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Thérése Sène (rescapée de Faoye): "je venais de perdre mon ex-époux, ma grande sœur et mon neveu en seulement quelques heures"

Après le drame de Bitenti (Fatick), soldé par 17 morts, à la suite du chavirement d'une pirogue, un drame similaire est survenu avant-hier, à Faoye (Fatick). Le bilan est de 6 morts et 19 rescapés, parmi lesquels, Thérèse Sène, qui a perdu deux proches. Les minutes du chavirement racontées par cette miraculée, qui semble marquée du syndrome de la rescapée.


Rédigé par leral.net le Mardi 10 Octobre 2017 à 12:06 | | 0 commentaire(s)|

Thérése Sène (rescapée de Faoye): "je venais de perdre mon ex-époux, ma grande sœur et mon neveu en seulement quelques heures"
Le ciel semble lui tomber dessus. Thérèse Sène n'en revient toujours pas d'avoir perdu en quelques heures, son ex-époux, sa grande sœur et son neveu. Ce, à la suite du chavirement d'une pirogue à bord de laquelle, elle avait pris place. Toujours inconsolable, la dame avait quitté Dakar, le jour du drame, en compagnie de parents, pour convoyer au village de Sakhor, la dépouille de son ex-mari. Le cruel destin avait prévu de corser sa peine. Ayant embarqué à bord de deux pirogues pour rallier Sakho, l'embarcation à bord de laquelle elle se trouvait, chavirera. Six personnes succomberont des suites de noyade. Un cauchemar conté par Thérèse Sène.

"Nous avons quitté Dakar avant-hier, vers 17 heures, pour convoyer la dépouille de mon ex-époux, à son village natal, Sakhor. A. Faoye, nous avons affrété deux pirogues pour rallier ce village par la mer. Il y avait 25 personnes dans chacune des pirogues. Une fois en mer, l'une des embarcations, celle à bord de laquelle se trouvait la dépouille, a devancé de plusieurs miles, la nôtre . Il n'y avait que trois hommes à bord: mon neveu, Pierre Sène, né en 1988, le piroguier et son guide. Le reste était composé de dames. Quelques heures après notre départ, la pirogue a soudainement pris eau. La minute d'après, l'eau est sérieusement montée d'un cran, au point que nous avions les pieds trempés.

La panique s'est installée. C'est alors que mon neveu, Pierre Sène, s'est porté volontaire pour évacuer l'eau, avec un récipient de fortune. Peine perdue. La pirogue avait complètement pris eau et la première embarcation était très loin. En homme averti, le guide a compris qu'il fallait se préparer au pire. Il a sommé le piroguier de ralentir la pirogue qui avait presque disparu de la surface de l'eau. Le malheur ne venant jamais seul, le moteur nous a lâchés. Il était environ 21 heures, il faisait noir, la mer était très agitée et aucune embarcation ne rôdait aux alentours.

Pessimiste, le piroguier a demandé à tout le monde de s'agripper aux cordes de sécurité, pour ne pas couler. Il a insisté, nous suppliant presque de ne jamais lâcher les cordes, car la pirogue allait chavirer. Puis il a lâché : "La mort est proche". Dans un instinct de survie, tout le monde de s'agripper aux cordes. Nous étions toujours à bord de la pirogue totalement envahie par l'eau. Les vagues devenant de plus en plus fortes, l'une d'entre nous a été éjectée hors de la pirogue. Je l'ai juste entendu dire "Jésus Marie". C'est par la suite que j'ai appris qu'il s'agissait de ma grande sœur, Cecile Sène, 66 ans, morte noyée. Sous l'effet des vagues violentes, la pirogue a chaviré", raconte-elle, le visage boursoufflé, d'où perlaient des larmes, comme des sillons de la peine qui la ronge.

Se ressaisissant, elle poursuit: "Certains ont coulé, d'autres comme moi, qui n'avaient pas lâché les cordes de sécurité, ont réussi à garder la tête à la surface de l'eau. Ces cordes étaient notre seul salut. Les cris fusaient de partout, pour alerter d'éventuels pêcheurs. Quand j'ai réalisé que ma vie ne tenait qu'à une corde, je me suis demandé si mes enfants qui étaient à bord, étaient sauvés ou s'ils avaient péri. J'étais tellement terrifiée que j'ai failli lâcher prise, pour aller à leur recherche. C'est alors que des pêcheurs qui passaient dans les environs, ont entendu nos cris, ont rappliqué et repêché plusieurs d'entre nous. Nous avons par la suite, été acheminés à la structure sanitaire de Faoye.

Alertés, les habitants de la localité sont venus à notre chevet, en nous assistant. Le plus dur pour moi, était de rester sans nouvelles de mon neveu et de ma grande sœur. Pendant ce temps, la première pirogue qui convoyait le défunt, avait fini de débarquer ses passagers à Sakhor. N'ayant pas de nos nouvelles, ils ont embarqué à nouveau pour venir s'enquérir de notre sort. C'est une fois à Faoye qu'ils sauront la mauvaise nouvelle. Avisés, les sapeurs-pompiers de Fatick ont entrepris des recherches jusque tard dans la nuit. C'est alors que j'ai commencé à perdre espoir. C'est un traumatisant cauchemar. je venais de perdre mon ex-époux, ma grande sœur et mon neveu en seulement quelques heures. Mais c'est la volonté divine."



L'Observateur

La rédaction