AFP- Depuis l’accession au pouvoir de Mahamat Idriss Déby Itno, Succès Masra a incarné la volonté de mettre fin à plus de 30 ans d’exercice du pouvoir de la famille Déby. Le voici Premier ministre à 41 ans.
Succès Masra est né en 1983, à Béboni, dans le Logone oriental, une région du sud du pays à majorité chrétienne. Il grandit dans une famille modeste, mais parvient à obtenir de brillantes études au Cameroun, en France et en Angleterre, jusqu’à devenir Docteur en Économie.
Malgré ses engagements associatifs, presque politiques, il poursuit sa voie en devenant économiste à la Banque africaine de développement (Bad).
Il quitte ce poste, en 2018, pour lancer son mouvement pour « impacter économiquement et socialement » la vie de ses compatriotes tchadiens.
Il envisage de se présenter à l’élection présidentielle d’avril 2021 contre Déby père, sous l’étiquette de son mouvement qu’il entreprend de transformer en parti politique.
Sa candidature sera rejetée au motif qu’il n’atteint pas l’âge minimal requis de 40 ans et que son parti, « Les transformateurs », n’était pas encore « légalement constitué ».
Le 20 octobre 2022, avec Wakit Tamma, une autre plateforme de l’opposition, il appelle à manifester contre la prolongation de deux ans de Mahamat Déby à la Présidence après une première période de transition de 18 mois, décrétée sur recommandation d’un dialogue de réconciliation nationale qu’ils avaient boycotté.
Ce jour-là, une cinquantaine de personnes, selon les autorités, entre une centaine et 300, selon l’opposition et des Ong locales et internationales, pour la quasi-totalité de jeunes manifestants, ont été tués par les balles des militaires et policiers, essentiellement à N’Djamena.
Face à la répression constante de l’opposition, Succès Masra a dû fuir le pays pour sa sécurité, assurant être recherché par « la Garde présidentielle ».
Réconciliation
Au terme d’un passé à l’étranger, dans un pays non divulgué, Succès Masra et Mahamat Déby ont signé un accord de réconciliation, à Kinshasa, sous la médiation du Président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi.
Cet accord prévoit notamment une « amnistie générale » pour les responsables des meurtres de manifestants le 20 octobre 2022.
Les autres forces de l’opposition dénoncent cet accord dans lequel elles disent ne pas se reconnaître, fustigeant déjà un ralliement dans la perspective des élections promises pour 2024.
Alors que les Ong locales et internationales, ainsi que les organisations de la société civile continuent à réclamer des enquêtes indépendantes concernant le « Jeudi noir », M. Masra prône la réconciliation et rentre au Tchad.
Dans un discours face à ses partisans, fin novembre, il demande à ses troupes « l’apaisement » et de « ne pas réclamer vengeance ». Il désigne alors Mahamat Déby comme « un frère » et appelle « à poursuivre le dialogue avec les autorités pour trouver une solution globale ».
Pendant la campagne référendaire, il a, un temps, laissé planer le doute sur la consigne de vote de son parti avant d’inviter les électeurs qui le suivent à se prononcer pour le « oui », désignant ce choix comme le « moindre mal » pour mettre fin à cette période de transition.
Source : https://lesoleil.sn/tchad-succes-masra-dopposant-h...