«Le Soudan du Sud est un État failli avant même de naître. Sa stabilité est loin d'être assurée. On a vu des départs plus faciles.» En ce 9 juillet 2011, insensible aux hymnes et aux drapeaux que l'on agitait pour saluer l'indépendance, un diplomate occidental livrait ce pronostic peu amène. Un an plus tard, le plus jeune État du monde a, de fait, connu une première année délicate.
À Juba, capitale champignon du pays, les investissements attendus ne sont toujours pas là. Pire, l'euphorie des premiers mois de liberté, approuvée par référendum à plus de 98 %, a laissé place à la crainte de voir la guerre revenir. La faute en revient en partie au semi-échec de l'accord de paix de 2005 qui a mis fin à vingt ans de guerre civile. Le texte prévoyait de trouver les moyens d'éviter la scission du Soudan, ou à défaut de définir une frontière commune et une répartition de la manne pétrolière. Rien n'a été fait.
Toute l'année, les deux anciens ennemis se sont combattus, par groupes interposés, le long de la frontière. En mars et avril, les affrontements étaient si denses que la reprise des hostilités semblait inéluctable. Finalement une certaine modération a pour l'instant prévalu. Samedi, à Addis-Abeba, les rivaux se sont engagés une nouvelle fois à cesser la lutte mais sans trouver de terrain d'entente. «La guerre n'a pas lieu car ni Juba ni Khartoum n'y ont intérêt. Mais les tensions restent intactes», analyse un spécialiste du Soudan.
Robinets pétroliers fermés
Elles se sont reportées sur le terrain économique. En janvier, Juba a fermé net les robinets pétroliers. Ce jeu dangereux, qui a asséché les finances de Khartoum, mais aussi conduit le Soudan du Sud, qui dépend entièrement, ou presque, des revenus pétroliers, au bord de la faillite.
Privé de moyens, le gouvernement a dû sabrer dans les budgets pour ne préserver que celui de défense qui absorbe au moins 50 % des revenus. Les secteurs de la santé ou de l'éducation, déjà très mal en point, n'ont pu se développer. Le Soudan du Sud affiche donc toujours d'affreuses statistiques: la population est illettrée à 73 % et 6 % des élèves sont scolarisés dans le secondaire. Aucune route n'a été construite alors même que le pays n'en compte pratiquement pas. La crise économique qui secoue Juba, toujours dénuée d'électricité, a également entraîné une inflation rapide, sans doute de 80 %, qui a encore appauvri des Soudanais du Sud. «Nous n'avons pas satisfait les attentes des populations», a reconnu à l'AFP le vice-président Riek Machar. Le directeur du programme développement de l'ONU, George Conway, se veut pourtant un peu plus optimiste. «La mise en place des institutions a tout de même été la plus rapide dans le monde.»
Par Tanguy Berthemet
À Juba, capitale champignon du pays, les investissements attendus ne sont toujours pas là. Pire, l'euphorie des premiers mois de liberté, approuvée par référendum à plus de 98 %, a laissé place à la crainte de voir la guerre revenir. La faute en revient en partie au semi-échec de l'accord de paix de 2005 qui a mis fin à vingt ans de guerre civile. Le texte prévoyait de trouver les moyens d'éviter la scission du Soudan, ou à défaut de définir une frontière commune et une répartition de la manne pétrolière. Rien n'a été fait.
Toute l'année, les deux anciens ennemis se sont combattus, par groupes interposés, le long de la frontière. En mars et avril, les affrontements étaient si denses que la reprise des hostilités semblait inéluctable. Finalement une certaine modération a pour l'instant prévalu. Samedi, à Addis-Abeba, les rivaux se sont engagés une nouvelle fois à cesser la lutte mais sans trouver de terrain d'entente. «La guerre n'a pas lieu car ni Juba ni Khartoum n'y ont intérêt. Mais les tensions restent intactes», analyse un spécialiste du Soudan.
Robinets pétroliers fermés
Elles se sont reportées sur le terrain économique. En janvier, Juba a fermé net les robinets pétroliers. Ce jeu dangereux, qui a asséché les finances de Khartoum, mais aussi conduit le Soudan du Sud, qui dépend entièrement, ou presque, des revenus pétroliers, au bord de la faillite.
Privé de moyens, le gouvernement a dû sabrer dans les budgets pour ne préserver que celui de défense qui absorbe au moins 50 % des revenus. Les secteurs de la santé ou de l'éducation, déjà très mal en point, n'ont pu se développer. Le Soudan du Sud affiche donc toujours d'affreuses statistiques: la population est illettrée à 73 % et 6 % des élèves sont scolarisés dans le secondaire. Aucune route n'a été construite alors même que le pays n'en compte pratiquement pas. La crise économique qui secoue Juba, toujours dénuée d'électricité, a également entraîné une inflation rapide, sans doute de 80 %, qui a encore appauvri des Soudanais du Sud. «Nous n'avons pas satisfait les attentes des populations», a reconnu à l'AFP le vice-président Riek Machar. Le directeur du programme développement de l'ONU, George Conway, se veut pourtant un peu plus optimiste. «La mise en place des institutions a tout de même été la plus rapide dans le monde.»
Par Tanguy Berthemet