Le président Mohammed Morsi, issu des Frères musulmans, a-t-il failli à sa promesse de désigner un premier ministre indépendant de la confrérie? La question se pose après la nomination, mardi, de Hicham Qandil. Âgé de 49 ans, l'homme est le plus jeune chef de gouvernement depuis l'arrivée au pouvoir de Gamal Abdel Nasser, en 1954. Il a servi comme ministre de l'Irrigation dans les gouvernements post-révolutionnaires d'Essam Charaf et de Kamal el-Ganzouri. Le porte-parole de la présidence le décrit comme un «patriote indépendant» qui n'a jamais appartenu à un parti politique, que ce soit avant ou après le soulèvement populaire qui a chassé du pouvoir Hosni Moubarak, le 11 février 2011. Une déclaration destinée à battre en brèche les soupçons «d'islamisme» qui pèsent sur lui, en raison de la barbe légèrement fournie et bien taillée qu'il arbore, signe de sa profonde foi.
Dans l'opposition, en effet, certains dénoncent la trop grande proximité de Hicham Qandil avec les Frères musulmans, dont le président est issu. Le nouveau premier ministre s'en défend fermement, soutenant qu'il ne partage aucune idéologie. Mais Hussein Abdel-Razek, membre de la gauche (Parti Tagammu), insiste. Il affirme que Qandil appartenait aux Frères musulmans avant de quitter la confrérie pour se rendre aux États-Unis en 1988, où il a obtenu un doctorat d'ingénieur en eau et irrigation. Qandil répond qu'il s'est simplement rendu en Tunisie pour assister à des séances d'étude organisées par Ennahda, mouvement issu des Frères musulmans, actuellement au pouvoir dans ce pays, lorsqu'il était en poste dans ce pays à la Banque africaine du développement.
Pour Hussein Abdel-Razek, cependant, Mohammed Morsi a failli à sa promesse de nommer un premier ministre indépendant, dénué de tout lien avec les diverses factions politiques. «Où est la figure indépendante et patriotique que Morsi a promis de nommer comme premier ministre? Je crains que Morsi n'agisse toujours en tant que président du parti Liberté et Justice (bras politique des Frères musulmans, NDLR)», regrette-t-il. Plus que son appartenance religieuse, c'est son manque d'expérience politique qui vaut à Hicham Qandil les reproches les plus cinglants. Né en 1962, il n'a jamais été impliqué, de près ou de loin, dans les affaires intérieures de l'Égypte, que ce soit avant ou après la révolution.
Front libéral
Le blogueur et militant politique Wael Ghonim s'est d'ailleurs étonné du choix de Mohammed Morsi, moquant le «pedigree» de M. Qandil. «Toutes les expériences cumulées de M. Qandil se situent dans le domaine de l'irrigation. Celui-ci représente-t-il une priorité pour le nouveau gouvernement?» s'interroge-t-il. Plus mesuré, Emad Gad, du Parti libéral social-démocrate, révèle que, parmi les personnalités connues proposées pour le poste de premier ministre, beaucoup ont refusé cette charge, estimant qu'elle consisterait pour l'essentiel à appliquer le programme des Frères musulmans. Face à un front libéral résolument opposé à la Confrérie, Mohammed Morsi n'aurait-il eu d'autre choix que de nommer une personnalité par défaut? Abdel Ghaffar Shokr, membre fondateur de l'Alliance populaire socialiste, a déclaré mardi au quotidien Al-Ahram qu'«il est trop tôt pour porter des jugements».
Le gouvernement d'Hicham Quandil devrait prêter serment samedi.
Par Fatiha Temmouri
Dans l'opposition, en effet, certains dénoncent la trop grande proximité de Hicham Qandil avec les Frères musulmans, dont le président est issu. Le nouveau premier ministre s'en défend fermement, soutenant qu'il ne partage aucune idéologie. Mais Hussein Abdel-Razek, membre de la gauche (Parti Tagammu), insiste. Il affirme que Qandil appartenait aux Frères musulmans avant de quitter la confrérie pour se rendre aux États-Unis en 1988, où il a obtenu un doctorat d'ingénieur en eau et irrigation. Qandil répond qu'il s'est simplement rendu en Tunisie pour assister à des séances d'étude organisées par Ennahda, mouvement issu des Frères musulmans, actuellement au pouvoir dans ce pays, lorsqu'il était en poste dans ce pays à la Banque africaine du développement.
Pour Hussein Abdel-Razek, cependant, Mohammed Morsi a failli à sa promesse de nommer un premier ministre indépendant, dénué de tout lien avec les diverses factions politiques. «Où est la figure indépendante et patriotique que Morsi a promis de nommer comme premier ministre? Je crains que Morsi n'agisse toujours en tant que président du parti Liberté et Justice (bras politique des Frères musulmans, NDLR)», regrette-t-il. Plus que son appartenance religieuse, c'est son manque d'expérience politique qui vaut à Hicham Qandil les reproches les plus cinglants. Né en 1962, il n'a jamais été impliqué, de près ou de loin, dans les affaires intérieures de l'Égypte, que ce soit avant ou après la révolution.
Front libéral
Le blogueur et militant politique Wael Ghonim s'est d'ailleurs étonné du choix de Mohammed Morsi, moquant le «pedigree» de M. Qandil. «Toutes les expériences cumulées de M. Qandil se situent dans le domaine de l'irrigation. Celui-ci représente-t-il une priorité pour le nouveau gouvernement?» s'interroge-t-il. Plus mesuré, Emad Gad, du Parti libéral social-démocrate, révèle que, parmi les personnalités connues proposées pour le poste de premier ministre, beaucoup ont refusé cette charge, estimant qu'elle consisterait pour l'essentiel à appliquer le programme des Frères musulmans. Face à un front libéral résolument opposé à la Confrérie, Mohammed Morsi n'aurait-il eu d'autre choix que de nommer une personnalité par défaut? Abdel Ghaffar Shokr, membre fondateur de l'Alliance populaire socialiste, a déclaré mardi au quotidien Al-Ahram qu'«il est trop tôt pour porter des jugements».
Le gouvernement d'Hicham Quandil devrait prêter serment samedi.
Par Fatiha Temmouri