Le spectaculaire attentat a décapité l'appareil de répression au terme d'une invraisemblable faille de sécurité. Un homme a réussi à s'introduire mercredi dans le bâtiment ultraprotégé de la Sécurité nationale du quartier de Rawdah, en plein cœur de Damas, avant de faire exploser une mallette qu'il a tendue à l'un des cadres sécuritaires du régime en réunion avec ses collègues. «Je suis sous le choc, l'impact est énorme», soupirait quelques instants après un journaliste syrien proche du régime. L'homme en question serait le propre garde du corps de l'un des participants, Hicham Bekhtiar. Ce qui confirme une infiltration par l'opposition de la nomenklatura syrienne. Et pas n'importe laquelle.
Parmi les tués, figurent en effet le général Assef Shawkat, beau-frère de Bachar el-Assad, vice-ministre de la Défense et homme clé de la sécurité dans le pays, le ministre de la Défense, Daoud Rajha, caution chrétienne de la répression des manifestants, et le général Hassan Turkmani, autre homme fort de la sécurité. Avec la disparition de Shawkat, c'est la famille el-Assad qui est frappée de plein fouet. Le ministre de l'Intérieur, Mohammed Ibrahim al-Chaar, et Hicham Bekhtiar ont, eux, été blessés. Ce dernier aurait eu les jambes coupées par l'explosion.
Les cinq hommes participaient à une réunion du Comité de sécurité national, en charge de l'organisation de la répression des insurgés. Pour pénétrer à l'intérieur du bâtiment, l'auteur de l'attaque a forcément bénéficié de complicités. C'est le premier attentat qui parvient à éliminer des personnages clés du pouvoir. Il y a un mois et demi, ces mêmes responsables avaient été visés par une tentative d'empoisonnement, à laquelle ils avaient réchappé. Avant de s'enfuir, un employé de livraison à domicile avait versé du mercure dans deux mets destinés au repas de ces dignitaires, selon des sources diplomatiques à Damas.
Des rebelles galvanisés
Cette image fournie par les opposants syriens montre de la fumée s'élever au-dessus de Damas. Crédits photo : AP/AP
Cette fois-ci, les rebelles ont réussi la prouesse de retourner un centurion du régime avant de percer l'armature du premier cercle d'un pouvoir que l'on disait jusqu'à maintenant solide. Deux groupes d'insurgés ont revendiqué l'exploit, l'un lié à l'Armée syrienne libre, les déserteurs et des civils qui ont pris les armes, l'autre un groupe islamiste dénommé «la Brigade de l'Islam», qui a indiqué sur Facebook avoir ciblé «la cellule de crise» mise en place par le régime contre ses opposants.
Pareille réussite devrait galvaniser les rebelles, qui ont lancé depuis dimanche une opération de prise du pouvoir sur Damas, la forteresse du régime el-Assad. Pour celui-ci, le coup est très rude. Dans un communiqué repris par la télévision officielle, le pouvoir accuse «des mercenaires» tout en promettant d'en finir avec «les bandes criminelles», selon la terminologie qu'il utilise pour qualifier ses opposants. «C'est l'État et toutes ses institutions qui sont visés. C'est une guerre ouverte contre tous les Syriens», a réagi le député Khaled al-Aboud, qui a accusé «des parties extérieures qui œuvrent à la destruction de la Syrie».
Comme elles l'avaient fait l'an dernier en Libye, des forces spéciales du Qatar auraient pénétré sur le terrain syrien, assure une source sécuritaire française. «Cet attentat va certainement hâter la fin du régime», prédit un ancien ambassadeur de France en Syrie. «Bachar est ébranlé, mais comment va-t-il réagir?», se demande de son côté un diplomate au Moyen-Orient. «Va-t-il réaliser qu'il est temps de passer la main, ou au contraire va-t-il se lancer à corps perdu dans une intensification de la répression?» Il semblerait que ce soit la deuxième option qui ait été retenue. «Cet acte terroriste renforce la détermination des forces armées à nettoyer la patrie des restes des bandes terroristes», a affirmé la télévision d'État. On annonçait mercredi soir des bombardements très durs, à Homs notamment. D'autres craignaient «une boucherie» commise par un pouvoir humilié.
On annonçait mercredi soir des bombardements très durs à Homs. L'armée syrienne avait également positionnée ses canons sur la montagne de Kassioun qui domine Damas, afin de pilonner le quartier de Mezze ainsi que le faubourg de Mouadamiya, selon des opposants.
Pousser d'autres défections
Même si le raïs a rapidement nommé un nouveau ministre de la Défense, le général Fahd al-Freij, une brèche a bel et bien été ouverte. La confiance déjà minimale entre cadres d'une nomenklatura qui se surveillent va encore se réduire. Elle pourrait pousser des figures baasistes à quitter le navire, deux semaines après le départ de Syrie du général Manaf Tlass, haut responsable de la Garde républicaine et ami d'enfance d'el-Assad.
