Les violences redoutées mardi à Bombay n'ont pas eu lieu. La manifestation organisée par le parti nationaliste MNS a certes provoqué de nombreuses tensions dans la capitale économique de l'Inde, mais aucun incident majeur ne s'est produit.
Réunies au cœur de Bombay, à Azad Maidan, 50.000 personnes ont écouté leur vindicatif leader, Raj Thackeray, s'en prendre au ministre de l'Intérieur R. R. Patil, et aux autorités locales. À plusieurs reprises, il a harangué la foule, un passeport bangladais à la main, pour dénoncer l'afflux d'immigrés qui, selon lui, menace l'équilibre du pays, ainsi que les récentes manifestations promusulmanes émaillées de violences. Le public, largement masculin, a scandé, des heures durant, des slogans hostiles aux musulmans.
«Des milliers de policiers sont présents aujourd'hui parce que les autorités veulent nous empêcher de manifester. En revanche, les groupes musulmans peuvent manifester quand ils le souhaitent»,réagissait Vikash, un manifestant furieux, enroulé dans le drapeau mauve de son parti, le MNS, en marge de la manifestation.
Exode de 400.000 personnes
Une référence à la très violente manifestation du 11 août dernier, organisée cette fois par des organisations promusulmanes. Au total, deux manifestants avaient trouvé la mort, quarante policiers avaient été blessés et de nombreux véhicules incendiés. Motif de cette colère, des vidéos et photos de musulmans massacrés montrées aux participants pour attiser leur colère. «On nous a montré des femmes mutilées en nous disant qu'il s'agissait de nos sœurs dans l'État d'Assam, et à partir de là, tout a dégénéré!» raconte Shakeel, présent ce jour-là. L'origine de ces messages fait d'ailleurs débat, certains les imputant au Pakistan ; d'autres au contraire accusent les nationalistes hindous.
Depuis plusieurs semaines, le pays est en proie à de violentes tensions sur fond de conflit régional en Assam, dans le nord-est du pays, où s'affrontent immigrés bangladais musulmans et tribus locales en majorité hindoues. Ce conflit a déjà fait 80 morts dans des affrontements à répétition et entraîné l'exode de 400.000 personnes.
Des milliers d'Indiens originaires d'Assam ont pris d'assaut les trains pour rejoindre leur État d'origine, craignant d'être pris pour cibles, dans les grandes villes du Sud où ils résident, lors d'affrontements ethniques avec les communautés musulmanes. «L'embrasement général est irrationnel et c'est ce qui le rend inquiétant. Le conflit originel en Assam n'est que très peu religieux. De nombreux facteurs entrent en jeu, comme la propriété des terres entre les tribus, explique M. Surendra, professeur de sciences politiques à l'université de Bombay. Les violentes manifestations à Bombay ou à Pune ne sont qu'une récupération politique destinée à mettre de l'huile sur le feu. Raj Thackeray, le leader nationaliste, prenait mardi la défense des Assamais contre les musulmans, alors que d'ordinaire il les fustige, ainsi que tous les Indiens du Nord, accusés de transformer l'identité de Bombay. Plus qu'un nationaliste, c'est un régionaliste», analyse-t-il.
Par Samuel Ziza
Réunies au cœur de Bombay, à Azad Maidan, 50.000 personnes ont écouté leur vindicatif leader, Raj Thackeray, s'en prendre au ministre de l'Intérieur R. R. Patil, et aux autorités locales. À plusieurs reprises, il a harangué la foule, un passeport bangladais à la main, pour dénoncer l'afflux d'immigrés qui, selon lui, menace l'équilibre du pays, ainsi que les récentes manifestations promusulmanes émaillées de violences. Le public, largement masculin, a scandé, des heures durant, des slogans hostiles aux musulmans.
«Des milliers de policiers sont présents aujourd'hui parce que les autorités veulent nous empêcher de manifester. En revanche, les groupes musulmans peuvent manifester quand ils le souhaitent»,réagissait Vikash, un manifestant furieux, enroulé dans le drapeau mauve de son parti, le MNS, en marge de la manifestation.
Exode de 400.000 personnes
Une référence à la très violente manifestation du 11 août dernier, organisée cette fois par des organisations promusulmanes. Au total, deux manifestants avaient trouvé la mort, quarante policiers avaient été blessés et de nombreux véhicules incendiés. Motif de cette colère, des vidéos et photos de musulmans massacrés montrées aux participants pour attiser leur colère. «On nous a montré des femmes mutilées en nous disant qu'il s'agissait de nos sœurs dans l'État d'Assam, et à partir de là, tout a dégénéré!» raconte Shakeel, présent ce jour-là. L'origine de ces messages fait d'ailleurs débat, certains les imputant au Pakistan ; d'autres au contraire accusent les nationalistes hindous.
Depuis plusieurs semaines, le pays est en proie à de violentes tensions sur fond de conflit régional en Assam, dans le nord-est du pays, où s'affrontent immigrés bangladais musulmans et tribus locales en majorité hindoues. Ce conflit a déjà fait 80 morts dans des affrontements à répétition et entraîné l'exode de 400.000 personnes.
Des milliers d'Indiens originaires d'Assam ont pris d'assaut les trains pour rejoindre leur État d'origine, craignant d'être pris pour cibles, dans les grandes villes du Sud où ils résident, lors d'affrontements ethniques avec les communautés musulmanes. «L'embrasement général est irrationnel et c'est ce qui le rend inquiétant. Le conflit originel en Assam n'est que très peu religieux. De nombreux facteurs entrent en jeu, comme la propriété des terres entre les tribus, explique M. Surendra, professeur de sciences politiques à l'université de Bombay. Les violentes manifestations à Bombay ou à Pune ne sont qu'une récupération politique destinée à mettre de l'huile sur le feu. Raj Thackeray, le leader nationaliste, prenait mardi la défense des Assamais contre les musulmans, alors que d'ordinaire il les fustige, ainsi que tous les Indiens du Nord, accusés de transformer l'identité de Bombay. Plus qu'un nationaliste, c'est un régionaliste», analyse-t-il.
Par Samuel Ziza