Un Néerlandais, retenu en otage par le groupe islamiste Aqmi depuis novembre 2011, a été libéré lundi à l'aube par des soldats des forces spéciales françaises, lors d'une opération dans l'extrême-nord du Mali.
"L'otage néerlandais Sjaak Rijke, enlevé à Tombouctou le 25 novembre 2011", a été libéré lors "d'une action militaire conduite par les forces spéciales de l'armée française. Cette action de combat a permis la capture de plusieurs individus", a annoncé le ministère français de la Défense, dans un communiqué diffusé en début d'après-midi.
"M. Rijke a été évacué et mis en sécurité à Tessalit, sur la base temporaire avancée de l'opération Barkhane (menée au Sahel contre les groupes jihadistes). Il est sain et sauf", a ajouté le ministère.
Lors d'un déplacement dans le centre de la France pour un hommage à 44 enfants juifs raflés par la Gestapo il y 71 ans, le président français François Hollande a donné quelques précisions à la presse, avouant que les soldats français n'étaient pas au courant de la présence de l'otage.
- 'Une surprise' -
"Il y a quelques heures, les forces spéciales françaises ont pu porter une attaque contre un groupe terroriste et ont pu non seulement neutraliser ce groupe, mais obtenir la libération, sauver donc, un Néerlandais", a-t-il dit.
"C'est une grande fierté" pour les forces françaises, a salué M. Hollande.
"Ca a été pour nous, pour nos forces, une surprise de pouvoir libérer cet otage car nous n'avions pas d'information sur (sa) présence", a-t-il expliqué.
L'assaut s'est déroulé "près de Tessalit", dans l'extrême nord-est du Mali, a ajouté le chef d'Etat, soulignant qu'il "y a eu des morts" parmi les jihadistes.
"La lutte contre le terrorisme au Mali n'est pas terminée. Nous avons toujours 3.000 hommes qui sont présents dans la région, pas seulement au Mali, pour assurer cette lutte contre le terrorisme", a-t-il conclu.
Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Bert Koenders, a assuré depuis les Pays-Bas: Sjaak Rijke "va bien étant donné les circonstances (...). C'est une formidable nouvelle pour Sjaak et sa famille. Je suis heureux et reconnaissant que cette horrible période d'incertitude et de détresse soit terminée".
Le ministre a indiqué que l'ancien otage, un conducteur de train qui était en vacances au Mali, recevait des "soins" et était entouré par des soldats néerlandais et du personnel de l'ambassade. Depuis un an, 500 militaires néerlandais participent à la stabilisation et à la sécurité du Mali dans le cadre de la force onusienne Minusma.
- Sur la même vidéo que Serge Lazarevic -
L'ambassade néerlandaise à Bamako a exprimé dans un communiqué sa "profonde reconnaissance" à la France "pour la libération de M. Rijke et ses efforts pour la lutte contre le terrorisme dans le Sahel".
"Le gouvernement néerlandais remercie également le président (malien) Ibrahim Boubacar Keita pour son engagement personnel sur ce dossier et la bonne coopération des structures de l'Etat malien", selon ce texte.
Le directeur de la compagnie de Chemin des fers néerlandais (NS) Timo Huges a lui indiqué au nom de ses collègues, être "très, très soulagé que Rijke soit un homme libre à nouveau après trois ans d'incertitude. J'espère qu'il sera de retour rapidement aux Pays-Bas".
Le 25 novembre 2011, un groupe d'hommes armés avait fait irruption sur la terrasse d'un hôtel à Tombouctou, la grande ville du nord du Mali. Ils avaient menacé un groupe d'Occidentaux pour les forcer à les suivre. L'un d'eux, un Allemand, avait tenté de résister et été abattu. Un autre, également allemand, était parvenu à se cacher. La femme de M. Rijke, présente à l'hôtel, avait aussi réussi à échapper aux kidnappeurs.
Le commando avait emmené Sjaak Rijke ainsi qu'un Sud-africain, Stephen Malcolm McGown, et un Suédois, Johan Gustafson, qui sont toujours aux mains de leurs ravisseurs.
En novembre 2014, Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb islamique) avait diffusé sur internet une vidéo sur laquelle Sjaak Rijke s'exprimait à l'occasion de son 1.000e jour de détention. Il était accompagné sur ce film de Serge Lazarevic, otage français aux mains d'Aqmi qui sera relâché peu après, en échange de la libération de quatre jihadistes emprisonnés au Mali.