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Tentative d’importation au Sénégal du discours gambettiste (Léon Gambetta) sur la méritocratie

Depuis quelques temps, on note l’émergence d’une communauté de points de vue sur ce qui serait un projet de dévolution monarchique du pouvoir au Sénégal. Il faut préciser qu’une question devient un enjeu dès lors qu’elle commençât à faire l’objet d’un débat public. Précisément, un débat sur la succession au pourvoir au Sénégal se pose au moment même où Me Abdoulaye Wade, président de la république a déjà déclaré sa candidature pour l’élection présidentielle de 2012. Lorsqu’un problème de succession se pose, il y a naturellement des prétendants. Parmi ces derniers, le nom du Ministre d’Etat Karim Wade, fils du président de la République serait, depuis un moment, rangé dans l’hypothèse des futurs prétendants. Ce qui fait l’objet de plusieurs commentaires. Après un long silence, ce dernier soutiendrait, en réaction à ces intentions prêtées à lui et à son père, que « Le Sénégal ne s’hérite pas, il se mérite ». Nous avons préféré, par prudence, utiliser le conditionnel ici dans la mesure où cette déclaration a fait l’objet de doutes quant à son authenticité : il s’agit de l’appréciation de M. Madiambal Diagne, directeur du groupe de presse Avenir Communication. Mais au-delà de cette querelle d’authenticité, notre analyse partira du postulat de la réalité de ces propos attribués au Ministre d’Etat Karim Wade. Auparavant, la précision de certains termes semble importante.


Rédigé par leral.net le Samedi 24 Juillet 2010 à 14:33 | | 1 commentaire(s)|

Si l’on utilise ici l’expression « tentative d’importation », c’est parce que ce type de discours a déjà été défendu en France sous la IIIe République à propos des critères d’accès au pouvoir. Il s’agit précisément du discours de Léon Gambetta, homme politique français. Ce discours gambettiste s’est donc inscrit dans un contexte politique français où l’élite dirigeante était contestée. Aujourd’hui, le centre du débat politique centré sur un projet de dévolution monarchique met en exergue le mode d’accès au pouvoir dans une République. On pourrait alors comprendre cette réaction du Ministre d’Etat Karim Wade.
Mais en quoi, son discours se réfère-t-il à la théorie de la méritocratie républicaine de Léon Gambetta ? A-t-il la même trajectoire que GAMBETTA, parcours qui lui permettait de porter ce discours partout où il se déplaçait en France ? Peut-il défendre les idées que défendait Gambetta et qui pourraient être observables au Sénégal ?
Autant de questions qui guident ici le fil conducteur de notre analyse. Après quelques considérations sur la méritocratie sous le prisme du phénomène élitaire, il sera intéressant d’envisager ses fondements sous l’angle d’une approche critique et objective. Cette démarche permettra de filtrer la déclaration du fils du président de la République.

