Il n'aura fallu que quelques heures au Sénat paraguayen pour destituer le président Fernando Lugo, élu en 2008 et dont le mandat se terminait en août 2013. Quelques minutes de plus ont été nécessaires pour désigner son remplaçant, Federico Franco Gomez, qui n'était autre que son vice-président. «Ce n'est pas Fernando Lugo qui est touché aujourd'hui, c'est la démocratie paraguayenne», a déclaré Fernando Lugo peu après sa destitution, tout en disant accepter ce «verdict injuste du Parlement, au nom de la paix et de la non-violence».
Dans un entretien à CNN en espagnol, le nouveau président paraguayen a affirmé que, «le 15 août prochain, un nouveau président qui aura été désigné par les urnes prendra la tête du pays». «Je ne me présenterai pas. Je suis conscient que ce moment spécial exige du renoncement», a-t-il ajouté. Intervenant dimanche 24 juin dans une émission matinale de la télévision TV Publica, le président destitué s'est dit victime d'un «coup d'État parlementaire» et a appelé ses partisans à manifester pacifiquement. Fernando Lugo était le premier président de gauche élu au Paraguay après 62 ans de pouvoir du parti Colorado.
Un pays dépendant de ses voisins
Les voisins du Paraguay, toute tendance confondue, ont rapidement condamné la destitution. Le plus rapide a été le président équatorien, Rafael Correa, puisqu'il a jugé «illégitime» la destitution avant même qu'elle soit votée. Hugo Chavez lui a emboîté le pas en déclarant que «le Venezuela ne reconnaît pas ce gouvernement sans valeur, illégal et illégitime». La réaction la plus virulente est venue de la présidente argentine Cristina Kirchner qui a qualifié la destitution de «coup d'État inacceptable… qui reproduit des situations que nous croyions avoir totalement dépassées en Amérique du Sud». Le ministre chilien des Affaires étrangères, Alfredo Moreno, a parlé, lui, de destitution particulièrement expéditive qui «n'avait pas rempli les critères minimaux requis». Le président nicaraguayen, Daniel Ortega, a fait le parallèle avec le coup d'État au Honduras de juin 2009. L'Argentine et le Brésil ont rappelé leur ambassadeur à Asuncion. Un sommet de l'Unasur (Union sud-américaine des nations, qui groupe tous les pays de la région) devrait être convoqué cette semaine pour décider d'une position commune face aux événements d'Asuncion. Un sommet du Mercosur, un marché commun qui groupe l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay, était prévu jeudi et vendredi à Mendoza (Argentine). Ce sera un premier test pour le nouveau président Franco qui a reconnu n'avoir pas reçu «d'invitation claire» de ses partenaires. Le Paraguay pourrait être suspendu de l'organisation.
Si l'Espagne s'est contentée de prendre acte que «Fernando Lugo avait accepté de se soumettre à la décision du Sénat», la chef de la diplomatie européenne, Catherine Asthon, a dit suivre «avec préoccupation la situation politique au Paraguay».
Le nouveau président paraguayen a reconnu samedi matin qu'il «y a des soucis qui le préoccupent avec la communauté internationale». Le Paraguay, pays pauvre et enclavé, est très dépendant de ses voisins. Le Mercosur est vital pour l'économie paraguayenne. Une suspension du marché commun régional aurait de graves conséquences. Federico Franco Gomez va maintenant s'employer à expliquer à ses partenaires que la procédure suivie a respecté la Constitution et qu'il n'y pas eu d'entorse au fonctionnement démocratique des institutions. Le pays pourrait devoir attendre la prochaine élection présidentielle qui doit se dérouler au printemps 2013 pour retrouver des relations normales avec ses voisins.
Par Patrick Bèle
Dans un entretien à CNN en espagnol, le nouveau président paraguayen a affirmé que, «le 15 août prochain, un nouveau président qui aura été désigné par les urnes prendra la tête du pays». «Je ne me présenterai pas. Je suis conscient que ce moment spécial exige du renoncement», a-t-il ajouté. Intervenant dimanche 24 juin dans une émission matinale de la télévision TV Publica, le président destitué s'est dit victime d'un «coup d'État parlementaire» et a appelé ses partisans à manifester pacifiquement. Fernando Lugo était le premier président de gauche élu au Paraguay après 62 ans de pouvoir du parti Colorado.
Un pays dépendant de ses voisins
Les voisins du Paraguay, toute tendance confondue, ont rapidement condamné la destitution. Le plus rapide a été le président équatorien, Rafael Correa, puisqu'il a jugé «illégitime» la destitution avant même qu'elle soit votée. Hugo Chavez lui a emboîté le pas en déclarant que «le Venezuela ne reconnaît pas ce gouvernement sans valeur, illégal et illégitime». La réaction la plus virulente est venue de la présidente argentine Cristina Kirchner qui a qualifié la destitution de «coup d'État inacceptable… qui reproduit des situations que nous croyions avoir totalement dépassées en Amérique du Sud». Le ministre chilien des Affaires étrangères, Alfredo Moreno, a parlé, lui, de destitution particulièrement expéditive qui «n'avait pas rempli les critères minimaux requis». Le président nicaraguayen, Daniel Ortega, a fait le parallèle avec le coup d'État au Honduras de juin 2009. L'Argentine et le Brésil ont rappelé leur ambassadeur à Asuncion. Un sommet de l'Unasur (Union sud-américaine des nations, qui groupe tous les pays de la région) devrait être convoqué cette semaine pour décider d'une position commune face aux événements d'Asuncion. Un sommet du Mercosur, un marché commun qui groupe l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay, était prévu jeudi et vendredi à Mendoza (Argentine). Ce sera un premier test pour le nouveau président Franco qui a reconnu n'avoir pas reçu «d'invitation claire» de ses partenaires. Le Paraguay pourrait être suspendu de l'organisation.
Si l'Espagne s'est contentée de prendre acte que «Fernando Lugo avait accepté de se soumettre à la décision du Sénat», la chef de la diplomatie européenne, Catherine Asthon, a dit suivre «avec préoccupation la situation politique au Paraguay».
Le nouveau président paraguayen a reconnu samedi matin qu'il «y a des soucis qui le préoccupent avec la communauté internationale». Le Paraguay, pays pauvre et enclavé, est très dépendant de ses voisins. Le Mercosur est vital pour l'économie paraguayenne. Une suspension du marché commun régional aurait de graves conséquences. Federico Franco Gomez va maintenant s'employer à expliquer à ses partenaires que la procédure suivie a respecté la Constitution et qu'il n'y pas eu d'entorse au fonctionnement démocratique des institutions. Le pays pourrait devoir attendre la prochaine élection présidentielle qui doit se dérouler au printemps 2013 pour retrouver des relations normales avec ses voisins.
Par Patrick Bèle