Au lendemain de sa nomination comme Premier ministre par le président Macky Sall nouvellement élu, M. Abdoul Mbaye, qui a très tôt annoncé la couleur dans la bataille contre la corruption, le favoritisme et le protectionnisme dont bénéficiaient certaines personnalités du régime wadien a été l’objet d’attaques plus ou moins objectives d’une certaine presse aux ordres et manipulée par des lobbys politico-mafieux dont les intérêts se trouvent désormais menacés par l’attitude de fermeté des nouvelles autorités ainsi que par leur volonté de moralisation des affaires publiques. Cette même presse s’est fait le porte-plume de certaines personnalités politiques qui n’ont point digéré d’avoir été zappées lors de la formation du premier gouvernement de la « Nouvelle alternance ». Des affaires pendantes devant la justice, ayant opposé l’alors directeur général de la défunte Banque Sénégalo-Tunisienne (BST) à un homme d’affaires du nom d’Abdoulaye Baba Diakité à propos de la confiscation d’un immeuble appartenant à ce dernier, ont été par la suite brandies comme une sorte d’épouvantail pour contraindre le tout nouveau PM à démissionner peu de temps après sa nomination. Après cette première campagne qui a fait flop, les contempteurs du Premier ministre n’ont pas hésité à évoquer un chimérique différend gravissime entre lui et le président de la République. D’ailleurs, pour démentir la thèse du malaise avec le chef de l’Etat, M. Abdoul Mbaye avait été obligé de faire une sortie dans une édition d’un quotidien de la place pour expliquer qu’il ne peut pas y avoir de problème entre lui et le Président, ce dernier détenant les prérogatives constitutionnelles pour se débarrasser de lui à la moindre incartade. Par conséquent, le Président n’aurait pas hésité à se séparer de lui pour mieux conduire la politique économique du « Yoonu Yokkute » en cas de différend.
Continuant la campagne de déstabilisation, l’opposition libérale, cette fois-ci, n’a pas hésité à mettre en relief sa supposée incompétence et son manque d’initiative, l’accusant notamment d’avoir plagié leur document de réduction de la pauvreté (Drp) dans son discours de politique générale. Cette étape passée, la campagne de dénigrement et d’opprobre s’est intensifiée. Maintenant, la nouvelle arme des pourfendeurs de M. Abdoul Mbaye, c’est le dépoussiérage des quelques huit milliards que l’ex-président tchadien Hissène Habré aurait amenés dans ses bagages lors de son exil au Sénégal. Pour être plus clair, on accuse M. Abdoul Mbaye de blanchiment d’argent. Depuis vingt-deux ans que M. Habré vit au Sénégal, c’est maintenant seulement qu’on évoque cette affaire de blanchiment d’argent.
LA PRESSE, LES LIBERAUX ET LES LOBBYS POLITICO-MAFIEUX FLINGUEURS
En première ligne dans cette bataille malsaine, il y a malheureusement cette même presse aux ordres qui avait cloué au pilori le PM au lendemain de sa nomination. En accusant le banquier Abdoul Mbaye de blanchiment d’argent, ces confrères donnent évidemment du grain à moudre aux organisations de défense des droits de l’homme qui ne démordent pas de traduire l’ex-président tchadien devant un tribunal pénal pour crimes et tortures. Si le blanchiment est l’action de dissimuler la provenance d’argent acquis de manière illicite (spéculations illégales, activités mafieuses, prostitution, trafic de drogue et de stupéfiants, d’armes, extorsion, certains types de fraude fiscale, corruption) afin de le réinvestir dans des activités légales comme la construction immobilière, cette nouvelle accusation de blanchiment ne tient pas la route. Classiquement, en effet, le blanchiment d’argent se fait par trois étapes successives : d’abord la phase de placement, à l’occasion de laquelle l’argent d’origine criminelle est introduit dans le système financier, ensuite la phase d’empilage, durant laquelle on accumule de nombreuses transactions pour réduire la traçabilité des fonds et, enfin, la phase consistant à intégrer les fonds dans des secteurs variés sous forme d’investissements. Concernant l’argent du président Hissène Habré, rien de tout cela. Il est clairement établi qu’il vient tout bonnement des avoirs bancaires de l’ex-président tchadien. Que ce dernier ait dérobé ou pas toute cette manne financière, il revient aux juridictions tchadiennes compétentes en matière d’enrichissement illicite de se prononcer en la matière mais pas à une certaine catégorie de politiciens, de journalistes ou de pseudo-droits de l’hommistes de le faire. Ces derniers ne pouvant s’adosser sur l’argumentaire du blanchiment d’argent pour accuser M. Abdoul Mbaye et, par voie de conséquence, atteindre leur cible privilégiée en l’occurrence le président Hissène Habré, ont préféré parler d’éthique. Mais l’éthique ne peut faire condamner un justiciable car elle n’est pas la loi.
