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Tentative de succession par Diouf et Wade : Le «dauphinat» échoue au large de l’élection

Abdou Diouf a payé cher le parachutage de Tanor Dieng en 2000. Abdoulaye Wade n’y échappera pas pour avoir voulu compter sur son fils, Karim.


Rédigé par leral.net le Vendredi 6 Avril 2012 à 12:49 | | 0 commentaire(s)|

Tentative de succession par Diouf et Wade : Le «dauphinat» échoue au large de l’élection
«Je n’ai pas d’héritier à la tête du Sénégal ni de dauphin. Ce n’est ni Karim ni Idrissa Seck ni personne. Et ce n’est pas la première fois que je le dis. (…) Quel est le chef de l’Etat qui n’a pas les moyens de pousser quelqu’un pour le faire élire à la présidence de la République ? (…) Main­tenant, Karim est un citoyen comme tout autre, à moins de dire que le fils du président de la Ré­pu­blique ne peut être candidat. Mais je puis vous dire que ce n’est nullement dans les intentions de Karim. Car il ne voudrait pas refaire et revivre mon expérience avec tous les problèmes que j’ai connus. Non, il a son métier ; il peut reprendre son travail à tout moment».

C’est le paravent que Wade avait utilisé en mai 2004 pour couper court aux rumeurs qui se confirmaient dans les faits, gestes et jusque dans les postes de responsabilité qu’il confiait à son fils. Lundi, en meeting à Ziguinchor, galvanisé par son meilleur score régional lors du scrutin du premier tour, Abdoulaye Wade veut sauver- mais surtout rectifier sa faute d’avoir privé de parole au maire de la ville- son électorat. Finalement, celui qui ne voulait pas de «dauphinat», dit dans L’Observateur du 13 mars : «C’est à Abdoulaye Baldé que je compte laisser le pouvoi» et non à son fils, Karim. Il est vrai que cette sortie vaut le poids du wax waxeet, mais rien qu’à l’évoquer, il y a de quoi frémir. Baldé, Karim, Ndéné…, le parfum de la «monarchisation» se lit dans les dires du Président sortant. Wade dit bien laisser le pouvoir à Baldé. Et non laisser le parti à Baldé. Et puis, Karim et Baldé, n’est-ce pas le tandem «gagnant» du «concrétisme» ? C’est pourtant le projet monarchique caché- dévoilé par le ticket Président/Vice président- qui l’a plongé avec son fils aux Locales de 2009 avant de l’enfoncer au premier tour (35%). La même intention prêtée à Diouf pour parachuter son ex-homme fort, Ousmane Tanor Dieng !

DIOUF POUR TANOR
Abdoulaye Wade semble suivre les pas de Abdou Diouf dans sa dynamique inavouée- parfois subtilement avouée- de faire plonger son Dau­phin. Ousmane Tanor Dieng était de facto le choix du Président du parti socialiste à l’époque. Sa position stratégique de ministre d’Etat chargé des Affaires et services présidentiels jusqu’en 2000 faisait de lui le probable successeur de Diouf. Cela s’est concrétisé dans les instances du parti dont il occupait la tête au détriment de «dauphins naturels», Moustapha Niasse et Djibo Leyti Kâ dans l’héritage Senghorien. Verdict du fameux «congrès sans débat».

Doudou Sidibé, dans son ouvrage, Démocratie et Alternance politique au Sénégal raconte que 20 ans après le parachutage de Diouf par Senghor, le même scénario semblait se reproduire : «Le choix de Tanor n’enchanta guère une bonne partie de l’opinion sénégalaise dans la mesure où le dauphin était presque inconnu des milieux politiques.» Et Sidibé de poursuivre que le Sénégalais «épris de liberté et de démocratie n’avait pas encore fini de panser les blessures provoquées par le choix de Senghor». Encore que le technocrate Tanor ne faisait pas l’unanimité dans la classe socialiste. Si à cette époque de balbutiements démocratiques, le peuple sénégalais n’aurait pas accepté un quelconque projet de succession monarchique, ce n’est pas aujourd’hui, à l’heure de l’exigence accrue de la démocratie comme une demande sociale, que le «dauphinat» va prospérer. Ça file vers la chute le 25 mars.

hamath@lequotidien.sn