Deux semaines après le massacre de Houla, qui avait fait au moins 108 morts, une nouvelle tuerie aurait fait des dizaines de morts mercredi à Mazraat al-Qoubir, localité de la région de Hama au centre de la Syrie. Le massacre attribué aux milices chabiha, pro-Assad, par la principale coalition de l'opposition a été démenti par le régime.
L'observatoire syrien des droits de l'homme évoquait jeudi un bilan de 55 morts, dont 18 femmes et enfants. Certains corps ont été retrouvés carbonisés, d'après un témoin local. Le général Robert Mood, responsable de la Misnus, mission de supervision des Nations unies, a indiqué que ses patrouilles avaient été stoppées à la fois à des barrages de l'armée syrienne et par des civils. Des observateurs qui voulaient vérifier les faits ont essuyé des tirs à l'arme lourde.
Impliquer la Russie
L'annonce de ce nouveau massacre a provoqué une onde de choc dans la communauté internationale, qui cherche désespérément à stopper le glissement actuel de la Syrie vers la guerre civile. Ban Ki-moon l'a qualifié de «scandaleux et révoltant», la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton d'«inadmissible».
Sur fond de compétition entre la Russie et les Occidentaux, une intense activité diplomatique a lieu depuis plusieurs jours de Doha à Istanbul en passant par Moscou, Paris et New York. Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, qui a exprimé son «horreur» après la nouvelle tuerie et ses craintes d'une situation «incontrôlable», va tenter de relancer son plan de paix, moribond mais sans alternative viable. Il est question d'un «groupe de contact» qui prendrait plus en compte les intérêts russes et inclurait l'Iran en plus des autres acteurs régionaux (Qatar, Arabie saoudite, Turquie) et des membres permanents du Conseil de sécurité, dans la recherche d'une sortie de crise.
Cette idée, si elle est confirmée, irait dans le même sens que la proposition russe d'organiser une conférence internationale. Moscou ne prévoit pas d'inclure l'opposition syrienne. L'idée a été immédiatement rejetée par Paris et Washington, qui soutiennent un groupe élargi, mais pas à l'Iran. Pour Laurent Fabius, Téhéran ne peut «en aucun cas» être associé à une conférence sur la Syrie, car «ce serait contradictoire avec l'objectif de forte pression sur le pays et cela aurait en outre un impact sur les discussions sur le nucléaire iranien».Moins catégorique, Hillary Clinton a déclaré avoir du «mal à imaginer d'inviter un pays qui soutient le régime d'Assad».
Dans le camp des partisans d'une pression accrue, la France convoquera la troisième réunion ministérielle du groupe des Amis de la Syrie le 6 juillet à Paris, à laquelle participera l'opposition syrienne. Les deux premières réunions ont déjà été boycottées par la Russie et la Chine, qui le considèrent comme un forum inefficace réunissant uniquement les pays anti-Assad. Laurent Fabius était mercredi soir à Istanbul pour une réunion réunissant 16 pays européens et arabes avec les États-Unis, mais sans la Russie ni la Chine. Ils ont discuté des mesures visant à fermer les circuits économiques du régime Assad et à empêcher celui-ci de contourner les sanctions. Par ailleurs, Hillary Clinton envoie ce vendredi un haut fonctionnaire du Département d'État à Moscou pour négocier une transition politique en Syrie sur le modèle yéménite.
La Turquie organisera les 15 et 16 juin prochain un «groupe de coordination» visant à aider les opposants syriens à s'organiser. Deux jours plus tard, une réunion spéciale sur la Syrie, préalable à la création du groupe de contact, pourrait avoir lieu en marge du sommet du G20 au Mexique. Objectif des Occidentaux: parler concrètement de l'après-Assad. «À ce stade, confie un diplomate onusien peu optimiste, la question est toujours de savoir si nous sommes d'accord sur l'objectif final de ce groupe de contact, à savoir l'arrêt du soutien russe à Assad.»
Par Adèle Smith
L'observatoire syrien des droits de l'homme évoquait jeudi un bilan de 55 morts, dont 18 femmes et enfants. Certains corps ont été retrouvés carbonisés, d'après un témoin local. Le général Robert Mood, responsable de la Misnus, mission de supervision des Nations unies, a indiqué que ses patrouilles avaient été stoppées à la fois à des barrages de l'armée syrienne et par des civils. Des observateurs qui voulaient vérifier les faits ont essuyé des tirs à l'arme lourde.
Impliquer la Russie
L'annonce de ce nouveau massacre a provoqué une onde de choc dans la communauté internationale, qui cherche désespérément à stopper le glissement actuel de la Syrie vers la guerre civile. Ban Ki-moon l'a qualifié de «scandaleux et révoltant», la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton d'«inadmissible».
Sur fond de compétition entre la Russie et les Occidentaux, une intense activité diplomatique a lieu depuis plusieurs jours de Doha à Istanbul en passant par Moscou, Paris et New York. Le médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, qui a exprimé son «horreur» après la nouvelle tuerie et ses craintes d'une situation «incontrôlable», va tenter de relancer son plan de paix, moribond mais sans alternative viable. Il est question d'un «groupe de contact» qui prendrait plus en compte les intérêts russes et inclurait l'Iran en plus des autres acteurs régionaux (Qatar, Arabie saoudite, Turquie) et des membres permanents du Conseil de sécurité, dans la recherche d'une sortie de crise.
Cette idée, si elle est confirmée, irait dans le même sens que la proposition russe d'organiser une conférence internationale. Moscou ne prévoit pas d'inclure l'opposition syrienne. L'idée a été immédiatement rejetée par Paris et Washington, qui soutiennent un groupe élargi, mais pas à l'Iran. Pour Laurent Fabius, Téhéran ne peut «en aucun cas» être associé à une conférence sur la Syrie, car «ce serait contradictoire avec l'objectif de forte pression sur le pays et cela aurait en outre un impact sur les discussions sur le nucléaire iranien».Moins catégorique, Hillary Clinton a déclaré avoir du «mal à imaginer d'inviter un pays qui soutient le régime d'Assad».
Dans le camp des partisans d'une pression accrue, la France convoquera la troisième réunion ministérielle du groupe des Amis de la Syrie le 6 juillet à Paris, à laquelle participera l'opposition syrienne. Les deux premières réunions ont déjà été boycottées par la Russie et la Chine, qui le considèrent comme un forum inefficace réunissant uniquement les pays anti-Assad. Laurent Fabius était mercredi soir à Istanbul pour une réunion réunissant 16 pays européens et arabes avec les États-Unis, mais sans la Russie ni la Chine. Ils ont discuté des mesures visant à fermer les circuits économiques du régime Assad et à empêcher celui-ci de contourner les sanctions. Par ailleurs, Hillary Clinton envoie ce vendredi un haut fonctionnaire du Département d'État à Moscou pour négocier une transition politique en Syrie sur le modèle yéménite.
La Turquie organisera les 15 et 16 juin prochain un «groupe de coordination» visant à aider les opposants syriens à s'organiser. Deux jours plus tard, une réunion spéciale sur la Syrie, préalable à la création du groupe de contact, pourrait avoir lieu en marge du sommet du G20 au Mexique. Objectif des Occidentaux: parler concrètement de l'après-Assad. «À ce stade, confie un diplomate onusien peu optimiste, la question est toujours de savoir si nous sommes d'accord sur l'objectif final de ce groupe de contact, à savoir l'arrêt du soutien russe à Assad.»
Par Adèle Smith