D’ailleurs, pour laver l’actuel Premier ministre de toute accusation sordide de blanchiment, l’alors ministre de l’Economie et des Finances, M. Moussa Touré, a confirmé sans circonlocutions, lors de l’émission « Point de vue » de la RTS, le 11 octobre dernier, qu’il est aberrant de parler de blanchiment d’autant que le gouvernement sénégalais par des services spécialisés avait fait l’inventaire de tous les biens que le président déchu avait amenés avec lui. Et avec la bénédiction de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), M. Abdoul Mbaye, alors directeur de la Banque Internationale pour l’Afrique occidentale (BIAO), avait placé une partie des avoirs du président Habré dans sa banque. Même s’il y avait blanchiment, la loi condamnant ce délit n’existait pas à l’époque. Par conséquent, M. Abdoul Mbaye ne peut être accusé d’un délit qui n’existait nullement dans notre arsenal législatif, la loi n’étant pas rétroactive. Si on considère le placement des fonds du président tchadien déchu comme un cas de blanchiment d’argent, alors la Suisse, Dubaï, le Liechtenstein peuvent être considérés comme des parangons en matière de blanchiment. Combien sont-ils, les présidents, les ministres, les directeurs généraux de sociétés, les hommes d’affaires à avoir planqué leurs avoirs dans des banques de ces pays pour des raisons occultes ?
Depuis les années 1990, la Suisse s’est dotée d'un arsenal juridique contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la corruption. Sa législation impose aux établissements financiers de signaler toute transaction suspecte et, le cas échéant, de bloquer les comptes incriminés. Pourtant, les comptes bancaires d’une certaine catégorie de personnes ne cessent d’enfler en milliards. La dernière manœuvre des libéraux, c’est la motion de censure qu’ils envisagent de déposer à l’Assemblée nationale pour faire tomber M. Abdoul Mbaye et son gouvernement. Un coup d’épée dans l’eau, une tempête dans un verre d’eau si l’on sait que les députés bleus ne sont que deux pelés et trois tondus. En tout, ils ne font pas 15.
LES CADRES APERISTES FRANCS-TIREURS
Le plus désolant, c’est que les bombes lancées sur le PM depuis sa nomination ne proviennent pas simplement des opposants libéraux, d’une certaine presse manipulée, mais aussi du cercle restreint de la structure des cadres de l’Alliance Pour la République (Apr). Certains de ces cadres « marrons » ont juré de ne cesser la bataille par procuration que lorsque le Pm abdiquera et que son poste leur reviendra. Des cadres qui ne digèrent pas que le prestigieux poste de PM leur ait filé entre les doigts alors qu’en leur sein, il existerait des compétences avérées pour diriger le gouvernement. M. Abdoul Mbaye aurait aggravé son cas lors du premier gouvernement en s’opposant à la nomination de certains cadres de l’Apr dont les compétences et les CV ne plaidaient pas pour leur entrée au Gouvernement. Toutes choses qui font qu’aujourd’hui, beaucoup de cadres du parti du Président ont la ferme conviction que si l’actuel Premier ministre est limogé, c’est un des leurs qui serait promu à sa place. Cela dit, il est de bon ton que ces pourfendeurs apéristes encagoulés mêlent intelligemment, et pour le principe, leurs voix, dans ce concert de réprobations et de diatribes, à celles des rares défenseurs du PM. Pour le reste, il est sidérant de voir que, depuis que M. Abdoul Mbaye fait l’objet d’un véritable lynchage, les cadres de l’Apr ne se sont pas réunis en instance pour prendre sa défense comme ils viennent de le faire lorsque Me Ousmane Ngom a taxé les actuels gouvernants de blanchisseurs professionnels avec à leur tête le président de la République. Seul Jean-Paul Dias a eu le courage descendre en flamme les dénigreurs du chef du Gouvernement.