Pour la fraction de la population qui hésitait encore à rejoindre l'opposition, ce coup est une incitation à penser que les jours du régime sont définitivement comptés. D'autant qu'à la périphérie de la capitale, les affrontements se sont poursuivis, mercredi, notamment à Midane et Kfar Sousseh. Plus de soixante soldats auraient été tués, depuis dimanche, dans la capitale, où le pouvoir a, pour la première fois, recouru aux hélicoptères pour écraser les rebelles. Les appareils seraient de nouveau entrés en action mercredi contre des positions insurgées dans les quartiers de Qaboun et de Barzeh, dans l'est de Damas.
Par Georges Malbrunot
Parmi les tués, figurent en effet le général Assef Shawkat, beau-frère de Bachar el-Assad, vice-ministre de la Défense et homme clé de la sécurité dans le pays, le ministre de la Défense, Daoud Rajha, caution chrétienne de la répression des manifestants, et le général Hassan Turkmani, autre homme fort de la sécurité. Avec la disparition de Shawkat, c'est la famille el-Assad qui est frappée de plein fouet. Le ministre de l'Intérieur, Mohammed Ibrahim al-Chaar, et Hicham Bekhtiar ont, eux, été blessés. Ce dernier aurait eu les jambes coupées par l'explosion.
Les cinq hommes participaient à une réunion du Comité de sécurité national, en charge de l'organisation de la répression des insurgés. Pour pénétrer à l'intérieur du bâtiment, l'auteur de l'attaque a forcément bénéficié de complicités. C'est le premier attentat qui parvient à éliminer des personnages clés du pouvoir. Il y a un mois et demi, ces mêmes responsables avaient été visés par une tentative d'empoisonnement, à laquelle ils avaient réchappé. Avant de s'enfuir, un employé de livraison à domicile avait versé du mercure dans deux mets destinés au repas de ces dignitaires, selon des sources diplomatiques à Damas.
Des rebelles galvanisés
Cette image fournie par les opposants syriens montre de la fumée s'élever au-dessus de Damas. Crédits photo : AP/AP
Cette fois-ci, les rebelles ont réussi la prouesse de retourner un centurion du régime avant de percer l'armature du premier cercle d'un pouvoir que l'on disait jusqu'à maintenant solide. Deux groupes d'insurgés ont revendiqué l'exploit, l'un lié à l'Armée syrienne libre, les déserteurs et des civils qui ont pris les armes, l'autre un groupe islamiste dénommé «la Brigade de l'Islam», qui a indiqué sur Facebook avoir ciblé «la cellule de crise» mise en place par le régime contre ses opposants.
Pareille réussite devrait galvaniser les rebelles, qui ont lancé depuis dimanche une opération de prise du pouvoir sur Damas, la forteresse du régime el-Assad. Pour celui-ci, le coup est très rude. Dans un communiqué repris par la télévision officielle, le pouvoir accuse «des mercenaires» tout en promettant d'en finir avec «les bandes criminelles», selon la terminologie qu'il utilise pour qualifier ses opposants. «C'est l'État et toutes ses institutions qui sont visés. C'est une guerre ouverte contre tous les Syriens», a réagi le député Khaled al-Aboud, qui a accusé «des parties extérieures qui œuvrent à la destruction de la Syrie».
Comme elles l'avaient fait l'an dernier en Libye, des forces spéciales du Qatar auraient pénétré sur le terrain syrien, assure une source sécuritaire française. «Cet attentat va certainement hâter la fin du régime», prédit un ancien ambassadeur de France en Syrie. «Bachar est ébranlé, mais comment va-t-il réagir?», se demande de son côté un diplomate au Moyen-Orient. «Va-t-il réaliser qu'il est temps de passer la main, ou au contraire va-t-il se lancer à corps perdu dans une intensification de la répression?» Il semblerait que ce soit la deuxième option qui ait été retenue. «Cet acte terroriste renforce la détermination des forces armées à nettoyer la patrie des restes des bandes terroristes», a affirmé la télévision d'État. On annonçait mercredi soir des bombardements très durs, à Homs notamment. D'autres craignaient «une boucherie» commise par un pouvoir humilié.
On annonçait mercredi soir des bombardements très durs à Homs. L'armée syrienne avait également positionnée ses canons sur la montagne de Kassioun qui domine Damas, afin de pilonner le quartier de Mezze ainsi que le faubourg de Mouadamiya, selon des opposants.
Pousser d'autres défections
Même si le raïs a rapidement nommé un nouveau ministre de la Défense, le général Fahd al-Freij, une brèche a bel et bien été ouverte. La confiance déjà minimale entre cadres d'une nomenklatura qui se surveillent va encore se réduire. Elle pourrait pousser des figures baasistes à quitter le navire, deux semaines après le départ de Syrie du général Manaf Tlass, haut responsable de la Garde républicaine et ami d'enfance d'el-Assad.
Pour la fraction de la population qui hésitait encore à rejoindre l'opposition, ce coup est une incitation à penser que les jours du régime sont définitivement comptés. D'autant qu'à la périphérie de la capitale, les affrontements se sont poursuivis, mercredi, notamment à Midane et Kfar Sousseh. Plus de soixante soldats auraient été tués, depuis dimanche, dans la capitale, où le pouvoir a, pour la première fois, recouru aux hélicoptères pour écraser les rebelles. Les appareils seraient de nouveau entrés en action mercredi contre des positions insurgées dans les quartiers de Qaboun et de Barzeh, dans l'est de Damas.
Par Georges Malbrunot