Dans une guerre, les accords politiques ont du poids lorsqu'ils s'appuient sur une situation clarifiée sur le terrain, avec des gagnants et des perdants. Ce qui n'est pas encore le cas en Syrie, où le régime de Bachar el-Assad et ses opposants s'affrontent violemment depuis bientôt un an et demi sans qu'aucune des deux parties n'ait encore pris l'avantage.
Officiellement, l'accord adopté samedi à Genève par le Groupe d'action sur la Syrie, qui prévoit notamment que le futur gouvernement de transition puisse inclure des membres du pouvoir actuel, est un succès. Pour la première fois, les chefs de la diplomatie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, de pays de la Ligue arabe et de la Turquie, ont réussi à s'entendre sur une résolution pacifique du conflit. La Russie, qui s'était jusqu'à présent toujours opposée à élever davantage le ton vis-à-vis de Damas, s'est montrée plus souple qu'à son habitude. Organisée à l'initiative de l'émissaire spécial de l'ONU Kofi Annan, la réunion avait pour objectif de dégager un consensus sur les moyens d'appliquer le plan en six points adopté en avril dernier et resté depuis lettre morte.
Article 7 de la charte de l'ONU
Issue de multiples tractations, l'entente ainsi obtenue entre les neuf nations n'a pourtant fait illusion que le temps d'un week-end, tant sont différentes les interprétations du plan de transition. Pour Washington et Paris, il est clair que l'accord de Genève implique nécessairement le départ de Bachar el-Assad. Le président syrien «doit partir», ont affirmé Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, et Hillary Clinton, la secrétaire d'État américaine.
Moscou et Pékin ont au contraire affirmé que la transition devait être décidée par les Syriens eux-mêmes et qu'aucun groupe ne devait être exclu du processus. Sous la pression russe, la proposition d'exclure du gouvernement de transition les personnalités dont la participation pourrait «compromettre la stabilité et la réconciliation» a été retirée du texte final.
L'accord de Genève a en outre fort peu de chances d'être appliqué sur le terrain, où les violences ont encore fait au moins 21 morts dimanche. Depuis le mois d'avril, l'exigence de cessez-le-feu contenue dans le plan de Kofi Annan a été ignorée par le gouvernement syrien. Pourquoi le nouvel accord, qui en reprend les grands principes, le serait-il moins?
Damas n'a pas réagi à la réunion de Genève, mais la presse officielle a d'ores et déjà estimé qu'il s'agissait d'un «échec». Du côté des opposants, le Conseil national syrien (CNS) a jugé l'accord «trop vague».
Le conseil de sécurité de l'ONU devrait prochainement être saisi pour approbation de l'accord de Genève. Si ses directives ne sont pas appliquées sur le terrain, la question sera à nouveau posée d'invoquer le chapitre 7 de la charte des Nations unies, qui autorise l'utilisation de la force pour faire respecter un accord. Mais Moscou et Pékin y restent fermement opposés.
Par Isabelle Lasserre
Officiellement, l'accord adopté samedi à Genève par le Groupe d'action sur la Syrie, qui prévoit notamment que le futur gouvernement de transition puisse inclure des membres du pouvoir actuel, est un succès. Pour la première fois, les chefs de la diplomatie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, de pays de la Ligue arabe et de la Turquie, ont réussi à s'entendre sur une résolution pacifique du conflit. La Russie, qui s'était jusqu'à présent toujours opposée à élever davantage le ton vis-à-vis de Damas, s'est montrée plus souple qu'à son habitude. Organisée à l'initiative de l'émissaire spécial de l'ONU Kofi Annan, la réunion avait pour objectif de dégager un consensus sur les moyens d'appliquer le plan en six points adopté en avril dernier et resté depuis lettre morte.
Article 7 de la charte de l'ONU
Issue de multiples tractations, l'entente ainsi obtenue entre les neuf nations n'a pourtant fait illusion que le temps d'un week-end, tant sont différentes les interprétations du plan de transition. Pour Washington et Paris, il est clair que l'accord de Genève implique nécessairement le départ de Bachar el-Assad. Le président syrien «doit partir», ont affirmé Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, et Hillary Clinton, la secrétaire d'État américaine.
Moscou et Pékin ont au contraire affirmé que la transition devait être décidée par les Syriens eux-mêmes et qu'aucun groupe ne devait être exclu du processus. Sous la pression russe, la proposition d'exclure du gouvernement de transition les personnalités dont la participation pourrait «compromettre la stabilité et la réconciliation» a été retirée du texte final.
L'accord de Genève a en outre fort peu de chances d'être appliqué sur le terrain, où les violences ont encore fait au moins 21 morts dimanche. Depuis le mois d'avril, l'exigence de cessez-le-feu contenue dans le plan de Kofi Annan a été ignorée par le gouvernement syrien. Pourquoi le nouvel accord, qui en reprend les grands principes, le serait-il moins?
Damas n'a pas réagi à la réunion de Genève, mais la presse officielle a d'ores et déjà estimé qu'il s'agissait d'un «échec». Du côté des opposants, le Conseil national syrien (CNS) a jugé l'accord «trop vague».
Le conseil de sécurité de l'ONU devrait prochainement être saisi pour approbation de l'accord de Genève. Si ses directives ne sont pas appliquées sur le terrain, la question sera à nouveau posée d'invoquer le chapitre 7 de la charte des Nations unies, qui autorise l'utilisation de la force pour faire respecter un accord. Mais Moscou et Pékin y restent fermement opposés.
Par Isabelle Lasserre