Ils sont la voix des sans voix, mais ils oublient leurs misères. Dans la galaxie des journalistes, les difficultés ne manquent pas. «L’hypocrisie» a fini d’y installer son lit. Une ronde des entreprises de presse à 72 heures de la Tabaski offre un tableau des plus coloré. Si le groupe Futurs Médias et Walfadjri ont le sourire large, à Océan Fm, Canal Info, Avenir Communication et Le Soleil, les regards sont pleins d’amertume. Des salaires à deux vitesses et une absence des avances Tabaski font le menu pré-Tabaski.
Midi, le centre-ville est en pleine ébullition. La fête sent à mille heures, les embouteillages sont monstres. On avance à pas de tortue. Près de la place de l’Indépendance, un immeuble marron imposant abrite, l’une des chaînes privées de télévision sénégalaise. Au sein de la chaîne de l’Info en continu, la concentration est de mise. A Canal Info news, les journalistes ont le nez et le visage scotché sur leur machine : le silence est d’or, on se croirait même dans un sanctuaire. Ça monte les éléments. On fait les voix. Dans cette ambiance religieuse ponctuée d’allers retours silencieux, Maïmouna Ndour Faye, l’une des responsables de la chaîne livre une nouvelle rassurante. «Nous avons perçu nos salaires du mois de novembre, jeudi dernier.» Les travailleurs, qui courent toujours derrière six mois d’arriérés de salaires, semblent avoir le cœur au travail. Mais, l’habit ne fait pas le moine.
Derrière ces visages souriants se cache un malaise profond. «On a reçu notre salaire d’octobre en début décembre, nous ne pensons même pas à l’avance Tabaski. Tout ce que nous demandons, c’est qu’on nous verse nos salaires», fulmine Bassirou Ndiaye, le secrétaire général de la section Synpics-Canal Infos News. Sur un ton sarcastique, il déclare : «Nous allons remporter la palme des mal lotis.» Une blague cathartique pour oublier sa misère quotidienne. «On a reçu nos salaires du mois de Novembre, c’est avec cela qu’on gère nos créanciers, le loyer et la scolarité des enfants. Là, on se débrouille. C’est le système D.»
Le paiement de Novembre a servi en quelque sorte aux préparatifs de la Tabaski. «Payer un mois avant la Tabaski, c’est rien du tout», rajoute Pape Mactar Sélane, trésorier de la section Synpics-Canal Info. «Il est difficile d’évoluer dans cette situation, le directeur a promis des changements, mais ce ne sont que des promesses.»
La pression est tenace, mais sur le plan rédactionnel, une «réorganisation du planning» est en projet «pour assurer la continuité de l’info», souffle Maïmouna Ndour Faye. La réalité reprend le dessus, la mi-journée n’attend point. Elle ajuste son conducteur et se sauve.
PAS D’EDITION D’INFORMATION SUR OCEAN FM
Pas d’avance, pas d’info. C’est le résumé du nouveau slogan à Océan Fm. Hier, les auditeurs de la radio ayant pignon sur rue à l’avenue Bourguiba n’ont pas eu la grande édition de Midi. Les avances Tabaski ont été la cause de ce passage à musique. Toute la journée, ce sont des notes de musiques qui ont meublé l’onde. Yoro Mangara, le secrétaire général de la section Synpics-Océan Fm éclaire les lanternes. «Nous sommes en arrêt de travail. On est le 5 du mois et nous n’avons pas encore perçu nos avances Tabaski, ni nos salaires. Alors, on met de la musique et il n’y a pas d’édition jusqu’à nouvel ordre. Si on nous paie, on reprend», promet le syndicaliste.
Rebelote, Océan Fm remet cela. En 2007, ils avaient manifesté leur colère face à des avances fixées à 20 000 francs Cfa. Et en début de soirée, les salaires ont été payés mais l’arrêt continue puisque «le nœud du problème, ce sont les avances», rappelle le syndicaliste. La bataille se poursuit.
Pourquoi cette solution extrême ? C’est pour créer un déclic dans la conscience du promoteur de la radio. Et dans les autres rédactions. Yoro Mangara se met dans ses habits de prêcheurs. «Quand Dakar Dem Dik et les enseignants ne perçoivent pas leurs salaires, nous les relayons. Mais, quand les journalistes perçoivent le 19 du mois, ils ne disent rien.» A la limite de l’énervement, il vide son cœur : «Il y a trop d’hypocrisie dans les rédactions, on parle rarement de nos maux. S’il y a problème, il faut le dire.» Beau réquisitoire ! Océan déborde. Pourtant, ils n’ont jamais eu de retard de salaire.
Face à cette mini crise, Samba Dialimpa Badji, le rédacteur en chef, est à la fois frustré et sceptique. «C’est frustrant pour tout journaliste de ne pas faire d’édition quand les autres confrères réalisent convenablement leurs journaux. Je suis désarmé face à cette situation.»