Depuis le premier jour de sa nomination, les faux et perfides prophètes ne cessent de prédire la chute de M. Abdoul Mbaye. Certains avaient même écrit qu’il ne passerait pas l’hivernage. Hélas pour eux, il est toujours en poste. Le premier remaniement du Gouvernement, qui était l’occasion rêvée de le voir déchoir de son poste a ruiné les espoirs de ses pourfendeurs qui ne désespèrent pas pour autant d’obtenir sa tête. Le « Mbaye-bashing » est en marche mais M. Abdoul Mbaye résiste encore, avec sa carapace, aux balles des opposants, des journalistes et lobbyistes flingueurs. Sans compter celles des francs-tireurs de l’Apr. Mais pour combien de temps encore ?
SERIGNE SALIOU GUEYE
Le Témoin N° 1104 –Hebdomadaire Sénégalais ( NOVEMBRE 2012 )
Continuant la campagne de déstabilisation, l’opposition libérale, cette fois-ci, n’a pas hésité à mettre en relief sa supposée incompétence et son manque d’initiative, l’accusant notamment d’avoir plagié leur document de réduction de la pauvreté (Drp) dans son discours de politique générale. Cette étape passée, la campagne de dénigrement et d’opprobre s’est intensifiée. Maintenant, la nouvelle arme des pourfendeurs de M. Abdoul Mbaye, c’est le dépoussiérage des quelques huit milliards que l’ex-président tchadien Hissène Habré aurait amenés dans ses bagages lors de son exil au Sénégal. Pour être plus clair, on accuse M. Abdoul Mbaye de blanchiment d’argent. Depuis vingt-deux ans que M. Habré vit au Sénégal, c’est maintenant seulement qu’on évoque cette affaire de blanchiment d’argent.
LA PRESSE, LES LIBERAUX ET LES LOBBYS POLITICO-MAFIEUX FLINGUEURS
En première ligne dans cette bataille malsaine, il y a malheureusement cette même presse aux ordres qui avait cloué au pilori le PM au lendemain de sa nomination. En accusant le banquier Abdoul Mbaye de blanchiment d’argent, ces confrères donnent évidemment du grain à moudre aux organisations de défense des droits de l’homme qui ne démordent pas de traduire l’ex-président tchadien devant un tribunal pénal pour crimes et tortures. Si le blanchiment est l’action de dissimuler la provenance d’argent acquis de manière illicite (spéculations illégales, activités mafieuses, prostitution, trafic de drogue et de stupéfiants, d’armes, extorsion, certains types de fraude fiscale, corruption) afin de le réinvestir dans des activités légales comme la construction immobilière, cette nouvelle accusation de blanchiment ne tient pas la route. Classiquement, en effet, le blanchiment d’argent se fait par trois étapes successives : d’abord la phase de placement, à l’occasion de laquelle l’argent d’origine criminelle est introduit dans le système financier, ensuite la phase d’empilage, durant laquelle on accumule de nombreuses transactions pour réduire la traçabilité des fonds et, enfin, la phase consistant à intégrer les fonds dans des secteurs variés sous forme d’investissements. Concernant l’argent du président Hissène Habré, rien de tout cela. Il est clairement établi qu’il vient tout bonnement des avoirs bancaires de l’ex-président tchadien. Que ce dernier ait dérobé ou pas toute cette manne financière, il revient aux juridictions tchadiennes compétentes en matière d’enrichissement illicite de se prononcer en la matière mais pas à une certaine catégorie de politiciens, de journalistes ou de pseudo-droits de l’hommistes de le faire. Ces derniers ne pouvant s’adosser sur l’argumentaire du blanchiment d’argent pour accuser M. Abdoul Mbaye et, par voie de conséquence, atteindre leur cible privilégiée en l’occurrence le président Hissène Habré, ont préféré parler d’éthique. Mais l’éthique ne peut faire condamner un justiciable car elle n’est pas la loi.
