Tout de même, il y’a lieu de préciser que mettre l’opposition et le pouvoir autour d’une table dans un temps si proche des joutes électorales ne doit certainement pas avoir pour objectif le partage du gâteau digne des régimes corrompus où l’argent mis en service libre par les corrupteurs est à la disposition des corrompus les plus talentueux et aux voix les plus audibles. Non ! Le dialogue politique ne doit pas être le lieu où l’on aménage des sièges au banquet dont le menu est financé par l’argent du contribuable, celui de la vente et du sacrifice de l’avenir du peuple.
Ces médiateurs du dialogue, à féliciter, doivent faire gaffe à ne pas se servir de ce portillon pour se hisser sur le strapontin du pouvoir comme s’y hisserait toute personne à la logique « des transhumants ».
Quelle pertinence donc pour un dialogue politique entre pouvoir et opposition ?
La pertinence, dans ce contexte donnant suite aux évènements du 23 juin, est d’abord dans la pleine appréciation du non-dialogue. Se replier dans le confort de la critique aveugle ou du silence méprisant à l’appel du peuple crée une situation de méfiance, d’anxiété, de tension et de blocage au moment où l’écoute devrait être érigée en valeur cardinale.
L’écoute devrait d’autant plus être de rigueur qu’au lendemain de cette date mémorable dans notre histoire politique, il n’y a de victoire que pour le peuple et il n’y a de vainqueur que le peuple. Ce 23 juin a permis la prise de parole des invincibles, de ceux qui n’ont pas de porte voix, ni de nom et au nom de qui l’on parle, l’on décide. Dès lors, tous les acteurs directs de notre démocratie doivent en prendre acte et se rendre compte qu’il n’y a d’issue qu’à travers le dialogue, le vrai. Et le vrai dialogue est aussi bien dans l’écoute que dans la parole. Dès lors, ouvrir le dialogue c’est créer un espace civilisé pour exprimer la défiance ou le désaccord et, partant, éviter le dogmatisme. Partant, ces portes voix de la semaine, pour ne pas dire de la petite semaine, doivent rester fidèles aux voix du peuple, des cris du 23 juin.
Le dialogue est une caractéristique de notre culture, un ciment de notre nation et la clé pour notre avenir. La particularité de la démocratie sénégalaise trouve ses fondements dans le sens du dialogue qui caractérise notre peuple. Le dialogue n’est jamais de trop tant que la porte qui y mène peut être ouverte. Aussi, notre citoyenneté démocratique et notre devoir de participer à consolider et à bâtir notre avenir commun doivent-ils renforcer notre ouverture à l’échange et au dialogue. Mais dialoguer n’est pas divertir ni se compromettre. C’est rechercher l’équilibre entre nos vérités et celles de l’autre, entre nos positions tranchées et celles des autres.
Le professeur Benjamin Barber, ancien conseiller de Bill Clinton a raison de soutenir : «"J’écoute" n’implique pas que je cherche la faille dans le discours de mon adversaire, ou le moyen d’extorquer un arrangement, ni que je le laisse poliment exprimer son avis. "J’écoute" signifie que je vais essayer de me mettre à la place de l’autre, tenter de le comprendre, m’efforcer de saisir ce qui nous est commun en gardant à l’esprit notre intérêt mutuel». En un mot l’empathie. Dans le cas d’espèce, notre intérêt mutuel est l’avenir du Sénégal et la nécessité du maintien de la paix et de la concorde pour le construire. Notre président a l’occasion de montrer qu’il est capable d’écouter. Notre opposition a l’opportunité de prouver qu’elle peut être digne de la confiance du peuple.
Quel sens peut bien avoir ce dialogue ?
Le sens de ce dialogue est d’éviter le chaos. Quoi qu’on puisse dire des mérites de notre peuple et de notre démocratie, nous frisons l’impasse et l’impasse mène à la confusion. Le malaise et le mal être exprimés des populations, les crispations de l’opposition et le silence à la limite du mépris de l’exécutif sont autant d’éléments justifiant un contexte socio-politique difficile. L’échange ouvert, respectueux, basé sur la prise en compte des préoccupations de chacun s’impose pour que jaillisse, à nouveau, la lumière du peuple serein ayant toujours fait notre fierté. Mais l’échange n’est pas un jeu de dupes où chacun se suffit de son intelligence et de sa position au mépris de celles de l’autre. Faire du dialogue un instrument créateur d’un espace vertueux où s’expriment la diversité des points de vue, des positions et des convictions pour aboutir aux compromis fondateurs des grandes nations, c’est là tout l’enjeu d’un dialogue politique ouvert à sept mois des élections présidentielles.
