Alberto Cassillas possède un restaurant dans le centre de Madrid et s'est donc retrouvé bien malgré lui au centre des "débats". Face à la crise qui laisse près d'un quart de la population au chômage et face aux mesures de plus en plus draconiennes prônées par le gouvernement espagnol, le mouvement des "indignés" est monté au créneau et a fait entendre sa voix.
Plusieurs milliers de manifestants siègent en effet depuis deux jours devant le Congrès des députés pour réclamer la démission du gouvernement, la fin de l'austérité, dire "non" à ce système économique "assujetti aux marchés financiers" et "dénoncer une démocratie séquestrée". "Nous voulons une dissolution du Parlement, un référendum et une assemblée constituante pour que les gens puissent avoir leur mot à dire", confie une participante de 40 ans venue de Grenade, dans le sud du pays.
Le "refuge" du Bar Prado
Les affrontements ont dégénéré en soirée et on dénombre plus de 60 blessés, dont 27 policiers, selon les chiffres officiels. Pourchassés par les forces de l'ordre, certains manifestants ont pu compter sur l'aide salvatrice d'Alberto Casillas, un restaurateur du centre-ville. Désormais élevé au rang de héros national, au même titre qu'un résistant historique de l'ère franquiste, le patron du Bar Prado a en effet accueilli les jeunes manifestants dans son établissement avant de monter personnellement la garde devant la porte, refusant l'accès aux policiers anti-émeute. Une information relayée par le site Le Journal du siècle.
Sympathisant du parti en place
Ironie de l'histoire, Alberto Casillas n'a pourtant rien d'un militant gauchiste et ne souhaite visiblement pas la chute du gouvernement en place, dirigé par le conservateur Mariano Rajoy: il a voté pour le Parti Populaire (centre-droit, conservateur et libéral) aux dernières élections... Sa réaction de solidarité s'explique par un simple constat: "Je suis du PP, mais la police est allée trop loin hier", a-t-il confié au quotidien national El Pais.