Un groupe d’utilisateurs de Twitter vient de passer plusieurs jours à dénoncer des militants athées et pro-LGBT vivant dans les pays du Golfe. Le Daily Beast rapporte qu’un certain compte old_gaes et ses fans épient les comptes Twitter en arabe qui postent des messages antireligieux ou pro-LGBT, et les envoient ensuite aux polices de pays très répressifs.
Le dimanche 19 juin, le compte @old_gaes a tweeté une capture d’écran de tweets du compte de @Pharaohoe, une jeune femme qui vit au Koweït. Il s’agit de messages datant de février dans lesquels elle avait remplacé le mot «domaine» par un mot d’argot signifiant «vagin» dans un verset du Coran.
L’utilisateur @old_gaes a demandé à ses followers de signaler les tweets de la jeune fille à diverses adresses gouvernementales. Le lundi 20 juin, le compte officiel de la police deDubai a répondu à @old_gaes en demandant «d’envoyer plus de détails» à une adresse email particulière.
L’utilisatrice @Pharaohoe a alors tweeté: «putain ils m’ont trouvé...je vais vomir...les gars, je désactive», avant d’effacer son compte.
La personne qui tweete sous le nom @old_gaes s’était félicitée de son action sur le réseau social:
«C’est la fin d’un autre athée et nous devons continuer à démasquer tous les athées arabes, et à prévenir les parents qui ne sont pas au courant.»
Selon le Daily Beast, il a lui-même désactivé son compte lundi soir après que des utilisateurs ont menacé de dénoncer un de ses tweets critique des Emirats Arabes Unis.
Ses followers sont très motivés par leur mission de délation, comme ici le compte @iBxdr:
«Les Arabes gays et athées vivent parmi nous, mais si chaque personne résiste et défend sa foi, et éduque les gays et les athées, ils disparaîtront de Twitter.»
Afra, une utilisatrice de Twitter basée à Dubaï a expliqué que le compte @old_gaes était «entièrement dédié aux dénonciations de personnes LGBT et ex-musulmans, ou au harcèlement de ces personnes jusqu’à ce qu’elles effacent leurs comptes.»
Après avoir soutenu @Pharaohoe sur Twitter, Afra a aussitôt été menacée par les trolls conservateurs.
Ces dénonciations peuvent être très dangereuses. En 2012, un Koweïti a été condamné à dix ans de prison pour avoir insulté le prophète Mahomet sur Twitter, et en 2013, un autre Koweïti a pris cinq ans pour un tweet sur la théologie sunnite et chiite.
Le Daily Beast a demandé à Twitter pourquoi les comptes de délateurs n’étaient pas suspendus, et un porte-parole a répondu que la direction ne faisait pas de commentaires sur des comptes individuels pour des raisons de vie privée et de sécurité.
slate.