Quel contenu faut-il lui réserver ?
A l’heure actuelle, le dialogue doit servir à rassurer les différents partis prenants et le peuple sénégalais que :
Les élections présidentielles de 2012 seront totalement libres, indépendantes et transparentes ;
Le conseil constitutionnel est mis dans les conditions de liberté et de travail optimales pour valider ou invalider toute candidature, strictement selon les dispositions de la constitution ;
Il n’y aura de chasse à l’homme pour quiconque prendra le pouvoir ;
Le pays sera placé dans une situation préélectorale de gouvernabilité ;
Le rôle et la place des institutions de la république seront respectés par toutes les parties sous réserve qu’on leur garantisse la liberté qui sied à leur nature ;
Tout est mis en œuvre pour trouver à court, moyen et long terme, des solutions urgentes et concrètes sur la question de l’énergie.
Quelle position pour chacun des partis prenants ?
Pour le président et son régime, l’erreur de trop serait tout comportement méprisant vis-à-vis du peuple, opposition comme population. L’erreur serait aussi pour le président de trainer encore son pire handicap, son fils Karim et de persister à ne pas saisir que le peuple sénégalais ne peut comprendre, ni accepter, ni tolérer le piédestal sur lequel ce dernier est mis. Le président est accusé de deux maladies : l’autisme et l’égo. Trois maitres-mots doivent donc guider son ouverture au dialogue sans condition : « j’ai écouté, entendu et répondu ». C’est déjà un pas de décider de s’adresser aux sénégalais à la date du 14 juillet à travers une rencontre avec des élus, sensés représenter le peuple. Mais la vraie adresse au peuple devrait être marquée d’une solennité. Oui le ton solennel, direct, en dehors de toute rencontre servant de prétexte, en regardant chaque citoyen dans les yeux au journal de 20h ou lors d’une conférence de presse pour une déclaration expresse envoyant un signe d’égard et de respect à la population qui lui a fait deux fois confiance.
Il est tout simplement attendu que le président de la république dise clairement et en substance :
« Je vous remercie de m’avoir fait confiance... J’ai essayé de vous servir au mieux de mes capacités... J’ai certainement apporté satisfaction à certains égards…Et j’ai peut-être déçu à d’autres égards… Si tel est le cas, soyez assuré que mon combat a été de servir le pays et d’être le président à la hauteur de vos attentes… Par ailleurs, il est évident que ma candidature aux prochaines élections présidentielles a suscité beaucoup de remous eu regard à mon âge et aux nouvelles dispositions notre constitution…Abstraction faite de toute considération, je retire ma candidature et laisse au meilleur candidat bénéficiant de la confiance du peuple de poursuivre mon œuvre ainsi que celle de mes prédécesseurs… Je resterai toujours, en ce qui me concerne, et au mieux de mes moyens, au service du Sénégal. Pour éviter toute confusion, j’invite aussi mon fils Karim à qui je renouvelle toute ma confiance et ma reconnaissance à me présenter immédiatement sa démission du ministère dont il a la charge. Il pourra continuer à m’accompagner autrement pour le reste de mon mandat… Je m’engage à œuvrer avec mon parti, l’opposition, la société civile et toutes les forces vives de notre nation pour assurer toutes les conditions requises pour des élections libres, démocratiques et transparentes. ». Un tel message, surprendra, de manière heureuse, le monde entier et couperait l’herbe au pied de quiconque en voudrait personnellement à Wade et à sa famille et de quiconque aurait des ambitions malsaines pour notre démocratie. Ce serait, pour le président, la sortie par la grande porte dans l’honneur et la dignité. Ce serait aussi la preuve irréfutable qu’il n’est ni autiste, ni égocentrique et encore moins despote.
Pour l’opposition l’erreur serait d’égrener un chapelet de conditions ou de préalables au dialogue. Si la prudence doit être de mise étant entendu qu’il y’a clairement des oppositions et pas une opposition, certaines arrogances traduiraient plutôt une manque de confiance en soi, donc un aveu d’incompétence et une preuve d’immaturité pour mériter la confiance du peuple, ou autrement, et quelque saugrenu que cela puisse paraître, un appel du pied au pouvoir. L’erreur serait aussi de tenter de jeter le discrédit sur le groupe des six qui, pour l’instant, mérite félicitations, encouragements et a priori favorable.
Il est tout simplement du rôle de l’opposition qu’elle réponde sans condition et sans compromission à l’appel à la négociation en étant force de propositions, en restant en phase avec la volonté du peuple et en sachant maintenir, intelligemment, la pression requise pour éviter tout dérive du pouvoir. Il est évident que toute tentative d’avilir ou de déshonorer Wade sera parfaitement inutile, infertile et totalement infructueuse.