D’ailleurs, pour laver l’actuel Premier ministre de toute accusation sordide de blanchiment, l’alors ministre de l’Economie et des Finances, M. Moussa Touré, a confirmé sans circonlocutions, lors de l’émission « Point de vue » de la RTS, le 11 octobre dernier, qu’il est aberrant de parler de blanchiment d’autant que le gouvernement sénégalais par des services spécialisés avait fait l’inventaire de tous les biens que le président déchu avait amenés avec lui. Et avec la bénédiction de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), M. Abdoul Mbaye, alors directeur de la Banque Internationale pour l’Afrique occidentale (BIAO), avait placé une partie des avoirs du président Habré dans sa banque. Même s’il y avait blanchiment, la loi condamnant ce délit n’existait pas à l’époque. Par conséquent, M. Abdoul Mbaye ne peut être accusé d’un délit qui n’existait nullement dans notre arsenal législatif, la loi n’étant pas rétroactive. Si on considère le placement des fonds du président tchadien déchu comme un cas de blanchiment d’argent, alors la Suisse, Dubaï, le Liechtenstein peuvent être considérés comme des parangons en matière de blanchiment. Combien sont-ils, les présidents, les ministres, les directeurs généraux de sociétés, les hommes d’affaires à avoir planqué leurs avoirs dans des banques de ces pays pour des raisons occultes ?
Depuis les années 1990, la Suisse s’est dotée d'un arsenal juridique contre le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la corruption. Sa législation impose aux établissements financiers de signaler toute transaction suspecte et, le cas échéant, de bloquer les comptes incriminés. Pourtant, les comptes bancaires d’une certaine catégorie de personnes ne cessent d’enfler en milliards. La dernière manœuvre des libéraux, c’est la motion de censure qu’ils envisagent de déposer à l’Assemblée nationale pour faire tomber M. Abdoul Mbaye et son gouvernement. Un coup d’épée dans l’eau, une tempête dans un verre d’eau si l’on sait que les députés bleus ne sont que deux pelés et trois tondus. En tout, ils ne font pas 15.
LES CADRES APERISTES FRANCS-TIREURS
Le plus désolant, c’est que les bombes lancées sur le PM depuis sa nomination ne proviennent pas simplement des opposants libéraux, d’une certaine presse manipulée, mais aussi du cercle restreint de la structure des cadres de l’Alliance Pour la République (Apr). Certains de ces cadres « marrons » ont juré de ne cesser la bataille par procuration que lorsque le Pm abdiquera et que son poste leur reviendra. Des cadres qui ne digèrent pas que le prestigieux poste de PM leur ait filé entre les doigts alors qu’en leur sein, il existerait des compétences avérées pour diriger le gouvernement. M. Abdoul Mbaye aurait aggravé son cas lors du premier gouvernement en s’opposant à la nomination de certains cadres de l’Apr dont les compétences et les CV ne plaidaient pas pour leur entrée au Gouvernement. Toutes choses qui font qu’aujourd’hui, beaucoup de cadres du parti du Président ont la ferme conviction que si l’actuel Premier ministre est limogé, c’est un des leurs qui serait promu à sa place. Cela dit, il est de bon ton que ces pourfendeurs apéristes encagoulés mêlent intelligemment, et pour le principe, leurs voix, dans ce concert de réprobations et de diatribes, à celles des rares défenseurs du PM. Pour le reste, il est sidérant de voir que, depuis que M. Abdoul Mbaye fait l’objet d’un véritable lynchage, les cadres de l’Apr ne se sont pas réunis en instance pour prendre sa défense comme ils viennent de le faire lorsque Me Ousmane Ngom a taxé les actuels gouvernants de blanchisseurs professionnels avec à leur tête le président de la République. Seul Jean-Paul Dias a eu le courage descendre en flamme les dénigreurs du chef du Gouvernement.
Depuis le premier jour de sa nomination, les faux et perfides prophètes ne cessent de prédire la chute de M. Abdoul Mbaye. Certains avaient même écrit qu’il ne passerait pas l’hivernage. Hélas pour eux, il est toujours en poste. Le premier remaniement du Gouvernement, qui était l’occasion rêvée de le voir déchoir de son poste a ruiné les espoirs de ses pourfendeurs qui ne désespèrent pas pour autant d’obtenir sa tête. Le « Mbaye-bashing » est en marche mais M. Abdoul Mbaye résiste encore, avec sa carapace, aux balles des opposants, des journalistes et lobbyistes flingueurs. Sans compter celles des francs-tireurs de l’Apr. Mais pour combien de temps encore ?
SERIGNE SALIOU GUEYE
Le Témoin N° 1104 –Hebdomadaire Sénégalais ( NOVEMBRE 2012 )