Même si les Ndao sont originaires de la région de Kaffrine, du village de Sagna notamment, c’est à Kaolack qu’il faut retrouver les traces de l’ancien avocat général près de la cour d’Appel, Alioune Ndao. C’est dans cette ville que l’actuel procureur spécial a vu le jour au tout début du mois de mai de l’année 1954. En souvenance de ce magistrat qui est au cœur de la traque des dignitaires de l’ancien régime, ses quelques connaissances que nous avons rencontrées dans la ville de Mbossé se rappellent d’un jeune garçon pétri de courage et d’humour. « Cheikh Ndao, comme nous l’appelions, se distinguait par son courage. A chaque fois qu’il nous arrivait de croiser des groupes hostiles lors de nos excursions sur les rives du bras de mer « le Saloum », il était en première ligne pour défendre ses amis », témoigne, Alioune Faye, un habitant du quartier de Kasnack. Ses propos sont corroborés par Badara Guèye, un policier à la retraite, qui dit avoir connu l’actuel procureur au lycée Gaston Berger où il a partagé les bancs avec Cheikh Ndao pendant deux ans. « Il se montrait généralement calme en classe, mais à chaque fois qu’il venait à l’esprit d’un camarade de tenter de l’humilier, il sortait de ses gongs. De la même façon, il n’aimait pas qu’on lui marche dessus, il nous faisait rire à la moindre occasion », poursuit Badara Guèye.
« Un homme qui semble fuir la médiatisation »
Sur les nouvelles responsabilités de procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite confiée à cette vieille connaissance qu’il dit avoir perdu de vue, M. Guèye lui conseille de faire preuve de beaucoup de prudence dans un contexte où la moindre erreur peut se retourner contre lui. « A sa place, je prendrai mes entières responsabilités dans l’exécution de la mission qui m’a été donnée. Mais je veillerai à ce que mes prérogatives, les actes que j’accomplis dans le cadre de la traque, soient conformes à la loi ». Présentée sous les habits d’un parent du procureur Ndao, Mme Fatou Ndao, qui habite le quartier de Ndar Gou Ndao n’en remarque pas moins que son parent doit faire preuve de plus de discrétion dans l’exécution de sa mission : «Il a certes eu à gérer de grands dossiers en tant que procureur, mais la complexité des ceux qui sont relatifs aux biens mal acquis recommande qu’il s’arme de prudence dans le traitement des affaires qui sont sur sa table ». Quant à Ibou Ndao de Kasnack, qui se réclame de la même lignée que le magistrat, il est d’avis que c’est un homme sage au verbe prudent qui a été désigné. « Un homme qui semble fuir la médiatisation, comme planqué derrière le cerclage un peu sévère de ses lunettes. Il s’est forgé au fil des années une réputation de grand magistrat, alliée à celle d’une proximité avec les grands dossiers », a déclaré Ibou, non sans demander qu’on laisse son parent finir le travail qu’il a entamé pour le juger sur pièces.
« Moins on est passionné, plus on est efficace »
Mais à Kaolack également, il ne manque pas de gens qui, sans le connaître véritablement, reprochent au procureur spécial « son manque de charisme et au niveau de certains grands-places de la ville, il se chuchote « qu’il souffre d’une propension à la langue de bois. On admet aussi que sa sortie n’a vraiment pas suscité l'enthousiasme qu’on attendait. Les Saloum Saloum rencontré sont quasi unanimes à appeler leur fils à la sérénité, la discrétion dans le traitement des dossiers qu’il a en charge. M. Guèye, professeur domicilié au quartier Ndorong de Kaolack, est de ceux-là qui pensent que le procureur de la CREI n’a pas à faire autant de bruits pour bien mener sa mission. « Il n’est pas le seul dans la Cour de répression. Je dirai même que le rôle le plus important dans cette juridiction revient à la commission d’instruction dont les membres, à part la révélation de leurs noms dans la presse au lendemain de leur nomination, sont restés depuis lors inconnus du grand public », note l’enseignant. Qui ajoute que « dans la gestion d’un dossier de cette nature, moins on est passionné, plus on est efficace ». Même son de cloche au tribunal régional de Kaolack où, sous le couvert de l’anonymat, un travailleur interpelé confie : « Ne serait-ce que par considération de l’ampleur de la tâche et la complexité du travail qu’il aura à abattre, je n’envie guère Alioune Ndao ». Même si la capitale du bassin arachidier demeure sans contexte le terroir de naissance du procureur Alioune Ndao, qu’il a d’ailleurs quitté un peu tôt pour Dakar, Kaffrine est celui de ses ancêtres.