La médiation pour la paix est ouverte, l’équidistance est requise et l’intelligence ne serait pas de trop…
Saliou Dramé
saliou.drame@gmail.com
Ces médiateurs du dialogue, à féliciter, doivent faire gaffe à ne pas se servir de ce portillon pour se hisser sur le strapontin du pouvoir comme s’y hisserait toute personne à la logique « des transhumants ».
Quelle pertinence donc pour un dialogue politique entre pouvoir et opposition ?
La pertinence, dans ce contexte donnant suite aux évènements du 23 juin, est d’abord dans la pleine appréciation du non-dialogue. Se replier dans le confort de la critique aveugle ou du silence méprisant à l’appel du peuple crée une situation de méfiance, d’anxiété, de tension et de blocage au moment où l’écoute devrait être érigée en valeur cardinale.
L’écoute devrait d’autant plus être de rigueur qu’au lendemain de cette date mémorable dans notre histoire politique, il n’y a de victoire que pour le peuple et il n’y a de vainqueur que le peuple. Ce 23 juin a permis la prise de parole des invincibles, de ceux qui n’ont pas de porte voix, ni de nom et au nom de qui l’on parle, l’on décide. Dès lors, tous les acteurs directs de notre démocratie doivent en prendre acte et se rendre compte qu’il n’y a d’issue qu’à travers le dialogue, le vrai. Et le vrai dialogue est aussi bien dans l’écoute que dans la parole. Dès lors, ouvrir le dialogue c’est créer un espace civilisé pour exprimer la défiance ou le désaccord et, partant, éviter le dogmatisme. Partant, ces portes voix de la semaine, pour ne pas dire de la petite semaine, doivent rester fidèles aux voix du peuple, des cris du 23 juin.
Le dialogue est une caractéristique de notre culture, un ciment de notre nation et la clé pour notre avenir. La particularité de la démocratie sénégalaise trouve ses fondements dans le sens du dialogue qui caractérise notre peuple. Le dialogue n’est jamais de trop tant que la porte qui y mène peut être ouverte. Aussi, notre citoyenneté démocratique et notre devoir de participer à consolider et à bâtir notre avenir commun doivent-ils renforcer notre ouverture à l’échange et au dialogue. Mais dialoguer n’est pas divertir ni se compromettre. C’est rechercher l’équilibre entre nos vérités et celles de l’autre, entre nos positions tranchées et celles des autres.
Le professeur Benjamin Barber, ancien conseiller de Bill Clinton a raison de soutenir : «"J’écoute" n’implique pas que je cherche la faille dans le discours de mon adversaire, ou le moyen d’extorquer un arrangement, ni que je le laisse poliment exprimer son avis. "J’écoute" signifie que je vais essayer de me mettre à la place de l’autre, tenter de le comprendre, m’efforcer de saisir ce qui nous est commun en gardant à l’esprit notre intérêt mutuel». En un mot l’empathie. Dans le cas d’espèce, notre intérêt mutuel est l’avenir du Sénégal et la nécessité du maintien de la paix et de la concorde pour le construire. Notre président a l’occasion de montrer qu’il est capable d’écouter. Notre opposition a l’opportunité de prouver qu’elle peut être digne de la confiance du peuple.
Quel sens peut bien avoir ce dialogue ?
Le sens de ce dialogue est d’éviter le chaos. Quoi qu’on puisse dire des mérites de notre peuple et de notre démocratie, nous frisons l’impasse et l’impasse mène à la confusion. Le malaise et le mal être exprimés des populations, les crispations de l’opposition et le silence à la limite du mépris de l’exécutif sont autant d’éléments justifiant un contexte socio-politique difficile. L’échange ouvert, respectueux, basé sur la prise en compte des préoccupations de chacun s’impose pour que jaillisse, à nouveau, la lumière du peuple serein ayant toujours fait notre fierté. Mais l’échange n’est pas un jeu de dupes où chacun se suffit de son intelligence et de sa position au mépris de celles de l’autre. Faire du dialogue un instrument créateur d’un espace vertueux où s’expriment la diversité des points de vue, des positions et des convictions pour aboutir aux compromis fondateurs des grandes nations, c’est là tout l’enjeu d’un dialogue politique ouvert à sept mois des élections présidentielles.
Quel contenu faut-il lui réserver ?
