Des combats meurtriers ont opposé dimanche forces ukrainiennes et séparatistes prorusses pour le contrôle de la localité stratégique de Debaltsevé, poussant la France et l'Allemagne à appeler à un cessez-le-feu immédiat malgré l'échec des négociations de Minsk.
Au total, au moins 17 civils ont été tués au cours des dernières 24 heures dans l'est de l'Ukraine, selon des bilans établis dimanche par Kiev et les séparatistes. L'armée a, de son côté, déploré la mort de 13 de ses soldats.
Alors que la population fuyait sous les bombes Debaltsevé, une ville sous le contrôle des autorités de Kiev soumise par les rebelles à un étau de plus en plus serré, le président français François Hollande et la chancelière allemande Angela Merkel se sont entretenus au téléphone pendant plus de 45 minutes avec le chef de l'Etat ukrainien Petro Porochenko.
Les trois dirigeants ont "regretté l'échec des discussions du groupe de contact hier (samedi) à Minsk. Ils appellent à un cessez-le-feu immédiat", a indiqué la présidence française.
Les pourparlers de paix organisés dans la capitale bélarusse, loin d'apporter la désescalade espérée après neuf mois d'un conflit qui a fait plus de 5.000 morts et conduit à un isolement sans précédent de la Russie post-soviétique vis-à-vis des Occidentaux, s'était achevée sans accord.
"La situation la plus délicate concerne la corniche de Debaltsevé", à mi-chemin entre Donetsk et Lougansk, a déclaré dimanche un porte-parole militaire ukrainien, Volodymyr Poliovyï.
Pénétrant dans cette localité avec un convoi de trois cars, affrétés pour permettre l'évacuation de la population, une journaliste de l'AFP a vu l'un des véhicules être soufflé par un obus.
"Les gens fuient car les tirs sont incessants. Dans la ville, il n'y a pas d'eau, pas d'électricité et pas de chauffage", a raconté à l'AFP Evguen Loukhaniv, chef du poste de police, au moment même où un obus de mortier tombait à quelques mètres de là.
"La police et les militaires ne cèderont pas la ville. On restera jusqu'au bout", a néanmoins prévenu cet homme de 38 ans loyal à Kiev.
Une seule route, constamment visée par des tirs d'artillerie, permet encore de partir de Debaltseve ou d'y accéder, l'armée ukrainienne combattant pour repousser les rebelles des localités de Vougleguirsk et de Sanjarivka, respectivement situées à 10 kilomètres à l'ouest et au nord de cette cité assiégée.
- "Ultimatum" -
Dans l'ensemble de la région, le nombre des victimes civiles ne cesse d'augmenter.
Dans la région de Lougansk, le gouverneur loyal à Kiev, Guennadi Moskal, a fait état dimanche de la mort de trois civils tandis que le chef de la police régionale a déclaré que huit civils avaient péri dans la région de Donetsk en 24 heures.
Les rebelles ont pour leur part annoncé la mort de six civils à Donetsk et dans ses environs.
Un journaliste de l'AFP a notamment pu constater de nombreuses traces de tirs d'artillerie à Makiïvka, une ville des faubourgs est de Donetsk où une femme a été tuée et son mari blessé, selon un témoin.
Emissaire de Kiev aux pourparlers de Minsk, l'ex-président ukrainien Léonid Koutchma a affirmé que les séparatistes avaient au cours de la rencontre adressé un "ultimatum" et menacé d'une "offensive d'envergure".
L'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), qui participe tout comme la Russie à ces discussions, a accusé les rebelles de vouloir "réviser" les accords de paix signés en septembre dans la capitale bélarusse, accords pourtant reconnus par la communauté internationale comme étant une base pour le règlement du conflit.
L'émissaire de la république autoproclamée de Donetsk, Denis Pouchiline, avait pour sa part reproché samedi à Kiev d'"insister sur la ligne de partage établie en septembre", alors que les séparatistes ont gagné beaucoup de terrain depuis.
La Russie, accusée d'armer la rébellion dans l'est de l'Ukraine et d'y avoir déployé des troupes, mais qui dément toute implication dans le conflit, a quant à elle réagi avec prudence. "Il est trop tôt pour apprécier le résultat de ces pourparlers", a seulement déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.