1. La méritocratie sous le prisme du phénomène élitaire

Le débat sur la méritocratie républicaine semble s’inscrire dans la littérature de la théorie des élites d’abord développée par Alfredo Paréto et Gaetano Mosca en Italie, exportée aux Etats-Unis puis en France. Même si le terme est polysémique, l’élite serait par définition la minorité organisée émanant d’une majorité désorganisée. Ces deux auteurs montrent l’existence de cette catégorie dans toutes les sociétés. Mais dans son étude sur le phénomène élitaire, Mosca relève une absence de la logique bureaucratique dans la constitution de l’élite au pouvoir aux Etats-Unis. En réponse, Charles Wright MILLS montre que cela est dû à ce qu’on appelle le spoilt system, c’est-à-dire que chaque parti qui arrive au pouvoir dans ce pays, vient avec ses hommes.
Aujourd’hui, cette situation est aussi observable dans nos Etats où les modes de recrutement sont souvent influencés par l’appartenance partisane. Ce qui écarte généralement des compétences qui ont commis la faute de ne pas épouser l’idéologie du parti au pouvoir. Pourtant, nos pouvoirs politiques déclarent souvent incarner, dans leurs principes de gouvernement, l’impartialité de l’Etat qui traduit une certaine égalité des citoyens devant les charges publiques.
Ce mode de gouvernement de la société pose de ce point de vue la question de la classe dirigeante. A ce titre, la formation de l’élite amène MILLS à développer en 1969 le concept de l’élite au pouvoir aux Etats-Unis. Il définit cette strate comme l’ensemble de « ces cercles politiques, économiques et militaires qui, dans un ensemble complexe de coteries entrecroisées, partagent les décisions d’importance au moins nationale.» Mais si l’on parle de notion d’élite au Sénégal, il est important au plan épistémologique de la contextualiser. Car si l’on applique cette définition de l’élite au pays de la téranga comme elle est perçue en Occident, on risque de buter sur un obstacle épistémologique, c’est-à-dire de passer à côté de la réalité. Au Sénégal, l’élite ne peut être entendue sous le seul angle cognitif, c’est-à-dire l’individu qui est instruit. C’est pourquoi on peut ici considérer comme élites les catégories qui sont dans une logique de gouvernement de la société. Sous ce rapport, on peut désigner comme élite le chef de village, l’imam, etc. A ce titre, le lettré et l’analphabète peuvent être considérés comme des élites. L’histoire de nos élites traditionnelles est ici révélatrice.
Cependant, on note surtout depuis l’indépendance dans la classe dirigeante, une certaine domination de la figure de lettré. Ce que démontre bien d’ailleurs Mme Aminata DIAW dans son étude sur la « démocratie des lettrés ». Cette construction de l’élite lettrée semble prendre son origine depuis l’introduction de l’école française pendant la période coloniale. L’Ecole des fils de Chefs a joué un rôle important dans ce domaine mais elle faisait par conséquent montre de différenciation sociale. C’est en ce sens qu’il faut noter le rôle remarquable que l’Eglise ait joué en matière d’éducation au Sénégal. Car le Président Léopold Sédar Senghor (premier président de la république du Sénégal) qui n’était pas fils de chef, a pu bénéficier de cette éducation assurée par l’Eglise catholique.
Dans une étude sur les mécanismes de promotions au Sénégal (ARSS), le Pr Boubakar NIANE met en lumière d’intéressantes séquences qui ont marqué le champ politico-administratif sénégalais. Il précise que depuis l’indépendance, le Sénégal a connu plusieurs générations de dirigeants. On pourrait distinguer :
- De 1945-47 à 1962-63, c’est la domination des instituteurs,
- A partir de 1960, ce sont les énarques (diplômés de l’ex-ENAM devenue ENA), et
- Ensuite l’émergence d’une troisième génération, celle des gestionnaires et ingénieurs qui semble se substituer aux administrateurs civils.
Aujourd’hui, on relève une certaine apparition d’une élite analphabète bien présente dans l’institution parlementaire. Même s’il y en a eu avant l’alternance, la présence de cette catégorie d’élite est plus marquée depuis les élections législatives anticipées de 2001.
Si l’on a donc une idée sur la construction de l’élite au Sénégal, il serait aussi important de rappeler le processus de formation de cette strate dans d’autres aires géographiques. L’exemple américain aide à saisir la genèse de la notion de méritocratie républicaine théorisée par Gambetta sous la IIIe République en France.
Si aux Etats-Unis la période du New Deal sous Roosevelt (1930) a été marquée par une autonomisation du pouvoir politique, on note depuis la deuxième guerre mondiale une tendance à la domination d’un pouvoir militaire. Ce qui génère la formation d’une élite émanant des sphères politique, économique et militaire. Ces lobbies ou groupes occupant les positions stratégiques constituent ainsi le centre du pouvoir aux Etats-Unis.
Ce débat sur les élites s’est posé en France. Avant la révolution française, l’élite était surtout déterminée par des critères de naissance, voire l’appartenance nobiliaire comme ce fut aussi le cas dans nos monarchies traditionnelles. Toutefois, il est important de rappeler un fait significatif dans l’empire Sonraï où l’éminent jurisconsulte Mohamed Bakhayoko avait fait des remontrances publiques à l’Askia Isaak pour lui faire comprendre, à propos de sa gouvernance, que le peuple avait aussi ses droits. On relève donc déjà ici un indice précis de revendication de droits. Mais en France, le principe de l’égalisation des droits qui est un des fondements de la société démocratique, se substitue, depuis la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, à la différenciation sociale qui faisait légion pendant la période féodale. Ainsi, la question de l’accès au pouvoir fit l’objet d’un débat. C’est dans ce cadre qu’il faut donc inscrire la théorie de la méritocratie républicaine défendue par Léon GAMBETTA. Qu’en est-il précisément du discours gambettiste ?