A l’heure actuelle, le dialogue doit servir à rassurer les différents partis prenants et le peuple sénégalais que :
Les élections présidentielles de 2012 seront totalement libres, indépendantes et transparentes ;
Le conseil constitutionnel est mis dans les conditions de liberté et de travail optimales pour valider ou invalider toute candidature, strictement selon les dispositions de la constitution ;
Il n’y aura de chasse à l’homme pour quiconque prendra le pouvoir ;
Le pays sera placé dans une situation préélectorale de gouvernabilité ;
Le rôle et la place des institutions de la république seront respectés par toutes les parties sous réserve qu’on leur garantisse la liberté qui sied à leur nature ;
Tout est mis en œuvre pour trouver à court, moyen et long terme, des solutions urgentes et concrètes sur la question de l’énergie.
Quelle position pour chacun des partis prenants ?
Pour le président et son régime, l’erreur de trop serait tout comportement méprisant vis-à-vis du peuple, opposition comme population. L’erreur serait aussi pour le président de trainer encore son pire handicap, son fils Karim et de persister à ne pas saisir que le peuple sénégalais ne peut comprendre, ni accepter, ni tolérer le piédestal sur lequel ce dernier est mis. Le président est accusé de deux maladies : l’autisme et l’égo. Trois maitres-mots doivent donc guider son ouverture au dialogue sans condition : « j’ai écouté, entendu et répondu ». C’est déjà un pas de décider de s’adresser aux sénégalais à la date du 14 juillet à travers une rencontre avec des élus, sensés représenter le peuple. Mais la vraie adresse au peuple devrait être marquée d’une solennité. Oui le ton solennel, direct, en dehors de toute rencontre servant de prétexte, en regardant chaque citoyen dans les yeux au journal de 20h ou lors d’une conférence de presse pour une déclaration expresse envoyant un signe d’égard et de respect à la population qui lui a fait deux fois confiance.
Il est tout simplement attendu que le président de la république dise clairement et en substance :
« Je vous remercie de m’avoir fait confiance... J’ai essayé de vous servir au mieux de mes capacités... J’ai certainement apporté satisfaction à certains égards…Et j’ai peut-être déçu à d’autres égards… Si tel est le cas, soyez assuré que mon combat a été de servir le pays et d’être le président à la hauteur de vos attentes… Par ailleurs, il est évident que ma candidature aux prochaines élections présidentielles a suscité beaucoup de remous eu regard à mon âge et aux nouvelles dispositions notre constitution…Abstraction faite de toute considération, je retire ma candidature et laisse au meilleur candidat bénéficiant de la confiance du peuple de poursuivre mon œuvre ainsi que celle de mes prédécesseurs… Je resterai toujours, en ce qui me concerne, et au mieux de mes moyens, au service du Sénégal. Pour éviter toute confusion, j’invite aussi mon fils Karim à qui je renouvelle toute ma confiance et ma reconnaissance à me présenter immédiatement sa démission du ministère dont il a la charge. Il pourra continuer à m’accompagner autrement pour le reste de mon mandat… Je m’engage à œuvrer avec mon parti, l’opposition, la société civile et toutes les forces vives de notre nation pour assurer toutes les conditions requises pour des élections libres, démocratiques et transparentes. ». Un tel message, surprendra, de manière heureuse, le monde entier et couperait l’herbe au pied de quiconque en voudrait personnellement à Wade et à sa famille et de quiconque aurait des ambitions malsaines pour notre démocratie. Ce serait, pour le président, la sortie par la grande porte dans l’honneur et la dignité. Ce serait aussi la preuve irréfutable qu’il n’est ni autiste, ni égocentrique et encore moins despote.
Pour l’opposition l’erreur serait d’égrener un chapelet de conditions ou de préalables au dialogue. Si la prudence doit être de mise étant entendu qu’il y’a clairement des oppositions et pas une opposition, certaines arrogances traduiraient plutôt une manque de confiance en soi, donc un aveu d’incompétence et une preuve d’immaturité pour mériter la confiance du peuple, ou autrement, et quelque saugrenu que cela puisse paraître, un appel du pied au pouvoir. L’erreur serait aussi de tenter de jeter le discrédit sur le groupe des six qui, pour l’instant, mérite félicitations, encouragements et a priori favorable.
Il est tout simplement du rôle de l’opposition qu’elle réponde sans condition et sans compromission à l’appel à la négociation en étant force de propositions, en restant en phase avec la volonté du peuple et en sachant maintenir, intelligemment, la pression requise pour éviter tout dérive du pouvoir. Il est évident que toute tentative d’avilir ou de déshonorer Wade sera parfaitement inutile, infertile et totalement infructueuse.
La médiation pour la paix est ouverte, l’équidistance est requise et l’intelligence ne serait pas de trop…
Saliou Dramé
saliou.drame@gmail.com