La colère est si immense que Ocean Fm écoute une radio concurrente. Dans la salle de rédaction, qui se situe au deuxième étage de l’immeuble Ecobank, c’est Zik Fm qui est écouté. Les reporters, qui reviennent du terrain, s’apprêtent à faire une réunion de rédaction quotidienne.
Jusqu’à 15 h, il n’y a aucune communication entre les gestionnaires de la boîte et les journalistes. «Je n’ai pas de nouvelle de Mbackiyou Faye depuis le départ du directeur (Mame Less Camara). Il n’y a pas de communication, personne ne sait si les salaires vont être payés», avoue Samba D. Badji. C’est la grande débrouille. «Pour la Tabaski, je me débrouille», confesse le rédacteur en chef de Océan Fm. Quand ses reporters n’ont que les mots pour pleurer. Awa Marone lève la séance. «C’est dur ! C’est difficile.» L’audiovisuel partage les mêmes maux avec certains journaux.
A l’astre de Hann, Le Soleil brille à moitié. Si les avances de Tabaski ont été payées, les salaires, vont à deux vitesses. Le billettage est en train d’être payé. Mais, les virements sont toujours en attente. Une situation, qui rend plus que groggy Ibrahima Khalilloulah Ndiaye, le secrétaire général du Synpics-Soleil. «Ils ont payé à la caisse, hier, mais la plupart des employés ont leur compte. C’est sûr qu’ils vont passer la fête sans avoir perçu leur salaire.» Dépité !
C’est la même psychose, qui anime les journalistes du Groupe Avenir Communication. Si une partie du billettage est rentrée dans ses fonds, les journalistes, qui ont domicilié leurs salaires dans des banques, attendent toujours. Un paiement à deux vitesses. Pire, il n’y a pas encore d’avance Tabaski pour les premiers nommés.
Mais ici, l’Administrateur général déclare que le groupe a commencé à payer les salaires pour ceux qui sont au billetage, en attendant le règlement des avances Tabaski pour ceux-ci.
Les virements et les avances Tabaski, pour les titulaires des comptes, ont été faits, ajoute Madiambal Diagne. «Nous avons fait passer en banque l’intégralité des virements et des avances Tabaski. Le billetage est payé. Mais, les avances Tabaski ne sont pas encore payées pour ceux qui perçoivent au billetage. On ose espérer payer les avances Tabaski, pour ces derniers, dès lundi», a-t-il affirmé.
SOURIRE A WALF ET FUTURS MEDIAS
Mais, dans cette galère presque généralisée, Walfadjri et Futurs Médias affichent le sourire. Journalistes et techniciens sont entrés dans leurs fonds. Au Front de terre, les avances sont en train d’être payées tandis qu’à la Rfm et à L’Observateur, en plus de percevoir leurs avances en novembre, les employés de Youssou Ndour ont également reçu leurs émoluments de novembre. Comme quoi, ce sont des trains qui arrivent à l’heure chez eux.
source le quotidien
Midi, le centre-ville est en pleine ébullition. La fête sent à mille heures, les embouteillages sont monstres. On avance à pas de tortue. Près de la place de l’Indépendance, un immeuble marron imposant abrite, l’une des chaînes privées de télévision sénégalaise. Au sein de la chaîne de l’Info en continu, la concentration est de mise. A Canal Info news, les journalistes ont le nez et le visage scotché sur leur machine : le silence est d’or, on se croirait même dans un sanctuaire. Ça monte les éléments. On fait les voix. Dans cette ambiance religieuse ponctuée d’allers retours silencieux, Maïmouna Ndour Faye, l’une des responsables de la chaîne livre une nouvelle rassurante. «Nous avons perçu nos salaires du mois de novembre, jeudi dernier.» Les travailleurs, qui courent toujours derrière six mois d’arriérés de salaires, semblent avoir le cœur au travail. Mais, l’habit ne fait pas le moine.
Derrière ces visages souriants se cache un malaise profond. «On a reçu notre salaire d’octobre en début décembre, nous ne pensons même pas à l’avance Tabaski. Tout ce que nous demandons, c’est qu’on nous verse nos salaires», fulmine Bassirou Ndiaye, le secrétaire général de la section Synpics-Canal Infos News. Sur un ton sarcastique, il déclare : «Nous allons remporter la palme des mal lotis.» Une blague cathartique pour oublier sa misère quotidienne. «On a reçu nos salaires du mois de Novembre, c’est avec cela qu’on gère nos créanciers, le loyer et la scolarité des enfants. Là, on se débrouille. C’est le système D.»
Le paiement de Novembre a servi en quelque sorte aux préparatifs de la Tabaski. «Payer un mois avant la Tabaski, c’est rien du tout», rajoute Pape Mactar Sélane, trésorier de la section Synpics-Canal Info. «Il est difficile d’évoluer dans cette situation, le directeur a promis des changements, mais ce ne sont que des promesses.»
La pression est tenace, mais sur le plan rédactionnel, une «réorganisation du planning» est en projet «pour assurer la continuité de l’info», souffle Maïmouna Ndour Faye. La réalité reprend le dessus, la mi-journée n’attend point. Elle ajuste son conducteur et se sauve.