2. Les fondements de la méritocratie républicaine

La méritocratie républicaine, dérivée du discours gambettiste, sied-elle au contexte sénégalais ? Répondre à cette interrogation suppose quelques rappels sur les fondements de cette rhétorique de Léon Gambetta. En réalité, ce discours a été prononcé sous la IIIe République en France pour dénoncer les ordres et privilèges nés de l’Ancien Régime et proposer un autre mode d’accès au pouvoir fondé sur la méritocratie. Mais il est important de comprendre ce que Gambetta entendait par méritocratie. En effet, la domination des privilèges dans la société d’Ancien Régime ne laissait aucune place aux droits et devoirs qui fondent la substance même du citoyen au sens moderne du terme. Ainsi, le mouvement d’égalisation des conditions qui sous-tend la société démocratique produit une certaine allergie à l’égard de ces privilèges et honneurs.
Ainsi, la lutte contre les privilèges héréditaires traduit une volonté politique en vue de bouleverser ces hiérarchies générant une différenciation à la fois sociale et politique. Mais la question qui se pose aux républicains de l’époque est de savoir comment concilier cet idéal d’égalité et la notion de méritocratie. Cette complexité montre l’instrumentalisation politique de l’honneur et du mérite dans le discours des républicains. Si Gambetta parle d’avènement politique des « nouvelles couches » (discours du 26 septembre 1872 à Grenoble), c’est plutôt pour montrer l’opportunité de choix et de changement de l’élite politique qu’offre l’avènement du suffrage universel au citoyen.
Dans l’esprit de l’orateur républicain (Gambetta), cette « révolution » scinde la société française d’alors en deux blocs. D’une part, il y a un premier courant qui, malgré les bouleversements issus de la révolution de 1789, lutte pour la conservation de ses privilèges et du maintien de sa domination. D’autre part, il y a le bloc que Gambetta désigne comme « les couches profondes de la société » qui sont désormais, grâce à leurs mérites et à leurs talents, arrivées « non seulement au travail, à la propriété, mais à la capacité politique ».
Les qualités intellectuelles et morales qui structurent le discours gambettiste sont la sagesse, la modération, la patience, la maîtrise de soi, l’usage de la raison, la capacité à s’engager politiquement au nom de valeurs générales, l’art du gouvernement … Ce qui met en relief un plaidoyer en faveur d’un basculement d’une société d’ordres et de privilèges vers une démocratie politique et sociale. Gambetta précise encore : «Aux statuts prescrits par le rang de la naissance et les liens du sang on préfère désormais les statuts acquis par l’éducation, le mérite et la mobilité sociale ».
En outre, on relève une certaine précision, voire une restriction de la notion de méritocratie. Pour cerner ces contours du mérite, Gambetta établit un hiatus entre mérite et opinion publique afin d’éviter le « favoritisme ». Le mérite qu’il entend consacrer, c’est celui qui accepte d’être estimé de manière impartiale par le tribunal de l’opinion publique. Pourquoi Léon Gambetta pouvait-il incarner ce discours de la méritocratie républicaine ? Sa trajectoire aide à comprendre.
Fils d’un immigré italien qui a ouvert à Cahors (non loin de Toulouse) un « bazar » génois, Léon Gambetta devint l’un des principaux artisans de la restauration républicaine en France. La mobilité sociale qui fonde son itinéraire est marquée par son origine de famille modeste à un statut de parlementaire chevronné. C’est pourquoi il semble bien incarner de manière idéal-typique la figure d’un mérite républicain. Or, la trajectoire du Ministre d’Etat Karim WADE ne correspond pas objectivement à une forme de mobilité sociale.
Partant de ces rappels et précisions, la question qui se pose maintenant est de savoir si ce discours de la méritocratie républicaine peut être incarné par le Ministre d’Etat Karim Wade. La France sous la IIIe République est-elle le Sénégal de 2010 ? Quels sont les véritables mécanismes d’accès au pouvoir à l’heure du suffrage universel ? Autant de questions qui structurent notre approche critique et objective de cette sortie médiatique attribuée au Ministre d’Etat Karim Wade : « le pouvoir ne s’hérite pas, il se mérite ».
C’est aussi un truisme que de dire que « le pouvoir ne s’hérite pas » car les monarchies traditionnelles ont été réduites en cendre depuis la période coloniale. Toutefois, il faut préciser que l’héritage politique existe au plan scientifique, mais il n’est pas forcément biologique. Qu’en est-il ? Du latin heres (héritier), l’héritage est tout ce qui est transmis de génération en génération. Mais au-delà de cette généralité, l’opportunité stratégique de continuer l’action d’un homme politique qui s’était bien implanté dans un terroir peut amener un compagnon à incarner la figure d’héritier. Ce qui exclut donc ici tout lien biologique.
