Un de nos Observateurs a pu se rendre la semaine dernière dans la ville de Gao, au nord du Mali, sous contrôle des rebelles indépendantistes et islamistes. Sur place, il a pu photographier les combattants du MNLA, le mouvement touareg qui réclame l’indépendance de l’Azawad, posant armes à la main devant leur arsenal militaire. Un des commandants de la base de Gao a accepté de nous expliquer comment lui et ses hommes se préparent à une contre-offensive de l’armée malienne.
Notre Observateur, Assan Midal, est Touareg et guide touristique dans le Sahel. Depuis le début la crise au Nord-Mali, il s’est rendu à plusieurs reprises à Kidal, Gao et Tombouctou, les trois grandes villes stratégiques de la région tombées en mars sous la coupe des indépendantistes du MNLA et des islamistes d’Ansar Dine et du Mujao (le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest, un groupe islamiste dissident d’Aqmi).
La semaine dernière, à Gao, il a assisté à l’investiture du Conseil transitoire de l’État de l’Azawad, dirigé par Bilal Ag Achérif. Proche du MNLA, il s’est rendu à l’aéroport de la ville où les indépendantistes touareg ont installé leur base militaire. Sur place, il a pu photographié les chars et autres véhicules de guerre des combattants du MNLA. Ces derniers se sont laissés prendre en photo dans une posture presque triomphale.
Notre Observateur, Assan Midal, est Touareg et guide touristique dans le Sahel. Depuis le début la crise au Nord-Mali, il s’est rendu à plusieurs reprises à Kidal, Gao et Tombouctou, les trois grandes villes stratégiques de la région tombées en mars sous la coupe des indépendantistes du MNLA et des islamistes d’Ansar Dine et du Mujao (le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest, un groupe islamiste dissident d’Aqmi).
La semaine dernière, à Gao, il a assisté à l’investiture du Conseil transitoire de l’État de l’Azawad, dirigé par Bilal Ag Achérif. Proche du MNLA, il s’est rendu à l’aéroport de la ville où les indépendantistes touareg ont installé leur base militaire. Sur place, il a pu photographié les chars et autres véhicules de guerre des combattants du MNLA. Ces derniers se sont laissés prendre en photo dans une posture presque triomphale.
À 400 kilomètres de là, à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, des négociations se poursuivent entre des représentants du MNLA et d’Ansar Dine, sous la houlette du président burkinabé Blaise Compaoré, nommé médiateur de la crise malienne par la Cédéao (Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest). Une délégation du groupe islamiste a accepté lundi de rejoindre la table des discussions, ouvertes depuis le 9 juin avec le MNLA. L’objectif de cette médiation étant de parvenir à un "agenda global de sortie de crise" selon le ministre burkinabé des Affaires étrangères Djibril Bassolé.
Pour autant, la Cédéao et l’Union africaine ne désespèrent pas d’obtenir le soutien de l’ONU pour une intervention militaire au Nord-Mali. Alors que jusqu’à présent les membres du Conseil de sécurité s’étaient contentés de "prendre note" du projet d’intervention de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, ils se sont dits "prêts [lundi] à étudier [cette] requête".
En cas d’intervention, la force militaire interrégionale, évaluée à 3 000 hommes, viendrait en renfort d’une armée malienne certes défaite mais prête à repartir au front. Au Niger, une équipe de FRANCE 24 est allée à la rencontre du colonel malien Elhadji Ag Gamou. Suivi par 600 soldats, il a fui les combats avec les rebelles au Nord-Mali, mais se dit aujourd’hui en position "stratégique" pour "reconquérir" le territoire si les institutions régionales lui donnait le feu vert.
"Nous sommes prêts à repousser les troupes de la Cédéao hors de nos frontières"
Le colonel Intallah Ag Assai est un commandant du MNLA dans la zone de Gao. Après dix ans passés dans l'armée malienne, il dit avoir rejoint la rébellion touareg en janvier après que des "discussions" avec d’anciens mercenaires touareg rentrés de Libye l’ont convaincu de prendre les armes contre Bamako.