« Nous ne le connaissons que de nom »
Dans cette ville où nous avons mis le cap après Kaolack, il est très difficile de rencontrer quelqu’un qui peut nous parler du passé du magistrat en question. Tout ce qu’on nous répond dans le chef lieu de cette nouvelle région, c’est que les Ndao qui vivent dans cette ville tous comme ceux de Kaolack sont tous issus du village de Sagna situé aux confins de Malème Hodar sur la route de Tamba. « Nous ne le connaissons que de nom, mais nous savons que nous sommes apparentés », soutient Laye Ndao qui prie pour que le magistrat qui porte le même nom de famille que lui réussisse sa mission. Quasi-inconnu à Kaffrine, nous avons tout de même déniché un natif de la ville qui a bien voulu nous parler du magistrat qui est au cœur de la traque. De ce magistrat, Alioune Badara Mbengue, natif de Kaffrine dont il fut le préfet, retient un homme plein d’humour. « M. Ndao est un homme ouvert qui passe tout son temps à faire rire son entourage. C’est un travailleur parce que je n’ai aucun doute sur sa capacité à accomplir la mission qui lui a été confiée », dixit l’administrateur civil, qui se rappelle du passage de ce magistrat à Tamba. « Dans la capitale du Sénégal oriental, où nos chemins se sont croisés dans les années 2001, je retiens de l’homme avec qui j’ai souvent partagé la salle de réunion à l’occasion des conseils sur la sécurité, quelqu’un de très méticuleux qui sait se fixer des objectifs tout en se donnant les moyens de les atteindre. Moi, je suis optimiste sur l’issue de sa mission », a déclaré Alioune Badara Mbengue au sujet du magistrat en question.
Blessé au bras droit par ... Kunta Kinté
Même s’il est constant que Alioune Ndao est un Saloum-Saloum bon teint, il n’en demeure pas moins un Homo senegalensis qui a traîné sa bosse un peu partout dans le pays. Du parquet de Tamba qu’il a quitté pour la Cour d’appel de Dakar, en passant par le tribunal de Kolda en 1997, celui de Ziguinchor, qui fut son premier poste, l’actuel procureur semble avoir parcouru le Sénégal des profondeurs. A Kolda, où il avait sous ses ordres un certain Cheikhna Keïta, l’on raconte que les deux éléments de la machine judiciaire locale n’avaient pas toujours les points de vue convergents. Après Tamba, il a occupé le poste de conseiller technique au ministère de la Justice de 2003 à 2006. Une partie de la vie de Alioune Ndao s’est également faite dans la banlieue Dakar, au quartier Issa Mbathie de Nietty Mbar. Dans ce patelin, les souvenirs sur Alioune Ndao font part d’un enseignant répétiteur qui donnait des cours particuliers aux enfants des populations défavorisées de la localité. Il intégra la police en tant qu’élément de la 14ème promotion avec l’actuel directeur général de ce corps, le contrôleur général Codé Mbengue, les anciens joueurs de la police que sont Blek Ciss et Mansour Wade. Une connaissance, partie à la retraite, se souvient du jour fatidique où - à l’appel d’un regroupement dans le cadre d’une opération de maintien de l’ordre, lors des manifestations qui ont suivi la venue de Burning Spear à Dakar et la sortie du film sur Kunta Kinté - l’agent de police Alioune Ndao s’est blessé au bras droit.
« Nous pensons qu’il doit être un fervent mouride »
« C’était en 1982. On était au camp Sékou Mballo en train de se regrouper quand la grenade explosa entre les mains de Ndao qui perdit trois de ses doigts. Il sera muté dans d’autres services de la police. Ce qui facilita la poursuite de ses études jusqu’à l’obtention de sa maîtrise en droit via la capacité. Une fois ce diplôme en poche, témoigne un autre de ses collègues, Alioune Ndao a demandé a être copté dans le corps des officiers de police. Il lui est refusé cette faveur, mais perspicace dans sa volonté d’aller plus loin, il se présenta au cours de l’Enam qu’il réussit la même année. Il faut dire du magistrat Alioune Ndao qui a été décoré au passage de l’ordre du mérite en 2009, qu’il est resté profondément attaché à la banlieue. Il vit avec sa famille ses quatre enfants et ses parents à Guédiawaye. Il nous a fallu beaucoup de sport pour retrouver dans cette grouillante agglomération de la banlieue de Dakar sa maison familiale nichée à Hamo Téfess en face de la mer. De l’arrêt Dial Mbaye où il faut passer pour accéder dans le fief du procureur spécial, les gens ne le connaissent pas très bien. Les voisins immédiats qui le voient presque tous les jours aller et revenir ont fait le témoignage que c’est un bon voisin, dans la maison de qui retentit tous les jours des Khassaïdes de Serigne Touba. « Nous pensons qu’il doit être un fervent mouride. En tout cas, à chaque fois qu’il nous dépasse, il prend le soin de nous saluer », déclare un de ses voisins.
