Au plus fort de la crise de la dette, Angela Merkel avait fixé avec Nicolas Sarkozy le prix de l'indispensable solidarité de la première puissance économique européenne dans le sauvetage de l'euro. La chancelière voyait une chance dans la crise. Elle entendait l'utiliser pour insuffler à la zone euro une «culture de stabilité à l'allemande», en faisant régner sur l'Europe une discipline budgétaire de fer. Pour la chancelière, François Hollande a bien fait un pas dans la bonne direction, mercredi, en traçant la voie à l'adoption de la règle d'or. Sa promesse de campagne de «renégocier» le traité budgétaire avait passablement irrité Berlin. La chancelière a été rapidement rassurée de voir que le président français se contenterait de quelques aménagements au traité, portant sur la croissance. Son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, considère la «Schuldenbremse», le mécanisme allemand de frein à la dette, comme le «meilleur produit d'exportation» germanique pour la zone euro.
À Berlin, on aurait souhaité voir la règle d'or gravée dans le marbre de la Constitution française, sur le modèle allemand, mais on se félicite que la France s'astreigne enfin à plus de discipline budgétaire.
En Allemagne, le principe de contrôle des déficits avait été introduit dès l'origine dans la loi fondamentale de 1949. Il «limitait le recours à l'emprunt par l'État fédéral au financement de dépenses d'investissement». Mais des dérogations étaient prévues. C'est pourquoi Berlin s'est astreint en 2009 à limiter progressivement, d'ici à 2016, son déficit structurel fédéral à un maximum de 0,35 %. La «Schuldenbremse» est désormais au centre du consensus national. Tous les grands partis politiques allemands louent les vertus de ce frein à l'endettement, considéré outre-Rhin comme un moteur pour les réformes structurelles, la compétitivité et le succès de l'économie.
Compléter l'architecture politique de la zone euro
Le pacte budgétaire oblige les gouvernements à se doter d'un «mécanisme de correction» qui se déclenche «automatiquement» si des dérapages «importants» sont constatés par rapport à la trajectoire fixée - hormis en cas de «circonstances exceptionnelles» ou de «périodes de grave récession économique».
Berlin espère que Paris en fera un outil pour mener à bien des réformes structurelles en France, jugées indispensables outre-Rhin. Et la chancelière voit dans le pacte budgétaire le premier pas vers la création d'une véritable union politique et économique.
Pour Angela Merkel, l'adoption de la règle d'or interdisant les déficits n'est donc pas une faveur faite à l'Allemagne, mais une condition sine qua non à sa solidarité et à la réalisation d'une union bancaire.
Désormais, elle entend aller vite pour compléter l'architecture politique et économique de la zone euro. «On ne partage pas l'euro sans savoir comment le gérer», souligne-t-on à Berlin. La chancelière entend faire du remodelage de la zone euro, à travers une révision des traités, le thème central de la campagne pour sa réélection en 2013. Le bras de fer avec la France de François Hollande, réticente à une plus grande intégration européenne, ne fait que commencer.
Par Patrick Saint-Paul
À Berlin, on aurait souhaité voir la règle d'or gravée dans le marbre de la Constitution française, sur le modèle allemand, mais on se félicite que la France s'astreigne enfin à plus de discipline budgétaire.
En Allemagne, le principe de contrôle des déficits avait été introduit dès l'origine dans la loi fondamentale de 1949. Il «limitait le recours à l'emprunt par l'État fédéral au financement de dépenses d'investissement». Mais des dérogations étaient prévues. C'est pourquoi Berlin s'est astreint en 2009 à limiter progressivement, d'ici à 2016, son déficit structurel fédéral à un maximum de 0,35 %. La «Schuldenbremse» est désormais au centre du consensus national. Tous les grands partis politiques allemands louent les vertus de ce frein à l'endettement, considéré outre-Rhin comme un moteur pour les réformes structurelles, la compétitivité et le succès de l'économie.
Compléter l'architecture politique de la zone euro
Le pacte budgétaire oblige les gouvernements à se doter d'un «mécanisme de correction» qui se déclenche «automatiquement» si des dérapages «importants» sont constatés par rapport à la trajectoire fixée - hormis en cas de «circonstances exceptionnelles» ou de «périodes de grave récession économique».
Berlin espère que Paris en fera un outil pour mener à bien des réformes structurelles en France, jugées indispensables outre-Rhin. Et la chancelière voit dans le pacte budgétaire le premier pas vers la création d'une véritable union politique et économique.
Pour Angela Merkel, l'adoption de la règle d'or interdisant les déficits n'est donc pas une faveur faite à l'Allemagne, mais une condition sine qua non à sa solidarité et à la réalisation d'une union bancaire.
Désormais, elle entend aller vite pour compléter l'architecture politique et économique de la zone euro. «On ne partage pas l'euro sans savoir comment le gérer», souligne-t-on à Berlin. La chancelière entend faire du remodelage de la zone euro, à travers une révision des traités, le thème central de la campagne pour sa réélection en 2013. Le bras de fer avec la France de François Hollande, réticente à une plus grande intégration européenne, ne fait que commencer.
Par Patrick Saint-Paul