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Un panel sur les relations France-Afrique soulève des tensions à Dakar : « La France doit dégager ! »

Rédigé par leral.net le Samedi 1 Février 2025 à 21:50 | | 0 commentaire(s)|

Ce vendredi, la Place du Souvenir Africain a été le théâtre d’un panel animé et passionné organisé par plusieurs organisations de la société civile, dont la Ligue de Défense Noire Africaine (LDNA). Le thème central : "Perte d'influence de la France en Afrique : quelles perspectives ?".


L’événement a rassemblé des militants, des intellectuels et des citoyens engagés, tous unis par une même revendication : la fin de ce qu’ils qualifient d’occupation néocoloniale.

Egountchi Behanzin, président de la Ligue de Défense Noire Africaine, a ouvert le débat avec un discours percutant. « Nous sommes au Sénégal aujourd'hui pour nous réunir contre la présence des bases militaires françaises et américaines au Sénégal et sur les terres africaines », a-t-il déclaré, suscitant des applaudissements nourris. « Nous estimons que l'armée française n'a plus rien à faire au Sénégal. L'armée française n'apporte rien au peuple sénégalais et au Sénégal. Là où l'armée française s'installe, nous le savons, les peuples réclament toujours leur liberté. Parce que l'armée française apporte avec elle le terrorisme, le pillage, le néocolonialisme. »

M. Behanzin a également interpellé le nouveau gouvernement sénégalais, dirigé par le président Diomaye Faye et le premier ministre Ousmane Sonko, pour exiger le départ des forces militaires étrangères. « Avec l'arrivée d'un nouveau gouvernement, nous estimons que celui-ci doit exiger le départ pur et simple de l'armée d'occupation des terres sénégalaises », a-t-il insisté. « La France ne dispose pas de bases militaires sénégalaises en France. Alors pourquoi on nous dit que nous sommes indépendants, que nous sommes souverains ? »

Le militant a également rappelé un épisode historique pour étayer son argumentaire. « Après la Seconde Guerre mondiale, quand les Américains ont voulu s'installer en France en ouvrant des bases militaires, le général de Gaulle, qui est un criminel, un génocidaire pour le peuple africain, mais considéré comme un héros pour les Français, a refusé l'installation de bases militaires de l'armée américaine en France. Pourquoi ne pouvons-nous pas en faire de même ? »

Cette référence à l’histoire a résonné fortement dans l’assemblée, où de nombreux participants ont brandi des pancartes appelant au départ des troupes françaises. « La France dégage ! », « Plus de bases militaires étrangères ! », pouvait-on lire sur les banderoles.

Pour les organisateurs du panel, la présence militaire française et américaine en Afrique est un frein à la souveraineté des nations africaines. « Les bases françaises seront plus utiles pour le peuple français en ce moment que d'être au Sénégal pour surveiller le peuple sénégalais, selon leurs termes », a ironisé M. Behanzin. « Mais nous le savons, ils ne sont pas là pour surveiller, mais plutôt pour les intérêts de la France. »

Cette critique s’inscrit dans un contexte plus large de remise en question des relations entre la France et ses anciennes colonies. Depuis plusieurs années, des mouvements populaires et des gouvernements africains réclament une révision des accords de défense et une réduction de l’influence française sur le continent.

Le panel s’est conclu par un appel à l’unité et à la mobilisation. « Aujourd'hui, nous sommes réunis avec les camarades de lutte, les sœurs de lutte, pour trouver une solution et dénoncer l'occupation du Sénégal par les forces d'occupation française et américaine », a déclaré M. Behanzin. « Il est temps que la France dégage, non seulement du Sénégal, mais aussi du continent africain. »

Les participants ont salué cette prise de parole forte, tout en exprimant leur détermination à poursuivre le combat. « Nous ne nous arrêterons pas tant que notre continent ne sera pas véritablement libre », a lancé une militante dans la foule, sous les acclamations.

Alors que le débat sur la présence militaire française en Afrique continue de faire rage, une question demeure : les gouvernements africains, et notamment celui du Sénégal, répondront-ils à ces appels pressants ? Pour les organisateurs du panel, la balle est désormais dans le camp des dirigeants. « Nous avons fait notre part. Maintenant, c’est à eux d’agir », a conclu M. Behanzin, sous un tonnerre d’applaudissements.

Une chose est sûre : la société civile africaine, déterminée et unie, ne compte pas baisser les bras. Et ce panel en est la preuve éclatante.
Birame Khary Ndaw