NDIOGOU CISSE (Envoyé Spécial à Kaolack)
Le Pays au Quotidien
« Un homme qui semble fuir la médiatisation »
Sur les nouvelles responsabilités de procureur spécial près la Cour de répression de l’enrichissement illicite confiée à cette vieille connaissance qu’il dit avoir perdu de vue, M. Guèye lui conseille de faire preuve de beaucoup de prudence dans un contexte où la moindre erreur peut se retourner contre lui. « A sa place, je prendrai mes entières responsabilités dans l’exécution de la mission qui m’a été donnée. Mais je veillerai à ce que mes prérogatives, les actes que j’accomplis dans le cadre de la traque, soient conformes à la loi ». Présentée sous les habits d’un parent du procureur Ndao, Mme Fatou Ndao, qui habite le quartier de Ndar Gou Ndao n’en remarque pas moins que son parent doit faire preuve de plus de discrétion dans l’exécution de sa mission : «Il a certes eu à gérer de grands dossiers en tant que procureur, mais la complexité des ceux qui sont relatifs aux biens mal acquis recommande qu’il s’arme de prudence dans le traitement des affaires qui sont sur sa table ». Quant à Ibou Ndao de Kasnack, qui se réclame de la même lignée que le magistrat, il est d’avis que c’est un homme sage au verbe prudent qui a été désigné. « Un homme qui semble fuir la médiatisation, comme planqué derrière le cerclage un peu sévère de ses lunettes. Il s’est forgé au fil des années une réputation de grand magistrat, alliée à celle d’une proximité avec les grands dossiers », a déclaré Ibou, non sans demander qu’on laisse son parent finir le travail qu’il a entamé pour le juger sur pièces.
« Moins on est passionné, plus on est efficace »
Mais à Kaolack également, il ne manque pas de gens qui, sans le connaître véritablement, reprochent au procureur spécial « son manque de charisme et au niveau de certains grands-places de la ville, il se chuchote « qu’il souffre d’une propension à la langue de bois. On admet aussi que sa sortie n’a vraiment pas suscité l'enthousiasme qu’on attendait. Les Saloum Saloum rencontré sont quasi unanimes à appeler leur fils à la sérénité, la discrétion dans le traitement des dossiers qu’il a en charge. M. Guèye, professeur domicilié au quartier Ndorong de Kaolack, est de ceux-là qui pensent que le procureur de la CREI n’a pas à faire autant de bruits pour bien mener sa mission. « Il n’est pas le seul dans la Cour de répression. Je dirai même que le rôle le plus important dans cette juridiction revient à la commission d’instruction dont les membres, à part la révélation de leurs noms dans la presse au lendemain de leur nomination, sont restés depuis lors inconnus du grand public », note l’enseignant. Qui ajoute que « dans la gestion d’un dossier de cette nature, moins on est passionné, plus on est efficace ». Même son de cloche au tribunal régional de Kaolack où, sous le couvert de l’anonymat, un travailleur interpelé confie : « Ne serait-ce que par considération de l’ampleur de la tâche et la complexité du travail qu’il aura à abattre, je n’envie guère Alioune Ndao ». Même si la capitale du bassin arachidier demeure sans contexte le terroir de naissance du procureur Alioune Ndao, qu’il a d’ailleurs quitté un peu tôt pour Dakar, Kaffrine est celui de ses ancêtres.