Mais lorsqu’il s’agit d’une position comme celle de président de la République, c’est autre chose car l’accès à cette fonction a, pour ce qui concerne le Sénégal, une origine constitutionnelle et non biologique. En d’autres termes, le pouvoir est dans une République l’émanation du suffrage universel et par conséquent il ne peut se transmettre d’ascendants en descendants.
Pourtant, l’histoire politique de notre pays nous enseigne à travers la Révolution toroodo de 1776 avec Thierno Souleymane BAAL, un certain nombre de principes de gouvernement de la société. Dans cette République théocratique du Fouta, Thierno Souleymane BAAL avait énoncé certains critères pour accéder à l’imamat. Il précisait qu’il faut éviter, autant que se peut, que l’imamat soit héréditaire ou qu’on ait le sentiment qu’il est héréditaire parce qu’il s’agit d’une fonction qui est attribuée à des personnes qui sont choisies en fonction de leur érudition, de leur gaîté, de leur droiture, de leur intégrité, de leur sociabilité et de leur convivialité. Il ajoutait que si d’aventure, l’élection démocratique permet de choisir encore l’imam dans la même famille, il faut obligatoirement qu’on refuse de le choisir dans celle-ci, et qu’on le prenne dans une autre différente pour que les populations n’aient pas le sentiment que c’est la seule famille habilitée à exercer l’imamat. Cette conception théocratique du pouvoir toroodo contre les modes de succession dynastiques de pouvoir politique et religieux codifie le principe de la limitation des mandats et instaure un système de transmission du pouvoir par l’alternance.
L’autre question qui se pose est de savoir si le Ministre d’Etat Karim Wade peut hériter directement le pouvoir de son père. Le problème majeur ne semble pas être la question de sa sénégalité ! Le Sénégal est le pays de la Téranga ! D’ailleurs, la constitution sénégalaise est claire sur les conditions de candidature à la fonction de président de la République : il faut être exclusivement de nationalité sénégalaise. Mais au-delà des grands principes reconnus par les lois de la République, il y en a certains sur lesquels est assise l’élégance républicaine et qui n’ont pas besoin d’être formalisés. Ces principes non formels structurent le consensus autour de la consolidation d’un Etat impartial rejetant toutes formes de favoritisme dans les règles du jeu politique et électoral. En cela, une candidature du Ministre d’Etat Karim Wade à la présidentielle de 2012, pendant que son père soit encore président de la République, traduirait-elle une égalité entre lui et ses concurrents ?
Certains s’emploient à défendre la légitimité de sa candidature en 2012 en faisant une grande confusion avec le cas de l’ancien Président américain, Georges W. BUSH. Ils s’engouffrent davantage dans l’erreur en affirmant que pourquoi BUSH Junior a pu remplacer son père aux Etats-Unis et que M. Karim Wade ne puisse pas le faire dans son pays. La réalité est que le Président BUSH Junior n’a point remplacé son père ! Candidat des républicains, ce dernier a attendu deux mandats du Président Bill CLINTON qui avait remplacé son père pour se présenter et gagner l’élection présidentielle américaine de 2000 contre le candidat démocrate Albert Arnold GORE plus connu sous le nom d’AL GORE. Donc, c’est une évidence dans une démocratie qui se respecte que le pouvoir ne s’héritât pas.
A l’heure où le suffrage universel détermine le mode d’élection du président de la République au Sénégal, il semble plus pertinent de substituer la notion de « conquête » à celle de « mérite », car celui qui conquiert démocratiquement le pouvoir est dépositaire d’une légitimité qui fonde la confiance sur la relation de pouvoir entre le gouvernant et le gouverné. Cette légitimité politique ne se mérite que par le tribunal des urnes. D’ailleurs, M. Abdou Latif COULIBALY n’a-t-il pas raison de dire qu’ « un pays ne s’hérite pas, ne se mérite pas, il se conquiert » ?
De plus, l’article 4 de la Constitution du Sénégal de 2001 dispose : « Les partis politiques et coalitions de partis politiques concourent à l'expression du suffrage. Ils sont tenus de respecter la Constitution ainsi que les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie. Il leur est interdit de s'identifier à une race, à une ethnie, à un sexe, à une religion, à une secte, à une langue ou à une région.
Les conditions dans lesquelles les partis politiques et les coalitions de partis politiques sont formés, exercent et cessent leurs activités, sont déterminées par la loi. » En d’autres termes, ce sont les partis ou coalitions de partis qui encadrent les candidatures aux élections au Sénégal avec des exceptions pour les candidats indépendants que la loi électorale précise (caution, nombre de signatures…).

