Les membres de l’association Le Moment de se lever pour l’Afrique (Mla), dans laquelle militent le sieur Amadou Diaw et Cie, semblent ne pas avoir usurpé leur nom. Avec la plainte récente déposée contre Abdoulaye Wade et son fils Karim pour « détournement de fonds publics et acquisition illégale de biens immobiliers en France », ils ont soulevé une grosse lièvre. L’acte posé devant un juge d’instruction du tribunal de grande instance à Paris ne cesse depuis lors de connaître une succession de rebondissements. Après le tollé médiatique, l’Etat du Sénégal a réagi avec l’ouverture d’une information judiciaire par le Parquet général. Et le procureur de la République a tenu à souligner, dans un communiqué, que « la procédure initiée (contre le Mla) se fonde sur les dispositions de l’article 80 du Code pénal sénégalais, qui prévoit et sanctionne les actes, manœuvres et propagandes, de nature à compromettre la sécurité publique, occasionner des troubles politiques graves, enfreindre les lois du pays, ou jeter le discrédit sur les institutions politiques ou leur fonctionnement ». En somme, c’est l’artillerie lourde qui a été sortie, mais qui ne semble pas suffisante aux yeux du Président Wade qui a écrit ce weekend à tous les maires de France pour leur demander « de vendre tout bien immobilier (lui) appartenant », mis à part « un studio de 41 m ? situé au 41, avenue des Ternes dans le 17e arrondissement » qu’il avait acheté, quand il était dans l’opposition. Aujourd’hui, une fois la consignation de 1 000 euros déposée par le Mla, le juge d’instruction aura un point de départ d’enquête avec cette déclaration du Président. Mais s’il se veut être exhaustif, le magistrat en charge du dossier (ou les officiers de police judiciaire) à qui il va confier l’enquête ne va pas manquer de s’intéresser à deux Sociétés civiles immobilières (Sci). Il s’agit de la Sci Yakaar qui se trouve au 27, avenue Pierre 1er de Serbie 75 016 Paris et de la Sci Synka domiciliée au 13, avenue de la Haye 78 000 Versailles. Deux sociétés qui ont pour activité principale la location de terrains et d’autres biens immobiliers et qui ont comme gérante… Aïda Syndiely Rose Wade. A sa création le 16 décembre 2004 dans les bureaux du notaire, Me Olivier Macron, au 38, rue de l’Orangerie à Versailles, la Sci Yakaar n’avait que deux associées : à savoir, Madame Viviane Madeleine Vert et de Mademoiselle Aïda Syndiely Rose Wade. Avec un capital social de 2 000 euros, il est noté dans les statuts que Mademoiselle Aïda Wade dispose des 99 parts (1 980 euros) et sa mère Viviane une part (20 euros). Quant à la Sci Synka, dont l’appellation rappelle étrangement la jonction des prénoms de Syndiély et Karim, c’est une société dans laquelle Mme Wade avait une grande part. C’est en effet le 6 novembre 2001 qu’elle a été constituée et le 3 septembre 2002, en sa qualité de donatrice, elle cède 51 parts de 20 euros chacune de cette société à sa fille Syndiély. Ce qui fait que, par suite de la donation des parts sociales, Mademoiselle Aïda Syndiely Rose Wade avait, au 3 septembre 2002, 150 parts numérotées de 1 à 150 de la Sci Synka. Ces différents apports se sont fait en numéraire et en immobilier. Ce qui est d’ailleurs bien spécifié dans les documents parcourus et concernant l’origine de propriété. Il y est mentionné expressément que « les parts présentement données appartiennent en propre à Madame Wade, donatrice, pour lui avoir été attribuées, d’une part en représentation de son apport aux termes de l’acte reçu par Me Bernard Macron en date du 6 novembre 2001 contenant les statuts de ladite société (part n°1 en numéraire) ; et en représentation de son apport immobilier de biens lui appartenant en propre, aux termes d’un acte reçu par Me Bernard Macron, notaire soussigné, le 20 mars 2002 ». Dans l’enquête qui sera ouverte par le juge d’instruction, ces éléments ne vont pas manquer de susciter curiosité, histoire de connaître réellement le patrimoine de ces deux sociétés et ces modes d’acquisition. Surtout que la première a vu le jour au lendemain de l’Alternance, c’est-à-dire le 6 novembre 2001.
lequotidien.sn
lequotidien.sn