Nous sommes en posture de guerre depuis que nous sommes arrivés à Gao, en mars dernier. L’aéroport nous sert de base. C’est là que nous stockons nos armes et l’équipement militaire que nous avons pris à l’armée régulière. Nous possédions notre propre matériel de guerre avant l’offensive [lancée en janvier, ndlr] mais nous nous sommes surtout approvisionnés dans les bases militaires de l’armée au fur et à mesure de notre avancée dans le nord. Je dirais que 60 % de notre équipement actuel provient de ce que nous avons pris à l’armée. En ce moment, nous sommes en train de réparer un hélicoptère et dix chars. Trente autres chars sont actuellement en état de marche. Nous avons aussi beaucoup de fusils mitraillettes de différents calibres.
Pour autant, la Cédéao et l’Union africaine ne désespèrent pas d’obtenir le soutien de l’ONU pour une intervention militaire au Nord-Mali. Alors que jusqu’à présent les membres du Conseil de sécurité s’étaient contentés de "prendre note" du projet d’intervention de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, ils se sont dits "prêts [lundi] à étudier [cette] requête".
En cas d’intervention, la force militaire interrégionale, évaluée à 3 000 hommes, viendrait en renfort d’une armée malienne certes défaite mais prête à repartir au front. Au Niger, une équipe de FRANCE 24 est allée à la rencontre du colonel malien Elhadji Ag Gamou. Suivi par 600 soldats, il a fui les combats avec les rebelles au Nord-Mali, mais se dit aujourd’hui en position "stratégique" pour "reconquérir" le territoire si les institutions régionales lui donnait le feu vert.
"Nous sommes prêts à repousser les troupes de la Cédéao hors de nos frontières"
Le colonel Intallah Ag Assai est un commandant du MNLA dans la zone de Gao. Après dix ans passés dans l'armée malienne, il dit avoir rejoint la rébellion touareg en janvier après que des "discussions" avec d’anciens mercenaires touareg rentrés de Libye l’ont convaincu de prendre les armes contre Bamako.
Nous sommes en posture de guerre depuis que nous sommes arrivés à Gao, en mars dernier. L’aéroport nous sert de base. C’est là que nous stockons nos armes et l’équipement militaire que nous avons pris à l’armée régulière. Nous possédions notre propre matériel de guerre avant l’offensive [lancée en janvier, ndlr] mais nous nous sommes surtout approvisionnés dans les bases militaires de l’armée au fur et à mesure de notre avancée dans le nord. Je dirais que 60 % de notre équipement actuel provient de ce que nous avons pris à l’armée. En ce moment, nous sommes en train de réparer un hélicoptère et dix chars. Trente autres chars sont actuellement en état de marche. Nous avons aussi beaucoup de fusils mitraillettes de différents calibres.
[L’équipement militaire du MNLA ne provient pas seulement des pillages des bases de l’armée régulière malienne. Le mouvement compte dans ses rangs d’anciens mercenaires de Kadhafi qui avait rejoint l’armée libyenne après la grande rébellion touareg de 1990. Après la mort du Guide libyen, en août dernier, ils sont rentrés chez eux lourdement armés, notamment au Mali, et nombreux ont fait jonction avec le MNLA, ndlr.]
"Nous sommes en train de former un millier d’hommes au maniement des armes et à la discipline militaire"
Nous avons pris nos dispositions pour que nos troupes soient prêtes. Depuis deux mois, nous formons un millier d’hommes à Gao. Au total, nous sommes 2 000 ici [ce nombre est difficile à vérifier, ndlr]. Ce sont des jeunes de Gao et de sa région qui se sont portés volontaires pour rejoindre nos rangs et défendre l’Azawad. Pour la plupart, ils sont âgés d’une vingtaine d’années. Ils s’entraînent cinq jours par semaine sur un terrain à côté de l’aéroport. Nous ne les payons pas mais nous les logeons et leur donnons à manger. Ils font du sport et apprennent la discipline militaire et le maniement des armes.
