L'annonce du ministère de l'Intérieur libyen, jeudi soir, a de quoi inquiéter. Les forces de sécurité ont saisi «plus d'une centaine de chars et 26 missiles» dans la caserne d'une milice pro-Kadhafi. Ce groupe, basé à Tarhouna, au sud-est de Tripoli, est responsable, selon le ministère, du double attentat à la voiture piégée qui a fait deux morts à Tripoli dimanche dernier. Toujours selon l'explication du porte-parole, les miliciens avaient bien caché leur jeu: «Nous avons cru que ce groupe armé défendait la Libye et la révolution. Il s'est avéré que c'était le contraire.» Pour tromper son monde, ajoute le ministère, le groupe s'appelait officiellement «Brigade des fidèles» mais, entre eux, secrètement, ils se donnaient leur vrai nom: «Brigade du martyr Mouammar Kadhafi».
Il est permis de s'interroger sur ce complot machiavélique. La Brigade des fidèles est bien connue des Libyens. Elle fait partie de la geste de la révolution. Formée à Benghazi par un combattant originaire de Tarhouna, Abou Oegueila al-Hebeichi , elle s'est battue sur plusieurs fronts, venant en particulier au secours de Misrata par la mer. Son fondateur a disparu depuis début juin. Il a été vu pour la dernière fois à un barrage tenu par les hommes d'Abdelhakim Belhadj, l'islamiste qui s'était proclamé gouverneur militaire de Tripoli. Les combattants de la Brigade des fidèles ont assiégé l'aéroport, où ils croyaient leur chef détenu. En vain. Al-Hebeichi serait aujourd'hui en prison. Ou mort. Aucune explication n'a été donnée sur sa disparition.
De deux choses l'une: ou la Brigade des fidèles a bien changé, ou elle est victime d'un scénario qui a déjà été joué à Bani Walid, au sud de Tripoli. Les autorités favoriseraient l'éradication des groupes armés authentiques, mais incontrôlables. «Le gouvernement central, qui est faible, préfère s'appuyer sur des petites féodalités locales», explique le chercheur Patrick Haimzadeh, spécialiste de la Syrie.
Dans ce cas de figure, on devrait voir Tarhouna passer sous la coupe d'un nouveau pouvoir militaro-civil. Formé, paradoxalement, de nombreux anciens kadhafistes recyclés, la ville ayant soutenu le dictateur jusqu'au bout. Une histoire classique de lendemain de révolution.
Par Pierre Prier
Il est permis de s'interroger sur ce complot machiavélique. La Brigade des fidèles est bien connue des Libyens. Elle fait partie de la geste de la révolution. Formée à Benghazi par un combattant originaire de Tarhouna, Abou Oegueila al-Hebeichi , elle s'est battue sur plusieurs fronts, venant en particulier au secours de Misrata par la mer. Son fondateur a disparu depuis début juin. Il a été vu pour la dernière fois à un barrage tenu par les hommes d'Abdelhakim Belhadj, l'islamiste qui s'était proclamé gouverneur militaire de Tripoli. Les combattants de la Brigade des fidèles ont assiégé l'aéroport, où ils croyaient leur chef détenu. En vain. Al-Hebeichi serait aujourd'hui en prison. Ou mort. Aucune explication n'a été donnée sur sa disparition.
De deux choses l'une: ou la Brigade des fidèles a bien changé, ou elle est victime d'un scénario qui a déjà été joué à Bani Walid, au sud de Tripoli. Les autorités favoriseraient l'éradication des groupes armés authentiques, mais incontrôlables. «Le gouvernement central, qui est faible, préfère s'appuyer sur des petites féodalités locales», explique le chercheur Patrick Haimzadeh, spécialiste de la Syrie.
Dans ce cas de figure, on devrait voir Tarhouna passer sous la coupe d'un nouveau pouvoir militaro-civil. Formé, paradoxalement, de nombreux anciens kadhafistes recyclés, la ville ayant soutenu le dictateur jusqu'au bout. Une histoire classique de lendemain de révolution.
Par Pierre Prier