Pour l'heure, la frégate Okercroise quelque part dans l'est de la Méditerranée, après ravitaillement dans le port de Cagliari, en Sardaigne. Sa mission officielle est de prendre part jusqu'en décembre à la mission Finul de surveillance du cessez-le-feu au Liban-Sud. Mais sa route pourrait l'amener à patrouiller plus au nord, au large des côtes syriennes. Ses grands yeux et ses grandes oreilles pourraient bien s'y révéler plus utiles. La fiche technique du bâtiment nous apprend que ce navire de 83,5 m n'est pas équipé d'armement lourd.
Son pouvoir de nuisance est ailleurs: dans son équipement en matériel électromagnétique et élecro-optique dissimulé sous son radôme gris marine. Mieux: grâce à une technique «unique au monde» jalousement gardée secrète, le bâtiment peut détecter des mouvements de troupe jusqu'à 600 kilomètres à la ronde. Largement suffisant pour espionner jusqu'à Alep ou Damas, même pour un bateau naviguant dans les eaux internationales.
Son intervention aurait dû rester la plus discrète possible. Elle a été éventée par un agent du Bundesnachrichtendienst (BND), l'équivalent de la DGSE en Allemagne, qui a vanté au journal Bild «sa fierté de voir l'Allemagne apporter un concours important à la chute du président Assad».
Armée «parlementaire»
D'autres agents du BND sont stationnés sur la base de l'Otan d'Adana, en Turquie. Ils écoutent les lignes téléphoniques et surveillent les télécommunications sur les champs de bataille. Des contacts sont établis avec l'entourage direct d'Assad. «Aucun service occidental ne dispose de meilleures sources d'informations sur la Syrie que le BND», se félicite un membre des services secrets américains. Les données sont ensuite transmises au quartier général des services extérieurs près de Bonn, avant d'être analysées pour les besoins du gouvernement. Les précieux messages sont relayés vers les alliés américains et britanniques chargés de les ventiler vers d'autres pays «amis». «Nous bénéficions des informations transmises par les services turcs», affirmait ce week-end un rebelle syrien dans le Sunday Times.
Par ricochet, ces informations sur les activités secrètes de la frégate ont fait des vagues jusqu'à Berlin. Le démenti d'un porte-parole de la Bundesmarine sur le qualificatif de «navire espion» n'a convaincu personne. Pas davantage que les explications du porte-parole du ministre de la Défense sur «une mission routinière de reconnaissance en Méditerranée». L'opposition a dénoncé une «implication directe de l'Allemagne dans les opérations de guerre», alors que la Bundeswehr est une armée dite «parlementaire» et qu'aucun mandat ne lui a été délivré par le Bundestag pour opérer en Syrie.
Hans-Christian Ströbele, des Grünen, membre de la commission de contrôle du Bundestag (PKG), est monté au créneau pour réclamer des explications au gouvernement. Notamment sur le point de savoir pourquoi sa commission, compétente pour les opérations extérieures, n'a pas été informée de la mission précise du Oker.
Par David Philippot
Son pouvoir de nuisance est ailleurs: dans son équipement en matériel électromagnétique et élecro-optique dissimulé sous son radôme gris marine. Mieux: grâce à une technique «unique au monde» jalousement gardée secrète, le bâtiment peut détecter des mouvements de troupe jusqu'à 600 kilomètres à la ronde. Largement suffisant pour espionner jusqu'à Alep ou Damas, même pour un bateau naviguant dans les eaux internationales.
Son intervention aurait dû rester la plus discrète possible. Elle a été éventée par un agent du Bundesnachrichtendienst (BND), l'équivalent de la DGSE en Allemagne, qui a vanté au journal Bild «sa fierté de voir l'Allemagne apporter un concours important à la chute du président Assad».
Armée «parlementaire»
D'autres agents du BND sont stationnés sur la base de l'Otan d'Adana, en Turquie. Ils écoutent les lignes téléphoniques et surveillent les télécommunications sur les champs de bataille. Des contacts sont établis avec l'entourage direct d'Assad. «Aucun service occidental ne dispose de meilleures sources d'informations sur la Syrie que le BND», se félicite un membre des services secrets américains. Les données sont ensuite transmises au quartier général des services extérieurs près de Bonn, avant d'être analysées pour les besoins du gouvernement. Les précieux messages sont relayés vers les alliés américains et britanniques chargés de les ventiler vers d'autres pays «amis». «Nous bénéficions des informations transmises par les services turcs», affirmait ce week-end un rebelle syrien dans le Sunday Times.
Par ricochet, ces informations sur les activités secrètes de la frégate ont fait des vagues jusqu'à Berlin. Le démenti d'un porte-parole de la Bundesmarine sur le qualificatif de «navire espion» n'a convaincu personne. Pas davantage que les explications du porte-parole du ministre de la Défense sur «une mission routinière de reconnaissance en Méditerranée». L'opposition a dénoncé une «implication directe de l'Allemagne dans les opérations de guerre», alors que la Bundeswehr est une armée dite «parlementaire» et qu'aucun mandat ne lui a été délivré par le Bundestag pour opérer en Syrie.
Hans-Christian Ströbele, des Grünen, membre de la commission de contrôle du Bundestag (PKG), est monté au créneau pour réclamer des explications au gouvernement. Notamment sur le point de savoir pourquoi sa commission, compétente pour les opérations extérieures, n'a pas été informée de la mission précise du Oker.
Par David Philippot