En effet, le débat sur ce qui semblerait être un projet de dévolution monarchique ne peut être clos comme le demande certains comme le Ministre d’Etat Babacar Gaye, porte parole du Pds, suite à la déclaration du Ministre d’Etat Karim WADE. Il s’agit ici, du point de vue sociologique, d’un fait social total, c’est-à-dire une question qui interpelle tous les Sénégalais. Ce débat a généré une vigilance dans l’opinion et réveillé des démons qui prennent racine depuis des moments sombres de notre histoire : les dynasties où la liberté n’était pas accessible à tous.
Le bon sens et la sagesse doivent donc nous recommander de méditer les modes de production de l’alternance de 2000. Le Président Abdou DIOUF en démocrate a compris que ceux (le Peuple souverain) qui lui avaient confié cette chose sacrée, c’est-à-dire le pouvoir, voulaient la lui retirer. Il a compris que cette chose sacrée ne lui appartenait pas et l’a rendue dans la manière : il avait accepté sa défaite et félicité au téléphone son concurrent d’alors, Me Abdoulaye WADE, actuel président de la République. Cette forme d’élégance et d’esprit de fair-play avait hissé l’image de notre démocratie à un niveau élevé
Ainsi, ces acquis ne doivent pas être aujourd’hui pollués par une idée de dévolution monarchique. Car, les expériences de ce genre réalisées en République Démocratique du Congo, au Togo et récemment au Gabon posent la problématique de la démocratisation des Etats-nation issus des processus de décolonisation. La cartographie politique de « l’ouverture de l’ère des sagas familiales » en Afrique subsaharienne selon l’expression de M. El Hadji Hamidou KASSE, ancien Directeur général du Soleil, pose une véritable entorse aux principes de la démocratie. Ce retour aux ordres et privilèges doit-il prospérer en ce 21e siècle ?
Dans une démocratie qui se respecte, un fils de président de la République devrait avoir l’humilité de s’abstenir de toute idée de succéder directement son père au pouvoir. Car la notion de méritocratie ne pourrait guère émaner ici d’une quelconque légitimité politique dans la mesure où c’est le bénéfice d’une naissance qui semble plus influencer les positions occupées ou projetées. Ce qui traduit un manquement au grand principe de l’impartialité de l’Etat et des règles qui gouvernent le jeu démocratique.
Si l’échelle du temps et la mise en situation comptent dans l’expérience d’un homme d’Etat, le Ministre d’Etat Karim Wade a-t-il mis autant de temps que Léon Gambetta pour arriver là où il est aujourd’hui et incarner au plan discursif la méritocratie républicaine?

Abdou Rahmane THIAM
Docteur en Science politique
Montpellier-France

(Plus d'informations demain sur leral .net)


1.Posté par Boscus le 30/07/2010 00:27 | Alerter
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Simple interrogation, la méritocratie passe-t-elle forcément par la démocratie ?
Ici définie à l'idée d'Abraham Lincoln " La démocratie, c'est le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ".
Ou peut-elle s'exprimer par une élite technocratique non élus par le peuple, mais qui gouvernerait pour le peuple.

Je pose cette question par ailleurs car au Sénégal ou encore dans d'autres pays d'Afrique, l'influence de certains partis politique ou encore de notables sur la population est très importante.
Donc les méritants ne le sont peut-être pas, tel au Gabon avec une dynastie Bongo présente depuis plus de 40 ans.

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