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UE : Angela Merkel cède pour sauver l'essentiel

Rédigé par leral.net le Vendredi 29 Juin 2012 à 11:48 | | 0 commentaire(s)|

Après les concessions de la chancelière, le Bundestag doit se prononcer dès vendredi après-midi sur la ratification du Mécanisme européen de solidarité.


UE : Angela Merkel cède pour sauver l'essentiel
Correspondant à Berlin

Elle devait être dure comme une statue de pierre. Sous le feu de ses partenaires du sud de l'Europe, Angela Merkel a fini par lâcher quelques concessions. Le quotidien Bild dénonce les «blocages» et le «chantage» exercés par l'Italie et l'Espagne. Les lieutenants de la chancelière auront beau affirmer qu'elle est restée ferme, en refusant de céder sur l'essentiel: les eurobonds. À Berlin, vendredi après-midi, la chancelière devra affronter la fronde des députés eurosceptiques de sa majorité au Bundestag.

Sa tactique consistait à être intraitable pour éviter toute forme de mutualisation de la dette. Mais à Bruxelles, Angela Merkel a cédé sur un principe martelé à tous les étages de la Chancellerie et du ministère des Finances depuis le début de la crise: pas d'attribution d'aide financière sans soumission des États à un strict programme de réformes structurelles en contrepartie. Sur la question du renflouement des banques espagnoles comme sur celle de l'allégement du coût de la dette italienne, Berlin n'avait de cesse de répéter que les instruments de sauvetage existaient avec le FESF (Fonds européen de stabilité financière) et le MES (Mécanisme européen de stabilité). Il suffisait à Madrid et à Rome de faire une demande d'aide officielle pour en bénéficier… en échange d'une mise sous tutelle par la troïka (UE-BCE-FMI).

L'épée de Damoclès de la Cour constitutionnelle
Le secrétaire général de la CDU, Hermann Gröhe, juge cependant que le sommet de Bruxelles est un «succès» pour la chancelière. Il estime qu'Angela Merkel a su résister aux pressions massives de ses partenaires, ces derniers jours, pour mutualiser les dettes de la zone euro. «C'est essentiel pour l'Allemagne en tant que pôle de stabilité, mais aussi pour toute l'Europe», souligne Gröhe. De leur côté, les médias allemands insistent sur la grande «retenue» avec laquelle la chancelière a annoncé les résultats du sommet au terme d'une nuit de négociations. Elle s'est contentée de se féliciter «des bonnes décisions prises en ce qui concerne la croissance».

Le député conservateur eurosceptique, Wolfgang Bosbach (CDU) a critiqué les résultats du sommet, jugeant qu'ils sont en contradiction avec les positions allemandes. «Jusqu'à présent nous n'avons jamais franchi les lignes rouges, parce qu'à chaque fois que nous les avons atteintes nous les avons repoussées», accuse Bosbach. Le député libéral Frank Schäffler, lui aussi réputé pour son euro-tiédeur, dénonce les aides directes des fonds de sauvetage aux banques en difficulté. «Une nouvelle digue a lâché», a-t-il protesté.

Ce vendredi à 17 heures, le Bundestag entamera la ratification du MES. La partie sera serrée. Angela Merkel devra batailler ferme pour convaincre les députés de sa majorité de lui offrir une majorité des deux tiers, alors que l'opposition est acquise pour le vote. La Cour de Karlsruhe, qui examinera la légalité constitutionnelle du texte, fera alors peser une nouvelle épée de Damoclès sur Merkel. Si les sages jugent que le MES permet une forme de mutualisation de la dette, entravant ainsi le droit de regard des députés allemands sur les deniers publics, ils pourront demander au gouvernement fédéral de revoir sa copie. Mais aussi aux Européens… la première économie européenne étant aussi le premier contributeur aux mécanismes de solidarité.

Par Patrick Saint-Paul