L'alliance entre socialistes et nationalistes, qui avait mené la Serbie à sa perte à la fin des années 1990, saura-t-elle aujourd'hui avancer dans le sens de l'Histoire? L'investiture du nouveau gouvernement serbe, vendredi, n'a pas levé les suspicions des chancelleries européennes travaillant à l'intégration de ce pays dans l'UE, projet conditionné à la normalisation de ses relations avec son ancienne province aujourd'hui indépendante, le Kosovo.
Issu des élections présidentielle et législatives de mai dernier, le nouveau couple au pouvoir à Belgrade rappelle de mauvais souvenirs. Élu président, Tomislav Nikolic a été pendant des années, au sein du Parti radical serbe (SRS), le bras droit de l'ultranationaliste Vojislav Seselj, actuellement jugé par la justice internationale. Ayant rompu les amarres avec son mentor, Tomislav Nikolic dirige depuis 2008 le Parti serbe du progrès (SNS), dont le programme, nationaliste, n'en prône pas moins la marche de la Serbie vers l'Union européenne.
Son premier ministre, Ivica Dacic, a travaillé plus près encore de l'ancien fossoyeur de la Yougoslavie, Slobodan Milosevic, puisqu'il en fut l'un des porte-parole. Ivica Dacic a repris les rênes du Parti socialiste de Serbie (SPS), l'ancien parti de Milosevic, qu'il a restauré et réorienté sur la voie européenne.
«Ligne de démarcation»
Ancien allié du Parti démocratique (DS), avec lequel il gouvernait précédemment, Ivica Dacic a tourné casaque au lendemain de la présidentielle pour s'allier à Tomislav Nikolic, et ainsi former une nouvelle alliance parlementaire. Les deux hommes ont changé, c'est évident. «En tant que premier ministre, je ne permettrai en aucun cas que ceci (la coalition avec les nationalistes) signifie un retour aux années 1990», a assuré M. Dacic lors de sa nomination comme premier ministre. Le président Tomislav Nikolic a également manifesté, et depuis de nombreuses années, sa foi démocratique et pro-européenne.
Mais certaines déclarations des deux hommes parfois inquiètent. À peine élu, Tomislav Nikolic a ainsi affirmé qu'«il n'y a pas eu de génocide à Srebrenica», niant le travail de la Cour pénale internationale et du Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie. Les chancelleries occidentales s'en sont étranglées.
De son côté, Ivica Dacic s'est prononcé en faveur d'«une nouvelle ligne de démarcation» entre la Serbie et le Kosovo, en clair le rattachement du nord du Kosovo à la Serbie. Comment peut-on encore vouloir jouer avec les frontières dans les Balkans? Provocation inadmissible pour les Kosovars, cette suggestion a saisi d'effroi nombre de diplomates américains et européens.
Par Thierry Portes
Issu des élections présidentielle et législatives de mai dernier, le nouveau couple au pouvoir à Belgrade rappelle de mauvais souvenirs. Élu président, Tomislav Nikolic a été pendant des années, au sein du Parti radical serbe (SRS), le bras droit de l'ultranationaliste Vojislav Seselj, actuellement jugé par la justice internationale. Ayant rompu les amarres avec son mentor, Tomislav Nikolic dirige depuis 2008 le Parti serbe du progrès (SNS), dont le programme, nationaliste, n'en prône pas moins la marche de la Serbie vers l'Union européenne.
Son premier ministre, Ivica Dacic, a travaillé plus près encore de l'ancien fossoyeur de la Yougoslavie, Slobodan Milosevic, puisqu'il en fut l'un des porte-parole. Ivica Dacic a repris les rênes du Parti socialiste de Serbie (SPS), l'ancien parti de Milosevic, qu'il a restauré et réorienté sur la voie européenne.
«Ligne de démarcation»
Ancien allié du Parti démocratique (DS), avec lequel il gouvernait précédemment, Ivica Dacic a tourné casaque au lendemain de la présidentielle pour s'allier à Tomislav Nikolic, et ainsi former une nouvelle alliance parlementaire. Les deux hommes ont changé, c'est évident. «En tant que premier ministre, je ne permettrai en aucun cas que ceci (la coalition avec les nationalistes) signifie un retour aux années 1990», a assuré M. Dacic lors de sa nomination comme premier ministre. Le président Tomislav Nikolic a également manifesté, et depuis de nombreuses années, sa foi démocratique et pro-européenne.
Mais certaines déclarations des deux hommes parfois inquiètent. À peine élu, Tomislav Nikolic a ainsi affirmé qu'«il n'y a pas eu de génocide à Srebrenica», niant le travail de la Cour pénale internationale et du Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie. Les chancelleries occidentales s'en sont étranglées.
De son côté, Ivica Dacic s'est prononcé en faveur d'«une nouvelle ligne de démarcation» entre la Serbie et le Kosovo, en clair le rattachement du nord du Kosovo à la Serbie. Comment peut-on encore vouloir jouer avec les frontières dans les Balkans? Provocation inadmissible pour les Kosovars, cette suggestion a saisi d'effroi nombre de diplomates américains et européens.
Par Thierry Portes