Souleymane Bachir Diagne, professeur de philosophie à l'université de Colombia (USA)
’est un problème de culture et d’éducation. Un des constats que je fais c’est que nous n’avons pas d’opinion publique. Or, une opinion publique éclairée et forte qui fasse pression en permanence sur ses dirigeants est extrêmement importantes», a déclaré le philosophe, Souleymane Bachir Diagne dans un entretien accordé à nos confrères du quotidien l’As.
M. Diagne qui enseigne actuellement à l’Université de Columbia aux Etats-Unis dit avoir « le sentiment que si nos dirigeants en Afrique peuvent penser qu’ils n’ont de comptes à rendre à personne, c’est parce qu’ils ne vivent pas sous la pression de l’opinion publique ».
M. Diagne exprime sa désolation sur « le genre de choses qui peuvent se dire ou se faire en Afrique sans véritables conséquences, alors qu’aux Etats-Unis sur des faits apparemment banals, des carrières politiques sont détruites ». « On a le sentiment en Afrique qu’au fond tout peut passer parce que les opinions publiques ne sont pas structurées », déplore-t-il.
Invité à faire un jugement les présidents Wade et Senghor, le philosophe a laissé entendre que les deux hommes sont différents dans leurs rapports à l’Etat, à la chose publique. « Senghor, c’était une longue phase de construction des institutions avec une marque philosophique très importante. Senghor, c’était avant tout une orientation philosophique de l’Etat et le socialisme africain. La présidence actuelle a moins de profondeur historique. Elle a moins de duré pour l’instant, mais c’est vrai qu’on a le sentiment que la culture étatique a cédé le pas à une culture politique. On a l’impression qu’on va de manœuvre politique en manœuvre politique », compare-t-il.
L’âge du président en question
S’agissant de l’âge du président de la République (83 ans), il rappelle que cette question a été posée quand l’alternance est survenue. «On disait que Wade, malgré son âge était le président des jeunes. On a alors envie de dire que l’âge n’est pas important et qu’on a la jeunesse et l’âge de ses idées», souligne-t-il. Et M. Digne de relativiser : «je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui les jeunes dans leur majorité disent la même chose, c’est-à-dire un président en symbiose avec eux en matière d’orientation».
Souleymane B. Diagne fait remarquer que le président Wade a sauté beaucoup de générations. «Il est le seul de sa génération à se retrouver dans l’appareil gouvernemental et la plupart de ses collaborateurs son plus jeunes que lui de plusieurs générations», dit-il. Cette situation peut avoir un impact dans la gestion des affaires du pays, selon M. Diagne. «L’âge détermine la manière dont on aperçoit son entourage et accentue le côté un peu paternaliste chez les individus ».
S’agissant de l’institution d’un poste de vice président de la République, M. Diagne affirme ne pas comprendre cette fonction. « Je dois avouer mon ignorance totale de la cohérence dans laquelle une institution comme celle-là s’inscrit. On a déjà un président, un Premier ministre nommé par lui, un parlement et maintenant on veut y rajouter un vice président qui n’est élu par personne et qui sera une espèce de secrétaire du président de la République », regrette-t-il.
Issa Ndiaye pressafrik
’est un problème de culture et d’éducation. Un des constats que je fais c’est que nous n’avons pas d’opinion publique. Or, une opinion publique éclairée et forte qui fasse pression en permanence sur ses dirigeants est extrêmement importantes», a déclaré le philosophe, Souleymane Bachir Diagne dans un entretien accordé à nos confrères du quotidien l’As.
M. Diagne qui enseigne actuellement à l’Université de Columbia aux Etats-Unis dit avoir « le sentiment que si nos dirigeants en Afrique peuvent penser qu’ils n’ont de comptes à rendre à personne, c’est parce qu’ils ne vivent pas sous la pression de l’opinion publique ».
M. Diagne exprime sa désolation sur « le genre de choses qui peuvent se dire ou se faire en Afrique sans véritables conséquences, alors qu’aux Etats-Unis sur des faits apparemment banals, des carrières politiques sont détruites ». « On a le sentiment en Afrique qu’au fond tout peut passer parce que les opinions publiques ne sont pas structurées », déplore-t-il.
Invité à faire un jugement les présidents Wade et Senghor, le philosophe a laissé entendre que les deux hommes sont différents dans leurs rapports à l’Etat, à la chose publique. « Senghor, c’était une longue phase de construction des institutions avec une marque philosophique très importante. Senghor, c’était avant tout une orientation philosophique de l’Etat et le socialisme africain. La présidence actuelle a moins de profondeur historique. Elle a moins de duré pour l’instant, mais c’est vrai qu’on a le sentiment que la culture étatique a cédé le pas à une culture politique. On a l’impression qu’on va de manœuvre politique en manœuvre politique », compare-t-il.
L’âge du président en question
S’agissant de l’âge du président de la République (83 ans), il rappelle que cette question a été posée quand l’alternance est survenue. «On disait que Wade, malgré son âge était le président des jeunes. On a alors envie de dire que l’âge n’est pas important et qu’on a la jeunesse et l’âge de ses idées», souligne-t-il. Et M. Digne de relativiser : «je ne suis pas sûr qu’aujourd’hui les jeunes dans leur majorité disent la même chose, c’est-à-dire un président en symbiose avec eux en matière d’orientation».
Souleymane B. Diagne fait remarquer que le président Wade a sauté beaucoup de générations. «Il est le seul de sa génération à se retrouver dans l’appareil gouvernemental et la plupart de ses collaborateurs son plus jeunes que lui de plusieurs générations», dit-il. Cette situation peut avoir un impact dans la gestion des affaires du pays, selon M. Diagne. «L’âge détermine la manière dont on aperçoit son entourage et accentue le côté un peu paternaliste chez les individus ».
S’agissant de l’institution d’un poste de vice président de la République, M. Diagne affirme ne pas comprendre cette fonction. « Je dois avouer mon ignorance totale de la cohérence dans laquelle une institution comme celle-là s’inscrit. On a déjà un président, un Premier ministre nommé par lui, un parlement et maintenant on veut y rajouter un vice président qui n’est élu par personne et qui sera une espèce de secrétaire du président de la République », regrette-t-il.
Issa Ndiaye pressafrik
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