« Nous ne le connaissons que de nom »
Dans cette ville où nous avons mis le cap après Kaolack, il est très difficile de rencontrer quelqu’un qui peut nous parler du passé du magistrat en question. Tout ce qu’on nous répond dans le chef lieu de cette nouvelle région, c’est que les Ndao qui vivent dans cette ville tous comme ceux de Kaolack sont tous issus du village de Sagna situé aux confins de Malème Hodar sur la route de Tamba. « Nous ne le connaissons que de nom, mais nous savons que nous sommes apparentés », soutient Laye Ndao qui prie pour que le magistrat qui porte le même nom de famille que lui réussisse sa mission. Quasi-inconnu à Kaffrine, nous avons tout de même déniché un natif de la ville qui a bien voulu nous parler du magistrat qui est au cœur de la traque. De ce magistrat, Alioune Badara Mbengue, natif de Kaffrine dont il fut le préfet, retient un homme plein d’humour. « M. Ndao est un homme ouvert qui passe tout son temps à faire rire son entourage. C’est un travailleur parce que je n’ai aucun doute sur sa capacité à accomplir la mission qui lui a été confiée », dixit l’administrateur civil, qui se rappelle du passage de ce magistrat à Tamba. « Dans la capitale du Sénégal oriental, où nos chemins se sont croisés dans les années 2001, je retiens de l’homme avec qui j’ai souvent partagé la salle de réunion à l’occasion des conseils sur la sécurité, quelqu’un de très méticuleux qui sait se fixer des objectifs tout en se donnant les moyens de les atteindre. Moi, je suis optimiste sur l’issue de sa mission », a déclaré Alioune Badara Mbengue au sujet du magistrat en question.
Blessé au bras droit par ... Kunta Kinté
Même s’il est constant que Alioune Ndao est un Saloum-Saloum bon teint, il n’en demeure pas moins un Homo senegalensis qui a traîné sa bosse un peu partout dans le pays. Du parquet de Tamba qu’il a quitté pour la Cour d’appel de Dakar, en passant par le tribunal de Kolda en 1997, celui de Ziguinchor, qui fut son premier poste, l’actuel procureur semble avoir parcouru le Sénégal des profondeurs. A Kolda, où il avait sous ses ordres un certain Cheikhna Keïta, l’on raconte que les deux éléments de la machine judiciaire locale n’avaient pas toujours les points de vue convergents. Après Tamba, il a occupé le poste de conseiller technique au ministère de la Justice de 2003 à 2006. Une partie de la vie de Alioune Ndao s’est également faite dans la banlieue Dakar, au quartier Issa Mbathie de Nietty Mbar. Dans ce patelin, les souvenirs sur Alioune Ndao font part d’un enseignant répétiteur qui donnait des cours particuliers aux enfants des populations défavorisées de la localité. Il intégra la police en tant qu’élément de la 14ème promotion avec l’actuel directeur général de ce corps, le contrôleur général Codé Mbengue, les anciens joueurs de la police que sont Blek Ciss et Mansour Wade. Une connaissance, partie à la retraite, se souvient du jour fatidique où - à l’appel d’un regroupement dans le cadre d’une opération de maintien de l’ordre, lors des manifestations qui ont suivi la venue de Burning Spear à Dakar et la sortie du film sur Kunta Kinté - l’agent de police Alioune Ndao s’est blessé au bras droit.
« Nous pensons qu’il doit être un fervent mouride »
« C’était en 1982. On était au camp Sékou Mballo en train de se regrouper quand la grenade explosa entre les mains de Ndao qui perdit trois de ses doigts. Il sera muté dans d’autres services de la police. Ce qui facilita la poursuite de ses études jusqu’à l’obtention de sa maîtrise en droit via la capacité. Une fois ce diplôme en poche, témoigne un autre de ses collègues, Alioune Ndao a demandé a être copté dans le corps des officiers de police. Il lui est refusé cette faveur, mais perspicace dans sa volonté d’aller plus loin, il se présenta au cours de l’Enam qu’il réussit la même année. Il faut dire du magistrat Alioune Ndao qui a été décoré au passage de l’ordre du mérite en 2009, qu’il est resté profondément attaché à la banlieue. Il vit avec sa famille ses quatre enfants et ses parents à Guédiawaye. Il nous a fallu beaucoup de sport pour retrouver dans cette grouillante agglomération de la banlieue de Dakar sa maison familiale nichée à Hamo Téfess en face de la mer. De l’arrêt Dial Mbaye où il faut passer pour accéder dans le fief du procureur spécial, les gens ne le connaissent pas très bien. Les voisins immédiats qui le voient presque tous les jours aller et revenir ont fait le témoignage que c’est un bon voisin, dans la maison de qui retentit tous les jours des Khassaïdes de Serigne Touba. « Nous pensons qu’il doit être un fervent mouride. En tout cas, à chaque fois qu’il nous dépasse, il prend le soin de nous saluer », déclare un de ses voisins.
NDIOGOU CISSE (Envoyé Spécial à Kaolack)
Le Pays au Quotidien