PAS D’EDITION D’INFORMATION SUR OCEAN FM
Pas d’avance, pas d’info. C’est le résumé du nouveau slogan à Océan Fm. Hier, les auditeurs de la radio ayant pignon sur rue à l’avenue Bourguiba n’ont pas eu la grande édition de Midi. Les avances Tabaski ont été la cause de ce passage à musique. Toute la journée, ce sont des notes de musiques qui ont meublé l’onde. Yoro Mangara, le secrétaire général de la section Synpics-Océan Fm éclaire les lanternes. «Nous sommes en arrêt de travail. On est le 5 du mois et nous n’avons pas encore perçu nos avances Tabaski, ni nos salaires. Alors, on met de la musique et il n’y a pas d’édition jusqu’à nouvel ordre. Si on nous paie, on reprend», promet le syndicaliste.
Rebelote, Océan Fm remet cela. En 2007, ils avaient manifesté leur colère face à des avances fixées à 20 000 francs Cfa. Et en début de soirée, les salaires ont été payés mais l’arrêt continue puisque «le nœud du problème, ce sont les avances», rappelle le syndicaliste. La bataille se poursuit.
Pourquoi cette solution extrême ? C’est pour créer un déclic dans la conscience du promoteur de la radio. Et dans les autres rédactions. Yoro Mangara se met dans ses habits de prêcheurs. «Quand Dakar Dem Dik et les enseignants ne perçoivent pas leurs salaires, nous les relayons. Mais, quand les journalistes perçoivent le 19 du mois, ils ne disent rien.» A la limite de l’énervement, il vide son cœur : «Il y a trop d’hypocrisie dans les rédactions, on parle rarement de nos maux. S’il y a problème, il faut le dire.» Beau réquisitoire ! Océan déborde. Pourtant, ils n’ont jamais eu de retard de salaire.
Face à cette mini crise, Samba Dialimpa Badji, le rédacteur en chef, est à la fois frustré et sceptique. «C’est frustrant pour tout journaliste de ne pas faire d’édition quand les autres confrères réalisent convenablement leurs journaux. Je suis désarmé face à cette situation.»
La colère est si immense que Ocean Fm écoute une radio concurrente. Dans la salle de rédaction, qui se situe au deuxième étage de l’immeuble Ecobank, c’est Zik Fm qui est écouté. Les reporters, qui reviennent du terrain, s’apprêtent à faire une réunion de rédaction quotidienne.
Jusqu’à 15 h, il n’y a aucune communication entre les gestionnaires de la boîte et les journalistes. «Je n’ai pas de nouvelle de Mbackiyou Faye depuis le départ du directeur (Mame Less Camara). Il n’y a pas de communication, personne ne sait si les salaires vont être payés», avoue Samba D. Badji. C’est la grande débrouille. «Pour la Tabaski, je me débrouille», confesse le rédacteur en chef de Océan Fm. Quand ses reporters n’ont que les mots pour pleurer. Awa Marone lève la séance. «C’est dur ! C’est difficile.» L’audiovisuel partage les mêmes maux avec certains journaux.
A l’astre de Hann, Le Soleil brille à moitié. Si les avances de Tabaski ont été payées, les salaires, vont à deux vitesses. Le billettage est en train d’être payé. Mais, les virements sont toujours en attente. Une situation, qui rend plus que groggy Ibrahima Khalilloulah Ndiaye, le secrétaire général du Synpics-Soleil. «Ils ont payé à la caisse, hier, mais la plupart des employés ont leur compte. C’est sûr qu’ils vont passer la fête sans avoir perçu leur salaire.» Dépité !
C’est la même psychose, qui anime les journalistes du Groupe Avenir Communication. Si une partie du billettage est rentrée dans ses fonds, les journalistes, qui ont domicilié leurs salaires dans des banques, attendent toujours. Un paiement à deux vitesses. Pire, il n’y a pas encore d’avance Tabaski pour les premiers nommés.
Mais ici, l’Administrateur général déclare que le groupe a commencé à payer les salaires pour ceux qui sont au billetage, en attendant le règlement des avances Tabaski pour ceux-ci.
Les virements et les avances Tabaski, pour les titulaires des comptes, ont été faits, ajoute Madiambal Diagne. «Nous avons fait passer en banque l’intégralité des virements et des avances Tabaski. Le billetage est payé. Mais, les avances Tabaski ne sont pas encore payées pour ceux qui perçoivent au billetage. On ose espérer payer les avances Tabaski, pour ces derniers, dès lundi», a-t-il affirmé.
SOURIRE A WALF ET FUTURS MEDIAS
Mais, dans cette galère presque généralisée, Walfadjri et Futurs Médias affichent le sourire. Journalistes et techniciens sont entrés dans leurs fonds. Au Front de terre, les avances sont en train d’être payées tandis qu’à la Rfm et à L’Observateur, en plus de percevoir leurs avances en novembre, les employés de Youssou Ndour ont également reçu leurs émoluments de novembre. Comme quoi, ce sont des trains qui arrivent à l’heure chez eux.
source le quotidien