
Dans un monde où les réseaux sociaux sont souvent perçus comme des espaces de distraction, Serigne Abdou Samad Mbacké Souhaïbou, éminent guide religieux de la confrérie mouride, orchestre une révolution silencieuse. À travers la création de groupes WhatsApp dédiés à l’étude de l’islam, de la charia et du soufisme, il transforme la plateforme en un outil d’édification spirituelle et de résolution des défis communautaires. Une initiative qui marie tradition et modernité, tout en ancrant Touba au cœur d’un dialogue islamique global.
Pour ce fils de Serigne Souhaïbou Mbacké Ibn Serigne Touba, il n’est pas question de laisser ce réseau à la portée exclusive des « faiseurs de torts », car dit-il, « chaque outil peut aider à adorer Dieu, il suffit de savoir comment s’y prendre.
C’est ainsi que le chef religieux a créé plusieurs groupes qui rassemble des milliers de participants.
C’est ainsi que le chef religieux a créé plusieurs groupes qui rassemble des milliers de participants.
« Diiwanu Salawwat » : La prière, pilier d’un réseau mondial
Avec « Diiwanu Salawwat », la dévotion dépasse les frontières. Ce groupe réunit des centaines d’érudits chargés d’accomplir quotidiennement 124 000 *salaatu Alaa Mouhamed* (prières sur le Prophète), matin et soir. Un rituel collectif où chaque membre, réparti aux quatre coins du globe, peut se faire remplacer en cas d’empêchement. « C’est une chaîne spirituelle ininterrompue. Chacun, de Dakar à Dubaï, contribue à élever les prières pour la paix universelle », souligne un participant. Les « Salaatun tu Najiina », prières spécifiques pour le salut, renforcent cette dimension mystique.
« Fass Alla Zikri » : La charia à portée de clic
Dédiée à la jurisprudence islamique, « Fass Alla Zikri » (Explication de la parole divine) sert de forum aux islamologues et étudiants. Questions sur le halal, le mariage, ou les obligations religieuses : les réponses, sourcées et pédagogiques, y sont livrées en temps réel. « L’ignorance n’a plus d’excuse. Nous vulgarisons sans simplifier », affirme un modérateur. Un antidote numérique contre les interprétations extrémistes.
« As Samadiyah » : Le laboratoire des solutions pour Touba
Avec 1 023 participants, « As Samadiyah » incarne la dimension socio-politique du projet. Cadres, entrepreneurs et leaders y débattent des défis concrets de Touba : assainissement, éducation, emploi. Récemment, Serigne Abdou Samad a invité le groupe à intégrer le wird « Ya Salam », une invocation collective pour la paix au Sénégal. « Nous unissons la réflexion et la spiritualité. Agir ici-bas sans oublier l’au-delà », résume un membre.
« Karamti Xatu Yaddi » : L’héritage de Serigne Touba sous la loupe des érudits »
Le groupe « Karamti Xatu Yaddi » (« Ma plume a suffi comme héritage ») rassemble des chercheurs et intellectuels religieux de renom. Leur mission ? Décortiquer, traduire et commenter les écrits de Serigne Touba, fondateur du mouridisme. Les échanges, rigoureux et nuancés, visent à rendre accessible la pensée du Cheikh aux disciples, tout en préservant la profondeur de son message. « L’objectif est de faire vivre l’héritage par l’exégèse, sans trahir son essence », explique un membre du groupe.
« Al Awraad » : Le sanctuaire des initiés
Dernier-né des groupes, « Al Awraad » se consacre aux « wirds » (invocations) et pratiques soufies. Réservé aux islamologues, maîtres coraniques et chercheurs, il explore la dimension ésotérique de l’Islam. « C’est une bibliothèque vivante des secrets spirituels de la confrérie », confie un étudiant en sciences religieuses.
Une vision : Faire de Touba un phare numérique
Pour Serigne Abdou Samad, ces groupes ne sont pas de simples forums, mais des extensions de la daara (école coranique) moderne. « L’Islam ne craint pas la modernité ; il doit s’en emparer pour éclairer », déclare-t-il lors d’un sermon récent. Une approche saluée par les disciples, qui voient en ces espaces une réponse aux défis de l’époque : désinformation, isolement spirituel, et crise des modèles.
En harmonisant technologie et tradition, Touba écrit un nouveau chapitre de son histoire : celui d’une cité sainte connectée, où le savoir et la foi transcendent les écrans par le canal du tactile...
Source : https://www.wmaker.net/jotaay/Touba-a-l-ere-numeri...