétrolier et gazier, qui a d’excellentes ressources humaines, qui a l’avantage comparatif d’être un ilot de stabilité dans sa région (comme la Suisse pendant des siècles), avoir une position géographique et géopolitique exceptionnelles, avoir le plébiscite des jeunes et avoir un discours aussi désespérant. Le Sénégal a tous les atouts et les déterminismes pour être une future Suisse mais il lui manque le « facteur immatériel » qui explique selon Peyrefitte les miracles économiques des pays sans ressources comme la Hollande, le Japon, la Suisse. Sans des ressources comme le Pétrole et le gaz et grâce à ce facteur immatériel, Wade et Macky Sall qui avaient une haute idée du Rang du Sénégal avaient réussi à faire d’un Sénégal indigent un Sénégal pré-émergent.

Pastef dont l’arrivée au pouvoir coïncide avec les premiers barils de pétrole et le gaz veut nous faire passer de l’Emergence à l’indigence. Quel paradoxe. Cela défie le bon sens économique et même le bon sens tout court. Les jeunes qui ont plébiscité Pastef se sont trompés de bonne foi car Pastef leur a vendu le rêve de Dubai avant qu’ils ne se réveillent au Venezuela. Le « facteur immatériel » est dans l’exception sénégalaise qui après avoir été l’exception politique doit devenir l’exception économique car le seul problème du Sénégal est l’économie, il n’est ni politique, ni institutionnel. Le facteur immatériel est aussi de dire aux Sénégalais que leur pays doit rester l’avant-garde et non pas à l’arrière garde avec les putschistes de l’AES.

En culpabilisant la richesse, Pastef veut l’égalité dans la pauvreté comme au Venezuela ou en Corée du Nord, les seuls pays qui ont encore les coopératives que Pastef veut réinventer plus de 30 ans après la chute de l’URSS. Avec Les coopératives urbaines qu’il propose pour lutter contre le chômage des jeunes, Sonko s’attaque aux symptômes de la maladie et pas à la cause. Et le Dr Manhatir qui a fait émerger la Malaisie a démontré en bon médecin que le sous-développement consiste à s’attaquer aux symptômes de la maladie (lutte contre la pauvreté) mais pas à la cause (l’absence ou la faiblesse de la création de richesses). Par exemple les Jakartas sont des symptômes de la maladie du chômage dont la cause est l’absence de création de richesses et d’industries. Aucun jeune ne rêve ou n’a l’ambition d’être Jakartaman. Et c’est la création de richesses qui fait défaut chez Sonko comme chez Madouro qui culpabilisent la richesse, sèment la peur, le doute et l’incertitude qui sont aux antipodes de la création de richesses qui exige de la confiance et de l’optimisme. L’émergence c’est quand, le créateur de richesse ou l’entrepreneur devient le moteur du système mais pas le fiscaliste.

La politique économique de Sonko rappelle la belle chanson des Beatles : the Taxman (le percepteur) où ils disent que même quand « tu fais une promenade, le percepteur va taxer tes pieds, quand il fait froid, il taxe le chauffage, quand tu as une voiture, il taxe la rue et il veut que tu le remercies de ne pas tout prendre ». Une économie centrée sur le Percepteur et pas sur le créateur de richesse ne peut être performante. Au lieu de fouetter l’orgueil des Sénégalais comme Roosevelt, Reagan, Trump, Manhatir, Lee Kuan Yew l’ont fait avec leurs peuples Pastef s’est engouffré dans la porte des lamentations à la recherche perpétuelle d’un bouc émissaire comme Macky Sall, le FMI, la Banque Mondiale, Donald Trump, la France et peut être bientôt le climat ou la planète Mars.

Avec un secrétaire d’Etat à l’encadrement du monde rural, les coopératives urbaines annoncées par Sonko, les magasins témoins et le recrutement des milliers de volontaires pour contrôler les prix, le Sénégal de Diomaye Sonko a quitté la voie de l’Emergence pour emprunter la route de la servitude dont parle le Nobel d’Economie Frederic Von Hayek. Hayek est cet économiste dont s’est inspiré Reagan et Thatcher pour lancer cette grande révolution conservatrice qui a freiné le déclin de la Grande Bretagne et redonné à l’Amérique sa grandeur avec Reagan en libérant les énergies, en redonnant confiance et le sens de la grandeur à leur pays.

Avec les marchands de désespoir que nous avons à la tête de l’Etat, le Sénégal ferme l’ère de la grandeur ouverte avec Wade. C’est pourquoi je prônais un demi-tour démocratique lors des législatives car les premiers mois de Diomaye avaient tous les symptômes de l’intermède de Morsi et des frères musulmans à la tête de l’Egypte. L’Egypte fit demi-tour avec le coup d’Etat de Sissi mais au Sénégal, une des plus vielles démocraties du continent le demi-tour ne peut être que démocratique. Comme on a raté l’occasion de faire demi-tour lors des législatives, on a laissé les marchands du désespoir nous engager sur l’autoroute à péage du déclin et de l’indigence après une folle chevauchée de Macky Sall vers l’Emergence. On ne fait pas émerger un pays avec des économies de bout de chandelles sur les machines à café et en réduisant les hauts fonctionnaires au KFC, Mc Do ou aux sandwichs grecs quand ils sont à l’Etranger.

L’émergence c’est le culte de la grandeur comme à Dubai où on est passé de dos de chameaux à une police qui patrouille en Lamborghini. Naturellement sur le principe on ne peut que se féliciter de l’effort de réduction de la dépense publique mais là n’est pas la solution. La solution est dans la production de richesse. Et sur ce plan, l’échec est flagrant car l’économie se fonde sur la confiance que PASTEF n’a jamais réussi à inspirer aux acteurs économiques.

En 1932, Roosevelt a sorti l’Amérique de sa crise économique la plus grave en redonnant confiance à un peuple en proie à un doute profond. Le Président Diomaye et son Premier Ministre ont réussi la prouesse de mettre dans le coma une économie en pleine croissance en semant la peur, le doute, l’incertitude. L’élection de Trump a relancé l’économie, fait bondir la bourse parce qu’il vend la confiance, la grandeur, flatte l’ego du peuple américain comme Roosevelt ou Kennedy avec sa nouvelle frontière (amener les américains sur la Lune alors qu’ils croyaient que le Pacifique était la dernière frontière) par contre le Président Diomaye et son Premier Ministre torturent tout un peuple qu’ils bombardent de mauvaises nouvelles à longueur de journée.

Le Sénégal aussi a besoin d’une nouvelle frontière, d’un nouvel horizon et c’est l’émergence économique. La nouvelle Frontière comme les urgences du pays sont économiques. Malheureusement sur le plan économique nous aurons 5 ans d’immobilisme comme le Baobab que Pastef a choisi comme symbole de son projet économique. Sur ce plan au moins ils sont clairs et cohérents. »

Dr Yoro Dia, Politologue,
Ancien Ministre