Nous avons pris nos dispositions pour que nos troupes soient prêtes. Depuis deux mois, nous formons un millier d’hommes à Gao. Au total, nous sommes 2 000 ici [ce nombre est difficile à vérifier, ndlr]. Ce sont des jeunes de Gao et de sa région qui se sont portés volontaires pour rejoindre nos rangs et défendre l’Azawad. Pour la plupart, ils sont âgés d’une vingtaine d’années. Ils s’entraînent cinq jours par semaine sur un terrain à côté de l’aéroport. Nous ne les payons pas mais nous les logeons et leur donnons à manger. Ils font du sport et apprennent la discipline militaire et le maniement des armes.
"Les chefs d’Ansar Dine et du MNLA se rencontrent régulièrement à Gao pour éviter les tensions"
Ansar Dine et les moudjahiddines [du Mujao, ndlr] occupent comme nous la région de Gao. Eux aussi recrutent des jeunes. Mais nous ne sommes pas en concurrence car nos objectifs sont différents. Ils veulent instaurer la charia sur le territoire alors que nous revendiquons l’indépendance de l’Azawad. Certes, nous sommes, comme eux, des musulmans mais nous voulons un islam modéré. Je ne dirais pas qu’entre nous l’entente est totale mais nous parvenons à cohabiter. D’ailleurs, afin d’éviter les tensions, nos chefs se rencontrent régulièrement pour discuter. Ce qui nous rapproche, c’est notre ennemi commun, l’armée malienne et les forces de la Cédéao.
"Nous avons 9 000 combattants positionnés à toutes les frontières du Nord-Mali. Nous sommes donc parés contre toute attaque de troupes extérieures"
Nous attendons l’issu des négociations politiques à Ouagadougou. Nous sommes des militaires et nous exécuterons les ordres du bureau politique du MNLA. Si, lors de ces négociations, nos représentants parviennent à trouver une issue pacifique à la crise, alors nous déposerons les armes. À l’inverse, si aucune solution n’est trouvée et que la Cédéao envoie ses troupes, nous défendrons le territoire que Dieu nous a donné. Nous avons 9 000 combattants positionnés à toutes les frontières du Nord-Mali alors qu’elles viennent d’Algérie, de Mauritanie ou du Niger, nous sommes parés à toute attaque de troupes extérieures [dans une interview à "Jeune Afrique", Bilal Ag Achérif, le président du conseil transitoire du MNLA investi à Gao le 15 juin, parle de 10 000 combattants à travers le Nord-Mali, ndlr].
Ansar Dine et les moudjahiddines [du Mujao, ndlr] occupent comme nous la région de Gao. Eux aussi recrutent des jeunes. Mais nous ne sommes pas en concurrence car nos objectifs sont différents. Ils veulent instaurer la charia sur le territoire alors que nous revendiquons l’indépendance de l’Azawad. Certes, nous sommes, comme eux, des musulmans mais nous voulons un islam modéré. Je ne dirais pas qu’entre nous l’entente est totale mais nous parvenons à cohabiter. D’ailleurs, afin d’éviter les tensions, nos chefs se rencontrent régulièrement pour discuter. Ce qui nous rapproche, c’est notre ennemi commun, l’armée malienne et les forces de la Cédéao.
"Nous avons 9 000 combattants positionnés à toutes les frontières du Nord-Mali. Nous sommes donc parés contre toute attaque de troupes extérieures"
Nous attendons l’issu des négociations politiques à Ouagadougou. Nous sommes des militaires et nous exécuterons les ordres du bureau politique du MNLA. Si, lors de ces négociations, nos représentants parviennent à trouver une issue pacifique à la crise, alors nous déposerons les armes. À l’inverse, si aucune solution n’est trouvée et que la Cédéao envoie ses troupes, nous défendrons le territoire que Dieu nous a donné. Nous avons 9 000 combattants positionnés à toutes les frontières du Nord-Mali alors qu’elles viennent d’Algérie, de Mauritanie ou du Niger, nous sommes parés à toute attaque de troupes extérieures [dans une interview à "Jeune Afrique", Bilal Ag Achérif, le président du conseil transitoire du MNLA investi à Gao le 15 juin, parle de 10 000 combattants à travers le Nord-Mali, ndlr].
Ce billet a été rédigé avec la collaboration de Peggy Bruguière, journaliste à FRANCE 24.